Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 101 : XVIII De la Violence la plus Pure

2753 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/11/2016 15:38

           CHAPITRE XVIII : DE LA VIOLENCE LA PLUS PURE

 

           Pierrick Chaldo réapparut au village d’Andrei. Guillaume Degard et Massil vinrent tout de suite à sa rencontre. Massil asséna tout de suite le Corbeau de commentaires :

« Vous avez beau être un membre de la section S des Chasseurs, vous n’avez aucun ordre à nous donner. Nous sommes mandatés par le Ministre lui-même. Nous allons maintenant ramener cette enfant avec nous si sa mère le veut bien.

-Si vous n’avez pas d’ordre à recevoir de moi, pourquoi êtes-vous encore là ? fit Pierrick.

-J’ai insisté pour qu’on vous attende, expliqua Degard. Vous avez découvert quelque chose ?

-C’est personnel. Mais maintenant j’y vois plus clair. Je vais retourner en France pour éclaircir cette affaire. Quelque chose n’est pas normale. En attendant, laissez Andrei ici.

-Je vous ai dit que nous n’avions pas d’ordre à recevoir de vous ! s’exclama Massil.

-Massil, je n’hésiterais pas une seule seconde à vous bloquer ici par un sortilège anti-transplanage. Et je peux vous assurer que Degard ne pourra pas vous en libérer.

-Vous douter du Ministère ou du Ministre ? questionna Degard.

-Des deux. Je vais revenir. Donnez-moi juste quelques heures. »

           Sans attendre de réponse, Pierrick transplana. Massil s’approcha de Degard.

« Nous allons encore attendre ? demanda t-il.

-En effet, répondit Degard.

-Je me demande pourquoi tu lui accordes autant de crédit ?

-N’as-tu pas remarqué son regard ?

-Non. Qu’est-ce que j’aurai dû remarquer ?

-Il a changé. Entre hier avant qu’il ne parte pour cette Grotte aux Etoiles et aujourd’hui, quelque chose à dû lui être arrivé. Hier, il était vide. Mais aujourd’hui… Je ne sais pas, il était…vivant. »

 

           Thomas Zimong attendait. Il ne pouvait rien faire d’autre. Il trépignait d’impatience. Et en même temps, il espérait que tout rentrerait dans l’ordre sans combattre. Mais il savait d’expérience que ce genre de situation avait peu de chance de se terminer ainsi.

           En attendant, il profitait du moindre moment de libre pour tenir compagnie à Laura et Hans. Et il devait bien s’avouer à lui-même que voir Marion lui faisait du bien. Le comprenant très bien, Hermione avait invité Thomas à revenir quand il le désirait. Elle savait que la présence du professeur était rassurante pour Laura. Cette dernière aurait pu retourner à l’Académie mais elle refusait tout net de laisser Hans seul. Même si celui-ci n’était pas tout à fait seul puisqu’il s’occupait de Frida. Il attendait juste d’être sûr que la fillette puisse rester plusieurs semaines d’affilées avec Hermione sans lui. Mais à vrai dire, il pensait même sérieusement à écrire au professeur Tréveune pour lui demander la possibilité de prendre une année sabbatique. Hans savait que pour cela, il aurait l’appui de Thomas mais il attendait avant de prendre une décision définitive. Auquel cas, il convaincrait Laura de retourner sans lui à Beauxbâtons.

           Le soir tombait à peine. Tout le monde était réuni autour de la table de la salle à manger. La conversation était détendue et quelques rires parvenaient à s’élever. Marion souriait encore timidement. Elle se sentait frissonner quand la main de Thomas l’effleurait par inadvertance. Un sentiment qu’elle n’arrivait pas à définir emplissait son esprit et son cœur quand le jeune professeur se trouvait près d’elle. Remarquait-elle seulement que ce dernier rosissait légèrement quand elle lui souriait ? En fait, seule Laura parut remarquer le manège et ne put s’empêcher de sourire.

Marion leva les yeux et les tourna en direction de l’extérieur. Thomas commençait à être habitué de la voir regarder vers un mur en donnant l’impression de voir à travers.

« Qu’est-ce qui se passe ? questionna t-il.

-Pygargue, dit-elle simplement. Il est là. »

En effet, quelqu’un frappa à la porte. Thomas alla ouvrir.

           Sur le pas de la porte se tenait Yann Firvel. Thomas s’attendait à voir son éternel sourire moqueur mais Yann avait le visage grave.

« Il s’est passé quelque chose ? demanda le dragoniar.

-La guerre vient de commencer, annonça Yann. Les Chasseurs se sont soulevés contre le Ministre. Il semblerait que ce soit lui Janus. Les combats font rage au Ministère. Que comptes-tu faire ?

-J’ai une famille à protéger maintenant. Je ne compte pas laisser ce pays sombrer dans le chaos. J’y vais. Je vais prêter main forte aux Chasseurs.

-Je viens avec toi.

-Pourquoi ? Tu es plus moldu que sorcier.

-Et combien de temps crois-tu qu’il se passera avant que les moldus ne soient inquiétés par Janus ?

-Allons-y alors.

-Thomas, appela Laura. Tu vas te battre ?

-Il le faut petite sœur, dit Thomas. Je dois vous protéger, protéger mes élèves et bien d’autres. »

           Laura baissa les yeux. Elle craignait de perdre son frère à peine après avoir découvert son existence. Elle releva la tête quand elle sentit les bras de son grand frère l’entourer.

« Ne t’en fais pas, murmura t-il. Je ne compte pas mourir. Je reviendrai. »

Un claquement de fouet retentit et une voix que Thomas n’espérait plus entendre.

« Nous reviendrons mon ami. »

Thomas se retourna et découvrit avec plaisir Pierrick, souriant légèrement, devant lui.

« Où étais-tu passé ? questionna le professeur.

-Désolé, je me suis perdu, dit Pierrick.

-L’essentiel, c’est que tu sois là, fit Yann.

-Pierrick, je dois te dire, continua Thomas. Chun…

-Plus tard, coupa le Corbeau. Dîtes-moi plutôt ce qui se passe. »

Yann exposa la situation à Pierrick.

« Ainsi, l’ennemi était parmi nous, dit Pierrick à la fin de l’explication. Très bien. Allons-y. »

           Ils allaient partir quand une main douce et gracile vint se saisir de celle de Thomas. Le professeur se tourna et sourit en plongeant dans les yeux de nacre de Marion. Il lui fit face et lui prit son autre main.

« Je vais revenir, assura t-il. »

Marion ne parvint pas à sourire. Elle avait peur. Une sensation inhabituelle pour elle. Surtout que cette peur n’était pas comme la dernière qu’elle avait ressentie. Cette fois-ci, elle n’avait pas peur pour elle. Elle avait peur pour quelqu’un d’autre. Celui pour qui son cœur battait si fort. Elle voulait aller avec lui mais elle savait que lui, ne le voulait pas.

           Thomas lâcha les mains de la jeune fille et s’avança vers Pierrick et Yann qui l’attendaient. Il s’arrêta quand un voile blanc impalpable apparut devant lui. Le voile prit rapidement une consistance solide et prit la forme de Marion. Elle ne lui laissa pas le temps de parler et entoura son cou de ses bras pâles.

« Elle a la fraîcheur d’une brise d’été. »

C’est ce que pensa Thomas alors qu’il se rendait compte que Marion l’embrassait. Son cœur s’emballait. Il passa ses bras autour d’elle pour approfondir le baiser. Oui, il reviendrait. Il reviendrait pour elle.

           Lorsqu’il quitta les bras de Marion, il ne se retourna pas. Il craignait de ne plus vouloir partir combattre. Mais il le devait. Il s’accrocha au bras de Pierrick et les trois hommes transplanèrent.

           Marion demeura immobile à fixer l’endroit où était Thomas encore quelques secondes auparavant. Elle ne détourna les yeux que lorsque Laura vint la prendre par les épaules en souriant.

« Je suis heureuse pour toi et pour lui, dit Laura.

-Je n’ai jamais été aussi nerveuse qu’avant de l’embrasser, fit Marion. Je n’étais pas sûre de pouvoir le faire. Et maintenant…

-Tu voudrais le faire tout le temps.

-Oui.

-Tu pourras. Quand il reviendra. »

 

           La bataille faisait rage dans le hall et les couloirs du Ministère de la Magie. Les équipes AI des Chasseurs et celles de l’Unité d’Intervention de la Police Magique progressaient et attaquaient de façon méthodique. Les mages noirs qui s’opposaient à eux n’étaient pas en reste. Bien que moins travailler, leurs déplacements et leurs tactiques demeuraient efficaces, signe que Janus avait préparé cette bataille en entraînant ses troupes. Chergnieux devait donner des ordres tout en se défendant. Il ordonna à un de ses chasseurs de se poster à l’angle d’un couloir situé à deux mètres de lui pour pouvoir donner ses instructions à William Urdi sans être gêner par les sortilèges ennemis qui claquaient non loin.

« Ils nous bloquent dans tous les couloirs, renseigna Urdi. Nous n’arrivons pas à les affaiblir assez pour avancer. Quand un est neutralisé, un autre le remplace et un autre le ranime. J’ai déjà perdu quatre hommes.

-Janus a levé un champ anti-transplanage pour nous empêcher de les surprendre par derrière, dit Chergnieux. Au moins, ça les empêche eux aussi de nous prendre en traître. Il faut trouver… »

           Chergnieux n’eut pas le temps de finir sa phrase. L’homme qu’il avait placé à l’angle venait de recevoir un éclair vert et tomba raide mort. Aussitôt, des mages noirs débouchèrent et canardèrent à tout va. Urdi eut le réflexe de lever un bouclier pour les protéger lui et Chergnieux. Un autre chasseur tomba à côté d’eux. Chergnieux quitta la protection du bouclier en hurlant malgré l’injonction d’Urdi lui disant de revenir. Un éclair vert lui frôla l’épaule mais il ne s’arrêta pas. Une fois au contact, il se saisit du poignet armé d’un ennemi et d’une torsion le projeta au sol. Sa main armée de sa baguette s’était tendu dans le même temps vers l’abdomen d’un autre.

« COFRINGO ! cria t-il. »

Le corps du sorcier maléfique explosa en charpie, arrosant de viscères et de fluides ses camarades.

           Chergnieux écrasa du pied le visage de celui qu’il avait projeté jusqu’à percevoir un craquement sinistre indiquant que les cervicales avaient cédé. Un troisième lui mit sa baguette sur la tempe. Loin de démontrer de la peur, Chergnieux écarta immédiatement l’artéfact et se glissa, par un déplacement rapide, dans le dos du mage noir. Il appliqua le bout de sa baguette sur sa gorge et d’un simple sortilège de découpe, lui trancha les carotides. Le sang gicla à plus de deux mètres.

           Chergnieux s’assura qu’il ne restait plus de mage noir à porter et revint vers Urdi en donnant l’ordre à un binôme de se poster à l’angle repris.

« Il ne faut pas hésiter, dit Chergnieux. C’est une guerre. On n’est pas là pour faire des prisonniers. Attaquez pour tuer.

-Il a raison, lança une voix. »

Les deux chasseurs se tournèrent vers Georges Nide accompagné de Jonas Marus.

« Seule la Mort peut les arrêter, continua Nide. Comme elle seule pourra-nous empêcher de tout faire pour les vaincre.

-Content de vous revoir Nide, dit Chergnieux. Vous voulez prendre les commandes de l’assaut je présume.

-Non. Je ne suis plus le chef de la section AI. J’ai cru comprendre que tu avais fait du bon travail jusqu’à maintenant.

-Cela ne fait qu’une journée.

-Et tu as déjà gagné l’estime de tes hommes. Ça se voit dans leur regard quand ils se tournent vers toi. Il est temps pour moi de prendre ma retraite. Mais je refuse de me reposer tant qu’il y aura un fidèle de Janus en activité. Je suis sous tes ordres Albert.

-Prenez le commandement des groupes 5 et 6. William, tu continues avec les 3 et 4. Avancez chacun par un couloir.

-OK, acquiesça Nide. Au fait, où est Suzanne ?

-Elle se battait contre Névris dans le hall la dernière fois qu’on l’a vue.

-Je vois. Espérons qu’elle en sorte vivante. »

 

           A l’extérieur du Ministère, un claquement de fouet retentit. Les trois hommes regardèrent autour d’eux sans comprendre.

« Pourquoi n’est-on pas dans le Ministère ? questionna Thomas.

-On a été détourné par un champ anti-transplanage, répondit Pierrick. Janus ne doit pas vouloir que ses ennemis s’enfuient.

-C’est une arme à double-tranchant, fit remarquer Yann. Lui non plus ne pourra pas s’enfuir.

-On va rentrer par l’entrée des visiteurs, indiqua le Corbeau. »

           Pierrick s’approcha d’une porte condamnée par des planches de bois. Il frappa trois fois la planche du bas, quatre fois la quatrième en partant du bas, une fois la septième et finit par un dernier coup dans celle du bas. Mais rien ne se passa.

« Ils ont peut-être changé les serrures, sourit malicieusement Yann.

-Toutes les entrées et sorties sont bloquées, dit Pierrick.

-C’est ce que j’ai dit. Qu’est-ce qu’on fait ? »

Pierrick sortit sa baguette et fit exploser les planches, libérant le passage.

« Pas très discret, fit Yann. Mais au moins c’est ouvert.

-Tenez-vous prêts à combattre, ordonna Pierrick. »

           Thomas dégaina son sabre chinois. Il n’éveilla pas ses pouvoirs dragoniars, sa nature de sang-mêlé ne lui permettait pas d’en abuser sans se fatiguer. Il devait les économiser. Yann sortit son Beretta 92. Il en retira le chargeur pour vérifier qu’il était plein, le réenclencha et tira la glissière en arrière avant de la lâcher pour l’armer. Pierrick sortit une deuxième baguette.

           Ils parcoururent les couloirs en ambiance tactique sans rencontrer de résistance. Ils arrivèrent sans encombre au hall. Et là, un spectacle digne de l’Apocalypse s’offrit à leurs yeux. Des corps jonchaient le dallage de marbre blanc sur lequel s’écoulaient des rivières de sang. Certains corps étaient démembrés ou même éclatés. Des blessés, des stupéfixés et des assommés gisaient sur le sol froid sans se soucier du liquide ocre qui maculait leurs vêtements. Les victimes venaient de différents services de l’aile Est : des Chasseurs, des policiers et des oubliators. D’autres devaient être des mages noirs de Janus. La statue bleue cristalline qui se dressait habituellement au centre du hall s’était répandue un peu partout sous le coup d’un ou plusieurs maléfices perdus. L’essence même de la guerre s’offrait à eux. Une essence de violence.

           De la violence la plus pure…

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