Harry Potter, le Brécilien et le Prince de Sang-Mêlé

CHAPITRE IX : LES SECRETS DES DISKIBIEN

           Lorsque Teñval transplana à Brocéliande, la forêt était recouverte par la nuit. Il entra dans la maison où l’attendait sa grand-mère. Celle-ci l’étreignit pour lui souhaiter la bienvenue.

« Où est grand-père ?

-Il est à Barenton, il t’attend. Ça commence cette nuit.

-Je vois.

-Tu veux manger quelque chose avant ?

-Ça ira, j’ai mangé à Poudlard. Je dois commencer au plus vite. Je ne veux pas rester loin de Poudlard trop longtemps.

-Je ne te dirai pas soit prudent, car la prudence ne te servira à rien. Kalonegezh[1].

-Trugarez[2]. »

           La forêt ne lui avait jamais fait peur. Il la connaissait depuis toujours. Chaque arbre, chaque créature, chaque esprit habitant cette terre, aucun ne lui était inconnu. Il croisa des sombrals, des centaures, des fantômes, des lutins. Tous lui firent des signes d’encouragements et d’affection. Tous savaient que cette nuit serait la première d’une longue série de nuit dure.

           La Fontaine de Barenton, le lieu préféré de Merlin et Viviane, là où l’illustre sorcier vit la jeune fille pour la première fois, là où elle lui a volé son cœur, là où il lui a tout appris, jusqu’au charme emprisonnant son esprit dans cette forêt. Alan se tenait de bout sur la pierre de Merlin. Il tenait dans sa main un grand bâton noueux. Une cape de peau marron pendait de ses épaules.

           Yannig s’avança. Alan le regarda avec insistance et frappa plusieurs fois de son bâton sur la pierre. Le silence se fit. C’était comme si la forêt dans son ensemble s’était arrêtée. Plus un son, plus un murmure, même le vent s’était arrêter de chuchoter.

« Yannig Teñval. Hériter des Druides du clan Teñval. Descendant des Diskibien. Garant de la voie du Grand Myrdinn et de son enseignement. Gardien de sa tombe et du Temple Silvestre de Brocéliande. Porteur de la Malédiction de Drougael. Tu vas maintenant subir tes dernières épreuves. Tu maîtrises les éléments. Tu parles aux êtres de la nature, animaux et plantes. Tu communiques avec les esprits. Tu vas apprendre maintenant à ne faire qu’un avec les éléments, avec les êtres qui nous entourent, et avec les esprits. Tu connais la noirceur de notre passé, les erreurs de nos ancêtres. Tu sais quels crimes nous devons expier. Tu sais pourquoi nous sommes maudits. Cette malédiction qui nous force à garder Drougael en nous de génération en génération. Mais c’est lui qui nous donne nos pouvoirs, à nous ensuite de choisir comment les utiliser. Tu vas apprendre à dominer réellement le démon qui est en toi.

-Je suis prêt.

-Je ne peux pas venir avec toi. C’est un chemin que tu dois arpenter seul. Enfin, seul physiquement. J’ai bien fait d’attendre jusqu’à maintenant. Tu étais prêt depuis des années je pense. Il ne te manquait qu’un chose : un point d’attache solide en ce monde. Tu avais nous, tes grands-parents, et puis Luna, et toujours le souvenir de Cédric. Mais ce n’était pas suffisant. Tu as Harry, Ron, Hermione et les autres. Mais la encore ce n’était pas suffisant. Il te fallait le plus fort de tous les sentiments pour avoir toutes les armes nécessaires pour ces épreuves. Et maintenant tu l’as.

-Luna parle trop.

-Peut-être. Nous autres Druides, nous tirons nos pouvoirs de la nature, mais aussi des sentiments qui étreignent notre cœur. Cette jeune fille sera ton salut pour ne pas sombrer dans les Ténèbres qui vont t’assaillir. Si ton Amour est suffisamment fort, peut-être en sortiras-tu vivant et plus fort. Je ne peux rien te dire de plus. Maintenant va. Kalonegezh. »

           Yannig se leva. Alan s’assit sur la pierre de Merlin, son bâton posé sur ses genoux. Le jeune Teñval s’enfonça dans les Ténèbres de la forêt sous les yeux du vieux. Une silhouette argentée, très pâle apparu du néant aux côtés du patriarche du clan.

« Ne t’inquiète pas, il est fort, souffla une voix venant de partout et nulle part.

-Je sais, il est le plus fort de tous les Teñval n’ayant jamais existé, dit Alan. Mais il est également le plus faible. Aucun d’entre nous n’a eu à subir autant d’épreuve de la Vie avant lui.

-Tu y vois de la faiblesse, j’y vois une Force supplémentaire.

-J’espère que vous avez raison, Mestr[3].

-Sa première épreuve sera celle du corps.

-Celle la, il devrait la passer sans difficulté. Mais les deux autres sont plus compliquées.

-L’Esprit et l’Ame.

-Il n’a jamais été un modèle de contrôle. Et il a déjà été confronté à sa peur une fois, il ne s’en est pas sorti indemne. Personne ne peut dire s’il va réussir.

-Tout comme les trois branches du Triskel, ces trois épreuves sont nécessaires pour le rendre plus fort. Depuis la défaite des Diskibien, vous vous pliez à ma volonté pour absoudre les crimes de vos ancêtres. Vous avez maintenu les Ténèbres loin de ce monde et des autres. Mais Yannig doit combattre la plus terrible menace qui n’ait jamais pesé sur tous les mondes. S’il ne réussit pas ses épreuves, alors il nous est inutile. »

           Yannig ne reconnaissait plus rien. Jamais la forêt ne lui avait paru aussi étrangère. Les arbres avec qui il parlait volontiers s’étaient tus. Il n’y avait pas âme qui vive. Ni qui ne vive pas. Jamais Yannig n’avait ressenti pareille solitude. Il arriva à une clairière. Elle s’ouvrait sur un magnifique ciel étoilé. Yannig le contempla durant quelques instants. Il repensait aux paroles de son grand-père. Tout dépendait de la force de son Amour. Mais lui-même n’était pas sûr de ses sentiments. Cho était-elle l’Amour de sa vie ? Il ne savait pas. Surtout qu’il ignorait totalement la nature des sentiments de la jeune fille envers lui. Avait-il une chance ? Il sourit en pensant à ce que dirait Luna :

« Bien sûr que tu as tes chances. »

Luna. Il l’aimait également, elle était sa petite sœur. Il était prêt à tout pour elle. Pour qu’elle vive et qu’elle soit heureuse. Et il y avait ses amis, Hermione, Ron, Ginny, Neville et surtout Harry. L’adolescent avait encore besoin d’aide. Son épreuve finale ne tarderait plus à arriver. Le breton le savait. Comme il savait qu’il y en aurait d’autres avant. Tout ce qu’il pouvait faire pour l’Elu comme certains l’appelaient, c’était lui dégager un peu la voie et le soutenir. Oui, telle était sa mission.

           Il se retira de la contemplation du ciel quand il perçut plusieurs présences autour de lui. Des silhouettes sombres et inquiétantes s’avançaient vers lui de tous les côtés. Des silhouettes humaines, des hommes drapés de peaux de bêtes, tenant des bâtons massifs et de lourdes épées dans leurs mains. Ils refermèrent le cercle autour du jeune homme. Leurs yeux d’un blanc laiteux étaient autant de menaces de mort. Yannig resta parfaitement calme. Fermant les poings et les rouvrant. Son esprit tendu vers ses adversaires.

           Ainsi la première épreuve commença…

[1] Courage.

[2] Merci.

[3] Maître.