Harry Potter (II) : La Prophétie et les Ombres du Passé

Chapitre 57 : L’Enjeu de la Prudence et de l’Action

1225 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/10/2025 19:33

La lumière du crépuscule s’étirait à travers les grandes fenêtres du bureau de Sophia Dalrymple, caressant le bois sombre et le parquet poli. Le feu dans l’âtre projetait une clarté vacillante qui faisait danser les ombres sur les murs tapissés de livres.


Albus Potter se tenait droit, les bras croisés derrière le dos. Il fixait la directrice avec une intensité contenue. Malgré son calme apparent, on sentait la tension dans chaque mouvement de ses épaules. Sophia, assise derrière son bureau, faisait glisser distraitement son index le long d’un parchemin — un geste machinal pour dissimuler son agitation.


— Albus, dit-elle enfin d’un ton posé, je comprends ta préoccupation. Mais il faut agir avec mesure. Ce genre de découverte n’autorise pas la précipitation.


— Mesure ? répéta Albus, la voix plus dure qu’il ne l’aurait voulu. Ces livres ne sont pas de simples reliques oubliées. Ce sont des grimoires interdits, liés à des enchantements que même le Département des Mystères refuse d’étudier.


Sophia releva lentement les yeux vers lui.


— Et pourtant, nous les avons trouvés ici, à Poudlard. Ce n’est pas un hasard, j’en conviens. Mais si nous alertons le Ministère sans comprendre ce que nous avons entre les mains, nous risquons de déclencher une panique inutile.


Albus secoua la tête, ses traits tirés par l’inquiétude.


— Ou de donner du temps à ceux qui ont voulu les cacher. Tu sais comme moi que ces ouvrages ne se déplacent pas tout seuls. Quelqu’un a voulu qu’on les trouve… ou au contraire qu’ils disparaissent discrètement.


Un silence s’installa, rythmé par le tic-tac régulier d’une horloge enchantée. Le feu craqua, brisant brièvement la tension. Sophia se leva, contourna lentement son bureau et se posta près de la fenêtre.


Dehors, le lac reflétait le ciel embrasé du soir. Poudlard semblait paisible — mais elle savait, au fond d’elle, que ce calme n’était qu’une illusion fragile.


— J’ai déjà pris quelques précautions, dit-elle. La section concernée de la bibliothèque est scellée. Seule la bibliothécaire et moi pouvons y entrer.


Albus haussa un sourcil.


— Tu crois vraiment que cela suffira à contenir une menace potentielle ? Ces livres ont été bannis pour une raison. Ils peuvent influencer, corrompre, ou pire.


— C’est justement pour cela qu’il faut les manipuler avec prudence, répliqua Sophia. Le Ministère n’est pas toujours… délicat dans sa manière de gérer les crises.


Albus esquissa un sourire amer.


— Je n’appellerais pas ça de la délicatesse, non. Mais au moins, ils agissent.


Sophia allait répliquer lorsqu’il ajouta d’une voix plus basse :


— D’ailleurs, ils sont déjà au courant.


Elle se figea.


— Quoi ?


Albus s’approcha du bureau, sortant une lettre de la poche intérieure de sa robe.


— J’ai reçu ce message il y a quelques heures. Le Ministère a été informé — par qui, je l’ignore. Ils envoient un représentant demain matin.


Sophia attrapa le parchemin, le déroula lentement. Le sceau rouge et doré du Département de la Justice Magique y luisait encore.


— Qui viennent-ils envoyer ? demanda-t-elle, bien qu’elle craignît déjà la réponse.


— Jeremiah Graves, répondit Albus. Haut fonctionnaire de la Section des Dangers Magiques et des Objets Interdits.


Ce nom flotta dans l’air comme une menace.


Sophia ferma les yeux un instant, se souvenant d’un élève calme mais ambitieux, toujours en quête d’ordre et de reconnaissance. Jeremiah Graves avait été préfet en chef, rigoureux, brillant, mais aussi d’une froideur presque inquiétante.


— Graves… murmura-t-elle. Voilà un homme qui ne vient jamais sans raison.


Albus hocha la tête.

— Il a la réputation d’être incorruptible. Certains diraient inflexible.


Sophia reposa le parchemin sur son bureau, le visage soudain plus pâle.


— Et il sera ici demain matin… Ils n’ont pas perdu de temps.


— C’est bien ce qui m’inquiète, dit Albus. Si Graves a été dépêché, c’est qu’ils savent que ces livres représentent un risque majeur. Et s’ils savent, cela signifie qu’il y a une fuite quelque part.


Sophia se pinça les lèvres, pensive.


— Ou qu’ils surveillent déjà Poudlard de plus près qu’on ne le croit.


Le vent fit grincer légèrement la fenêtre. Au loin, la cloche du dîner retentit, mais aucun des deux ne bougea. Leurs regards restaient fixés sur le parchemin, comme si ce simple morceau de papier détenait le pouvoir de bouleverser tout ce qu’ils connaissaient.


— Alors, que fais-tu ? demanda Albus. On se prépare à l’accueillir, ou on essaie encore de gagner du temps ?


Sophia prit une longue inspiration.


— On se prépare. Mais à nos conditions.


Elle s’assit, saisit sa plume, et griffonna quelques lignes sur un nouveau parchemin.


— Ce soir, tu sécurises les grimoires. Je veux qu’ils soient déplacés discrètement. Que personne — pas même Graves — ne puisse les consulter sans mon autorisation.


Albus hésita.


— Tu veux cacher leur existence ?


— Non. Seulement… retarder sa découverte complète. Il vaut mieux que nous sachions d’abord à quoi nous avons affaire avant qu’il mette son nez dedans.


Albus acquiesça lentement, bien qu’un pli soucieux barra son front.


— D’accord. Mais tu sais qu’il le devinera. Graves n’est pas du genre à se laisser berner.


— Alors, dit-elle calmement, il faudra lui donner juste assez de vérité pour qu’il ne cherche pas le reste.


Le silence retomba. Sophia déposa sa plume, puis leva les yeux vers Albus.


— Tu l’as connu, toi aussi, n’est-ce pas ? À Poudlard ?


— Oui, répondit-il après un temps. Il était déjà… méthodique. Toujours premier, toujours prêt à dénoncer ceux qui enfreignaient les règles. Même pour un simple duel amical dans les couloirs.


Un mince sourire effleura les lèvres de la directrice.


— Alors, nous savons à quoi nous attendre.


Elle se leva et fit quelques pas vers la cheminée. Les flammes projetaient sur son visage une lueur indécise, entre chaleur et inquiétude.


— Albus, demain, tout devra paraître en ordre. Pas d’agitation, pas de rumeurs. Je veux que Poudlard semble paisible, irréprochable.


— Même si ce n’est qu’une illusion ? demanda-t-il doucement.


— Surtout parce que c’en est une, répondit-elle sans détour.


Leurs regards se croisèrent une dernière fois. Entre eux, la compréhension était tacite : ils marchaient désormais sur une ligne fine, entre vérité et dissimulation.


Albus inclina la tête.


— Très bien. Je m’en charge.


Lorsqu’il quitta la pièce, la porte se referma sans un bruit.

Sophia resta seule, contemplant le parchemin du Ministère. Sur le sceau, les lettres rouges semblaient luire plus fort à mesure que la lumière baissait.


Elle murmura, presque pour elle-même :


— Jeremiah Graves… tu as toujours aimé les secrets. Espérons que celui-ci ne te détruise pas.


La flamme vacilla, et le bureau retomba dans le silence.


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