Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 100 : XVII Folie

3033 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:01

           CHAPITRE XVII : FOLIE

 

           Erwan Riliam, maintenant dévoilé sous sa véritable identité de Janus, se tenait en plein centre du hall. Suzanne Janis le fixait. Elle l’avait côtoyé à de multiples occasions sans se douter une seule seconde de sa véritable nature. Il est vrai que sa politique répressive envers les mages noirs lui avait valu à juste titre son surnom de « Sanglier », donnant l’impression de foncer sans réfléchir. Tout le contraire des mangemorts et des autres mages noirs. Maintenant, Suzanne se rendait compte qu’il avait tout calculé. Tout, pour prendre le pouvoir en éliminant tous les obstacles discrètement, les uns après les autres. Tout pour rester à l’abri de tous soupçons.

           Janus était accompagné de plusieurs dizaines d’individus. Il avait réuni une véritable milice personnelle. Tous tenaient leur baguette à la main. Certains démontraient des signes flagrants de nervosité, mais pour certains, cela ressemblait plus à de l’excitation. Juste derrière Janus, se dressait, pâle comme un fantôme, ses yeux violets brillants d’un éclat de folie sanguinaire, Kylian Névris.

           A sa vue, Suzanne espérait presque que la bataille s’engage. Elle voulait le tuer de ses propres mains. Ce sale fantôme qui avait assassiné sa sœur : Jannick. Suzanne et Kylian étaient entrés presqu’en même temps aux Chasseurs. Seulement, lui entra à la section AI et elle à la IRIA. Puis ils tentèrent au même moment d’entrer dans la légendaire section S. Une épreuve qu’ils réussirent. Ils furent tous les deux placés sous la responsabilité du même agent : François Garde. Ce dernier leur apprit tout ce qu’il savait. Kylian avait un humour particulièrement cynique. Malgré ça, Suzanne et lui devinrent amis. Elle le présenta même à sa famille. C’est là qu’il rencontra Jannick. Il tomba amoureux d’elle et rapidement, ils se fiancèrent. Mais peu après, tout bascula. Lors d’une mission, Suzanne passa à deux doigts d’être tuée, elle ne fut heureusement que blessée. Kylian se considérait responsable de son état. Il estimait devoir gagner en puissance pour être en mesure de protéger ceux qui lui étaient proche. L’entraînement draconien auquel il s’astreint ne donnait pas de résultats assez rapides selon lui. Il se procura une potion interdite au marché noir : la potion de Puissance. Au fil du temps et des prises trop importantes de cette potion, son esprit se pervertit. Et il y a vingt ans, il disparut pour ne réapparaître que parmi les mangemorts. Jannick en fut détruite. Elle ne le revit plus durant dix ans. Mais un jour il revint. Sans aucune explication autre que sa folie, il était revenu uniquement pour assassiner celle qu’il avait aimée.

           Suzanne comprenait un point qui lui avait toujours paru obscur : qui lui avait fourni la potion de Puissance ? Au début, il s’en était procuré auprès de simples revendeurs dans les rues. Mais jamais il n’aurait pu se procurer une quantité telle qu’il en consommait, le prix en était prohibitif. Suzanne se souvint alors que Kylian avait reçu pour mission de protéger une personnalité politique montante ayant ses chances pour devenir Ministre de la Magie à l’époque. Cette personnalité n’était autre qu’Erwan Riliam.

 

           Autour de Suzanne se tenait Luc Fabre et Gaël Defour. Le commandant en second de la Brigade des Oubliators, Victor Fergeot, se tenait juste derrière elle. Une barricade de fortune avait été construite en travers de l’unique accès reliant le hall et l’aile Est. Elle était gardé par un groupe d’assaut de la section AI commandé par Albert Chergnieux posté un genou à terre.

« Ne bougez pas, ordonna t-elle. Je vais aller lui parler.

-Je ne crois pas qu’il se rendra, dit Fabre. Ils sont plus nombreux que nous il me semble.

-Nous avons toujours suivi des règles, dans la paix comme dans la guerre. Ce n’est pas maintenant que nous devons leur tourner le dos.

-Le problème, c’est que dans ce monde, pour faire gagner nos idéaux, il faut souvent faire le contraire de ce qu’ils préconisent.

-Attendez. C’est tout ce que je demande.

-Je vous couvre, assura Chergnieux. »

           Suzanne enjamba la barricade et s’avança vers Janus en levant les mains pour démontrer qu’elle n’était pas armée. Janus murmura quelque chose à Névris et s’avança seul vers Suzanne. Ils stoppèrent à deux mètres l’un de l’autre. Le visage de Suzanne ne démontrait aucune émotion. Elle ne voulait laisser aucune ouverture à son ennemi. Le visage de Janus se fendit d’un léger sourire. Comment pouvait-il se moquer ainsi de ses adversaires ?

« Suzanne Janis, que signifie cette mobilisation ? questionna Janus. Je ne crois pas que Monsieur Dakus ait organisé un exercice.

-Dakus est mort, annonça t-elle. Si vous ne voulez pas subir le même sort, rendez-vous sans plus tarder. »

Elle n’espérait même pas qu’il y réfléchisse. Elle connaissait assez les mages noirs pour savoir qu’ils étaient trop confiants en leurs capacités. Cela en avait perdu plus d’un. Leur soi-disant supériorité les avait menés à leur perte. Mais dans le cas de Janus, elle n’était pas aussi sûre de compté sur une arrogance mal placée. Il savait se montrer réaliste et attendre le bon moment pour frapper. Il l’avait fait durant plusieurs décennies, presque un siècle. Il était loin d’être un simple mangemort comme Malgéus. S’il ne se rendait pas, c’était qu’il était sûr de sa victoire. Il en avait sûrement réglée les moindres détails.

           La réponse de Janus commença par un élargissement de son sourire.

« Vous êtes intelligente Suzanne, dit-il. Je ne vous ferai pas l’affront de vous mentir en disant que vous avez chamboulé mes plans en tuant Dakus. Il était tout sauf irremplaçable. A vrai dire, je m’étonne même qu’il n’ait pas été tué plus tôt.

-Nous ne sommes pas des assassins, fit Suzanne. Nous ne tuons que lorsque nous y sommes obligés. Mais pour Dakus, la guerre était déclarée. Et à la guerre, il ne faut avoir aucune pitié. Malgré tout, je me devais de vous proposer une alternative : la reddition.

-Je peux faire de même : rendez-vous et il ne vous sera fait aucun mal.

-Se rendre. Pourquoi ? Pour vivre en esclave sous votre dictature ?

-Je n’ai même pas commencé réellement à régner et vous me jugez déjà comme un tyran.

-J’ai vu ce que vous proposiez comme changements dans nos lois : la magie noire serait autorisée, certains crimes envers les moldus ne seraient plus sanctionnés. Vous faîtes comme Vous-savez-qui, vous vous servez de la frustration d’une partie de la population sorcière pour asseoir votre domination. Que voulez-vous en fin de compte ?

-Ce que je veux ? C’est simple : je veux que notre peuple, les Sorciers, mais également l’ensemble du Monde Magique, les Centaures, les Elfes, les Tritons, les Géants et tous ceux que je ne cite pas reprennent leurs places dans ce monde. Car nous n’étions qu’un seul monde à l’origine, que nous soyons doté de pouvoirs magiques ou non. Nous autres, Sorciers, nous pouvions user de nos dons sans peur d’être découvert car tous connaissaient notre existence et nous acceptaient. Pourquoi a-t-il fallut que nous prenions peur quand quelques moldus scandèrent que nous étions des œuvres du Malin ? Il aurait suffit que nous imposions notre droit de vivre dans la Lumière. Mais des lâches, tenant les rênes du pouvoir, en ont décidé autrement. Ils ont préféré forcer notre monde à se terrer comme des criminels. Nous nous sommes jeté nous-mêmes dans notre propre prison. Et les quelques rares individus qui se levèrent contre ça furent bâillonnés, leurs paroles libertaires furent prises pour des allégations anti-moldues. Les plus motivés n’hésitèrent pas à se mettre plusieurs fois entre les Moldus et nos semblables quand ceux-ci étaient en danger. Et souvent, ces sauveurs furent obligés d’avoir recours à l’usage de certaines formes de magies. Ces magies, qu’elles furent salvatrices pour notre peuple ne fut même pas pris en compte, elles furent classées sous le terme : « Magie Noire ». Un terme totalement nouveau mais qui fut vite adopté. Mais les conséquences de ce classement furent terribles pour nous. Ça nous a affaiblis vis-à-vis des Moldus. Et cela à forcer d’éminents chercheurs en Sorcellerie à se cacher ou à être traiter de parias par ceux qui auraient dû les aduler. Ceux qui ont sauvé tant des nôtres furent pourchassés par les autorités et enfermés. Je veux les réhabiliter, qu’ils reçoivent les Honneurs qui leurs ont étés refusés jusqu’à maintenant.

-Beaucoup se sont servis de la magie noire pour commettre des crimes ignobles, lança Suzanne. Ceux-ci seront-ils aussi honorer ?

-Est-ce un crime que de vouloir vivre libre ?

-Ne vous cachez pas derrière une excuse si pitoyable ! La Magie Noire n’a pas été interdite à la légère. Les rituels, les sortilèges et toutes les sciences magiques qui en découlent ne mènent qu’à la destruction ou se servent de la destruction pour contrer les lois naturelles. Vous-savez-qui souhaitait vaincre la Mort elle-même, briser le cycle de la vie pour son intérêt personnel. Vous êtes pareil ! Vous vous servez de la frustration de la population pour mieux l’asservir. Nous vivons cachés, mais pas par peur des Moldus. Par notre absence, nous les protégeons de nous-mêmes. Auraient-ils atteint un tel niveau technologique et social avec notre présence ? Je ne le sais pas mais je peux imaginer que non. Tout ce que vous voulez, c’est régner comme un Roi sur toute la planète, sur les deux mondes.

-Pas comme un Roi, comme un Dieu. »

           A ces mots, Suzanne comprit. Janus possédait un point commun de plus avec tous les autres mages noirs. Outre le fait qu’il ne reculait pas devant l’utilisation de la Magie Noire, il était fou. Mais elle devait évaluer jusqu’à quel point.

« Un Dieu, rien que ça ! fit-elle. Et que ferez-vous de ceux qui refuseront de vous suivre ?

-Il faut bien savoir faire des sacrifices pour maintenir l’ordre, continua t-il. Contrairement à ce que vous pouvez penser, ce n’est parce que je compte abroger certaines lois que je suis pour l’anarchie. Plus de liberté, mais en contrepartie, je veux qu’on m’obéisse totalement. »

           Suzanne en était maintenant sûre : Janus était totalement fou. Il mènera les deux mondes à leur perte. Il fallait l’arrêter quoi qu’il en coûte.

« Je ne vois venir que la voie du combat pour vous empêcher de nuire, dit Suzanne.

-Nous savons tout les deux que vous n’oserez jamais aller jusqu’au bout, sourit Janus d’un air mauvais. Vous avez un code. »

D’un geste vif, Suzanne sortit sa baguette et la pointa sur Janus.

« Nous sommes en guerre, annonça t-elle. Les règles, le code, nous les oublierons le temps de ce conflit. »

           Les mages noirs montèrent d’un cran dans la tension. La plupart n’étaient pas habitués aux batailles rangées. Mais ils ne pouvaient plus reculer. Ils devraient se battre contre des professionnels du combat. Des hommes entraînés de la façon la plus exigeante de tous le Ministère.

           Loin de se dérober, Janus parut s’amuser de la situation. Il ne fit aucun mouvement vers sa baguette.

« Comme vous voudrez mademoiselle Janis, dit-il. Je voulais commencer à régner dans la paix et l’union de toutes les créatures magiques. Mais soit, s’il faut commencer par la guerre et la mort. Allons-y. Névris. »

Le mage noir aux yeux violets leva sa baguette vers Suzanne, un rayon rouge s’étira de son extrémité.

« Protego ! s’écria Suzanne pour se protéger.

-Stupéfix, scandèrent en même temps plusieurs voix. »

Des deux côtés se fut un véritable feu d’artifice d’éclairs magiques. Des éclairs rouges fusèrent depuis les rangs des Chasseurs. Du côté des mages noirs, il y eut plus de verts. Les éclairs se rencontraient parfois en embrasement formidable.

           Suzanne courut se mettre à l’abri en continuant à se protéger derrière un bouclier. Névris continua à la canarder de divers maléfices en souriant de la voir s’enfuir. Il ne faisait même pas attention aux éclairs multicolores qui sifflaient autour de lui. Une fois à l’abri, Suzanne évalua d’un regard la situation. Les Chasseurs avançaient en trois directions : par la droite, la gauche et le centre. Les mages noirs préférèrent reculer dés que Janus quitta le hall sans lancer un seul regard à ses ennemis. Suzanne comprit la tactique qu’allaient appliquer les mages noirs. Ils voulaient attirer les Chasseurs dans une guérilla de couloirs pour diminuer leur nombre petit à petit. Suzanne vit Névris continuer d’avancer vers elle. Le groupe de Chasseurs qui progressait par la droite le prit pour cible. Névris sauta pour éviter les tirs et se cacher derrière une colonne. Il surgit d’un coup en enchaînant plusieurs Avada Kedavra dont aucun ne manqua sa cible. Tout le groupe allait être décimé. Suzanne sortit de sa planque et interrompit Névris d’un maléfice qui claqua à ses pieds.

« Rejoignez les autres, ordonna Suzanne. Je m’occupe de lui. »

Les Chasseurs s’éloignèrent sans quitter Névris des yeux.

           Kylian Névris fixait Suzanne de ses yeux violets. Les deux ennemis attendaient ce moment depuis si longtemps qu’ils avaient du mal à croire que tout serait fini ce soir. Car c’était inéluctable : un d’entre eux, peut-être même les deux, mourraient ce soir. Suzanne savait Névris puissant. Mais elle savait aussi qu’il n’était pas rare qu’il perde le contrôle de cette puissance acquise artificiellement. Et la folie qui s’était emparée de son esprit ne lui permettait pas de se rendre compte de cet état de fait. Suzanne devait se servir de ça à son avantage.

« Tu sais que tu ne peux pas me battre, dit Névris calmement. Je suis devenu bien trop puissant pour toi.

-Quelle vanité Kylian ! se moqua t-elle. Tu n’as donc pas encore compris qu’un combat n’est jamais gagné d’avance.

-Je vais te prouver que j’ai raison. »

           Kylian tendit sa baguette vers Suzanne. Une explosion retentit aux pieds de la chef de la section S, l’enveloppant complètement. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Névris alors que le nuage de poussières l’empêchait de voir le résultat de son maléfice. Un claquement de fouet résonna juste derrière lui. Il leva le bras pour bloquer le coup de pied circulaire qui venait de son dos vers son visage. Sans même regarder, il lança son talon vers l’arrière et percuta violement la cage thoracique de Suzanne. Il se retourna enfin et amplifia l’effet de son coup de talon d’un Repulso. Suzanne fit un vol plané pour aller percuter un mur.

           Suzanne parvint à se relever malgré le choc. Kylian la toisait en souriant. Il dressa sa baguette vers elle avant qu’elle ne puisse en faire autant, et la plaqua au mur. Elle ne pouvait quasiment plus bouger.

« Je pourrai te tuer tout de suite, dit Névris. Mais pourquoi se presser quand je peux prendre mon temps.

-Tu regretteras de ne pas en finir tout de suite, cracha t-elle. »

Névris explosa dans un rire guttural.

« J’ai pris mon temps pour tuer ta sœur, continua t-il. Je le prendrais aussi avec toi. Je trouve ça juste. »

Suzanne n’eut pas le temps de penser que le sens de la Justice de Névris était passablement perverti qu’il appliqua le sortilège Doloris sur elle, lui arrachant un horrible hurlement en même temps que lui riait à gorge déployée. Comment pouvait-il infliger autant de souffrances en riant ?

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