Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 42 : X Les Mystères des Chasseurs

3266 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:48

           CHAPITRE X : LES MYSTERES DES CHASSEURS

 

           Alastor Moody avait dormi une bonne partie de la journée. Ces quelques jours de recherche à la poursuite de cette vampire l’avait beaucoup fatigué. Il se rendait compte à quel point il avait vieilli. Il serait temps pour lui de prendre sa retraite. Il regarda autour de lui. Il se trouvait dans une chambre collective où s’alignaient une vingtaine de couchettes. D’ordinaire, elle servait pour les équipes de la section AI qui étaient d’alerte. Il regarda en direction de la couchette où s’était allongé quelques heures plus tôt Pierrick Chaldo. Mais le jeune homme n’était plus là. Moody ne s’inquiéta pas et se leva.

           L’auror sortit dans le couloir. Il fut interpelé par Andreo Filipelli. L’agent d’accueil lui tendit une tasse de thé.

« A moins que tu ne préfères du café, fit Filipelli.

-Non, c’est très bien. Où est Chaldo ?

-Je crois qu’il est à la section IRIA pour voir les avancés de Vinol.

-Qu’est-ce que tu peux me dire sur ce Chaldo ?

-C’est notre meilleur élément. Cela faisait des années qu’on n’avait pas vu un tel agent. Depuis Pierrick Corvus en faite, tu te souviens, un ancien chef de la section S, mort il y a quinze ans. »

Corvus, c’était donc ce nom qu’il n’arrivait pas à se souvenir ce matin.

« Je ne l’ai jamais rencontré, dit Moody.

-Chaldo lui ressemble beaucoup, y compris physiquement. C’est d’ailleurs une drôle de coïncidence qu’il porte le même prénom.

-Attend, fit Moody réfléchissant. Chaldo, il y a eut un chasseur s’appelant comme ça.

-Le père de Pierrick Chaldo : Gilles Chaldo. Ainsi que sa femme Françoise. Ils étaient tous les deux à la IRIA. Mais finalement, ils ont décidé d’arrêter. Juste après la mort de Corvus d’ailleurs. Françoise Chaldo a décidé de se consacrer à son fils. Et Gilles a demandé un poste de représentant du Ministère à l’étranger. Ils se sont retrouvés en Chine. Ils ont été tués lors du massacre de la communauté magique chinoise en 1978. Pierrick est le seul à avoir survécu. Il n’avait que dix-sept ans et il a vu ses parents et la fille qu’il aimait mourir sous ses yeux d’après ce qu’on m’a raconté. Durant des années, depuis son rapatriement jusqu’à il y a quelques temps seulement, il n’a jamais souri. Il est entré aux Chasseurs quasi immédiatement, a fait un bref passage à la section AI mais étant trop solitaire et au vu de ses excellentes capacités, il est passé à la S.

-Que lui est-il arrivé récemment pour qu’il change ?

-Il est tombé amoureux. D’une jeune policière moldue s’appelant Chun Yang-Li. Une femme charmante. Elle passe souvent. Elle a même participé à une de nos missions. Tu as dû en entendre parler, le meurtre à Beauxbâtons.

-Merci pour le thé. A plus tard. »

           Moody repensa à tous ce que venait de lui dire Filipelli. Pierrick Corvus était mort il y a quinze ans. L’époque où les rumeurs d’implication de Maldieu dans des expériences du Département Secret commençaient à se répandre. Où plusieurs membres de ce département moururent étrangement. L’époque où il avait perdu un bras alors qu’il était déjà chef du Département des Chasseurs. Et les Chaldo ? Ils avaient quitté les Chasseurs à la même époque. Etait-ce lié ? Et qu’est-ce que cela cachait ?

           Moody repoussa ses interrogations sur ce sujet. Il n’était pas là pour fouiner dans les secrets de Maldieu. Il était là dans un but précis : arrêter cette vampire. Lui faire payer son crime. Il rejoignit Pierrick Chaldo dans le bureau de Franck Vinol. Celui-ci n’avait pas trouvé grand-chose sur cet Anton.

« Je n’ai rien trouvé sur ce type, avoua t-il. J’ai demandé des infos au Ministère transylvanien mais ils n’ont rien sur lui. Aucun Anton correspondant à son signalement.

-Il n’est peut-être pas transylvanien, dit Moody.

-C’est vrai, mais alors je saurais encore moins où chercher. Sur l’image que tu m’as laissé, Pierrick, il parle en transylvanien. Il ne dit rien d’extraordinaire, juste « va t-en ». Par contre, j’ai trouvé quelque chose sur cette vampire. Elle s’appelle Assya Sornas. Elle est la fille d’un des seigneurs vampire les plus influents auprès du Haut Conseil de la Nation Vampire. Elle est portée disparue depuis le mois de novembre.

-Après la chute de Voldemort, dit Pierrick. Ce qui voudrait dire qu’elle n’était pas alliée des mangemorts.

-Ça ne veut rien dire, contredit Moody. Elle a pu agir avec les mangemorts transylvaniens et quand Vous-savez-qui a disparu, elle a respecté une quelconque dette d’honneur et s’est rendu en Grande-Bretagne.

-Je ne pense pas, fit Franck. Les vampires s’étant ralliés du côté de Vous-savez-qui ont été obligé de quitter leurs pays d’origine. Les clans et surtout le Haut Conseil les ont chassés implacablement, en accords avec les Ministères de ces pays. Et le seigneur Sornas est certes connu pour ne pas aimer la proximité des humains, sauf pour les repas, mais il respecte les lois et les accords. Et il est du genre pointilleux sur les questions d’honneur. Si ça fille avait été une renégate, il l’aurait tuée lui-même.

-Alors que faisait-elle à Londres ? Du shopping ?

-En faite, en discutant avec un de nos homologues d’Europe centrale, j’ai appris qu’après la guerre, le Ministère transylvanien et le Haut Conseil avait créé en commun des unités spécialement prévus pour combattre ces vampires renégats. Il y a un an, Assya a présenté sa candidature, mais elle fut rejetée.

-Pourquoi ?

-Officiellement, parce qu’elle n’était pas assez forte. Officieusement, c’est son père qui a utilisé son influence pour qu’elle soit refusée.

-Un vampire qui protège ses enfants ! On aura tout entendu.

-Vous n’y connaissez vraiment pas grand-chose en vampire. Ils ont beau être un peu plus sinistres et sadiques que nous. Ils sont en fait assez proches de nous. Et puis ça se comprend qu’il veuille la protéger. Il a déjà perdu une fille par le passé, Elya, morte il y a quatre siècles.

-C’est vrai qu’ils vivent longtemps ces suceurs de sang.

-Assya a prêt de cinq cents ans vous savez.

-Donc, il y aurait un autre vampire, dit Pierrick. Un vampire dont nous ignorons tout.

-J’ai demandé aux transylvaniens de nous envoyer une liste des vampires renégats dont ils ignorent la localisation. Je ne sais pas si ça va nous aider. »

           Pierrick réfléchit. La seule piste qu’ils possédaient encore était Assya et son mystérieux protecteur Anton. Les retrouver permettrait de comprendre enfin toute cette histoire. Puis il pensa à une autre voie :

« Et le seigneur Sornas, fit-il. Pourrais-tu prendre contact avec lui pour savoir ce qu’il sait ?

-C’est possible, dit Franck. S’il accepte de me parler. Tu penses qu’il a envoyé cet Anton, n’est-ce pas ?

-C’est la seule explication logique pour le faite que le Ministère transylvanien ignore tout de lui. Le Haut Conseil vampire doit avoir ses propres services. Anton travaille peut-être même directement pour Sornas.

-Je vais essayer.

-Pierrick ! lança une voix. »

           Chun était entrée en oubliant de frapper. Même si elle souriait, Pierrick vit qu’elle n’était pas contente. Il laissa Moody et Vinol et sortit.

« C’est donc elle la moldue dont m’a parlé Filipelli, dit MadEye.

-Chun ? fit Franck. C’est quelqu’un de génial. Ils ont de la chance de s’être trouvé ces deux la.

-C’est tout de même dangereux d’impliquer une moldue dans les affaires des Chasseurs.

-Lors de l’affaire Sazeau, Maldieu lui a donné le choix. Elle a choisi d’accompagner Pierrick malgré l’avis de celui-ci.

-J’espère qu’elle ne compte pas nous accompagner. On ne va pas dans une école cette fois-ci. Ce n’est pas qu’un simple assassin que nous poursuivons. »

 

           Pierrick entraîna Chun dans un vestiaire désert de la section AI. Sitôt la porte fermée, il se tourna vers elle.

« Chun, tu ne devrais pas venir ici quand je suis en mission, dit-il.

-Pourquoi ? fit-elle indomptable. Il n’y a aucun risque ici. Je voulais juste te voir. Ça fait deux jours qu’on ne s’est pas vu.

-Je ne sais pas combien de temps cette affaire va durer encore. Je viendrais te voir dés que ce sera fini. »

Pierrick l’embrassa. Plus pour l’empêcher d’en rajouter que pour sentir ses douces lèvres contre les siennes. Mais rapidement, il la serra contre lui pour accentuer le baiser. Ce fut Chun qui rompit le contact. Elle baissa les yeux.

« J’ai…j’ai mauvais pressentiment, dit-elle. Je ne la sens pas cette affaire. Je sens que quelqu’un va mourir.

-Tu sais très bien que c’est un métier dangereux. Mais je dois le faire. Je ne mourrais pas, je te le promets. J’ai encore du travail et des choses à découvrir.

-Comme quoi ?

-Je ne t’en ai pas parlé, mais lors de mon affrontement contre Malgéus au mois de janvier, il a laissé entendre certaines choses.

-Quoi ?

-Que celui qui possède le Grimoire de Malchauzen est un ennemi pire que lui si c’est possible. Et qu’il a toujours réussi à se cacher jusqu’à maintenant. Si Malgéus a dit vrai, il peut être n’importe où.

-Et s’il a mentit ?

-Nous ne pouvons le savoir. Dans le doute, nous devons faire comme-ci c’était vrai. Je dois y aller.

-Pierrick, arrêta Chun. Fais attention. »

Pierrick lui sourit légèrement et sortit. Il ne lui avait pas parlé de ce que Malgéus lui avait fait comprendre sur ses parents. Il ne voulait pas l’inquiéter d’avantage.

 

           Pierrick et Moody repartirent pour Lille. Chun ne voulait pas rentrer tout de suite. Elle voulait d’abord comprendre un peu plus la situation. Franck lui expliqua tout ce qu’ils avaient découvert jusqu’à maintenant. Elle voulait aider mais ignorait comment, à part se plonger dans d’épais grimoires qui étaient écrits en latin, grec ou d’autres langues mortes ou étranges qu’elle ne connaissait pas. Et puis, Franck lui avait dit que maintenant qu’ils en savaient assez sur les Vampires, il devait faire des recherches sur Assya Sornas et son mystérieux protecteur. Un travail de flic qu’elle connaissait bien mais qu’elle ne pouvait appliquer dans le monde des sorciers.

           Ce fut un peu déprimée par son impuissance que Chun se dirigea vers la sortie du Ministère. Elle fut surprise de voir la jeune Angelina Armose marcher vers l’entrée des visiteurs. D’habitude, les sorciers travaillant venaient au Ministère en transplanant, et les visiteurs sorciers par le réseau de cheminée. Seuls les visiteurs issus de la communauté moldue passait par l’entrée secrète. La jeune fille s’arrêta à sa hauteur.

« Vous partez ? fit-elle.

-Oui, répondit Chun. Pierrick est déjà parti et j’ai travaillé toute la journée, je suis fatiguée. Pourquoi passez-vous par ici au lieu de transplaner ou de passer par la cheminée ?

-Je viens d’emménager à Paris, ma cheminée n’est pas encore reliée au réseau. Et tant que je ne suis qu’en formation, interdiction de transplaner pour venir au travail. En attendant, je suis obligé de passer par là.

-Je vais vous laissez aller travailler. »

           Chun allait reprendre son chemin vers sa voiture quand elle vit quelqu’un marcher vers elles. Bien que ne reconnaissant pas tout de suite cet individu, Chun savait qu’elle le connaissait, cette silhouette lui était familière. Lorsqu’il fut assez près, elle reconnut Yann Firvel.

« Firvel ? fit-elle. Yann Firvel !

-Bonjour Chun, ça va ? fit-il simplement.

-Qui est-ce ? demanda Angelina visiblement curieuse.

-Je m’appelle Yann Firvel, je suis, disons, une connaissance de Pierrick et Chun. Et vous êtes ?

-Angelina Armose, une collègue de Pierrick.

-Enchanté.

-Que faîtes-vous là ? questionna Chun.

-Je souhaitais voir Pierrick. Savez-vous où il est ?

-A Lille.

-Il poursuit encore cette vampire ?

-Comment êtes-vous au courant ? s’écria Angelina.

-Il se trompe d’endroit, la vampire n’est plus à Lille, elle est à Valenciennes, dit-il sans relever la remarque d’Angelina. Et j’ai autre chose à lui dire.

-A propos de quoi ? De celui qui est avec la vampire ? fit Chun.

-La vampire est accompagnée ? Je l’ignorais. J’y vais.

-Vous pouvez m’emmener ?

-Non, c’est bien de trop dangereux, je suis sûr que Pierrick a dû vous le dire.

-C’est vrai. Mais j’ai un pressentiment. Je sens que cette affaire va mal finir pour quelqu’un.

-Raison de plus. Il ne faudrait pas que ça soit vous. Restez ici et attendez. Ça vaut mieux. Je ne peux rien pour vous, ajouta t-il en voyant la mine dépitée de Chun. Désolé. »

           Yann Firvel s’éloigna, disparaissant à l’angle de la rue. Chun était visiblement déçue. Angelina se tourna vers elle.

« On peut y aller, dit-elle. Allons le prévenir toutes les deux. »

Chun observa la jeune fille. Ce ne devait pas être une proposition désintéressée, elle n’était pas du genre à aider sans recevoir la moindre compensation. Elle devait guetter une occasion de marquer des points avec Pierrick. Qu’espérait-elle ? Qu’elle et Pierrick se disputent jusqu’à se quitter ? Cette idée traversa l’esprit de Chun. Mais elle devait sauter sur cette possibilité de pouvoir s’assurer que Pierrick allait bien.

 

           Chaldo et Moody avait cherché sans succès dans tous les coins et recoins de Lille. Pierrick émit l’idée que la vampire et Anton avaient quitté Lille.

« Si c’est le cas, comment allons-nous les retrouver ? grogna Moody. Vous avez des indics dans cette ville.

-Non, répondit Pierrick. Mais je sais où en trouver. »

           Pierrick guida Moody jusqu’à un bar d’allure miteuse vu de l’extérieur. L’intérieur n’était pas mieux. La décoration faisait penser au bar des mineurs dans le film « Germinal » en plus sombre à cause de l’absence de fenêtre. Lorsqu’ils entrèrent, les clients murmuraient en les regardant. Ils devaient faire la même chose à chaque qu’une nouvelle tête entrait ici.

           Pierrick et Moody allèrent tout droit vers le comptoir de bois gris. Le patron, les yeux jaunis par l’alcool et la peau pendante, vint pour prendre leur commande.

« Nous voulons savoir si vous avez entendu parler d’une vampire et d’un homme aux cheveux blancs parlant une langue étrangère ? demanda directement Pierrick.

-Ch’uis pas là pour répondre aux questions, fit le patron, découvrant des dents gâtées. Ch’uis là pour servir à boire.

-Et moi je suis là pour avoir des réponses, dit Pierrick en sortant sa carte de chasseur. Alors vous répondez ou je devrais me montrer plus percutant. »

Les yeux noirs de Pierrick glacèrent le sang du patron.

« Je ne sais rien, se défendit-il en haussant la voix, s’attirant les regards des clients. Je vous le jure.

-Je recherche des renseignements sur une vampire et un homme aux cheveux blancs l’accompagnant, lança Pierrick à l’assistance. Quelqu’un a-t-il des informations ? »

Le silence était impénétrable. Personne ne voulait parler. La seule voix qui s’éleva fut pour dire :

« On n’est pas des balances ! Cassez-vous ! On ne parle pas aux chasseurs ! »

Pierrick s’avança vers celui qui avait parlé. C’était un homme au visage maigre et aux yeux enfoncés dans ses orbites. Il leva un regard haineux vers le chasseur.

« Vous savez quelque chose, n’est-ce pas ? fit Pierrick.

-Dégage ! s’écria le client. Je ne parle pas aux chasseurs.

-Vous allez me parler, que vous le vouliez ou non.

-Je me demande bien comment.

-Je suis en droit de vous arrêter si vous ne répondez pas à mes questions.

-Essayez seulement. »

           Pierrick fit un geste pour sortir sa baguette. Le client se leva d’un coup en repoussant le chasseur en arrière. Il porta la main à sa poche pour en sortir se baguette. A peine l’eut-il sortie, qu’il se prit un coup de pied retourné dans le poignet qui l’obligea à la lâcher. Le client ne put réagir quand Pierrick l’allongea d’un coup de pied circulaire dans le crâne.

           Les autres clients et le patron n’osèrent plus faire un bruit quand Pierrick fit sortir le client assommé en le faisant léviter, suivi de Moody. Il le laissa tomber dans la rue et agita sa baguette au dessus de lui pour le réveiller. Le client lança un regard maintenant apeuré au Corbeau.

« Maintenant je t’écoute, dit Pierrick d’une voix froide.

-J’ai cru entendre dire qu’une vampire avait quitté la ville, dit-il, la peur faisant trembler sa voix. Elle serait partie vers Valenciennes. C’est tout ce que je sais ! Je vous le jure !

-Casse-toi. »

Il ne se fit pas prier et s’enfuit à toute jambe. Le chasseur et l’auror disparurent pour se rendre à Valenciennes.

 

 

 

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