Harry Potter (II) : La Prophétie et les Ombres du Passé
Chapitre 51 : Les Dérives de l’Ambition
1228 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 05/10/2025 17:25
Depuis plusieurs années, Lily Potter enseignait les Potions à Poudlard avec une passion qui étonnait même ses collègues. Héritière de son père pour le courage et du professeur Rogue pour la rigueur, elle avait fait de son art une vocation. Chaque élève, chaque chaudron, chaque essai raté ou potion réussie, elle les connaissait par cœur. Elle observait ses classes avec une attention presque maternelle, voyant leurs forces, leurs maladresses, et parfois leurs secrets.
Mais depuis peu, son cœur s’était alourdi d’un pressentiment. Ses conversations récentes avec Alyson et Liam, son neveu et sa nièce, avaient jeté une ombre qu’elle refusait d’abord de croire. Naomi, Nolan et Liliana… ces trois-là, des enfants Weasley, auraient franchi le pas interdit de la magie noire. L’idée même lui paraissait absurde, inconcevable. Les Weasley avaient toujours incarné chaleur et lumière, une famille soudée malgré les tempêtes. Et pourtant…
En repensant aux dernières semaines, Lily s’en voulait. Elle n’avait rien vu, rien entendu, hormis des signes qu’elle avait balayés d’un revers de main : la pâleur grandissante de Naomi, l’agacement incontrôlable de Liliana, le mutisme glacial de Nolan. Tout était là, sous ses yeux, et elle n’avait rien perçu.
Ce jour-là, la salle de potions baignait dans une atmosphère lourde. Le feu des chaudrons crépitait, réchauffant les pierres froides, mais les voix des élèves semblaient étouffées. Pas un rire, pas une chuchoterie. Lily circulait entre les tables, la robe frôlant les dalles, l’odeur âcre des ingrédients emplissant l’air. Ses pas ralentirent lorsqu’elle arriva près des trois cousins.
Naomi triturait nerveusement le rebord de son chaudron, ses doigts blanchis par la pression. Liliana observait sa potion avec des yeux de braise, la moindre bulle éclatant comme si elle la prenait personnellement pour une provocation. Nolan, enfin, restait impassible, le regard fixé sur la surface sombre de son mélange, touillant avec une régularité mécanique qui avait quelque chose d’inhumain.
Ils n’étaient plus les mêmes..
Quand la cloche sonna, libérant la classe, Lily n’hésita plus. Sa décision s’imposa, claire et douloureuse. Ils ne pouvaient pas continuer ainsi. Ils avaient besoin d’aide. Elle les convoque.
Le Bureau de Lily — Fin de Journée
Le feu dansait dans l’âtre, projetant des ombres mouvantes sur les murs garnis d’étagères où reposaient des fioles aux reflets étranges. Le silence, lourd comme une enclume, emplissait la pièce. Naomi, Liliana et Nolan étaient assis côte à côte face au bureau, leurs visages fermés.
Lily, derrière son bureau de chêne, prit un instant pour les regarder. Son cœur se serra. Elle ne voulait pas les condamner. Elle voulait comprendre.
— Je vous observe depuis des jours, dit-elle enfin, sa voix douce mais ferme. Vous avez changé. Ce n’est pas une simple rébellion. Vous jouez avec des forces qui vous dépassent. Et à ce jeu-là… on ne gagne jamais. On se perd.
Naomi baissa aussitôt les yeux, les larmes brillant mais refusant de couler. Liliana croisa les bras avec un défi presque arrogant, comme si elle cherchait à masquer sa peur sous la colère. Nolan, lui, demeura immobile, mais son regard fixait un point invisible du bureau, ses lèvres serrées en une ligne froide.
Lily inspira profondément, puis reprit :
— La magie noire… elle vous fera croire que vous êtes plus forts, plus grands, plus libres. Mais au final, elle ne donne rien. Elle dévore. Elle prend tout, jusqu’à ce que vous ne soyez plus que son ombre.
Un silence durcit l’air. Puis, soudain, Liliana releva la tête. Ses yeux lançaient des éclairs, mais derrière cette flamme se devinait une fêlure, une douleur qu’elle ne voulait pas montrer.
— Et si c’était le seul moyen d’exister ? lança-t-elle, la voix tremblante malgré son ton défiant. De ne pas rester dans l’ombre des autres ?
Lily soutint son regard sans faiblir.
— Chercher ton importance dans les ténèbres, répondit-elle calmement, c’est comme allumer une torche dans une caverne : tu crois voir mieux, mais tu ne fais qu’attirer ce qui s’y cache.
La réplique résonna. Nolan, jusque-là de marbre, serra la mâchoire, ses doigts crispés sur l’accoudoir de sa chaise. Naomi, elle, ne tint plus son mutisme. Un murmure brisé lui échappa :
— Et si… et si la magie noire nous avait déjà marqués ? Et si elle ne nous lâchait plus ?
Le cœur de Lily se serra. Elle quitta son bureau, fit le tour et s’agenouilla devant Naomi, posant une main douce mais ferme sur la table.
— Alors on tend la main. Et quelqu’un la saisira, dit-elle doucement. Personne ne sort seul de l’ombre… jamais.
Elle se redressa et les regarda tour à tour, cherchant à imprimer dans leurs esprits ses paroles.
— Vous croyez chercher du pouvoir. Mais en vérité, vous cherchez une place. Un sens. Ce vide que vous ressentez… aucune malédiction ne le comblera. C’est vous seuls qui pouvez le remplir.
Liliana détourna le regard, mais une hésitation passa dans ses yeux. Naomi serrait les poings pour ne pas trembler. Nolan demeurait figé, mais son silence semblait moins assuré, fissuré par un doute invisible.
Lily continua, plus douce, presque maternelle :
— L’ambition est une force magnifique. Mais si elle s’alimente de la peur, de la colère ou du ressentiment, elle devient une arme qui se retourne contre vous. Vous n’en êtes qu’au début. Vous pouvez encore choisir. Et si vous le faites… La magie saura vous pardonner.
Le silence qui suivit n’avait plus la même nature. Moins hostile, moins glacé. Chargé de doute, certes, mais aussi d’un frémissement fragile d’espoir.
— Prenez le temps, conclut Lily. Mais sachez que je suis là. Pas pour vous juger ni vous punir. Pour vous accompagner. Le choix ne m’appartient pas. Il est le vôtre.
Les trois jeunes se levèrent, lentement, comme s’ils portaient chacun un fardeau invisible. Ils quittent le bureau sans dire un mot, mais leurs pas résonnent différemment, moins fermes, moins assurés.
Quand la porte se referma derrière eux, Lily resta seule. Elle se posta près de la fenêtre, ses yeux perdus dans les collines que le soleil déclinant embrasait de teintes pourpres et or. Le ciel flamboyait, beau et cruel à la fois.
Elle pensa à son père, à la guerre qu’il avait traversée, aux choix qu’il avait dû affronter. Elle pensa à Severus Rogue, à ce maître sévère qui avait appris trop tard le prix de ses erreurs. Et elle se demanda si, ce soir, l’histoire n’était pas en train de se rejouer, sous une autre forme, avec une autre génération.
Elle soupira, posant une main contre la vitre froide.
L’ambition pouvait être une lumière… ou une flamme dévorante. Elle avait tendu la main. Restait à savoir si, dans leurs nuits agitées, Naomi, Nolan et Liliana accepteraient de la saisir.