Wizards War
CHAPITRE VI : SIRIUS BLACK
Les jours passèrent. Ginny était sortie de l’infirmerie. La vie semblait avoir repris son cours normal. Enfin, aussi normal qu’il puisse être en temps de guerre. Ginny et Hermione se croisaient plusieurs fois par jours. C’était inévitable. A chaque fois, leurs amis présents à ces moments là retenaient leur souffle. Mais les deux jeunes femmes s’ignoraient sans démontrer aucune émotion. Ron les observa plusieurs fois sans rien dire et rien faire. Il ne pouvait rien de plus pour elles. Certains n’hésitaient pas à dire qu’outre le début manqué d’une belle histoire d’amour, c’était la fin d’une belle amitié. Personne ne savait qu’après chaque croisement, Ginny et Hermione, semblant chacune rester de glace en public, se précipitaient dans un coin isolé pour soupirer et lâcher quelques larmes.
Pour ne plus penser à Hermione, Ginny se lança à corps perdu dans l’entrainement. Elle tannait tout le temps son frère ou Tonks pour faire des duels. Alastor participa aussi un moment mais il dut s’absenter.
« Je dois me rendre à une réunion avec des membres de l’Ordre du Phénix, annonça-t-il à son équipe. J’y accompagne Kingsley et Scrimgeour. Nous devons leur faire part de ce que nous ont avoués les mangemorts capturés l’autre jour. Et il semble qu’ils aient également des nouvelles à nous faire part.
-A propos de Potter ? demanda Ron.
-Je ne sais pas mais ça m’étonnerait. Vous restez ici et vous continuez l’entrainement en attendant. Mais moins que ces derniers jours, n’est-ce pas Gin ? Il se peut qu’on parte en mission dés mon retour donc ne vous tuez pas, restez opérationnels. »
Pour se rendre à la réunion, les trois aurors utilisèrent un portoloin. Le lieu de rendez-vous, tenu secret, se situait en Irlande, dans une vieille baraque de pierre abandonnée depuis des années au milieu d’une forêt verdoyante. Lorsqu’ils arrivèrent, les trois aurors furent aussitôt encerclés. Ils ne firent pas un seul geste, connaissant la procédure dans ce genre de cas, une sécurité supplémentaire en plus du fait que le point de rendez-vous était protégé par Fidelitas.
Un homme s’avança, baguette à la main pointée sur Scrimgeour.
« Ou se trouve le secret ? exigea-t-il.
-Dans une lueur teintée de ténèbres et qu’on appelle « cœur des Hommes », répondit Scrimgeour.
-Baissez vos baguettes, ordonna-t-il à ses hommes. Bienvenu monsieur Scrimgeour. Veuillez me suivre. »
Dans la maisonnette, Scrimgeour et les deux autres aurors furent accueillis par plusieurs individus dont un homme âgé portant une robe bleue nuit et arborant une longue barbe blanche. Ses yeux étincelaient derrière des lunettes en demi-lune.
« Rufus, heureux de vous revoir, fit-il en s’approchant.
-Moi de même Albus, répondit Rufus. »
Scrimgeour alla saluer les autres personnes présentes. Albus fit de même avec Shacklebolt de manière chaleureuse. Il eut un temps d’arrêt au moment d’aller vers Alastor Maugrey.
« Bonjour Alastor, finit-il par dire.
-Albus, grogna Alastor.
-Je vois que vous êtes en forme. Comment vont les enfants d’Arthur et Molly ?
-Ils sont en vie. Mais tout comme moi, ils ont du mal à comprendre le sens de leur mission.
-C’est notre dernier espoir de vaincre Voldemort.
-La gueule de l’espoir, il a disparu il y a dix-sept ans.
-Oui, mais j’ai l’intime conviction qu’il est toujours en vie. C’est notre seule espoir. Sinon, tout est perdu.
-Vous savez ce qu’on dit Albus : l’espoir est le premier pas vers la déception.
-J’espère vous faire changer d’avis aujourd’hui, conclut mystérieusement le professeur Dumbledore. »
Les représentants des différents de résistance s’installèrent autour de la table. Du thé leur fut servit. Ce fut Albus Dumbledore qui prit la parole le premier en se levant.
« Je suis heureux de voir que vous avez répondu à mon appel, commença-t-il. Si je vous ais tous réuni ici, avec tout les risques que comportent une telle réunion, c’est pour vous faire part d’une nouvelle qui pourrait changer totalement le cours de la guerre. Nous savons comment retrouver Harry Potter. »
Quelques murmures parcoururent la tablée pour accueillir cette annonce. Alastor resta impassible. Sa voix rauque fut la première à réagir de manière tangible.
« De quelle façon ? questionna-t-il.
-Un ancien membre de l’Ordre qui avait disparu depuis dix-sept ans a repris contact avec moi, expliqua Dumbledore. Il a veillé sur Harry Potter durant tout ce temps, le cachant à nos yeux pour ne pas être de nouveau trahi.
-Je crois deviner de qui vous parlez, il est censé être mort. Au pire, c’est un traître.
-Tout comme Harry Potter devrait être mort. Sirius Black, car il s’agit bien de lui, n’a jamais trahi.
-N’était-il pas le gardien du secret des Potter ? lança Shacklebolt.
-C’est ce qui était prévu à l’origine. Mais pour faire un coup de bluff vis-à-vis de l’ennemi, Sirius suggéra de changer secrètement de gardien. Ce fut Peter Pettigrew qui le devint.
-Pettigrew a été tué par Black, avança Alastor.
-Ce que je vous dis en ce moment, seul Sirius et moi-même étions au courant jusqu’à maintenant. Peter Pettigrew était un espion à la solde de Voldemort. Il a dévoilé l’emplacement où se cachaient les Potter, causant leur mort. Sirius Black a flairé le piège, même s’il était trop tard pour James et Lily. Il a réussi à partir avec le bébé. Par la suite Voldemort a annoncé qu’il avait tué de ses propres mains tous les Potter. Mais en fait, le jeune Harry lui avait échappé. Sirius a confié l’enfant à de la famille moldue du côté de Lily. Puis il s’est occupé de Peter. Par la suite, sans rien me dire de l’endroit où se cachait Harry, ayant de lui-même jeté un enchantement de Fidelitas, Sirius veilla sur son filleul sans se dévoiler.
-Il a passé combien de temps sous sa forme de chien ?
-Des années. Et il y a quelques jours, Sirius a repris contact avec moi. Il sait qu’il ne pourra plus cacher à son filleul sa véritable identité très longtemps.
-Où est-il ?
-Sirius ne m’a rien dit pour le moment. Il se montre prudent. C’est pourquoi, je tenais à ce que vous soyez présent Alastor. Depuis le temps que vous et votre équipe cherchez Harry Potter, je pense qu’il est normal que ça soit vous qui vous chargiez de sa récupération.
-Et après, on vous le livre où ?
-Je pensais vous le faire garder un moment. Le temps que nous sécurisions totalement l’Ordre. J’en ais déjà parler à Sirius. Il vous fait confiance. Rufus, qu’en pensez-vous ?
-Je suis d’accord sur le choix d’Alastor pour mener cette opération, fit Rufus. Enfin, s’il l’accepte.
-Que voulez-vous que je réponde ? cracha Alastor. J’ai déjà accepté la tâche de rechercher sans aucun indice valable votre sauveur hypothétique. Cela conclura la mission. Ne comptez-pas sur moi pour jouer les nounous ensuite. Je vous le récupère, et après, bon débarras.
-Bien, donc nous sommes d’accord, conclut Albus. Sirius vous contactera prochainement. »
Alors que les aurors s’apprêtaient à prendre congé, Albus Dumbledore s’approcha de nouveau de son ancien ami.
« J’ai appris pour Mondingus, dit-il.
-Que voulez-vous Albus ? fit Alastor. Que j’exprime des regrets ?
-Peut-être était-il innocent.
-Quand bien même, la survie de plusieurs personnes en dépendait. Je n’ai aucun regret de l’avoir tué.
-Les erreurs qu’il a faîtes ne méritaient certainement pas la mort.
-Ginny a failli se faire tuer à cause de lui. Cette raison me suffit. Ne cherchez pas à me culpabiliser Albus. Je ne pense pas avoir besoin de vous rappeler que nous sommes en guerre. Vous pourrez prendre le temps de pleurer si nous parvenons à la victoire. »
De retour au cloître, Alastor réunit son équipe.
« La réunion a été courte ! s’exclama Tonks.
-Désolé d’avoir coupé court à tes projets romantiques avec Remus, lança Alastor.
-Bah ! A moins qu’on parte tout de suite, je pense quand même pouvoir dîner avec lui ce soir. Voir passer une bonne nuit.
-On verra. Ce que je vais vous dire ne doit pas transpirer à l’extérieur de cette pièce. Pas avant que la mission ne soit conclu. Albus Dumbledore a été contacté par Sirius Black. »
Devant les mines surprises de ses équipiers, Alastor continua, leur rapportant tout ce que Dumbledore avait raconté. Les trois jeunes gens furent surpris de ces révélations.
« Donc il est bien vivant, dit Ron. Et dire que je me disais que nous agissions pour rien jusqu’à maintenant.
-Rien n’est encore prouvé, tempéra Alastor. Dumbledore a toujours été trop prompt à faire confiance aux autres. Je vais tenter d’entrer en contact avec Sirius Black par le moyen donné par Dumbledore. En attendant, stand by. »
Le moyen donné par Dumbledore était un miroir à double-sens. Il avait appartenu à James Potter. Lorsque celui-ci fut tué, Sirius Black le récupéra. Il l’avait envoyé par hibou à Dumbledore récemment. D’après ce qu’avait expliqué le vieux professeur, il suffisait à Alastor de prononcer le surnom de Sirius Black utilisé par ses amis pour lancer l’appel.
« Patmol, grogna Alastor. »
Le reflet se troubla, se déforma, et un autre visage apparut. Il était maigre et sale. Son regard était plus animal que dans le souvenir d’Alastor. Sûrement dut aux années passées plus sous sa forme de chien que d’humain.
« Alastor, aboya presque Sirius. C’est donc toi que Dumbledore a désigné pour cette mission.
-Disons plutôt que je suis le seul assez idiot pour le faire, répliqua Alastor. Mais je te le dis tout net : je n’ai aucune confiance en toi et je ne crois pas en la survie d’Harry Potter. Il va falloir me prouver que tu n’es pas un traitre et que tu ne nous mènes pas en bateau.
-Pour cela, il faudra que tu me rejoignes. Je te montrerais Harry et tu pourras juger part toi-même.
-Et si c’est un piège, les mangemorts aimeraient bien me mettre le grappin dessus.
-Sûrement pour ton sens de l’humour. Ecoute, tu n’as qu’à fixer le point de rendez-vous. Je pourrais te jurer de venir seul mais je comprends que tu ne me fasses pas confiance. Mais en choisissant où on se retrouve, tu pourras prévoir tout le dispositif de sécurité que tu juges
nécessaire. Tu me donneras l’endroit au moment où tu veux que je vienne. Je serais là dans la foulée. Si je mets plus d’une minute, tu n’auras qu’à partir. »
Alastor réfléchit. Ce que proposait Sirius n’éliminait pas le risque mais le diminuait assez selon les critères de l’auror. Après tout, ils étaient en guerre donc, se cacher en espérant voir les risques disparaître d’eux-mêmes ne servait à rien.
« Je te recontacte, acquiesça Alastor. »
Il ne lui restait plus qu’à choisir un endroit qui leur donnerait l’avantage en cas de traquenard. Heureusement, vieille habitude de paranoïaque, il en avait plusieurs en stock. Son équipe serait avec lui, et il demanderait à Scrimgeour d’en avoir deux autres en renfort. Vu l’importance de la mission, il n’y avait aucune raison qu’il refuse.
Alastor fit attendre Sirius Black durant deux jours. Il avait choisi les abords d’un hameau abandonné depuis des décennies. Les aurors des trois équipes qui l’accompagnait étaient cachés dans les maisons et la proche forêt, baguette à la main. Seul Tonks resta auprès de son mentor. Une fois que tout le monde fut en place et paré, Alastor sortit le miroir.
« Patmol, dit-il.
-J’attendais ton appel Alastor, fit Sirius.
-Lettry-sur -Souche, fit simplement Alastor, coupant immédiatement la communication. »
Alastor compta les secondes dans sa tête. S’il atteignait soixante, il transplanerait, donnant le signal aux autres de quitter la zone. Mais au bout de vingt secondes, un claquement de fouet annonça l’arrivée de Sirius Black. Tonks et Alastor le mirent tout de suite en joue. Sirius leva les mains en l’air en signe de paix. Ils attendirent immobile durant plusieurs minutes, scrutant le moindre bruit. Tonks alla le fouiller, elle lui prit sa baguette.
Alastor prit le temps de dévisager Sirius. Il était encore plus maigre et misérable que ce que laissait entendre l’image dans le miroir. Ses cheveux sales tombaient jusqu’aux épaules. Il avait visiblement récupéré ses vêtements dans une poubelle, ils étaient dans un état presque aussi lamentable que lui et pas de la bonne taille. Malgré tout, Sirius sourit à Tonks.
« Es-tu la fille de Ted et Andromeda ? fit Sirius. Tu as bien grandi, la dernière fois que je t’ai vu, tu devais avoir sept ans. Ta mère était une grande amie en plus d’être la seule cousine que j’appréciait.
-Je ne me souviens plus très bien. Ma mère me parlait de vous, avant d’être tuée, dit Tonks. Elle vous appréciait aussi.
-Inutile de me vouvouyer. Nous sommes cousins.
-Quand vous aurez fini votre réunion de famille, vous me préviendrez, cracha Alastor.
-Toujours aussi agréable, sourit Sirius d’un air goguenard. Tu as choisi cet endroit pour quoi ? Parce que c’est le dernier endroit où on s’est vu ?
-Pour des raisons tactiques uniquement. Que peux-tu me dire sur Harry Potter ?
-Il a grandi protégé par un Fidelitas que j’ai mis en place. J’en suis le gardien, la seule personne qui peut te mener à lui. Il a vécu chez de la famille du côté de Lily jusqu’à ces quinze ans. Puis, il y eut un problème. Ça ne se passait pas bien mais au moins il avait un toit et des repas chauds. Il a fugué. Son oncle et sa tante ne pouvait pas lancer d’avis de recherche à cause du Fidelitas. De toute façon, je pense qu’ils ne voulaient pas le retrouver. Depuis, il erre dans tout le pays. Je le suis sous forme de chien.
-Que lui as-tu appris en magie ?
-Je n’ai rien pu lui apprendre. Il ne me connait que sous ma forme canine. Il lui arrive de faire de la magie incontrôlée.
-Pourquoi ne lui as-tu rien appris ?
-Je ne voulais qu’il soit impliqué dans cette guerre. Ça peut paraître égoiste mais je voulais que la seule chose que James et Lily aient laissé ne disparaisse pas dans une bataille contre Voldemort.
-Ce n’est pas à toi de décider. Tu aurais dû lui laisser le choix.
-Je sais. Il me parle parfois, même si je suis en chien. Il me livre ses peurs, ses angoisses. Il ne comprend que tout le monde fasse comme s’il n’était pas là. Mais c’est simplement dû au Fidelitas. Et dernièrement, il m’a fait part de son envie de savoir d’où il venait. Il compte retourner chez son oncle et sa tante pour leur poser des question. Je me suis dit qu’il valait mieux tout lui avouer. Mais je veux être sûr qu’il soit protégé.
-Dumbledore et Scrimgeour y tiennent. Je suis un simple soldat, j’obéis aux ordres. Je te suis, mais pas d’entourloupe sinon je n’hésiterais pas à te tuer.
-Bizarre que tu me fasses confiance aussi vite.
-Qu’est-ce que tu crois ? Je ne te fais pas confiance aveuglément, finit Alastor en sortant un scrutoscope de sa poche. »