Secret de Serdaigle

*Mardi matin*

Le soleil se levait dans le ciel teinté d’un rose lumineux d’espoir. J’ouvris les yeux au sommet de ma branche d’arbre, après une nuit bien trop courte. Grâce à un sortilège d’invisibilité que je maîtrisais désormais à la perfection — à force de le travailler en cours, et, je l’avoue, de l’avoir utilisé plus d’une fois pour me faufiler jusqu’au dortoir d’Aileen — je pouvais avancer discrètement vers Poudlard. Ma mission du jour était triple : voir Aileen pour obtenir un retourneur de temps, retrouver Lina Vausemann qui suivait les cours de potions avec Ashley et Aigl, et enfin confronter Ashley elle-même. Il était temps d’éclaircir les choses, une bonne fois pour toutes.

Le château n’était plus qu’à quelques centaines de mètres. Dans la grande cour, près de l’allée menant à Pré-au-Lard, quelques élèves prenaient l’air avant les cours. Parmi eux : Aileen Malefoy. Comme d’habitude, elle se levait tôt, pour nourrir sa peau des vitamines offertes par le soleil, bien avant le début des premiers cours. Je l’avais attendue. Je la vis s’avancer, la lumière de l’aube jouant dans ses cheveux blonds, ses yeux bleus aussi profonds que les lochs des Highlands. Je m’approchai doucement et posai une main sur son épaule.

Liam Daly : — Les courbes de ton corps sont magnifiquement embrassées par les couleurs de l’aube, murmurai-je.

Elle sursauta, se retourna.

Aileen Malefoy : — Mais... Liam !

Son visage, cette expression flamboyante, m’avaient tant manqué. Lui demandant si elle avait eu peur pour moi, un sourire joueur vint orner ses lèvres.

Aileen : — Pas du tout, répondit-elle du tac au tac. Je m’en fiche de ton sort.

Nos regards s'accrochèrent. Lentement, nos corps se rapprochèrent. Ses yeux glissèrent vers mes lèvres. Dans un souffle, elle admit :

Aileen : — Bon, d’accord… j’ai eu peur.

Nous nous embrassâmes, un baiser empreint d’amour et de peur. Peur de ne plus jamais se revoir. Je me détachai légèrement d’elle, en poussant ses belles hanches de mes grandes mains.

Liam : — Comment tu te sens, ce matin ?

Aileen : — Plutôt songeuse. Je me demandais où tu pouvais bien traîner…

Je lui racontai rapidement les événements récents, ainsi que mes pistes de réflexions. Ce que toi, cher lecteur, tu connais bien maintenant. ;)

Aileen — Voilà pourquoi je suis avec toi, me souffla-t-elle, amusée. Normalement, une Serpentard ne traîne pas avec un Serdaigle. Et encore moins… sort avec. C’est dire !

Liam : — Tu comprends alors pourquoi il me faut un retourneur de temps ? Je suis sûr qu’il y en a un chez toi. Chez les Malefoy, on doit bien avoir ce genre d’objet.

Un silence suivit. Aileen regarda l’horizon, pensive. Puis elle revint à moi.

Aileen : — Ce n’est pas impossible, dit-elle enfin.

Mais je sentais bien l’hésitation dans sa voix.

Liam : — Qu’est-ce qui t’inquiète ?

Aileen : — Liam, tu es en fuite. Ton audace, ta capacité à braver les règles… c’est ce qui te rend irrésistible. Tu le sais. Mais ma famille est tout pour moi. Si tu te fais attraper avec un retourneur dans le passé, nous tombons ensemble et avec eux. C’est la fin. Et je ne veux ni te perdre, ni perdre mon honneur dans ma famille.

Liam : — Je serais avec Charly ! Il m’aidera à ne pas faire de bêtises.

Aileen : — C’est encore pire ! Vous êtes deux imbéciles !

Liam : — Cette affaire est trop grave pour qu’on agisse comme tel…

Des élèves approchaient. L’un d’eux sembla me reconnaître. Aileen me plaqua contre elle, m'entraîna à l’écart des regards.

Aileen : — Quelle garantie me donnes-tu que tout v bien se passer ?

Liam : — La garantie que tu es mon seul espoir. Sans toi, tout s’effondre. Il ne restera plus que des souvenirs.

Elle soupira. Même chez les sorciers, le cœur l’emporte souvent sur la raison.

Aileen : — Tu me fatigues…

Elle marqua une pause, puis esquissa un sourire en coin.

Aileen : — C’est d’accord. Mais si tu ne viens pas me rendre visite ce soir dans mon dortoir… oublie le retourneur, soldat. ;)

Je souris. Ce rendez-vous, je l’avais déjà prévu.

**

Mardi midi

Je fis un tour à Pré-au-Lard, discrètement habillé. Les parents de mon amie et confidente Lina Vausemann y habite. Cette dernière leur rend régulièrement visite en début de semaine, quand elle finit les cours le midi. C'était donc le cas aujourd'hui. Déjà midi, Lina ne devrait pas tarder à arriver. J'avais décidé de l'interpeller pour mon enquête car elle est en 'option maîtrise de la potion' pour le B.U.S.E., comme Aigl Shildo et Ashley Jedusor. De facto, elle les fréquentait donc régulièrement. Pendant que je réfléchissais seul dans mon coin, avec une robe de sorcier d'un bleu neutre équipée d'une capuche prenant le soin de bien couvrir mon visage afin de dissimuler mon identité, je la vis arriver. C'était facile, puisque Lina est une sorcière plutôt grande. Ses cheveux rangés en arrière de manière élégante, remontant à leur pointe légèrement vers le ciel, avaient tendant à me rappeler la forme des chapeaux de mousquetaire. C'était une femme extravertie, honnête, courageuse et 'grande gueule' comme on dit. En bref, c'est une Gryffondor. Je m'approche d'elle à l'entrée de Pré-au-lard et, à mon approche, elle brandit très rapidement sa sombre baguette bordeaux de sa robe rouge et dorée.

Lina Vausemann : Arrête-toi. Qui es-tu ?

J'enlevai donc ma capuche en prenant la précaution d'orienter la paume de mes mains vers elle et le ciel, symbole de non-agression, en restant tout de même discret.

Liam Daly : C'est moi Lina. C'est moi.

Lina : —  Liam ? Mais...

Liam : — J'ai vu Aileen ce matin. Vous avez eu la même réaction. Ce qui ne me surprend guère à vrai dire.

Lina : — Je suis heureuse de te voir Liam. Qu'est-ce que tu es venu faire ici ? C'est un risque... Pré-au-lard est régulièrement fréquenté par les élèves de l'école qui savent que tu es censé être emprisonné à cette heure-ci.

Liam : — Je sais. Je serais dans la possibilité de prouver mon innocence d'ici peu. Aileen va me rapporter un retourneur de temps et je vais voir qui est le coupable.

Lina : — C'est une bonne chose. Mais ne te fais pas prendre, parce que j’ai entendu des gars de gryffondor penser qu’ils t’avaient vu ce matin près de la porte principale, dans la grande cour. Tu étais avec Aileen ? Retourne d'où tu viens, car si on te voit ici tu n'auras plus d'excuses car ta cavale est un défi à l'autorité du Ministère. 

Liam : — Exact ! Avant ça, j'aurais besoin de comprendre quelle était la relation qu'Ashley entretenait avec Aigl. Vous êtes tous les trois en cours d'option potion pour le B.U.S.E. Je sais aussi qu'Aigl et Ashley passait beaucoup de temps ensemble pour exceller dans cet enseignement.

Lina : — Pauvre Ashley... tout le monde est contre elle, même sa propre maison apparemment... pourquoi est-ce que tu l'accuses ? Quel est son mobile ?

Liam : — Les deux rêvent de devenir chercheurs, d'être de grands savants. Ashley Jedusor veut prouver depuis sa première année qu'il est possible d'obtenir la gloire sur le chemin du bien malgré son nom de famille. Aigl est un rempart pour elle, puisque malgré son génie, elle était constamment dans son ombre, légèrement plus excellent qu'elle.

Lina prit un instant de recul.

Lina : — Mais il a deux paradoxes dans ton raisonnement. Premièrement, comment veux tu obtenir la gloire dans le chemin du bien en tuant ton camarade ? Je te rappelle que c'est la seule sorcière de sa lignée familiale à être entrée à Poudlard sous les couleurs de serdaigle. C'est déjà une rupture exceptionnelle et d'autant plus quand on sait que ça lui a valu beaucoup de souffrances. Elle est rejetée par serpentard puisqu'à leur goût c'est une traitre. Elle est rejetée aussi par sa propre maison, puisque toi compris pour le coup, vous la pensez encore du mauvais côté... Les serdaigles pensent qu'elle entache la réputation de votre maison, et toi tu l'accuses de meurtre. Tu sais pourtant ce que ça fait d'être accusé à tort.

J'attrapai mon menton avec ma main droite. Ma main gauche soutenait mon coude opposé afin de m’aider à penser. Le raisonnement de Lina était juste.

Lina : — Deuxièmement, elle a développé une amitié avec Aigl. Même si son nom de famille est Jedusor, elle reste avant tout humaine. Je pense que 7 ans d'amitié - et donc d'attache et de sentiment - ne la conduirait pas à éliminer non pas son rival mais son ami...

Elle a raison... Je voyais Lina penseuse. Elle avait adopté la même position que la mienne, une main sur le menton et une pour soutenir le coude opposé. L’adage raconte qu'on imite inconsciemment les personnes que l'on aime. Je pense que ses sentiments amicaux envers moi la poussaient à vouloir m'aider dans mon enquête, quitte à la mettre en retard pour manger avec sa famille qui l'attendait certainement avec un bon petit plat. Après réflexion et en parlant tout doucement, elle reprit sa dernière phrase :

Lina : — ...ne la conduirait pas non plus à éliminer... l'homme qu'elle aime.

Liam : — L'homme qu'elle aime ?? *dis-je d’un ton surpris en ouvrant excessivement mes yeux*

Lina : — Ce ne sont que des suppositions. Ashley restait régulièrement après les cours de potion avec Aigl, dans son dortoir d'après ses dires. *Elle me regarde en plissant les yeux. * Tu sais Liam, entre filles, on se parle beaucoup. *Elle regarda maintenant le paysage.* Et je sais que leur rendez-vous dans le dortoir d'Aigl et accessoirement dans la réserve de la bibliothèque parfois n'était pas des événements exceptionnels, ils en avaient l'habitude. Leur relation ne courait pas les rues, mais ce n'est pas pour ça qu'elle n'existait pas, au contraire. Pour vivre heureux, vivons cachés comme on dit.

Liam : — Ils sortaient ensemble ??? Je n'étais même pas au courant !

Lina : — Il ne faut pas le prendre mal. Ce n'est pas sain dans les relations, quelles qu'elles soient, de tout dévoiler sur soi.

J'étais stupéfait. Je n'avais donc plus de coupable en tête. Ou alors si Ashley Jedusor avait manipulé Aigl, ce serait vraiment un coup très fourbe. Ceci dit, pourquoi le tuer si elle le tenait en manipulation ? Je n'arrive pas à me débarrasser de l'image Ashley coupable... serait-ce pour moi une facilité, un biais de confirmation quant à son nom de famille afin de me trouver un coupable ? Ou une piste sur laquelle enquêter ?

Lina : — Je te vois pensif, une fois de plus. Un vrai serdaigle ! Si des interrogations émergent dans ton esprit si furtif, tu devrais aller lui poser les questions toi-même. Tu veux que je lui donne rendez-vous par hibou à un endroit pour toi ?

Liam : — Ce serait avec plaisir. Je te remercie de ton aide Lina. J'apprécie beaucoup. Depuis qu’on s’est rencontré à Poudlard la deuxième année, tu as toujours été une source de rationalité pour moi. Une fois que tout ça sera fini, j’ai si hâte de raconter notre rencontre aux lecteurs de cette fan fiction !

Lina sourit. Je la vis partir, un signe amical de la main.

**

Mardi, au début de soirée

Sur un long et grand pont très en hauteur derrière Pré-au-Lard, j’avais passé l’après-midi par vagabonder en réfléchissant. Assis sur le bord, je contemplais le vide et le paysage dans lequel se dessinait la forêt interdite particulièrement belle en ce doux début de soirée. Je remarquai certains détails en l’observant dans cette vue en plongée qu’on ne remarque pas forcément en étant située à son niveau. Les nuances de verts et de marrons offraient une peinture naturelle encore plus vivante que sur les tableaux magiques à Poudlard. La nature est une beauté extraordinaire, quand on prend le temps de s’y intéresser. Je voyais une ligne d’eau, petite rivière, et quelques espaces de terre humide mélangée à du sable mouillé formant des espaces circulaires marrons, cachés sous le feuillage des immenses arbres. Dans ces moment-là, me dis-je, nous donnerions beaucoup pour devenir un aigle ! Je regardais l’insigne de serdaigle cachés sous ma cape bleue de sorcier en fuite. Quand soudain, mon sixième sens accipitridé m’indiqua une présence alarmante derrière moi, vers la gauche.

Liam Daly : — Quelqu'un est là ?

Je vis une silhouette habillée en bleu sortir de l'ombre. Elle était trop et toute petite pour que cette fois-ci ce soit Charly. Soudain, la personne enleva son grand chapeau en laissant tomber des cheveux mi- longs lisses formant des milliers de petites pointes vers le sol. C'était une brune aux yeux bleus d'une couleur particulièrement marquée. Je devinai ensuite aisément son identité à la forme de son visage enfantin, fin et à sa baguette d'un bois marron clair.

Liam : — Tu as donc eu le hibou de Lina…

Ashley Jedusor : — Oui.

Elle était toujours aussi introvertie. Sociable, mais introvertie. Paradoxalement, sa voix frêle ne manquait pas d'assurance.

Liam : — Tu sais donc pourquoi j'ai envie de te parler…

Ashley : — Oui, et c'est particulièrement vexant de ta part. Je te pensais plus intelligent que les autres, Liam.

Liam : — Je dois sauver mon honneur et surtout ma liberté. Pour m'innocenter, il faut résoudre une enquête. Et peu importe où elle mène, il faut commencer par une piste.

Ashley : — Je suis ravie de t'aider alors, *dit-elle d’un ton relâché et désespéré*.

Liam : — Étais-tu amoureuse d'Aigl ?

Ashley : — Évidemment. Il n'y a pas plus intelligent que lui.

Liam : — Vous étiez tout le deux des camarades proches de maison. Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit ?

Ashley : — Tu arrives après la guerre Liam. C'est trop facile. Ce n'est pas parce que tu es un serdaigle que je te devais tous mes secrets. D'ailleurs si nous étions vraiment des amis, tu aurais passé plus de temps avec nous et tu aurais remarqué, comme Lina, que nous passions du temps ensemble. Et surtout, accuser une « camarade proche » ne te viendrait pas en tête. Alors ne vient pas la jouer ami-amie avec moi. Lors de ton arrestation ni Lina, ni Charly, ni Aileen, ni moi ne t'avons pensé coupable de ce meurtre. Je pense que tu ne mérites pas cette fidélité. Pour ta gouverne, je ne préférais pas crier sur tous les toits qu'Aigl et moi sortions ensemble, tout simplement au regard de ma sale réputation. Tu apprendras vite que dans la vie, les gens ne regardent pas le fond de ce que tu es et de ce que tu dis. Ils jugent surtout par rapport à la forme, à ta valeur sociale, à ce que tu as à apporter. Rien de plus. Voilà pourquoi je n'ai rien dit.

Elle visait juste. Et ses mots me touchaient beaucoup. Après de bonnes secondes de remise en question, je continuai la conversation.

Liam : — Ok Ashley. Alors, aide moi. Après, on ne se parlera plus si tu veux, tu n'endenteras plus parler de moi. Promis.

Ashley : — Je dois rentrer. Débrouille-toi tout seul.

Liam : — Accorde-moi 5 minutes...

Je la voyais réfléchir.

Ashley : — 5 minutes et après je m'en vais. Je suis profondément blessé par ton comportement. C'est déjà très généreux de ma part de t'adresser la parole.

Liam : — Quand as-tu vu Aigl pour la dernière fois ?

Ashley : — Question bête. À la finale de quidditch bien évidemment.

Je n'avais plus de piste. Plus de questions. La honte.

Ashley : — C'est tout ? C'est ridicule.

Liam : — Ah, si. J'ai bien une question. Aurais-tu entendu parler d'une découverte ou d'un mystère à propos de notre maison ? Du genre secr...

Ashley : — Ah oui du genre secret de serdaigle, un truc comme ça ?

Mon regard s'arrêta immédiatement, le corps tremblant. Le teint de mon visage devint blanc glacial et je fixai Ashley dans le fond de ses yeux bleus en fonçant les sourcils. Je n'avais pas le souvenir d'avoir parlé à qui que ce soit du morceau de parchemin dans la manche d'Aigl mentionnant ce secret de serdaigle. Il n'y avait donc que moi et le meurtrier qui pouvait le savoir... c'est inquiétant. Je m’en souviendrais toujours de ce bout de parchemin que je sentais à ma cheville droite, toujours caché dans ma chaussette : « Vous ne dévoilerez jamais le Secret de Serdaigle ». Par la barbe de Dumbledore, comment est-elle au courant ?

Ashley : — Tu es tout pâle.

Liam : — Tu as bien dit... secret de serdaigle ?

Ashley : — Secret, mystère et boule de gomme de serdaigle si ça te chante. Mise à part l'histoire tragique de la Dame Grise Héléna Serdaigle, notre fantôme de maison, je ne sais rien qui ne serait pas de notoriété publique.

Elle ment ! Et ce n'est cette fois-ci pas le jugement lié à son nom de famille qui parle. Elle ment sur le fond ! Je le ressens !

Liam : — Es-tu bien certaine de ce que tu avances ?

Je sentis Ashley profondément paniqué. Ma question avait brisé son calme légendaire. De l’extérieur, elle ne montrait aucune faille atteinte, mais elle sélectionnait maintenant soigneusement ses mots… et ses expressions du visage. Je le sens !!

Ashley : — Oui. C'était d'ailleurs la dernière minute des cinq initialement accordées. Au revoir Liam. Je te souhaite bon courage dans ta quête.

Liam : — Ashley ! Attends ! Ce n'était pas ma dernière question ! Qu'est-ce que tu mijotais dans la réserve de la bibliothèque avec Aigl ?

Ashley : *Surprise par la question, en repartant* — Va te faire voir !

Liam : — Non ! Ce n’était pas un jugement…

Elle était déjà partie. Il faut que je retourne au moment de la mort d'Aigl, je n'en peux plus d'attendre !