Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 21 : VII Dragons Vs Vautours

2479 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 07:19

CHAPITRE VII : DRAGONS VS VAUTOURS

 

Le lendemain et le jour d’après, Chun n’adressa pas la parole à Pierrick sauf pour dire que rien ne permettait de soupçonner les femmes des professeurs. Elle évitait de rester dans la même pièce que lui. Pauline Tréveune remarqua son manège et l’accompagna pour une ballade dans le parc de l’Académie avant le début du match de quidditch.

« Ça n’a pas l’air d’aller en ce moment, dit madame Tréveune.

-Si si, ça va, mentit Chun.

-Allons, je vois bien que quelque chose ne va pas. C’est votre compagnon, n’est-ce pas ?

-On s’est disputé.

-A quel sujet ?

-Son ex.

-Oh.

-Elle est morte dans ses bras il y a des années. Et il n’arrive pas à l’oublier.

-Ça a dû être dur pour lui. Il avait quel age ?

-Dix-sept ans.

-Un age où on croit pouvoir tout encaisser mais où on est encore sensible comme un gosse.

-Je n’arrive pas à l’imaginer sensible comme un gosse. Quand je l’ai rencontré, il était froid et sombre. Depuis, il s’est un peu ouvert mais parfois, il se renferme sur lui-même. Comme avant-hier. Je dois avouer que je ne l’ai pas vraiment soutenu ce soir là. Peut-être que je devrais m’excuser.

-Je pense que vous devriez attendre qu’il vienne vers vous. Il comprendra la véritable nature des sentiments qu’il ressent pour vous. Et il viendra vous le dire. Car ce n’est pas un peureux.

-Comment le savez-vous ?

-Ça se lit dans son regard. Il a le regard de quelqu’un qui peut se battre et qui ne connaît pas la peur. »

Chun s’arrêta, regardant madame Tréveune d’un air légèrement paniqué. Avait-elle compris que Pierrick n’était pas un professeur ? Pour toute réponse, la quinquagénaire esquissa un sourire.

« Le match va commencer, allons-y, dit Pauline. »

 

           Les tribunes du stade académique étaient bondées. Tous les élèves de l’école devaient être présents. Certains arboraient des robes de couleur rouge ou grise, les couleurs des deux équipes qui allaient s’affronter dans les airs aujourd’hui. Des banderoles scandaient des slogans encourageants tel que « En avant les Vautours ! » ou « La Victoire au Dragons ! ». De toute évidence, le match s’annonçait électrique que ça soit dans le jeu ou autour.

           En étudiant le fonctionnement de l’Académie Beauxbâtons, Chun avait vu comment se déroulait le championnat académique. Il se déroulait de la même manière que le championnat national. Les huit équipes s’affrontaient à tour de rôle durant sept phases répartis sur les dix mois de l’année scolaire. Le championnat commençait en octobre et la dernière phase aura lieu en mai. Le classement se faisait par cumul des points gagnés en cours de match.

           « Bienvenus, mesdames, mesdemoiselles et messieurs à ce dernier match de la sixième phase du championnat académique de quidditch ! lança le commentateur de sa voix amplifié par magie. Il verra s’affronter les Vautours Ecarlates ! »

Des applaudissements s’élevèrent des supporters en rouge.

« Aux Dragons de Fer ! »

Cette fois-ci, ce fut ceux en gris bleu qui laissèrent exploser leur joie.

« Ces deux équipes cherchent la même chose : une victoire avec le maximum de points marqués. Effectivement, les Vautours étant actuellement deuxième avec 1290 points et les Dragons les talonnant de peu avec 1270, elles peuvent toutes les deux espérer le titre en cas de gros score dans la dernière phase qui aura lieu en mai. Rappelons que les leaders du championnat, les Anges des Ténèbres, ont actuellement 1780 points avec un match d’avance ! De plus, le dernier adversaire des Anges sera l’équipe des Vautours. Voila d’ailleurs les Vautours Ecarlates qui rentre sur le terrain ! »

           De nouveaux applaudissements et cris de joie s’élevèrent des tribunes rouges. Chun n’en avait qu’entendu parler par Jonas et Franck. Elle trouva que les joueurs évoluaient sur leurs balais avec grâce. Les joueurs arboraient un uniforme rouge claquant. Sur leur dos, en dessous de leur nom écrit en lettres noires, était brodé une tête de vautour tenant dans son bec un ballons rouges visiblement abîmé.

« Et voici les Dragons de Fer ! »

Les supporters en gris bleu hurlèrent pour encourager leur équipe.

Un homme habillé en noir et blanc s’avança, un coffre de bois flottant derrière lui. L’arbitre appela les deux capitaines pour leur donner ses dernières recommandations.

« Attention messieurs, dit-il. Pas de coups bas, respectez les règles et soyez fair-play. C’est un match, pas une bataille. Serrez-vous la main et bon match. »

Les deux capitaines ne s’étaient pas quitté des yeux et n’eurent aucun sourire lorsqu’ils se serrèrent la main. Pour eux, le match avait déjà commencé. Et peu importe ce que disais l’arbitre, ils étaient prêts à vendre chèrement leur peau pour la victoire finale.

           Les deux capitaines reprirent leurs places dans les airs. L’arbitre ouvrit le coffre d’un coup de pied, libérant trois balles. Deux étaient identiques, de couleurs marron, les cognards. La dernière était si petite et si rapide que Chun ne la vit qu’un instant, une belle petite balle dorée : le vif d’or. L’arbitre se saisit de la dernière balle restée dans le coffre. Une balle rouge, grosse comme un ballon de foot : le souaffle.

           L’arbitre lança le souaffle en l’air, donnant le coup d’envoi du match. Les poursuiveurs des deux équipes se précipitèrent dessus si vite que Chun était sûr qu’ils allaient se percuter. Mais ils volaient avec tant de talents qu’aucun choc ne fut à déplorer. Du moins visibles.

« Et c’est parti ! hurla le présentateur. C’est Jérôme Durand qui s’empare du souaffle pour les Vautours. Il passe à Jirdain qui renvoi immédiatement la balle sur Durand. Il évite Gajien et se retrouve face au gardien des Dragons. Il tire ! BUT ! 10 à 0 pour les Vautours ! »

Le gardien des Dragons hurlait contre ses coéquipiers, visiblement mécontent de leur défense.

           Le gardien des Dragons relança le jeu en passant le souaffle en direction d’un de ses coéquipiers. Le poursuiveur gris fonça en direction des buts des Vautours, évitant un adversaire en passant en dessous. Il fit une passe à un poursuiveur, un garçon noir, qui lui renvoya sans même s’en saisir. Le premier poursuiveur effectua le même genre de passe à une touche de balle pour renvoyer le souaffle loin vers l’aile gauche où se trouvait le troisième poursuiveur gris. Celui-ci saisit le ballon, percuta violement un poursuiveur écarlate pour se frayer un chemin vers les anneaux des Vautours. Il leva la balle rouge au dessus de sa tête pour tirer. C’était une feinte ! Le gardien des Vautours se laissa prendre au piège et plongea de son côté droit. Le Dragon lança alors la balle pour, non pas tirer mais passer en direction de son coéquipier démarqué sur l’aile droite. Celui-ci donna un coup de tête dans le souaffle pour le dévier dans le but adverse, arrachant un roulement d’acclamation du publique en gris.

« Magnifique but de Zériti servit par Jafré ! s’écria le présentateur. Egalité 10 partout ! Le gardien des Vautours Gaël Sifardin va relancer le jeu pour l’équipe rouge. Il relance en direction de Sophie Fasa… Mais Abdallah Guda intercepte le souaffle et sans attendre que le gardien se replace, tire. Sifardin se jette mais trop tard. 20 à 10 pour les Dragons. »

           Le match continua avec de très belles actions de la part des deux équipes. Les Dragons prirent toutefois l’avantage au score grâce à une grosse pression sur la défense et le gardien des Vautours. Les attrapeurs tournaient inlassablement au dessus de leurs coéquipiers, tentant de repérer le vif d’or. Au bout d’une demi-heure de jeu, le score était de 150 à 100 en faveur des Dragons de Fer.

           Le poursuiveur écarlate fonçait vers le but adverse. Il évita Guda et Zériti avec une extraordinaire acrobatie mais ne put éviter Jafré qui l’envoya violement contre les tribunes. L’arbitre siffla, pas aussi fort que les supporters rouges, mais parvint à arrêter le match, accordant un penalty pour les Vautours Ecarlates. Ce fut Sophie Fasa qui transforma forma le penalty. Les supporters écarlates déroulèrent une banderole sur laquelle brillait en lettres illuminées les mots : « SOPHIE EPOUSE-NOUS ! ». La jeune poursuiveuse sourit en passa près de la tribune de ses fans.

           Le score était maintenant de 150 à 110 pour les Dragons. Le gardien des Dragon relança le jeu. Mais sitôt que le poursuiveur en gris se saisit du souaffle, il le lâcha, frappé de plein fouet par un cognard. Sophie Fasa le récupéra, évita un cognard et un poursuiveur. Elle avait maintenant le chemin libre jusqu’au but, il ne restait plus que le gardien des Dragons. Sans hésitation, elle fonça droit sur lui. Tout le stade retint son souffle en attendant le choc entre les deux joueurs. Le gardien ne parut pas vouloir s’écarter. Il faut dire qu’au plan physique, il était plus imposant que la fine poursuiveuse. Cette dernière lança le souaffle en l’air en esquissant un sourire mutin au Dragon alors qu’elle n’était plus qu’à quelques mètres de lui. Elle se dressa sur son balai et sauta en l’air en effectuant un salto pour frapper la balle d’un coup de pied et ainsi le lancer à pleine puissance vers l’anneau situé derrière le gardien.

           Alors que la foule explosait de joie, la poursuiveuse tomba assise sur le balai du gardien des Dragons, dos à dos. Le gardien, surpris, ne fit que tourner la tête. Avant même de voir le visage de la poursuiveuse, celle-ci déposa un léger baiser sur sa joue. Elle le gratifia d’un sourire éclatant et se laissa glisser pour se rattraper sur son balai. Le gardien des Dragons avait le visage aussi rouge que la robe de quidditch des Vautours.

           « Ha ! Ha ! Ha ! ria madame Tréveune. Sacré Sophie, elle lui en fera vraiment toujours voir de toutes les couleurs !

-Ils se connaissent bien ? demanda Chun.

-Sophie Fasa et Maximilien Harris, ils sortent ensembles depuis leur première année. Ils sont même déjà fiancés et ont prévu de se marier en juillet, sitôt leurs études finies.

-Ça ne leur gêne pas de ne pas être dans la même équipe ?

-Non. Et ça donne quasiment à chaque fois une situation assez drôle. »

Durant les explications de Pauline Tréveune, les Dragons marquèrent un autre but, amenant le score à 160 à 120 en faveur des joueurs en gris bleu.

           Les Dragons continuèrent leur avancé au score. Malgré de très bonnes actions, les poursuiveurs des Vautours étaient légèrement surpassés par ceux des Dragons. La différence de but resta à peu près égale avec un score de 200 à 130 pour les Dragons de Fer.

           Sophie Fasa progressait vers le but tenu par son fiancé. Elle évita habilement un poursuiveur gris. Un cognard lui frôla la tête. Arrivant face à Abdallah Guda, elle préféra passer à son coéquipier Hector Jirdain. Celui-ci fonça vers Harris. Le gardien était prêt à arrêter son tir mais un cognard lui percuta l’épaule, l’obligeant à s’écarter de la trajectoire du souaffle.

« 200 à 140 en faveur des Dragons, hurla le présentateur. Mais voici que Yann Derinec s’élance ! A-t-il aperçu le vif d’or ? »

L’attrapeur des Dragons fonçait, traversant le stade à une vitesse vertigineuse. Il ne fallut que quelques secondes pour que l’attrapeuse des Vautours ne se place à ses côtés pour lui batailler le vif d’or. Voyant que la jeune fille allait légèrement plus vite que lui, Derinec tenta de l’écarter d’un coup d’épaule. Mais la joueuse des Vautours tint bon. Elle poussa encore plus la puissance de son balai et parvint à se saisir du vif d’or sous les yeux rageurs de Yann Derinec.

« C’est terminé ! s’écria le présentateur. Jeanne Salius a attrapé le vif d’or pour les Vautours Ecarlates ! Victoire des Vautours 290 à 200 ! »

Il était inutile de préciser qui avait gagné. Les supporters en rouge laissaient exploser leur joie plus qu’il ne l’avait fait durant tout le match. Les joueurs des Vautours se réunirent autour de leur attrapeuse pour la congratuler par de grandes accolades et embrassades. Chun applaudit. Elle n’était pas prête d’oublier ce match et espérait en voir beaucoup d’autres. Le Quidditch était vraiment un sport spectaculaire. Chun vit Sophie Fasa se détacher de ses coéquipiers pour venir rejoindre son fiancé qui arborait la mine dépitée des vaincus. Par un pouvoir magique connu des seules jeunes filles, elle lui rendit le sourire en l’embrassant. Et c’est main dans la main qu’ils retournèrent jusqu’aux vestiaires.

 

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