Harry Potter, le Brécilien et le Prince de Sang-Mêlé
CHAPITRE X : KORF ARNOD[1]
Les adversaires étaient proches. Yannig sentait leur souffle froid. Sa tête pivotait lentement, observant tour à tour chacun d’eux. Il ne les compta pas, c’était inutile, il devait être une bonne vingtaine, peut-être plus. Il savait ce qu’il devait faire. Il devait tous les vaincre. Tous, sans exception. Le combat avait déjà commencé. Même si aucun coup n’avait encore été donné. La tension était palpable, presque impénétrable.
Et soudain, un des adversaires s’avança, plus menaçant que les autres. Yannig ne lui laissa pas le temps de frapper, il évita son bâton tout en l’envoyant au sol d’un violent crochet à la mâchoire. Un deuxième vint par derrière. Le breton le sentit venir et l’arrêta d’un coup de coude au visage. Il le saisit par les cheveux et lui asséna un violent coup de poing en pleine face. Teñval tomba à genoux sous le coup de bâton qu’il prit dans le dos. Il se releva, les yeux emplis de fureur. L’ombre levait son bâton pour frapper à nouveau. La main en feu, Teñval saisit le bâton au vol, l’enflammant instantanément. Il martyrisa ses côtes d’un coup de poing et lui explosa le nez d’un coup de tête. Teñval parvint à éviter un coup d’épée de haut en bas. Il tendit la main vers la lame figée dans le sol.
« Foeltr ! »
La foudre jaillit de sa main et électrocuta l’ombre.
Teñval avait repoussé le premier assaut. Mais bien d’autres ennemis s’avançaient déjà. Il leva une main devant lui, paume vers le haut.
« Avel. »
Une mini-tornade se forma dans sa paume. Il leva son autre main de manière identique.
« Tan. »
Une flamme apparut.
« Avel-dro flamm ! »
Joignant ses paumes en les tendant vers ses ennemis, Teñval lança une tornade enflammée. Plusieurs ombres disparurent dans un embrasement. Soudain, le souffle enflammé cessa, Yannig se cambra de douleur. Le breton s’effondra dans l’herbe humide et froide. Son dos entaillé lâchait des flots de sang ocre. Un ennemi s’était glissé derrière lui et lui avait asséné un coup d’épée dans le dos.
A plusieurs centaines de kilomètres de là. Une jeune fille blonde qui s’était endormi en souriant s’était soudainement agitée dans son lit.
« YANNIG ! »
Elle s’était relevé d’un coup en criant le nom de son frère. Les autres filles de son dortoir, réveillé par son cri, vinrent la voir. Elle était haletante et ses yeux, loin d’être rêveurs, étaient paniqués.
« Luna, dit l’une des filles. Qu’est-ce qui se passe ?
-R…rien, souffla t-elle. J’ai dû faire un cauchemar. Je suis désolé.
-C’est rien. Ça arrive. Essaye de ne plus y penser et de te rendormir. »
Les filles retournèrent à leur lit. Luna se rallongea dans le sien. Elle ne parvenait pas à retirer ses images de sa tête. Son grand frère gisant sur le sol, saignant abondamment. Elle parvint à se rendormir en se disant que ce n’était qu’un rêve.
Teñval se releva. Difficilement. Cette blessure ne serait que la première. Il ne devait pas s’arrêter maintenant. Pas pour une broutille comme ça. Trop de gens comptaient sur lui. Il se remit à frapper de tous les côtés. Ses adversaires tombaient sous ses coups de butoir. Lorsqu’un des spectres parvenait à le toucher, sa réplique était immédiate et définitive. Malgré le sang qui coulait sur sa peau. Malgré les marques qui tuméfiaient son visage et son corps. Malgré la douleur, il continuait à frapper comme jamais.
Etrangement, le nombre d’ennemis ne baissait pas. Par vague, de nouvelles silhouettes venaient se frotter aux poings et à la rage de Yannig. Des éclairs, des flammes, il se servait de tous ses pouvoirs pour abattre ses ennemis.
Combien de temps dura la bataille ? Combien d’ennemis avait-il vaincu ? Combien en restait-il ?
Il ignorait les réponses à ses questions. Il ne se les posait même pas. Même si au bout d’une fraction d’éternité plus aucune silhouette ne se présenta devant lui, il resta les sens en alerte, à l’affût du moindre souffle trahissant un ennemi tapi dans les ténèbres.
C’est alors qu’il apparut. Un homme seul. Yannig ne vit pas son visage. Il ne vit que briller ses yeux dans le noir. Et pourtant, il n’était qu’à un pas devant lui. Il était différent. Différent des autres. Yannig le sentait.
Ce fut la silhouette qui frappa la première. Son uppercut envoya Yannig au sol. Mais ce soir le breton avait pris tellement de coup qu’il ne ressentait plus la douleur. Même lorsque son adversaire vint le maltraiter au sol à coups de pied, il encaissait sans ressentir la violence des chocs dans sa chair. Il parvint à arrêter la jambe en pleine course et repoussa son adversaire d’un coup de poing à l’estomac. Le breton se releva. Il tendit la main pour lancer une volée d’éclair mais la silhouette leva la main et les éclairs ne rencontrèrent que la paroi de pierre qui s’était dressée entre eux. Cette ombre possédait les mêmes pouvoirs que lui, les pouvoirs des Druides.
Le mur disparut aussi vite qu’il était apparut. L’ombre tendit les deux mains et un souffle puissant vint renverser Yannig. L’ombre bondit pour lui sauter dessus. Le breton s’écarta en roulant sur le sol. Il se releva mais ne put éviter le coup de poing qui lui percuta violement la mâchoire. Un nouveau souffle le projeta en arrière.
L’ombre mit ses mains devant lui. Elle fit apparaître une tornade dans une main et une flamme dans l’autre. Le souffle enflammé fusa vers Yannig. Le druide ne put que plonger sur le côté pour l’esquiver. L’ennemi suivait Yannig de son souffle ardent, le jeune homme dû sauter plusieurs fois pour ne pas être grillé sur place. Il devait trouvé une solution au plus vite. Un ruisseau coulait aux abords de la clairière. Yannig tendit la main vers lui. L’eau jaillit et vint arrêter un nouveau jet de flammes. Une intense vapeur se forma. Mais l’effet ne dura qu’un temps. Les flammes étaient trop intenses et le ruisseau s’assécha.
Le brécilien n’avait plus beaucoup d’option. Il réfléchit et les paroles de son grand-père lui revinrent :
« Apprend à ne faire qu’un avec les éléments. »
Il devait devenir de l’eau. Ou bien du feu. Ne dit-on pas combattre le feu par le feu ?
L’ennemi allait lancer un nouvel assaut. Yannig ferma les yeux. De toute manière, fuir ne servait à rien. Il chercha au fond de ses forces. Et il la sentit, cette flamme dans son corps. Il devait l’attiser, la faire grandir, la faire rugir.
L’ombre lança son jet de feu. Yannig ne broncha pas, il voyait les flammes se rapprochées, il en sentait déjà la brûlure. Le souffle enflammé l’enveloppa entièrement. L’ombre cessa au bout de secondes éternelles. A la place qu’occupait Yannig, il n’y avait plus qu’une braise d’où s’échappait encore des flammes. Mais la braise se releva. Le feu était comme vivant. L’être de feu s’approcha de l’ombre. Il frappa à l’estomac, pénétrant jusqu’au cœur. Dans un embrasement ardent, l’ombre disparut.
La braise s’éteignit. Et Yannig s’effondra sur le sol, éreinté par cette nuit de combat. La lumière du soleil filtrant à travers les branchages ne parvint pas à le tirer du lourd sommeil dans lequel il était tombé.
[1] L’épreuve du corps.