Le journal de Neville Londubat

Chapitre 7 : Saint Valentin

837 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/07/2025 16:50

14 février 1996


Aujourd’hui, c’était la Saint-Valentin.

Je ne sais pas exactement pourquoi j’écris là-dessus. Après tout, qui pourrait bien s’intéresser aux états d’âme d’un sorcier ordinaire comme moi ? Peut-être parce que c’est plus facile que de penser à ce qui nous attend avec Ombrage, ou à ce qui se passe dehors, dans le monde. Aujourd’hui, pour une fois, j’ai eu envie de penser à autre chose.

J’ai failli inviter Hannah Abbott, préfète de Poufsouffle, et aussi ma camarade dans l’AD à boire une Bièraubeurre à Pré-au-Lard ce week-end.

Je dis bien failli.

Je m’étais fait tout un plan dans ma tête. Je devais l’aborder entre deux cours. Pas quand il y a trop de monde. Pas quand elle est entourée de ses amies. J’avais même préparé ma phrase, répétée au moins dix fois dans ma tête : “Si tu veux, on peut aller à Pré-au-Lard ensemble samedi ?”

Simple. Propre. Sans pression.

Et puis… je l’ai vue dans le couloir.

Elle portait un foulard rose autour du cou, pas extravagant, mais ça lui allait bien. Ça illuminait ses joues. Elle riait avec Susan Bones, la tête légèrement inclinée en arrière, les yeux brillants.

J’ai senti mes jambes devenir toutes molles, comme si elles ne m’appartenaient plus. Mon cœur s’est mis à battre si fort que j’ai cru qu’on allait l’entendre dans tout le couloir. Comme si un Détraqueur me poursuivait… sauf que cette peur-là, elle venait de l’intérieur.

Alors je l’ai laissée passer.

Sans rien dire.

Je me suis effacé contre le mur, le regard baissé. Et elle est passée devant moi sans me voir.

Je ne suis pas fait pour ces choses-là.


Plus tard dans la journée, en sortant de la serre, je me suis retrouvé à côté d’elle par hasard.

On venait de finir notre cours sur la Mandragore tropicale une espèce capricieuse, bruyante et plutôt instable. Pendant le cours j’ai remarqué qu’Hannah semblait un peu perdue avec les feuilles qui se replient à l’envers et la terre trop acide. Je l’ai vue froncer les sourcils devant son parchemin.

Alors je me suis dit : pourquoi ne pas lui proposer un coup de main ? Gryffondor et Poufsouffle partagent souvent les cours de botanique, et pour une fois que je suis à l’aise dans une matière...

Je lui ai parlé du substrat, du taux d’humidité, de ce que j’avais observé chez ma propre plante. Elle m’a écouté. Et puis, elle m’a souri.

Un vrai sourire. Pas un sourire poli. Un sourire qui vient des yeux.

Et à cet instant précis, j’ai senti que c’était peut-être le moment. Pas pour l’invitation en grandes pompes. Juste… une petite phrase. Une proposition tranquille.

Mais évidemment… c’est à ce moment-là que l’autre préfet de Poufsouffle, Ernie Macmillan, a surgi derrière nous. Il a commencé à parler fort comme toujours à propos de la Brigade Inquisitoriale, de nouvelles rumeurs sur des punitions à venir, de surveillances renforcées.

Le moment s’est évaporé.

Pffft. Disparu dans l’air, comme une potion ratée.

Elle a détourné la tête pour écouter Ernie, et je suis resté là, les mots coincés au fond de la gorge.

Comme toujours.

Je crois que je suis meilleur pour désarmer quelqu’un que pour lui faire comprendre que je l’apprécie.


Ce soir, dans le dortoir, Dean a reçu un petit mot en forme de cœur enchanté. Il flottait en tournoyant autour de sa tête et chantait une chanson idiote, avec une voix nasillarde et un fond de harpe. C’était de la part de Ginny. Il est devenu tout rouge, mais il souriait.

Ron a grogné que c’était une fête débile, inventée par les fabricants de chocolat pour vendre des pralines parfumées à la lavande.

Harry, lui, s’est contenté de hausser les épaules, l’air un peu gêné.

Moi, je n’ai rien dit.

Je suis resté assis sur mon lit à nouer et dénouer le lacet de ma chaussure. J’ai fait semblant de ne pas écouter.

Mais, au fond, je pensais à mon avenir.

Je me suis demandé si un jour, une fille pourrait m’aimer tel que je suis. Pas pour ce que je représente. Pas pour mon nom, ni pour mes parents, ni pour une histoire de lignées pures et de vieilles gloires. Juste… pour moi. Pour Neville Londubat.

Fils héritier d’une ancienne famille de sang-pur, sans éclat, sans don particulier.

Fils de héros de guerre, sans courage éclatant, sans charisme à la Harry Potter, sans sourire assuré.

Juste moi. Avec mes maladresses, mes silences, mes doutes.

Je me suis demandé si un jour, quelqu’un trouverait ça suffisant.



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