Harry Potter, l'Ordre du Phénix et le Brécilien
CHAPITRE IV : NAISSANCES
Les jours passèrent. Chacun apportant plus de sentiments de révolte que le précédent. Ombrage continuait à suivre son programme de désinformation de la DCFM. Les élèves passaient chaque heure à recopier les pages du livre qu’elle avait choisi. Harry avait pris l’habitude de ce mettre Ombrage à dos et de recevoir une retenue quasiment à chaque cours. Hermione disait qu’elle faisait exprès de le provoquer. Mais Harry ne comptait pas arrêter. Il ne voulait pas laisser ce crapaud visqueux gagné.
De son côté, Teñval n’eut pas trop d’occasion de s’en prendre à ce soi-disant professeur. Celle-ci semblait éviter les situations qui pourraient déchaîner les foudres du breton. Et pour le moment, Teñval ne semblait pas vouloir l’attaquer. Pour le moment.
Juste avant Halloween, une terrible nouvelle ébranla le monde des sorciers. Plusieurs mangemorts s’étaient échappés d’Azkaban. Parmi eux, celle qui avait participé à la torture des Londubat : Bellatrix Lestranges. Neville était le plus choqué de cette nouvelle. Et lors d’une soirée devant le feu de la salle commune, une idée germa dans les têtes du trio de Gryffondor : si Ombrage ne voulait pas qu’ils apprennent à se défendre, ils le feraient eux-mêmes. Il fallut toute la force de persuasion d’Hermione et Ron pour convaincre Harry qu’il était le professeur idéal.
Durant les jours suivants, Hermione repéra les élèves susceptibles de se joindre à eux. Les Weasley étaient, bien entendu tous d’accord. Ginny demanda à Luna de venir à la réunion qui était organisés à la Tête de Sanglier. Harry se demanda si Teñval se joindrait à eux.
Harry avait devant lui plusieurs élèves, une vingtaine environ. Il y avait les sœurs Patil, Neville, les Crivey, et d’autres élèves que Harry ne connaissait que de vu. Mais il eut l’agréable surprise d’y voir la belle Cho Chang. Il n’osait pas la regarder. L’an passé, elle sortait avec Cédric Diggory, celui la même qui était mort dans le cimetière le soir où Voldemort était revenu.
Certains furent durs à convaincre. Ils étaient plus là pour entendre Harry parlé de la mort de Cédric. Mais au final tous acceptèrent de signer la feuille qui allait les lier dans le secret. Il fallait maintenant trouver un endroit où s’entraîner.
Alors que tous les membres de l’Armée de Dumbledore nouvellement formé se dispersaient en sortant de la Tête de Sanglier. Harry interpella Luna.
« Luna, as-tu parlé de notre réunion à Teñval ?
-Oui. Mais il a dit qu’il ne voulait pas venir.
-Encore heureux, fit Ron apeuré à cette idée.
-Il a dit que l’idée était intéressante mais qu’il ne voulait pas se joindre à nous et surtout qu’il avait autre chose à faire aujourd’hui. Il a passé tout le week-end dans la forêt. Il y a même dormi.
-Hein ! s’étrangla Ron dont la dernière visite dans la forêt remontait à leur deuxième année (un épisode mémorable avec de charmantes araignées !!).
-Nocturna ? fit Harry.
-Oui, c’est pour bientôt.
-Qui est Nocturna ? demanda Hermione.
-Allons-y, proposa Luna. »
Harry et Luna coururent vers la forêt suivi de Ron et Hermione qui, tout en courant, ne cessaient de leur demander où ils allaient. Ron s’arrêta à l’entrée de la forêt, mais Hermione lui prit la main pour le tirer sous l’ombre des arbres. Harry et Luna cessèrent de courir en passant dans la clairière où paissaient tranquillement les sombrals. Ils repérèrent la forme voûtée de Teñval penché sur la femelle qui haletait, couchée de côté sur le sol. D’un geste rassurant et affectueux, il passait sa main sur son ventre de cuir tendu, remontant jusqu’à l’encolure. Lorsqu’il perçut la présence des jeunes sorciers, il ne fit que tourner la tête. Harry voyait que les yeux de Nocturna exprimaient de la détresse et que son corps fumait de sueur malgré le froid.
« Comment va-t-elle ? demanda Harry.
-Elle est faible et elle souffre, répondit Teñval. Elle n’a rien mangé depuis ce matin. Je ne sais pas si elle survivra.
-Tu peux faire quelque chose, n’est-ce pas ?
-Je ne sais pas. Je vais tout essayer mais…
-Quoi ?
-Il me faut des plantes. Et je ne veux pas la laisser.
-Vas-y. On reste avec elle. »
Teñval leva les yeux vers Harry. Le jeune sorcier eut l’impression qu’il le jaugeait.
« Yannig, fit Luna. Vas-y. Fais-nous confiance. »
Le sourire rêveur de Luna suffit à le convaincre. Il leur demanda de lancer des étincelles rouges si quelque chose arrivait et s’éloigna, s’enfonçant plus dans la forêt interdite.
Ron et Hermione s’approchèrent sans comprendre. Ils avaient vu Teñval s’éloigner et maintenant, ils voyaient Luna et Harry agenouillés dans la terre, caressant et chuchotant des paroles rassurante à …rien !
« Qu’est-ce que vous faîtes ? questionna Ron.
-Chut ! ordonna Harry. Tu vas l’effrayer.
-Quoi ? Y’a rien.
-Tu ne peux pas la voir, mais tu peux la sentir, fit Luna. Donne moi ta main. »
Luna lui prit la main et la fit se poser sur le cou de la sombrale. Le contact surprit Ron qui retira vivement sa main en demandant ce que c’était.
« Une sombrale, répondit Harry. Il y en a plein autour de nous.
-Je comprend maintenant, dit Hermione en s’agenouillant à son tour. »
Elle tendit prudemment sa main jusqu’à toucher le corps chaud et humide.
« Celle la est enceinte, expliqua Harry. Mais elle va mal. On risque de perdre à la fois le petit et la mère. Teñval s’en occupe. Il les connaît bien.
-J’aimerai bien les voir, dit Hermione.
-T’es sûre ?
-Euh…non. Enfin… »
Teñval ne revint qu’une heure plus tard avec différentes herbes. Il se mit à préparer une mixture sous les yeux intéressés de Hermione. Cette préparation, elle ne la connaissait pas. Il obligea la sombrale à ouvrir la gueule et appliqua la mixture sur sa langue et la lui fit avaler. La sombrale se débattit faiblement. Mais Teñval ne cessa qu’une fois qu’elle eut tout ingurgité. Il reposa délicatement la tête sur le sol et lui chuchota à l’oreille :
« Tu vas te sentir mieux maintenant. Je te promets que je vais tout faire pour que tu vives. Et ton petit aussi. »
Sous l’effet de la mixture, la sombrale se détendit. Les soubresauts de douleur se faisaient moins violents et réguliers. Teñval se plaça derrière la sombrale. Il alla jusqu’à enfoncer son bras dans son vagin pour vérifier que l’œuf était bien intact.
Au bout de deux heures d’effort, de peur et de doute, Teñval, soutenu par les encouragements de Luna, Harry et Hermione (Ron s’étant prudemment écarté), parvint à extraire l’œuf de l’utérus de Nocturna. Cette dernière étant trop faible pour le faire seule. L’œuf ressemblait à une pierre de granit recouverte de sang. Hermione et Ron le fixèrent. Pouvaient-ils le voir ? Devinant son trouble, Teñval l’éclaira.
« L’œuf du sombral est la seule chose que l’on peut voir même si on a jamais vu la mort. Normalement la mère brise la coquille à coups de sabots et de dents. Mais elle est trop faible.
-Nous allons devoir le faire alors, dit Luna qui tenait tendrement la tête de Nocturna sur ses genoux. »
Teñval alla chercher une grosse pierre et frappa à plusieurs reprises sur la coquille. Mais celle-ci ne se désagrégea même pas. Au contraire, ce fut la pierre qui se brisa.
Le breton tenta avec plusieurs autres pierres mais il obtint toujours le même résultat. Il savait que s’il ne brisait pas la coquille au plus vite, le petit mourait. Il décida de tenter le tout pour le tout. Il ramassa une pierre, plus petite que les autres mais plus dure. Il ne la cogna pas sur la coquille rocheuse. Il se contenta de la garder dans sa main au niveau de son visage. Il murmura quelques mots dans une langue que Harry ne connaissait pas et à la tête de Hermione, elle non plus.
« Kendeuziñ maen ha dorn. »
Une chose étrange se produisit sous leurs yeux. Teñval fermait son poing sur la pierre. Mais au lieu de s’arrêter à la surface minérale, ses doigts fondirent dans la pierre. Ou la pierre fondait dans ses doigts. Impossible de le dire. Quand le poing fut totalement refermé, il avait pris la texture de la pierre. Sa main et la roche avaient comme fusionné.
Il arma son poing et frappa la coquille. Il réitéra autant que nécessaire. Sous ses coups de butoir, la coquille se désagrégea, se fissura, se craquela, et s’ouvrit. A l’aide de son poing de pierre, Teñval écarta les éclats tranchants. Au milieu, se trouvait une masse noire et molle recroquevillée sur elle-même. Elle frissonnait. C’était vivant.
« Potter, fit Teñval. Peux-tu le prendre ? Je ne peux pas avec ma main comme ça. »
Harry mit les deux mains dans l’œuf et en sortit le petit sombral encore tout englué. Il était mignon, ses yeux étaient encore fermés et ses petites ailes qui ne demandaient qu’à grandir étaient repliées sur son dos. Harry sentait la chaleur de son petit corps fragile contre lui et le va-et-vient de sa respiration. Pourquoi les gens les voyaient comme une incarnation de la Mort ? Ce petit était un exemple de la Vie. Harry le déposa près de la tête de Nocturna. Cette dernière encore sous le coup de la mixture de Teñval, fit un gros effort pour venir nettoyer la tête de son petit à coups de langue affectueux.
Teñval regardait la scène touchante en se tenant le poing fêlé par les chocs contre l’œuf.
« Dispakan. »
Il rouvrit son poing, libérant la pierre. Cette dernière roula au sol une fois libéré. Elle était tâchée de sang. Non, c’est comme si elle s’était mise à saigner. Luna regarda la main avant que le breton ne puisse la cacher. Elle était ensanglantée, les os à nues par endroit. Luna se leva et lui prit la main, lui arrachant une grimace de douleur.
« Comment ça se fait ? demanda t-elle visiblement inquiète.
-La coquille était plus dure que ce que je croyais, dit-il. Ne t-en fais pas. Ce n’est pas grand-chose. Le plus important c’est que le petit et Nocturna aillent bien.
-Tu as la main cassée. »
Luna sortit un mouchoir de sa poche et en enveloppa la main.
« Tu devrais aller voir madame Pomfresh, dit-elle.
-Je dois d’abord faire en sorte que Nocturna reprenne des forces. Je reviens. »
Luna aurait voulu le retenir mais elle savait que se serait inutile. Tête de cochon de breton !
Le petit sombral ouvrit ses yeux blancs quelques minutes plus tard. En voyant tout ces humains autour de lui, il eut le réflexe de se blottir contre sa mère. Harry et Luna, bien que inquiète pour Teñval eurent un sourire attendri. Petit à petit, le nouveau-né s’habitua à toutes ces présences et s’approcha assez près pour que Harry puisse lui caresser la tête.
Teñval revint rapidement avec de nouvelles plantes. Il écrasa sa mixture et la fit avaler à Nocturna qui ne pouvait se défendre. Cela fait, Teñval se leva, fit quelques pas et trébucha.
« Yannig ! s’écria Luna. »
Teñval tentait de reprendre son équilibre en s’appuyant contre un arbre. Le mouchoir qui entourait sa main était imbibé de sang et des gouttes tombaient sur le sol.
« Tu perd du sang.
-Ça ira. Je dois juste me reposer.
-Je t’emmène à l’infirmerie.
-Je dois veiller sur Nocturna.
-Arrête. Arrête de vouloir aider tout le monde sans te soucier de toi.
-Il le faut. Si je l’avais mieux fait…
-Tu n’es pas responsable. Tu ne pouvais pas savoir.
-J’aurai dû.
-Il ne voudrait pas que tu te fasses du mal comme ça. Pas de discussion, je t’emmène.
-Je ne pourrai jamais te dire non. »
Luna supportant Teñval pour l’aider à marcher, ils s’éloignèrent. Harry se demandait d’autant plus quelles étaient la force et la nature du lien qui les unissait.