Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 34 : II Alastor "MadEye" Moody

2313 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:22

CHAPITRE II : ALASTOR « MadEye » MOODY

 

La chaleur de l’été rendait l’atmosphère étouffante. Le soleil frappait dur. Juillet avait à peine commencé que tous les vacanciers partaient déjà se prélasser. Mais dans les rues de Londres, un homme ne compte pas partir en vacances. D’une démarche boiteuse, il entra dans une ruelle salle. Une ruelle si étroite que la lumière solaire ne parvenait jamais à en éclairer les pavés gris. Habillé d’un imperméable gris malgré la saison et coiffé d’un chapeau melon enfoncé profondément sur son crâne, le boiteux s’arrêta devant une maison d’allure piteuse. Un autre homme l’attendait devant, grand, noir, encore quelques cheveux qui seraient voués à disparaître avec les années.

« Alastor, dit le noir. Comment va ton œil ?

-Il a dû s’absenter, répondit le boiteux. Mais il a trouvé un remplaçant. »

Le boiteux enleva son chapeau et releva la tête, découvrant un visage bardé de cicatrices. Son œil gauche était plus volumineux que le droit et arborait un bleu électrique, il tournait en tout sens.

           Alastor Moody[1] était, depuis cette opération visant à remplacer son œil perdu au combat, surnommé par certains « MadEye ». Il travaillait au Département des Aurors du Ministère britannique de la Magie et était considéré comme le meilleur chasseur de mage noir. Il n’hésitait pas à donner de lui-même pour arrêter les fidèles de Voldemort, ayant déjà perdu une jambe et maintenant un œil. Même si tous reconnaissaient sa valeur, certains de ses collègues en avaient peur, estimant qu’il devenait de plus en plus paranoïaque avec l’age.

           « Dis-moi ce qu’on a Kingsley, fit Moody. »

Kingsley Shacklebolt l’invita à entrer en commençant les explications.

« La famille Hill au complet, massacrée, dit-il. C’est une vraie boucherie. »

Avant même d’entrer dans la pièce, Moody sentit l’odeur du sang qui emplissait l’air. Elle était tellement forte qu’il en sentait le goût dans sa bouche. Une flaque de sang s’était répandue dans le couloir, coulant depuis la porte. D’autres aurors étaient là. Moody ne leur accorda qu’un bref signe de tête. L’un d’eux avait l’air de se sentir mal, le teint verdâtre, la respiration haletante. Sans hésiter, Moody entra dans la pièce. Il avait vu tellement d’horreur dans sa vie, que même le tableau qu’il avait sous les yeux ne le toucha pas. Son œil magique tournait de tous les côtés pour lui donner une vision d’ensemble.

           Du sang. Du sang partout. Les murs, le sol et même le plafond en étaient recouverts. Témoignant d’une violence sans limite. Dans un cliquetis sinistre, des gouttes perlaient du mobilier. L’odeur était insoutenable. Une fragrance cuivrée, une senteur de mort, un relent de cadavre. Les corps étaient éparpillés dans toute la pièce. Si Moody n’avait pas su que la famille Hill comptait quatre membres, il aurait eu du mal à les compter. Des morceaux partout. Ouverts, déchiquetés, démembrés, éviscérés. Les chairs étaient étalées sur le sol et les murs. Les viscères étaient devenus de macabres décorations sur les meubles ou des tapis gluant de sang. Une tâche rosie sur un mur indiquait l’endroit où le crâne de Hill père avait été fracassé, répandant sa cervelle en une éclaboussure. Hill mère avait la gorge arrachée si profondément que sa tête ne tenait plus que par le bon vouloir de sa colonne vertébrale. Certains de leurs membres avaient été arrachés, visiblement avant le coup fatal d’après la quantité de sang.

           Mais le pire restait leurs deux enfants. L’aînée, une jeune fille de seize ans, était clouée à un mur dans une position grotesque, la tête en bas, comme une poupée de chiffon à la blancheur maladive. Des traînées de sang à peine sèche zébraient son cadavre. Ses vêtements avaient été déchirés et son corps, visiblement dévoré par endroit, parfois jusqu’à l’os. Son ventre déchiqueté laissait tomber ses intestins, cachant en partie son visage et le haut de son corps. Le sein qui aurait pu être visible manquait, arraché d’un coup de dents. Et même son intimité avait été comme dévorée, dévoilant les os de son pubis à la vue de tous. De terribles blessures. Mais Moody savait qu’aucune ne l’avait tué tout de suite. Son agonie avait duré de longues minutes qui durent lui paraître éternel.

           Le cadet, un jeune garçon de neuf ans, avait été démembré morceau par morceau. Moody s’imagina la scène en regardant la disposition des lambeaux. D’abord les doigts. Ensuite les mains et les pieds. Les bras. Les jambes. Le sexe. Et enfin, le coup fatal, la tête retourné à 180° et arrachée. Le tueur avait dû s’amuser durant une bonne heure avec lui, le lardant d’entailles sur tout le corps, arrachant quelques uns de ses organes avant et après la mort.

           Moody observa la pièce sous toutes les coutures. Il arrivait à deviner dans quel ordre l’assassin avait torturé ses victimes jusqu’à la mort. Il avait commencé par le plus jeune, puis par l’adolescente. Obligeant les parents à regarder ou du moins à entendre les cris de souffrance et d’agonie de leurs enfants. Avaient-ils supplié ? Sûrement. Mais le tueur, emporté par sa rage sanguinaire, ne voulait pas s’arrêter. Au contraire, les suppliques avaient dû le motiver d’autant plus. Il avait continué par la mère qui déjà ne devait espérer rien d’autre aussi ardemment que la délivrance de la mort. Puis le père fut le dernier. A chaque fois, il avait pris son temps.

           Il. Qui cela pouvait-il être ? Etait-ce un seul tueur ou bien étaient-ils plusieurs ? Un être humain aurait pu agir ainsi. Mais en examinant de plus près les marques imprimées dans la chair, Moody su quelle être avait commis pareille atrocité. Ses traces de dents typiques ne laissaient aucun doute. Vampire. Un ou plusieurs de ses êtres de la nuit, buveur de sang. Un dessin ocre avait été dessiné sur un mur. Un crâne avec un serpent surgissant de sa bouche : la marque des Ténèbres, la marque de Voldemort et de ses fidèles.

           Moody et Shacklebolt retournèrent au Ministère faire leur rapport à Rufus Scrimgeour, le chef des Aurors. Un homme maigre au visage autoritaire, ses cheveux fauves le faisaient ressembler à un lion.

« Les Hill ont été tués par un ou plusieurs vampires, dit Moody sans détour. Sûrement un de ceux qui étaient à la solde de Vous-savez-qui. Une marque des Ténèbres était dessinée avec du sang sur un mur.

-C’est fâcheux, souffla Scrimgeour. Les Hill devait témoigner contre plusieurs mangemorts, leur témoignage était crucial. Leur mort va nous obliger à libérer plusieurs fidèles du mage noir.

-Nous ne pouvons rien faire contre ça malheureusement. Du moins pour l’instant. Par contre nous pouvons nous lancé à la poursuite de l’assassin des Hill.

-Ce sera difficile. Les Vampires s’y connaissent pour disparaître.

-Je sais où chercher. Mais je dois agir seul et en totale liberté. Il faut faire vite. Ce vampire a dû faire cela pour payer une dette à un autre mangemort. Maintenant sa dette payée, s’il n’en a pas d’autre, il va chercher à quitter le pays. Sûrement pour retourner en Transylvanie.

-Allez-y Alastor. Arrêtez-le. Vivant si possible. Tuez-le si vous n’avez pas d’autre choix. »

           Alastor Moody se mit immédiatement au travail. Il commença par une récolte d’informations. Les lieux les plus sombres du Londres magiques reçurent sa visite cette nuit la. Parfois, il dû frapper ou user de sa baguette pour obtenir des réponses. Mais beaucoup le connaissant de réputation ou plus, se mettaient à table sans violence.

           Ce fut dans un bouge de Knockturn Alley[2] que la plus violente altercation éclata. Ce n’étaient pas des mangemorts. Juste des petites frappes n’aimant pas la police et les aurors. Ils encerclèrent Moody, baguette à la main. Ils pensaient peut-être que le nombre ferait la différence face à un combattant de son niveau. Dégainant sa baguette d’un coup, l’auror projeta violement une de ses agresseurs contre un mur. Il arrêta un sortilège tiré dans son dos sans même se retourner et mettant sa baguette derrière lui et contre-attaqua d’un éclair de stupéfixion. Il fit tournoyer sa canne pour percuter la mâchoire d’un autre adversaire.

           Le dernier, surpris par la vitesse à laquelle un infirme boiteux s’était débarrassé de ses amis, laissa tomber sa baguette en signe de rédition. Moody s’avança vers lui.

« As-tu quelque chose à m’apprendre sur un vampire mangemort qui aurait tué récemment ? demanda t-il.

-Non, je ne sais rien.

-Casses-toi. »

Le vaurien ne se le fit pas dire deux fois et courut hors du bar. Un homme accoudé au comptoir se tourna vers l’auror.

« J’ai peut-être des infos pour vous, monsieur Moody.

-Vous savez qui je suis.

-Vous ne passez pas vraiment inaperçu.

-J’ai l’impression de vous connaître. Arnold Smith, n’est-ce pas ? Ancien auror. Cela fait cinq ans que vous avez démissionné. Pour un ancien auror, vous avez de drôle d’habitude pour boire un verre.

-J’ai passé vingt ans à traîner dans ce genre d’endroit. Je suppose que j’ai fini par les apprécier. Je suis sûr que vous comprenez. Patron, deux bières. »

           Moody vint s’installer au comptoir près de Smith. Il but quelque gorgée de bière avant de relancer la discussion sur ce qui l’amenait.

« Vous avez des infos ?

-Sur le meurtrier des Hill ?

-Comment le savez-vous ?

-J’ai toujours mon petit réseau d’indic. Et même si je ne suis plus dans le métier, j’aime savoir ce qui se passe. Y compris ce dont on ne parle pas dans les journaux. C’est donc un vampire.

-Que pouvez-vous me dire sur lui ?

-Il est en route pour la Transylvanie. Mais il doit rester prudent. Il se sait rechercher. Et puis il ne peut voyager que de nuit.

-Où est-il actuellement ?

-Il serait déjà en France.

-Je vois. Merci, fit Moody en déposant deux pièces de bronze sur le comptoir. »

Moody se dirigea vers la sortie quand la voix de Smith l’arrêta.

« Au fait. Il semblerait que ce « il » soit « elle ». »

           « D’après un informateur, l’assassin serait une vampire et aurait traversé la Manche, rapporta Moody à Scrimgeour. Elle cherche à rentrer chez elle.

-Je vois, dit Scrimgeour. Si elle est en France, ce n’est plus de notre ressort. Je vais envoyer un courrier à Maldieu, le chef des Chasseurs.

-Pourquoi prévenir les français ? Ils sont incapables de l’arrêter. Ils ont déjà assez de mal à arrêter les mangemorts sur leur territoire. La preuve en est que Malgéus est toujours en liberté.

-Les accords interministériels nous obligent à les prévenir dans ce genre de cas. Cette vampire n’est plus sur notre territoire.

-Je vais aller la chercher et l’éliminer. Les français vont la laisser fuir.

-Je ne peux pas autorisé une telle mission.

-Je ne demande pas d’autorisation. J’y vais c’est tout. Et vous savez bien pourquoi.

-Faîtes comme vous voulez Moody. Mais je ne veux rien savoir. Si les français vous découvrent, je vous lâche. Compris ?

-C’est très clair Scrimgeour. »

 

           Sur les lieux du crime, une ombre dans un grand manteau noir se glissait jusque dans la pièce où s’était déroulé le drame. Les corps avaient été retirés mais il restait le sang séché et la marque des Ténèbres sanguinolente sur le mur. La silhouette resta debout au centre de la pièce sans bouger. Elle resta ainsi plusieurs minutes. Puis, aussi mystérieusement qu’elle était venue, elle repartit.


[1] Alastor « Fol’œil » Maugrey en version française. Comme vous avez pu le remarquer en lisant le Livre II, j’ai choisi de mettre les noms de lieux et de personnages en version originale. Je mettrais des notes pour que ceux qui ne les connaissent pas ne soient pas largués.

[2] Allée des Embrumes.

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