Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 14 : XIV De Nouveaux Mystères

2552 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:40

CHAPITRE XIV : DE NOUVEAUX MYSTERES

 

Pierrick s’arrêta devant une lourde porte de métal. Malgéus était de l’autre côté, il le sentait. Serait-il à la hauteur ? Il l’ignorait. Le plus important était de l’empêcher de repartir avec le Grimoire. S’il fallait mourir pour ça, alors, il mourait. Il revit dans une douce et ultime pensé le visage de Su. Non. Ce n’était pas Su, c’était Chun. Il voulait la revoir. Il ignorait quel sentiment il ressentait. Il repoussa ces pensés. Il n’avait pas le temps. Il ouvrit la porte et entra.

 

           Malgéus ne l’avait pas perçu. Il cherchait dans l’unique rayonnage le Grimoire de Malchauzen. Il ne devait pas l’avoir trouvé malgré le peu d’ouvrage qui s’y trouvait. Son souffle fatigué était haletant et énervé.

« Impossible, souffla t-il. Il devrait être ici. A moins que... Oui c’est la seule explication. Il l’a.

-Qui ? fit Pierrick pour signaler sa présence. »

Lentement Malgéus se tourna vers le chasseur, plantant ses yeux laiteux dans ceux sombres de Pierrick.

« Qui a pris le Grimoire ? répéta Pierrick.

-Il vaut mieux pour toi que tu ne le saches pas pour le moment, souffla t-il. Mais sache que cet homme est responsable de bien des forfaits mais qu’il a toujours réussi à se cacher.

-Pour l’instant c’est vous ma cible.

-Oh. Mais tu devrais te sentir concerné quand même, c’est lui qui a ordonné le meurtre de tes parents. »

Pierrick ne réagit pas extérieurement à ce que vient de lui dire Malgéus, mais son esprit était troublé. Non, ses parents sont morts tués par des moldus à cause des actions des mangemorts. Personne, à part Voldemort et ses fidèles n’est responsable. Même les moldus n’ont réagi que par peur. Il avait fini par le comprendre et l’accepter.

« C’est de votre faute, dit-il. Vous, les mangemorts, Voldemort, vous avez provoqué ce malheur. Le gouvernement chinois ne nous aurait jamais attaqué si vous n’aviez pas existé.

-C’est vrai, reprit Malgéus. Mais tes parents et ceux de ta petite amie, ne sont pas morts tués par les moldus.

-J’ai vu les corps !

-Et rien ne t’a sauté aux yeux ? »

Pierrick revoyait la scène comme s’il y était. Les corps des parents de Su. Su qui pleurait. Les corps de ses propres parents gisant sur l’herbe. Su le réconfortant, cherchant elle-même du réconfort. Son sourire triste puis se crispant. La chaleur du sang de la jeune fille sur ses mains. Le sang teintant d’écarlate l’herbe verdoyante. Ses derniers mots.

« Mon cœur est éternel. »

La chaleur qui fuyait son corps. La rage qu’il avait ressentie et qu’il déversa sur les soldats. Les éclairs verts du sortilège de la mort. Et les corps des soldats qui tombaient intact sur le sol. Pas de sang. Pas de sang.

           Et la se fut comme un éclair. Il reporta ses pensés sur les corps des deux couples de parents et sur celui de Su. Su baignait dans une mare de son propre sang. Mais les parents étaient proprement allongés dans l’herbe. Pas de sang. Juste l’émeraude de la pelouse. Pas de marque. Juste la Mort.

           Pierrick redressa ses yeux vers Malgéus. Il avait compris. Ses parents et ceux de Su n’avaient pas été tués par les moldus mais par des sorciers.

« Qui ? fit-il. Qui a tué mes parents et ceux de Su ?

-Ce n’est pas celui qui a tué qui est important, répondit Malgéus. Mais celui qui en a donné l’ordre.

-Qui ?

-Tu devras le trouver par toi-même. Car je ne sais pas quels sont exactement ses plans. Je dois voir jusqu’où ils vont. Mais on dirait que le Grimoire de Malchauzen en fait parti. Ou alors il ne voulait simplement pas que je m’en empare.

-Rien ne change pour toi. Je dois t’arrêter, par tous les moyens.

-Je sais jeune Chaldo. Viens donc essayer. »

           Pierrick resta impassible durant quelques secondes. Puis, il tendit sa baguette, projetant un éclair vert. Malgéus leva nonchalamment sa baguette et arrêta le sortilège avec son morceau de bois, sans lancer de sortilège. L’éclair vert était comme saisi par la baguette. Pierrick brisa le sortilège en bondissant vers le mangemort, tentant un coup de pied sauté latéral. Malgéus fit une légère esquive pour laisser passer le chasseur et se retrouva dans son dos. Le Corbeau se retourna en lançant un coup de talon circulaire. Mais le coup fut également évité par le mage noir qui contra d’un coup de paume au corps pour le repousser. Malgéus leva sa baguette et Pierrick fut soulevé de terre. Il percuta le plafond et y resta plaqué. Malgéus le tenait en son pouvoir. Il ne pouvait plus bouger. Malgéus souriait.

« Très bien jeune Chaldo, souffla t-il. Tu es bien le fils de ton père. Non, tu es meilleur encore. Je suis impressionné. Une grande maîtrise des arts martiaux, et des sortilèges de combat. Tu sais même faire des sortilèges impardonnables sans les formuler. Réellement impressionnant.

-Mon père n’a rien à voir la dedans, dit Pierrick.

-Je vois. Il l’a donc fait.

-Fait quoi ?

-Pour le moment, tu n’as pas besoin d’en savoir plus. Nous nous reverrons, jeune Chaldo. Mais je pense que tu es capable de découvrir toutes les vérités cachées seul. »

           Malgéus toucha la marque des ténèbres qui marquait son bras. Ce devait être un signal pour prévenir les autres de partir. Puis il transplana. Sitôt qu’il disparut, Pierrick retomba du plafond se réceptionnant parfaitement. Il enrageait. Tant de questions sans réponse. De nouveaux mystères. Malgéus semblait en savoir beaucoup sur le père de Pierrick, plus que Pierrick lui-même. Quels secrets se cachaient dans la pénombre du passé ? Il voulait savoir. Il le découvrirait quoiqu’il en coûte.

 

           Il rejoignit Nide et Franck. Ce dernier prodiguait à Jonas les premiers soins en attendant que les médicomages n’arrivent. Nide paraissait harassé par son combat contre Névris. Un combat qui ne s’était pas terminé. Le mangemort aux yeux violets avait transplané dés qu’il avait senti la marque des Ténèbres lui brûler le bras. Mais Nide savait qu’il avait perdu ce combat. Quel malheur de vieillir ! Il releva la tête quand Pierrick s’approcha.

« Alors ? fit-il.

-Il s’est enfui, répondit Pierrick. Mais il n’a pas le Grimoire. Il n’était pas là.

-Je vois. Nous avons perdu plusieurs hommes dans ce combat. Je vais dire à Maldieu de faire stopper les opérations à l’extérieur. Elles ne servent plus à rien.

-Je viens, je dois faire mon rapport. Franck ?

-Je restes ici jusqu’à l’arrivé des médicomages, dit Franck.

-Mes hommes vont venir chercher les mangemorts survivants, prévint Nide. »

           Nide et Pierrick retournèrent jusqu’au Département des Chasseurs. Quand ils y arrivèrent, Chun rassuré, de le voir vivant et en bonne santé, sauta dans les bras de Pierrick. Mais ce dernier était trop troublé pour lui rendre son étreinte avec la même fougue. Il l’enserra quand même pour ne pas la décevoir. Nide souria légèrement de la scène et s’avança vers Maldieu entouré des deux autres chefs de section des Chasseurs et de Dakus. Janis fit apparaître une chaise pour lui permettre de s’asseoir.

« Merci, fit-il.

-A ton service.

-Alors ? demanda Maldieu.

-Ils se sont enfuis. Malgéus et Névris. Les autres qui les accompagnaient sont soit morts soit KO. J’ai envoyé deux équipes les récupérer. Marus est blessé, il faut le transporter à Gardevie. Vinol va bien, il aura juste besoin de quelques pansements. Il s’est battu comme un diable.

-C’est pourtant pas vraiment sa spécialité, souria Fabre. Mais quand il le faut.

-J’ai perdu cinq hommes.

-Et le Grimoire ? questionna Maldieu.

-Malgéus ne l’a pas eu. Il n’était pas là ou plus là. Mais Pierrick pourra vous en dire plus.

-Très bien. Dakus, dîtes à vos hommes d’arrêter leur numéro de gestapo et quitter mon département.

-Je veux savoir, cracha t-il.

-Cette affaire est sous la juridiction des Chasseurs. La Police Magique peut aller se faire voir. Cassez-vous. »

Dakus parut sur le point de lancer une réplique cinglante mais se ravisa et partit. Maldieu demanda à Pierrick de venir dans son bureau. Il autorisa Chun, qui ne paraissait pas vouloir le laisser, à les accompagner.

           Le récit fut bref. Pierrick parla uniquement de ce qui avait trait au Grimoire. Il ne parla pas de ce qu’avait dit le mangemort sur ses parents. Mais il ne pouvait s’empêcher de penser que celui qui avait fait disparaître le Grimoire du Département Secret (si le Grimoire y avait seulement été un jour) et celui qui avait ordonné le meurtre de ses parents était le même individu. C’était ce que Malgéus avait insinué à mot couvert en y repensant.

« Qui a ce Grimoire ? fit Maldieu plus pour lui que pour les autres. Suzanne, je sens que cette enquête va nous mener dans des lieus sombres où nous n’avons pas l’habitude d’aller. Cette enquête est officiellement close. Officieusement, gardez Chaldo et Marus dessus. Ainsi que Vinol. Mais qu’ils soient prudents. Tous. Si Malgéus n’a pas cherché à troubler Chaldo. Nous avons alors un ennemi insoupçonné et dangereux qui se cache. Mademoiselle Yang-Li, être lié à nous risque de se montrer extrêmement dangereux. Il vaudrait mieux vous effacer la mémoire et ainsi vous permettre de reprendre votre vie. »

Chun regarda Pierrick dont elle tenait fermement la main. Ce dernier ne dit rien. Il la laissait faire son choix. Mais il était déjà fait.

« Non, dit-elle. Quoiqu’il arrive, je suis maintenant lié à ce monde. Je ne peux plus reculé. Et je ne le veux pas. Pierrick me l’a bien dit d’ailleurs, si les mangemorts gagnent, mon monde ne sera pas épargné. Je ne sais pas si je pourrai faire grand-chose, mais je ne peux pas oublier et ne rien faire. »

Maldieu souria légèrement comme s’il avait espéré cette réponse.

Maldieu ordonna à Pierrick de prendre quelques jours de vacances pour se remettre de ces combats et faire visiter ce nouveau monde à Chun. Les mangemorts se tenaient si tranquille que certains chasseurs ironisaient en disant qu’ils avaient complètement disparu de France. Mais ils savaient tous que ce calme devait cacher la préparation d’un plan machiavélique.

 

« Les Chasseurs ne se doutent de rien, dit Dakus. Ils sont en plein brouillard. Vos plans peuvent continuer sans aucun souci monsieur.

-Ne sous-estimer pas les Chasseurs, dit une voix assuré et calme. En particulier Charles Maldieu, il est très intelligent. Il a peut-être mieux compris que vous ne croyez. Il faudra également se méfier du fils de Gilles Chaldo. Je pense qu’il sera un problème pour la suite.

-Je peux le faire éliminer.

-Non, pas pour le moment. Voyons d’abord jusqu’où il peut aller. Et il pourrait bien devenir un allié dans l’avenir.

-Et pour le Grimoire ? Il semble avoir disparu du Département Secret.

-Ne vous en faîtes pas pour ça Dakus. Je maîtrise la situation. Vous pouvez vous retirer.

-Bien monsieur. »

Dakus sortit. L’autre homme posa un lourd volume sur son bureau et en caressa la couverture. La reliure portait un symbole : un trait verticale et quatre chevrons, deux pointés vers le bas et deux vers le haut qui s’opposaient.

« Tout ne fait que commencer. »

 

Un jour, après que Pierrick ait raccompagné Chun chez elle après avoir passé la journée à visiter quelques uns des lieux secrets du monde des sorciers, un homme l’aborda. Pierrick le reconnut aussitôt, Yann Firvel.

« Tout s’est bien terminé, fit-il simplement.

-D’autres mystères sont apparus.

-Ils ont toujours été là. C’est juste que tu ne les voyais pas.

-Depuis quand on se tutoie ?

-J’ai pensé que se serait plus conviviale.

-J’ai cherché dans tous les services du ministère et même dans le registre des naissances. Je n’ai trouvé aucune trace d’un Yann Firvel. Soit ce n’est pas ton vrai nom, soit c’est encore un secret.

-C’est mon vrai nom. Mais je ne peux rien te dire de plus.

-C’est bien ce que je pensais. Je n’arrive pas à déterminer dans quel camp tu es ?

-Je suis dans le mien. Mais je pense que nous avons beaucoup d’intérêt commun. Tant qu’il y en aura, nous serons allié.

-Tu ne vas rien me dire, n’est-ce pas ?

-Pas pour le moment. Car j’ignore moi-même tout. Nous nous reverrons. Je ne sais pas quand ni en quelle circonstance, mais je peux te l’assurer. Nous nous reverrons. »

Firvel tourna les talons et partit. Pierrick ne chercha même pas à le rattraper. Il sentait qu’il devait le laisser agir pour savoir le fin mot de l’histoire.

 

           Pierrick se transforma en corbeau et vola jusqu’en haut de la Tour Eiffel. Posé sur le garde-fou, il observait la ville d’ombre et de lumière qui s’étendait sous ses yeux. Ils étaient là, tapis dans l’ombre, les secrets. Jusqu’où allait le mener tout ça. Il l’ignorait. Serait-il prêt ? Il l’ignorait. La seule chose dont il était sûr, c’était qu’il se battrait. Il avait une nouvelle raison de combattre. Une raison avec un avenir. Et même s’il devait mourir, cette raison lui survivrait.

           Bran le rejoignit. Et ensemble ils s’envolèrent pour parcourir la ville. Une ville d’ombre et de lumière.

 

 

FIN

 

Un meurtre à Beauxbâtons. Une amitié retrouvée. Un lien fort, celui du sang. Un sentiment qui se découvre.

Prochainement :

LE CORBEAU

 

LIVRE II

 

Sang de Dragon

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