Harry Potter (II) : La Prophétie et les Ombres du Passé

Chapitre 55 : Le Poids de la Perte et la Quête de Rédemption

1287 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/10/2025 09:42

La salle choisie par Killian Beauchamp se trouvait à l’extrémité d’un long couloir oublié de Poudlard, un endroit que peu d’élèves connaissaient. Les torches y brûlaient faiblement, projetant des ombres vacillantes sur les murs de pierre. L’air y était chargé d’une solennité presque palpable, comme si le château lui-même retenait son souffle. Ce lieu n’était pas seulement isolé : il semblait fait pour les confessions, pour ces vérités que l’on ne peut prononcer qu’à voix basse.

Nolan entra, hésitant. Ses pas résonnèrent faiblement sur le sol, et ce simple écho fit naître un frisson dans son dos. Il referma lentement la porte derrière lui, comme s’il craignait que le monde extérieur entende ce qui allait être dit ici. Face à lui, son père se tenait debout, droit et silencieux, le regard fixé sur lui. Killian Beauchamp, d’ordinaire si assuré, paraissait cette fois plus grave, presque fragile sous le poids de ce qu’il devait affronter.


— Assieds-toi, Nolan, dit-il calmement.


Le ton n’était ni autoritaire ni distant. Il était mesuré, teinté d’une douceur rare. Nolan obéit, évitant soigneusement le regard de son père. Ses doigts se serraient nerveusement sur le tissu de sa robe, trahissant la tension qu’il tentait de contenir.


Le silence s’installa un instant, ponctué seulement par le crépitement discret des chandelles. Puis Killian prit la parole, d’une voix lente, posée, mais chargée d’émotion.


— Nolan… tu comprends ce que tu as fait, n’est-ce pas ? Tu t’es aventuré dans un domaine plus dangereux que tu ne l’imaginais. Pourquoi t’es-tu intéressé à la magie noire ?


La question, simple en apparence, résonna dans la pièce comme un jugement. Nolan déglutit difficilement. Ses yeux restaient baissés, et sa gorge se serra jusqu’à lui faire mal. Il sentit une vague de honte l’envahir, mêlée à une tristesse qu’il ne parvenait plus à contenir.


— Je… je pensais que ça m’aiderait à comprendre la magie plus profondément, balbutia-t-il. À trouver une forme de pouvoir… Je voulais contrôler les choses, contrôler ce que je ne pouvais pas changer. Mais je n’avais pas réalisé jusqu’où ça irait…


Ses mots s’éteignirent dans l’air, comme avalés par le silence. Killian détourna un instant le regard, pensif. Il reconnaissait ce ton, cette désillusion — c’était celui d’un jeune homme égaré, pas d’un sorcier avide de puissance. Il fit quelques pas, les mains jointes dans son dos, son esprit oscillant entre colère, peur et compassion.


— Nolan… la magie noire ne te donne pas le contrôle, dit-il d’une voix ferme. Elle t’use. Elle s’infiltre dans tes pensées, te fait croire que tu es plus fort, alors que tu es déjà prisonnier. Elle te promet de maîtriser la douleur, mais elle ne fait que l’amplifier.


Les yeux de Nolan s’embuèrent. Il aurait voulu soutenir le regard de son père, mais la honte l’en empêchait. Une brûlure lui monta dans la poitrine. Et soudain, dans un souffle presque inaudible, la vérité jaillit.


— Ce n’est pas seulement pour le contrôle… Je… j’ai voulu ramener maman.


Ces mots suspendirent le temps. Même les flammes semblèrent vaciller différemment. Killian se figea. Le nom de Roxanne résonna dans l’air comme un souvenir douloureux, un écho venu d’un passé encore trop vif. Le regard de Killian se perdit dans le vide, et un instant, son masque de force se fissura. Il se revoyait, lui aussi, au bord du désespoir, cherchant des réponses dans les recoins les plus sombres de la magie pour combler un vide impossible à combler.


— Nolan… murmura-t-il, la voix brisée par l’émotion.


Il s’approcha de son fils, lentement, puis posa une main ferme sur son épaule. Le geste était à la fois un ancrage et une prière silencieuse.


— Je comprends ce que tu ressens. Crois-moi, je le comprends mieux que tu ne l’imagines. Mais la magie noire ne ramènera pas ceux que nous avons perdus. Elle ne fait qu’ouvrir de nouvelles blessures, plus profondes encore. Ce que tu cherches… ce que nous cherchons parfois tous… c’est une illusion. La vraie force, Nolan, c’est d’accepter la perte et d’apprendre à vivre avec elle.


Une larme glissa sur la joue du garçon. Il aurait voulu répondre, mais aucun mot ne lui venait. Tout ce qu’il avait refoulé depuis la mort de sa mère remontait d’un coup — la colère, la peur, l’impuissance. Tout ce qu’il n’avait pas su exprimer explosa silencieusement dans ce regard mouillé qu’il leva enfin vers son père.


— Je suis désolé, papa… Je n’aurais jamais dû… je n’aurais jamais voulu te décevoir…


Killian ferma les yeux, un bref instant, puis esquissa un sourire triste. Il s’agenouilla devant son fils, de sorte que leurs visages soient à la même hauteur.


— Tu ne m’as pas déçu, Nolan, répondit-il doucement. Tu es humain. Tu as souffert, et tu as cherché à comprendre cette souffrance. Ce n’est pas une faute. Ce qui compte, c’est que tu comprennes maintenant ce qu’il y a derrière cette tentation. La vraie puissance, ce n’est pas de défier la mort. C’est de trouver la force de continuer à vivre, malgré elle.


Il posa une main sur le cœur de son fils.

— C’est ici qu’elle vit, Nolan. Dans ta mémoire, dans ton courage, dans ce que tu choisis de devenir. Ta mère n’aurait jamais voulu que tu te perdes pour la rejoindre. Elle voulait que tu avances.


Nolan hocha la tête, incapable de parler. Les mots de son père résonnaient comme un baume, douloureux mais nécessaire. Il inspira profondément, sentant quelque chose se délier en lui — une douleur ancienne qui, sans disparaître, cessait enfin de l’étouffer.


— Je veux changer, murmura-t-il. Je veux comprendre ce qui est vraiment important. Et apprendre à avancer.


Killian eut un sourire sincère, attendri, presque fier. Il ébouriffa doucement les cheveux de son fils, un geste qu’il n’avait pas eu depuis longtemps.


— C’est tout ce que je te demande, dit-il simplement. Tu as encore le temps de faire les bons choix. Et je serai là, toujours, pour te guider. Quoi qu’il arrive.


Ils restèrent ainsi un moment, dans un silence empreint de paix retrouvée. Le feu vacillait doucement, projetant sur les murs l’ombre d’un père et d’un fils enfin réconciliés avec eux-mêmes.


Quand Nolan se leva pour partir, la salle semblait différente. Plus lumineuse, plus légère. Ce lieu de confrontation était devenu un espace de guérison. Il posa une dernière fois le regard sur son père.


— Merci, papa, murmura-t-il.


Killian hocha la tête, le regard brillant.


— Merci à toi, Nolan. Pour avoir eu le courage d’affronter tes ténèbres.


Nolan quitta la pièce. Le couloir semblait plus vaste qu’à son arrivée, comme si le monde lui-même lui offrait une seconde chance. Il sentait encore la présence invisible de sa mère, non plus comme une douleur, mais comme une douce

chaleur au fond de son cœur.


Le poids de la perte demeurait, mais il ne le portait plus seul.

Le chemin de la rédemption venait de commencer.

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