Harry Potter (II) : La Prophétie et les Ombres du Passé
Chapitre 54 : Confrontation et Compréhension
1046 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 12/10/2025 09:35
La salle isolée dans laquelle Naomi pénétra baignait dans une lumière tamisée. Les rideaux épais, tirés à moitié, laissaient filtrer quelques rais de soleil doré qui se reflétaient sur la pierre polie du sol. L’air y semblait presque sacré, empreint d’un silence lourd, comme si chaque souffle devait être pesé. Loin du tumulte du château et des murmures incessants des élèves, ce lieu semblait suspendu hors du temps, un sanctuaire où les vérités devaient enfin être dites.
Au centre, Fred II Weasley et Charlotte Woods Weasley l’attendaient, assis l’un près de l’autre. Leurs visages reflétaient une gravité nouvelle — un mélange d’amour, de peur et d’inquiétude. Fred tenait ses mains croisées sur ses genoux, les jointures blanches sous la tension. Charlotte, quant à elle, fixait la porte avec une douceur contenue, comme si elle redoutait ce moment tout en le sachant nécessaire.
Naomi s’arrêta sur le seuil, hésitante. Son cœur battait si fort qu’elle crut que le bruit résonnerait entre les murs. Chaque pas qu’elle fit vers eux lui sembla un jugement.
— Naomi, dit Fred d’une voix grave mais étrangement douce, nous ne sommes pas ici pour te juger. Nous devons comprendre… pourquoi as-tu choisi ce chemin ? Pourquoi la magie noire ?
Ces mots, simples mais lourds de sens, la frappèrent comme un sortilège. Naomi sentit ses mains trembler. Ses yeux fuirent instinctivement ceux de ses parents. La honte, glaciale, lui noua la gorge.
— Je… je pensais que cela me donnerait de la force, murmura-t-elle. Que je pourrais enfin contrôler ce qui m’échappait. Tout ce que je ne pouvais pas maîtriser…
Elle serra ses poings, la voix brisée.
— La magie noire… elle m’a semblé être une solution. Une façon d’arrêter de me sentir impuissante.
Un silence pesant tomba dans la pièce. On n’entendait que le léger craquement du bois dans la cheminée et le souffle retenu de Charlotte. La mère de Naomi échangea un regard avec Fred, puis s’approcha lentement de sa fille.
— Naomi, dit-elle avec une douceur ferme, ce pouvoir que tu cherches… il te dévore sans que tu t’en rendes compte. Il te fait croire que tu contrôles, alors que c’est lui qui t’enchaîne.
Fred acquiesça, la voix un peu tremblante.
— J’ai vu ce regard avant, Naomi. Ce besoin d’être plus fort, de ne pas décevoir. Mais la puissance qu’on arrache à la peur finit toujours par coûter plus cher que ce qu’elle offre.
Naomi leva les yeux. Dans le regard de son père, elle vit non pas de la colère, mais une inquiétude profonde, sincère. Et cela la brisa davantage.
— Je ne voulais pas devenir comme… eux, dit-elle, la voix fêlée. Ceux qui blessent sans réfléchir. Je pensais pouvoir maîtriser la magie noire, la plier à ma volonté. Être différente.
Charlotte s’accroupit devant elle et posa une main légère sur son genou.
— La vraie force, ma chérie, ce n’est pas celle qui domine les autres, mais celle qui se maîtrise elle-même. La colère et la peur sont de mauvaises conseillères. Elles te font croire que tu avances, mais en vérité, elles t’enferment.
Naomi sentit une larme rouler sur sa joue. Elle se détestait pour sa faiblesse, mais quelque chose en elle se fissurait. Une barrière qu’elle avait bâtie pour se protéger commençait à céder.
— Tu crois que je peux changer ? demanda-t-elle d’une voix presque enfantine.
— Oui, répondit Fred sans hésiter. Mais ce changement doit venir de toi. Nous pouvons t’aider, te guider… pas te sauver.
Un silence, encore. Mais cette fois, il n’était plus lourd. Il était rempli d’une tension nouvelle, celle de la possibilité du pardon. Naomi inspira profondément, comme si elle goûtait à l’air libre après un long enfermement.
Elle osa enfin croiser leurs regards. Et dans cette lumière, elle vit autre chose : l’amour inébranlable de deux parents qui refusaient d’abandonner leur fille, même face à ses ténèbres.
Charlotte se releva et l’attira doucement contre elle. Le contact fut hésitant d’abord — Naomi craignait presque de souiller la chaleur de sa mère. Puis elle s’abandonna, pleurant dans ses bras.
— Nous t’aimons, Naomi, murmura Charlotte en caressant ses cheveux. Rien ne changera cela.
Fred s’approcha à son tour, posant une main rassurante sur son épaule.
— Nous serons à tes côtés, mais n’oublie jamais : ce sont tes choix qui traceront ton avenir.
Naomi hocha lentement la tête. Elle sentit le poids de ses erreurs, mais aussi la promesse d’un renouveau. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne se sentait plus prisonnière.
Un long moment passa, où plus personne ne parla. Seul le feu crépitait doucement, comme pour sceller leur réconciliation fragile.
Puis Naomi se redressa, essuyant ses larmes.
— Je vais réparer ça. Je veux comprendre ce que j’ai fait. Et changer.
Charlotte esquissa un léger sourire, plein de tendresse.
— Ce sera difficile. Il y aura des rechutes, des doutes. Mais si tu avances avec ton cœur, tu trouveras la lumière.
Fred ajouta avec gravité :
— La magie noire ne définit pas qui tu es. Ce que tu choisis de faire maintenant, en revanche, le fera.
Naomi se permit un mince sourire. Elle n’était pas guérie, pas encore, mais elle avait trouvé une direction. Ce n’était plus la puissance qu’elle cherchait, mais la paix.
Quand elle quitta la pièce, la lumière du couloir semblait plus vive. Elle sentit le vent frais du soir caresser son visage. Le chemin serait long, semé de doutes, mais elle n’était plus seule.
Dans son dos, la voix de son père résonna une dernière fois :
— Naomi… nous croyons en toi.
Et pour la première fois depuis des semaines, Naomi y crut aussi.