Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 20 : VI La Robe

3100 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:41

           CHAPITRE VI : LA ROBE

 

Chun rejoignit une femme d’une cinquantaine d’année aux cheveux châtains. Cette dernière accueillit Chun avec un grand sourire.

« Bonjour Pauline. Je ne suis pas en retard j’espère, dit Chun.

-Non, répondit madame Tréveune. Marie, Eliane et Consuelo ne sont pas encore arrivées. »

           Quelques minutes plus tard, elles furent rejointes par trois autres femmes. La plus jeune se nommait Marie Sirdouin, la fiancée du professeur Mateux. Elle n’était pas un canon de beauté. Elle était plutôt rondelette mais possédait un visage souriant qui la rendait charmante. Ses boucles brunes augmentaient l’effet juvénile de son visage.

           Eliane Jassu avait le même age que Pauline Tréveune. Par contre, elle avait des cheveux gris et un visage plus ridé.

           Consuelo Rodès était une femme d’origine espagnole. Elle en possédait la peau mate et l’ample chevelure brune. Elle portait autour du cou une multitude de collier aux couleurs chatoyantes.

 

           Les cinq femmes sortirent de l’académie pour monter dans un carrosse tiré par rien. Chun n’en était pas surprise, elle se dit que ce genre de chose était tout à fait normal dans le monde magique. La journée était ensoleillée. La capote du carrosse se replia lorsque madame Tréveune agita sa baguette d’un geste nonchalant. Elle annonça la destination et le carrosse se mit en route.

           La route passait près d’un grand stade ovale dont les tribunes trônaient à plus de quatre-vingt mètres du sol. Chun vit des jeunes sorciers voler sur des balais avec une aisance naturelle, se passant une balle rouge.

« C’est le stade de Quidditch, renseigna madame Tréveune. Il y a un match après-demain entre les Vautours et les Dragons. Je crois que se sont les Dragons qui doivent s’entraîner.

-Je vois, dit Chun. Je suis pressé de voir le match.

-Vous n’en avez jamais vu ? questionna surprise Marie Sirdouin.

-Non. Je suis une moldue et je n’ai découvert l’existence du monde magique qu’il y a quelques mois. J’ai encore beaucoup de choses à découvrir.

-Et vous vivez déjà avec le professeur Dochal ? Ça a été vite !

-Oui. Ça a été un vrai coup de foudre. »

Ce n’était qu’un demi mensonge. Pour elle, l’amour était venu très vite. Si vite qu’elle en était arrivée à la conclusion qu’elle était tombée amoureuse de Pierrick dés le premier regard mais sans le remarquer, se cachant sous l’apparence d’un simple trouble. Par contre, le chasseur n’avait démontré aucun sentiment du même ordre envers elle. Par moment, elle en était frustrée. Pierrick occupait ses pensés et ses rêves à chaque heure qui passait. Est-ce qu’il pensait seulement à elle de temps en temps ?

 

           Ils arrivèrent au village de Toutalair. Le village parut sorti du 19ème siècle. Chun l’avait déjà remarqué ce détail dans les rues secrètes de Paris. A croire que les sorciers étaient nostalgiques de cette période. Les boutiques possédaient toutes des devantures aguichantes où les produits étaient présentés sous leur meilleur jour. Des pancartes publicitaires accompagnaient les produits, vantant leurs qualités et leurs prix bas. Les prix étant en gallions, mornilles et noises, Chun avait du mal à évaluer les bonnes affaires. Elle trouva toutefois une robe de sorcière d’un joli bleu qui faisait ressortir magnifiquement ses cheveux et yeux noirs. Elle acheta un manteau blanc discret mais auto-climatisé, par toutes saisons à la bonne température. Ce manteau possédait en plus des poches compartimentées qui pouvaient contenir bien plus d’objets que leur taille extérieure ne le laissait supposer. Le vendeur fit une démonstration en y faisant entré son chat. Le félin disparut dans la poche sans qu’aucune bosse n’apparaisse.

           Pauline Tréveune les emmena dans une autre boutique où était vendu des tenues de soirée. Les femmes et compagnes de professeurs voulaient déjà commencer à penser au bal de fin d’année. Même si elles n’achèteraient pas aujourd’hui, elle pourrait voir les différents modèles pour réfléchir. Chun ne savait pas si elle devait faire de même. La mission serait peut-être terminée avant le jour du bal.

« Vous avez déjà une robe de soirée ? demanda madame Tréveune.

-Non, mais c’est juste que je ne sais pas si nous serons encore là pour le bal, dit Chun.

-Même si le professeur Garde revient, je ferai en sorte que vous soyez invités au bal. Et puis, un bal n’est pas la seule occasion pour une femme de se faire belle pour l’homme qu’elle aime. »

           Convaincu, Chun regarda les robes. Rapidement, elle ne sus plus où donner de la tête. Les robes étaient toutes plus magnifiques les unes que les autres. Magique était le mot juste. En s’intéressant à des robes rangés au fond de la boutique, elle tomba sur une véritable œuvre d’art. Une robe présentée sur un mannequin de bois, on aurait dit qu’elle était faite de feu figé, allant du rouge au jaune en passant par l’orangée avec ça et là des traînées noires soulignant les courbes de la silhouette.

« Elle est magnifique, n’est-ce pas ? fit madame Tréveune que Chun n’avait pas entendu s’approcher.

-Oui. Mais elle doit être chère.

-C’est sûr, 300 gallions, ce n’est pas donné ! Même si on peut payer en plusieurs fois. »

Chun ne lâchait plus la robe des yeux. Elle n’avait pas l’habitude d’être ainsi troublée par ce genre de chose. Elle était plutôt une femme d’action sans être un garçon manqué. Mais la, à cet instant précis, elle voulait être une femme à part entière. Madame Tréveune sembla le deviner.

« S’il vous plait, fit-elle pour appeler un vendeur. Est-il possible de faire un essayage ?

-Bien sûr madame, répondit le vendeur. Entrez dans cette cabine, je vous apporte la robe.

-Ce n’est pas pour moi. C’est pour cette jeune femme. »

           Chun ne put rien dire et se laissa entraîner par Pauline dans la cabine. Quelques minutes plus tard, la jeune chinoise sortit de la cabine. Les femmes des professeurs, ainsi que certains vendeurs et d’autres clients crurent à une apparition angélique. Pauline Tréveune avait arrangé sa coupe de cheveux d’un coup de baguette, les relevant et les attachant sur sa tête pour dégager son cou de cygne et son visage de porcelaine. La robe semblait avoir été imaginer pour elle. Un jeune stagiaire passant pas loin percuta un présentoir, le faisant tomber par terre tellement il était troublé. Mais personne, pas même le patron de la boutique ne semblait l’avoir remarquer. Un vendeur apporta un grand miroir pour que Chun puisse s’admirer. Elle eut du mal à se reconnaître. Si elle ne savait pas que c’était elle, elle aurait cru être en face d’une princesse prête à rejoindre son prince charmant. La première pensé qui lui vint était qu’elle aurait donné n’importe quoi pour que Pierrick entre dans la boutique maintenant et la vois.

« Magnifica, souffla Consuelo.

-Vous et cette robe êtes fait l’une pour l’autre, dit le patron.

-Je…je n’ai pas les moyens, avoua avec dépit Chun.

-On ne vit qu’une fois, dit madame Tréveune. »

 

           Malgré l’insistance de tous, Chun n’acheta pas la robe. Elles allèrent toutes les cinq prendre un rafraîchissement au bar « La Colline Enchantée ». Elles parlèrent de leurs achats durant un moment puis la conversation dévia sur le meurtre du professeur Sazeau.

« L’enquête de la Police Magique a été un peu rapide je trouve, dit madame Tréveune. Dés qu’ils ont vu qu’ils ne pourraient pas retrouver le tueur sans retourner chaque pierre de l’académie, ils sont partis.

-Il parait que la piste menait dans le milieu des mages noirs, fit Consuelo Rodès. Ils ont sûrement passé l’enquête aux Chasseurs.

-On n’en a pas vu un seul pour l’instant. Ils attendent quoi pour venir ? Que le tueur soit loin ? Si ce n’est pas déjà le cas.

-Personne n’a de doutes sur quelqu’un ? demanda Chun.

-Radus, fit Marie Sirdouin.

-Le remplaçant ?

-Il a envoyé sa candidature le lendemain de la découverte du corps, expliqua madame Tréveune. Les journaux n’avaient pas encore été prévenus.

-Je le trouve bizarre, dit Eliane Jassu. Il ne cherche pas à s’intégrer. D’après Mickaël, il reste tout le temps à l’écart et ne va que rarement dans la salle des professeurs.

-Par contre ses cours sont très intéressants d’après les élèves, ajouta Pauline. Changeons de sujet. Angelina Armose a encore changé de petit ami.

-Encore ? fit madame Jassu sans démontrer de réelle surprise. Elle en est à combien cette année ?

-Je n’ai pas compté.

-Angelina Armose, c’est bien la présidente du club d’Histoire ? demanda Chun.

-Oui. Une excellente élève et une bonne joueuse de quidditch. Mais elle joue un peu trop avec les garçons. Faites attention à votre compagnon Chun. Cette fille n’hésitera pas à tenter de l’accrocher à son tableau de chasse d’ici peu je pense.

-Le professeur Garde nous en a déjà parlé. Je fais confiance à Pierrick. Il ne se laissera pas avoir par une étudiante. »

Madame Tréveune sourit.

« Que c’est beau d’être jeune et amoureuse ! pensa t-elle. »

           Elles continuèrent leurs discussions et leur tour des boutiques. Malgré ce qu’elle avait dit, Chun n’était pas tranquille. Pierrick lui avait dit la veille que Angelina Armose allait passer l’aider dans la journée. Cette fille était jeune et belle, et d’après les femmes de professeurs, elle savait faire tourner la tête aux hommes. Elle chassa cette pensé. Pierrick était en mission, il devait se méfier de tout le monde, y compris d’une petite dévergondée ! Il ne se laissera pas avoir.

« J’espère. »

 

           Pierrick passa des heures après les cours à corriger des copies dans son bureau, ou plutôt le bureau de Garde qu’il avait emprunté. Il n’était pas fait pour ce travail. Comment les professeurs pouvaient-ils faire ça à longueur d’année ? La paperasse n’était pas son truc. Cela le déroutait d’être confronté à quelque chose qu’il ne pouvait pas éliminé à coups de maléfices ou d’épée. Il ria intérieurement en pensant que l’ennemi dont il aurait le plus peur ne serait pas un Malgéus ou un Voldemort surpuissant mais une pile de devoirs ! Ses sens aiguisés par des années de combat contre les mages noirs l’alertèrent que quelqu’un approchait. Il leva les yeux du devoir et vit s’approcher Angelina Armose. La jeune fille arborait un sourire éclatant.

« Vous vous en sortez monsieur ? fit-elle ingénument.

-Ça va. Mais un peu d’aide serait la bienvenue.

-Je peux le faire si vous voulez. J’aidais souvent le professeur Garde à corriger.

-C’est pas de refus. » 

           Angelina prit une pile de devoirs et, s’armant de sa plume, elle se mit à annoter les fautes commises par les élèves. Pierrick l’observa quelques instants. Il était visible qu’elle avait l’habitude de faire ça.

« Vous vous y connaissez vraiment beaucoup en Histoire, dit Pierrick.

-Mon grand-père était professeur d’Histoire ici il y a quelques années, raconta t-elle. C’était le prédécesseur du professeur Garde. Il m’a transmis sa passion.

-Peut-être serez-vous aussi professeur un jour.

-Je ne sais pas. J’aimerais faire un métier plus palpitant. Beaucoup dise que je ne suis pas mauvaise en quidditch et que je pourrais faire une carrière professionnelle. Mais je ne me suis pas encore décidé. Surtout qu’aucun club ne m’a encore contacté.

-L’ont-ils déjà fait pour d’autres élèves ?

-Oui. Plusieurs membres de l’équipe des Anges des Ténèbres par exemple ou des Vautours, des Dragons et même l’attrapeur des Aigles. D’ailleurs, Frédéric Gono, l’attrapeur des Anges a été contacté alors qu’il n’était qu’en quatrième année. Dés l’année finit, il rejoint les Phénix de Paris. Je pense qu’il veut partir avec le titre de champion académique en poche. Et il est bien parti pour l’avoir, son septième titre d’affiler ! Il a même déjà joué avec l’équipe de France espoir à la coupe du monde des moins de 18 ans. Ils sont arrivés troisième après avoir perdu en demi-finale contre le Portugal.

-Vous avez l’air de bien connaître son curriculum vitae. C’est votre petit ami ?

-Non, un cousin. C’est surtout que j’adore le quidditch. Mais il semble que je ne sois pas assez forte pour être retenue.

-Vous êtes l’attrapeuse des Fées d’Emeraude, n’est-ce pas ? A quelle place est votre équipe ?

-Quatrième. Nous avons perdu notre dernier match 260 à 50 contre les Anges. On ne peut même plus espérer le podium. On est à 300 points des Dragons et ils jouent après-demain leur match de sixième phase.

-Dommage pour vous.

-C’est pas grave. On a été troisième l’an dernier. J’aurai été au moins une fois sur le podium. Vous jouiez au quidditch en Australie ?

-Pas moi. J’ai toujours préféré les tribunes. Je suis un rat de bibliothèque, pas un athlète.

-Pourtant, fit-elle en s’approchant. Vous avez l’air de posséder un corps entraîné. »

Elle posa sa main sur son bras et caressa son biceps d’un geste sensuel.

« On sent que vous n’avez pas manié que la plume, ajouta t-elle. »

Elle se fit un peu plus entreprenante, passant derrière lui et massant ses épaules.

« Oh oui ! fit-elle. Vous êtes musclé, pas trop, juste ce qu’il faut. »

Pierrick se leva, interrompant la jeune fille. Celle-ci sourit, croyant avoir déjà gagné.

« Ça a été plus facile que je croyait, se dit-elle. »

Mais elle changea d’expression devant le regard sombre et froid que posa Pierrick sur elle.

« Veuillez cesser mademoiselle Armose, dit-il calmement. »

La jeune fille ne savait plus où se mettre. Ce professeur lui faisait peur. C’était bien la première fois qu’un homme lui faisait peur à ce point.

« Je…j’ai des devoirs à faire, dit-elle en tournant les talons. »

Elle ne courait pas mais Pierrick sentait que l’envi de le faire n’était pas loin. Lorsqu’elle sortit, elle percuta dans l’épaule de Chun qui arrivait en sens inverse. La chinoise la regarda s’éloigner rapidement.

           Chun entra dans le bureau et lança un regard interrogateur à Pierrick.

« Qu’est-ce qu’elle voulait ? questionna t-elle.

-M’aider à corriger ces devoirs. Du moins au début. Garde n’a pas menti sur elle. Elle a tenté de me séduire.

-J’ai l’impression qu’elle n’a pas réussi.

-Ce n’est qu’une gamine et je suis en mission.

-Et si tu n’avais pas été en mission ? Elle est plutôt jolie comme fille. Je suis sûre qu’elle fait tourner les têtes à tous les garçons de l’école et que certains profs, même âgés, ne diraient pas non. Qu’est-ce qui me dis que toi non plus ?

-Ce n’est pas le moment de faire une crise de jalousie. Qu’as-tu découvert ?

-Rien, fit Chun d’un ton cassant. Elles soupçonnent toutes plus ou moins Radus.

-Je vois. Tu peux aller te coucher si tu veux. Je dois finir ces corrections. »

           Chun se dirigea vers la porte mais au moment de l’ouvrir elle s’arrêta.

« Pierrick, fit-elle d’une voix de nouveau calme. Tu ne comptes pas revoir cette fille ce soir ?

-Je te l’ai dit, elle ne m’intéresse pas. Il n’y a plus de place pour elle ni pour qui que ce soit d’autre dans mon cœur depuis…

-JE SAIS ! cria Chun pour l’interrompre. Je sais. Depuis que Su est morte. Mais un jour il faudra que tu laisses le passé de côté. Sinon, tu finiras seul.

-Je ne peux pas oublier.

-IMBECILE ! »

Chun sortit en claquant la porte, laissant Pierrick interdit dans le bureau.

 

 

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