Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 80 : XIII Le Rituel

2149 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:49

           CHAPITRE XIII : LE RITUEL

 

           Malgéus réunit tous ses fidèles présents dans le parc du manoir. Seul Timothée Arak manquait, chargé de monter la garde. Malgéus avait fait comme indiqué sur les instructions de Hans Friedrich. Il avait fait surgir du sol une table de pierre sur laquelle était disposée différents objets : des bols de terre, un couteau à lame noire, des plantes diverses. Tout était aligné sur un bord de la table, laissant assez de place pour y placer une multitude d’objets ou un objet volumineux.

           Les mangemorts, tout de noir vêtus, se tenaient en arc-de-cercle devant la table. Au milieu de cette formation brûlait un grand feu. Malgéus leva les bras au ciel pour attirer leur attention.

« Mes chers fidèles, fit-il de toute la force de sa voix essoufflée. Aujourd’hui est un grand jour. Depuis des mois nous attendons ce moment. Le moment où le Ministère de la Magie va tomber entre nos mains. Nous avons enfin le rituel et nous allons acquérir la puissance des anciens druides germains. Plus personne ne pourra se mettre en travers de notre route. Aujourd’hui, ce sera le Ministère français. Demain, ce seront ceux de toute l’Europe et du monde. Restez-moi fidèle, et vous serez récompensés. Trahissez-moi, et vous mourrez dans d’atroces souffrances. Comme toi, Anna Serus. »

La mangemort désignée par Malgéus eut un mouvement de recul. Elle parut prête à s’enfuir mais ceux qui l’entouraient la saisirent. Un des mangemorts lui prit sa baguette. Ils tirèrent la femme jusque devant la table de pierre.

« Maître, supplia t-elle. Je ne vous ais pas trahi.

-Ne me mens pas Anna, siffla Malgéus. Tu aimes trop l’alcool. Et je sais que durant une de tes soirées de beuveries, tu as révélé certaines choses qui devaient rester secrètes. Si les Chasseurs avaient su ce que tu as dit, nous aurions échoué lamentablement.

-Je n’ai rien dit !

-Tu as parlé de notre espion aux Chasseurs. C’est une chance qu’il n’est pas encore été découvert. Une chance que nous ayons atteint notre but sans que ton erreur ne nous porte préjudice. Malgré tout, tu vas payer. Et pour ce genre d’erreur, il n’y a qu’un seul châtiment : la mort.

-NON ! MAÎTRE ! PITIE ! »

           Malgré ses hurlements et ses suppliques, Anna Serus fut attachée sur la table de pierre, torse nu. Malgéus récita des prières en une vieille langue germanique. Une langue que plus personne ne parle aujourd’hui.

« Par les forces de la nature, par delà les mondes connus et inconnus. J’en appelle aux forces cachées dans les Ténèbres. »

Tout en psalmodiant, il fit une mixture en écrasant les plantes dans un des bols de terre. Il étala la mixture sur la peau nue de la femme. Cette dernière était en larmes.

« Que se mêlent forces végétale et animale. Démons de l’ancien temps, prenez cette âme en guise d’offrande pour votre Puissance. »

Lorsqu’il eut fini d’appliquer son emplâtre, il prit le couteau à lame noire. Il le brandit au-dessus de la femme.

« Par le sang ! Par la Mort ! Que votre Puissance soit mienne ! Que cette âme soit votre ! »

 Et la lame disparut dans la poitrine de la femme. Elle n’hurla même pas. Du sang se mêlait à la mixture verte étalé sur sa peau.

           Malgéus n’attendit pas qu’elle soit morte pour découper sa poitrine et accéder à son cœur encore palpitant. Il l’arracha alors qu’il battait encore. La main rouge du sang de sa victime, il leva le cœur en l’air.

« Ce dernier battement était pour moi, un signe de la Puissance que vous allez me donner ce soir. »

Puis il le mit dans un autre bol de terre et le broya avec un pilon. Il récupéra la mixture mêlée de sang étalée sur le cadavre encore chaud et la mélangea à l’organe écrasé. La préparation oscillait entre le vert végétal et le rouge sanguin. Délaissant la table de pierre et le cadavre d’Anna Serus, Malgéus s’approcha du feu, le pot de terre contenant le mélange tenu à deux mains. Il leva le pot vers le ciel en lançant de nouvelles imprécations.

« Que votre Puissance, Ô Démons de l’ancien temps, coule dans mes veines tel un fluide d’énergie pure. Que rien dans ce monde ne puisse se dresser contre cette Puissance après ce soir. »

Malgéus porta le bol à sa bouche et en avala son contenu par longue gorgée. Lorsqu’il eut fini, il jeta le bol au sol. Il s’approcha encore du feu. La lumière intense des flammes déchirait son visage ridé.

« Si vous m’avez accordé votre Puissance, que ce feu ne puisse pas me tuer. Car la Mort ne peut plus me frapper maintenant. »

Malgéus fit un pas de plus et posa un pied dans le brasier. Aucune grimace ne s’afficha sur son visage. Il fit encore un pas et ne devint qu’une masse sombre entre les pétales flamboyant du foyer. Il traversa les flammes sans être inquiété et réapparut de l’autre côté sans la moindre égratignure.

           Malgéus sourit d’un air satisfait. Il sentait la puissance couler dans ses veines avec délectation. Plus personne ne pourra se mettre en travers de sa route.

« Ce soir, le Ministère tombera sous notre contrôle, répéta t-il. »

 

           Jonas sourit à Pierrick en venant à sa rencontre.

« Pierrick ! Alors, t’as trouvé quelque chose ? demanda t-il.

-Pas encore, répondit sombrement Pierrick. Pour le moment. Je cherche la taupe.

-Ne parle pas si fort.

-Quoi ? fit Florence Nana en s’approchant. Vous pensez qu’il y a un espion ici ! Aux Chasseurs ?

-Il n’est pas loin, dit Pierrick.

-Comment comptez-vous le démasquer ? En interrogeant tout le monde ?

-Inutile. Je sais déjà qui il est. Depuis tout à l’heure, je me déplace dans les couloirs en utilisant discrètement la Légilimancie sur tous ceux que j’ai croisés. »

Florence Nana venait de remarquer les baguettes dans chacune des mains de Pierrick.

« Avec deux baguettes en même temps ? fit-elle.

-Ainsi, j’ai passé au crible sans perdre de temps tous ceux que j’ai croisé.

-Madame Janis, vous êtes une experte en Légilimancie, est-il possible de lancé ce sort avec deux baguettes sur deux cibles différentes ?

-En théorie oui, répondit la chef de la section S. Mais il faudrait être puissant, maîtrisé parfaitement le sortilège et surtout, pouvoir rester concentrer suffisamment pour différencier les deux flux de pensés. Personnellement, j’en suis incapable.

-Si vous n’y arrivez pas, alors je pense que Chaldo ne le peut pas non-plus.

-Ne me sous-estime pas, dit le Corbeau.

-Depuis quand on se tutoie ?

-Je ne vouvoie jamais les mangemorts. »

           Un silence imperturbable s’installa. Janis, Franck, Jonas et Thomas fixait Pierrick. Ce dernier ne lâchait pas des yeux Florence Nana. Celle-ci ne dit rien durant de longs instants mais après quelques secondes de vacuité elle prit une mine stupéfaite.

« Quoi ? fit-elle. Vous m’accusez d’être une mangemort ! Je ne vais pas me laisser insulter sans réagir. Je vais le plaindre auprès de monsieur Maldieu.

-Où est Malgéus ? questionna Pierrick comme-ci elle n’avait rien dit.

-Je vous dis que je ne suis pas une mangemort !

-Je n’ai pas de temps à perdre, dit le Corbeau en pointant sa baguette sur le crâne de Nana.

-Chaldo ! s’écria Janis. »

Pierrick força les différentes couches de l’esprit de Nana, les traversant avec une facilité déconcertante. Il parvint à la couche protégé par un charme de Fidelitas. Il ne lui fallut que quelques secondes pour détruire la protection et voir ce qu’il voulait. Lorsqu’il relâcha son effort, Florence Nana s’écroula sur le sol, les yeux dans le vide. Janis se porta tout de suite à son secours.

           Janis examina la métisse. Et ce qu’elle découvrit l’effraya. Chaldo avait traversé son esprit comme une lame chauffée à blanc. Florence Nana était brisée de l’intérieur. Janis n’avait jamais vu ça. Ce qu’elle savait de la Légilimancie en dehors de sa propre pratique était purement théorique. Elle venait de voir tout ce qu’elle croyait uniquement théorique et impossible à réaliser même par les plus grands sorciers se faire devant elle. Qui était donc Pierrick Chaldo ? Qui était CE Pierrick Chaldo ? Seul Voldemort était connu pour avoir une telle maîtrise de la Légilimancie. Florence gémissait sur le sol.

« Il va me tuer, il va me tuer, répétait-elle. Mon maître Malgéus va me tuer. J’ai échoué.

-C’en est vraiment une ! s’exclama Jonas. Pierrick, où vas-tu ?

-Je sais où est Malgéus, répondit le Corbeau.

-Attend, nous venons avec toi.

-Je dois y aller seul.

-Pierrick ! »

           Chun se tenait au bout du couloir. Elle s’avança vers Pierrick, souriante. Elle voulait qu’il lui sourit mais il ne fit que conserver son regard sombre et froid. Elle s’arrêta juste devant lui. Quelque chose lui interdisait de le prendre dans ses bras.

« Que fais-tu là ? demanda t-il froidement.

-Je… je voulais te voir, répondit-elle d’une voix mal assurée.

-Tu ne devrais pas être ici. Ce n’est pas ta place. Rentre chez toi, ajouta t-il en passant à côté d’elle sans lui lancer un regard. »

Chun resta figée sur place durant quelques secondes. Elle ne voulait pas croire ce qu’elle venait d’entendre. Il ne pouvait pas se montrer aussi froid. Puis elle se reprit et se tourna vivement vers lui. Il n’avait pas encore disparu à l’angle du couloir.

« Chez moi c’est chez nous ! lui lança t-elle. »

Pierrick s’arrêta mais ne se retourna pas.

« Et ma place, c’est près de toi. Je te l’ai déjà dit une fois. »

Pierrick se retourna lentement vers elle. Son regard restait froid et sombre. C’était pire que quand elle l’avait rencontré. A l’époque, il n’y avait que de la peine et une profonde solitude. Maintenant, c’était tout autre chose. Elle n’arrivait même pas à définir la noirceur qu’elle percevait dans son regard.

« Tu dois m’oublier, dit-il. Je ne suis pas celui que tu aimes. Celui que tu aimes n’a jamais existé. Il n’était qu’une illusion. Né d’un mensonge. Vivant dans le mensonge. Il n’a pas le droit d’exister. Considère-le comme mort. »

Des larmes que Chun ne put refouler coulèrent sur ses joues. Elle ne pouvait pas croire ce qu’elle entendait ni ce qu’elle voyait dans les yeux de l’homme qu’elle aimait. Et pourtant, elle n’y voyait aucun mensonge. Elle tomba à genoux.

           Thomas vint la soutenir. Il fusilla Pierrick du regard.

« Comment peux-tu faire ça à celle que tu aimes ? s’écria Thomas.

-Je ne suis pas celui qu’elle aime, répéta Pierrick. Je ne suis qu’une arme.

-Pierrick…

-Je dois m’en aller maintenant. Adieu.

-Où vas-tu ?

-Chercher la vérité. »

 

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