Harry Potter et le secret du Graal

Chapitre 23 : Chapitre 21 : Sacrifices et regrets

Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/07/2008 15:17

 

Harry Potter et le secret du Graal

 

Chapitre 21 : Sacrifice et regrets

 

 

 

 

 

Le petit matin se levait à peine tandis que l'ordre du phoenix ramenait tout le monde à Camelot. Le froid commençait à être moins prenant, annonçant l'approche du printemps. Mais personne ne le remarqua. Remontant jusqu'au château le groupe des chevaliers et des sorciers avait l'air plutôt morose. De tous, Harry arborait sans nul doute l'air le plus absent. Depuis qu'ils avaient franchi la porte de Rogue, qu'ils avaient retraversé le village puis qu'enfin ils transplannent, il ne cessait de revoir la lame d'Excalibur se briser. Profondément choqué, il ne comprenait plus comment tout cela était arrivé. Accrochée à son bras, Ginny ne savait plus quoi faire pour essayer de le redescendre sur terre. Elle se contentait de lui prodiguer un peu de douceur en lui caressant les cheveux et le dos.

Les lourdes portes du château s'ouvrirent dans un bruit qui se répercuta dans le grand hall désert. Le professeur McGonagall se tourna vers les jeunes sorciers.

 

« Il serait préférable d'aller vous coucher quelques heures. Nous ferons le point sur les évènements de cette nuit plus tard. Miss Lovegood, étant donné que plus aucun autre élève n'est présent, je préfère que vous alliez dormir dans la chambre des filles de Gryffondor avec miss Granger et miss Weasley. Les elfes de maison vous apporteront vos affaires. »

 

Sans dire un mot, Hermione, Ron, Ginny, Neville et Luna s’avancèrent vers les escaliers puis stoppèrent en constatant que Harry n’avait pas bougé. Celui-ci se dirigea vers le roi Arthur.

 

« Par pitié, dites-moi qu’elle peut être réparée. Je vous en supplie. »

 

Arthur posa une main sur l’épaule de Harry avec un regard triste.

 

« Oui, elle peut l’être Harry. Mais il y a bien des choses qui seront plus difficiles à réparer.

_ Je regrette… je regrette tellement…

_ Je sais mon jeune ami. Mais je vous sais capable de transformer ces regrets en une nouvelle force lorsque le moment sera venu. Maintenant allez prendre un peu de repos et dormez en paix. »

 

Les six adolescents montèrent les marches et se rendirent dans la salle commune. Harry semblait un peu plus apaisé mais il restait inquiet. Excalibur serait reforgée, Govannon s’en occuperait sûrement. Mais les réponses du roi n’avaient pas apaisé complètement le tourment de Harry. Il sentait que réparer l’épée légendaire ne serait pas aussi simple.

Les autres ne se sentaient pas plus l’envie que lui de discuter ce soir. Ils montèrent tous les six dans le dortoir des garçons sans s’être concertés. Aucun d’eux ne voulaient quitter les autres en ce moment. Les filles firent un bref détour vers leur chambre pour se changer puis rejoignirent les garçons dans leurs lits respectifs. Hermione, Ron, Luna et Neville s’endormirent très vite. Ginny aussi serait bien tombée dans le sommeil avec rapidité si Harry n’était pas aussi nerveux. Elle se redressa légèrement et le regarda droit dans les yeux. Les faibles rayons du soleil levant illuminaient sa chevelure et Harry crut voir deux ailes d’oiseau enflammées encadrer son doux visage. Elle s’approcha de lui et ils échangèrent un baiser passionné. Ginny posa la tête sur le torse de Harry et le sommeil l’emporta enfin. Harry sentait son souffle léger et chaud sur sa peau et il se perdit dans la contemplation de son visage serein. Malgré sa fatigue et ses dernières émotions, il ne put détacher son regard du visage de Ginny jusqu’à ce que Hermione se réveille bien des heures plus tard.

Les adolescents se réveillèrent ensuite rapidement. La faim commençait à les tirailler et ils furent contents de constater, une fois dans la grande salle, que le petit déjeuner avait l’air copieux. Au vu du peu de personnes qui restait à l’école, tout le monde mangeait à une grande table. Hermione s’inquiéta un peu d’une telle profusion de nourriture et demanda ce dont il retournait au professeur Lupin, assit à côté d’elle.

 

« Je n’en sais rien, Hermione. C’est le roi Arthur qui a prit cette initiative. Ainsi que d’autres. Mais j’avoue que cela fait du bien après le repos trop rapide que nous avons pris cette nuit. »

 

Personne ne semblait en savoir plus. Au bout de la table, Hagrid et Govannon, devenus inséparables, mangeaient sans retenue en riant très forts. Harry remarqua que la plupart des chevaliers et même le roi Arthur s’esclaffaient avec eux.

Bien qu’ignorant toujours ce qui mettait ainsi les chevaliers de si bonne humeur, Harry se sentit beaucoup mieux tout au long de ce qui restait de la journée. Govannon s’était mit au travail presque aussitôt dans une salle spécialement aménagée pour lui et ses coups de marteau s’entendaient dans une grande partie du château déserté. Les adolescents furent heureux de se retrouver dans le bureau de la directrice où le bruit de l’instrument était moins audible. Arthur, Gauvain, Lancelot et Perceval étaient là pour représenter la table ronde. Maugrey, Lupin et Tonks étaient aussi présents pour le compte de l’ordre du phoenix. Le professeur McGonagall ouvrit la réunion en parlant un peu plus fort que d’habitude pour couvrir les bruits de marteau.

 

« Bien, maintenant que tout le monde est là, résumons la situation. Nous sommes tous d’accord pour dire que la visite chez Severus Rogue était plutôt un échec. Il est vrai que la seule chose qu’il ait pu nous dire, nous le savions déjà. A l’heure qu’il est, le dernier horcruxe doit être entre les mains de Voldemort.

_ Nous avons tout de même appris ce qui s’était vraiment passé sur la tour d’astronomie, fit Tonks.

_ Je ne sais pas, intervint soudain Harry. Je ne sais pas si Dumbledore n’aurait pas pu trouver un autre moyen de s’en sortir. »

 

Harry ne parlait pas d’une voix coléreuse. Son regard était sombre mais il semblait avoir compris la leçon sur ce que pouvait apporter la haine. Les coups de marteau qui résonnaient dans le couloir se seraient chargés de le lui rappeler de toute façon.

 

« Je crois que vous manquez encore un peu de jugement en ce qui concerne la notion de sacrifice, mon jeune ami, intervint le roi Arthur. C’est un acte noble car celui qui le commet entend mener à bien quelque chose de plus grand que lui, quelque chose qui le dépasse. Bien que je n’ai pas connu ce Dumbledore, les portraits que l’on m’a dressé de lui semble aller dans le sens de l’explication que nous a donné le dénommé Rogue. Il a préféré sacrifier sa vie pour vous laissez continuer votre quête.

_ Mais pouvons-nous avoir confiance en ce que prétend Severus ? Demanda Maugrey qui semblait enclin à appuyer l’hypothèse de Harry.

_ Je crois que oui, reprit McGonagall. Severus nous a toujours fournit de bons renseignements. Il me semble logique que Dumbledore ait préféré le sauver de son serment inviolable, même si j’ai encore des difficultés à l’accepter.

_ Il faut donc aussi admettre qu’il s’agissait du vœux de l’illustre Dumbledore de continuer à utiliser les informations de ce Rogue, déclara Perceval. Il me semble évident qu’il nous faille reprendre contact avec lui.

_ Je le crois aussi, approuva Lupin.

_ Mais est-ce que nous serons jamais sûrs que Rogue ne joue pas un double jeu ? Intervint soudain Ron. »

 

Ron avait toujours été un farouche partisan d’une entente contre Rogue. Mais le silence qui se fit dans la salle à ce moment là prouvait qu’il n’était pas le seul à remettre en cause l’intégrité de l'ancien maître des potions. Même Hermione ne le reprit pas alors qu’elle avait toujours plus ou moins soutenu Rogue contre Harry et Ron. McGonagall reprit :

 

« Je crois que la mort brutale de Dumbledore nous a tous marqué profondément au point que nous ne pouvons plus faire totalement confiance à Severus. Néanmoins, il reste un point à ne pas négliger.

_ La confiance absolue que Dumbledore portait à Rogue, fit Harry qui y pensait aussi depuis un moment.

_ Oui. Nous ne savons toujours pas pourquoi Dumbledore lui portait une telle confiance. Mais si ce qu’il nous a dit sur les événements de la tour d’astronomie est vrai, alors nous devons en conclure que Dumbledore ne s’était pas trompé.

_ Sont-ils vrais ? Là est tout le problème, fit Maugrey d’un ton bourru.

_ Je crois que nous devons l’admettre, intervint alors Lupin. Nous savions tous que Dumbledore ne craignait pas la mort. Donc les supplications qu’il a lancé n’étaient pas pour que Rogue l’épargne. »

 

Toutes les personnes présentent dans le bureau se turent le temps que l’effroyable vérité entre dans leurs esprits. Pendant quelques minutes seuls les coups de marteau pouvaient être entendus comme si Govannon reforgeait Excalibur dans la même pièce qu’eux. Puis McGonagall s’exclama :

 

« Bien, je reprendrai donc le contact avec Severus. Nous pouvons encore communiquer avec les moyens de l’ordre. Si vraiment Dumbledore voulait qu’il continue sa mission, il les aura gardé. Je crois qu’il est temps de passer à la suite du problème. A l’heure actuelle, il nous manque toujours un horcruxe. Puisque nous avons convenu que Rogue ne nous a pas trahit, nous devons aussi convenir qu’il ne sait réellement pas ce qu’est ce dernier horcruxe ni comment procéder à sa destruction.

_ Pourtant Regulus Black nous avait clairement désigné Rogue comme étant celui qui savait quelque chose sur cet horcruxe, fit Ginny.

_ Il n’avait peut être que des soupçons à son propos, déclara Hermione. Comme c’était celui qui lui avait parlé des horcruxes, Regulus a dû supposer qu’il les connaissait tous. Ou peut être comptait-il simplement allait lui demander.

_ C’est très possible en effet, approuva Lancelot. La question est donc de savoir ce qu’il nous reste comme solutions pour découvrir ce dont il s’agit.

_ Encore une fois, nous savons que c’est soit un objet ayant appartenu à Gryffondor, soit un objet ayant appartenu à Serdaigle, reprit Ginny. Mais la seule relique connue de Gryffondor est son épée qui est ici même.

 

Harry leva les yeux vers l’épée accrochée au mur. Il réfléchissait tout en espérant que la lame étincelante lui donnerait une idée. Bien que les coups de marteau ne l’aidaient pas, il en eut une.

 

« Connue oui, c’est aussi un problème, conclut-il. Et si l’objet de Gryffondor en question était justement un objet inconnu que seul Voldemort ait jamais vu ?

_ C’est aussi une possibilité oui, approuva Lupin. Mais c’est toutefois peu probable. Les reliques des quatre fondateurs de Poudlard sont extrêmement rares. Il est déjà assez incroyable que Voldemort ait réussi à en trouver une de Serpentard et une de Poufsouffle. Il est fort peu possible qu’il ait trouvé une autre relique de Gryffondor alors que nous en avons déjà deux.

_ Deux ? S’étonna Neville.

_Oui deux. L’épée et le choixpeau magique. A l’origine, c’était le chapeau de Gryffondor, souvenez-vous. Mais Voldemort n’aurait pas pu y cacher un morceau de son âme, ajouta-t-il rapidement alors que tous les regards se portaient sur le choixpeau. Le sort que Gryffondor à lancé sur ce chapeau est trop puissant pour lui. Et même s’il y était parvenu, cela aurait forcément altérer le comportement du chapeau et nous l’aurions vu tout de suite.

_ Il est donc plus probable que le dernier horcruxe soit dans un objet ayant appartenu à Serdaigle, c’est ça ? Fit Luna d’une voix presque éthérée.

_ Tout à fait.

_ Mais c’est impossible alors. Rowena Serdaigle a vu tous ses biens être emportés par une bande de Grévilliens chapardeurs. A la fin de sa vie, elle était aussi pauvre qu’un mendiant. »

 

Tonks sembla vouloir dire quelque chose mais aussitôt Hermione et Ginny fondèrent sur elle pour qu’elle se taise en ayant beaucoup de mal, tout comme Harry Ron et Neville, de se retenir de rire faces aux regards perdus que McGonagall, Maugrey Fol’œil et Lupin posaient sur Luna aussi tranquille que si elle prenait le thé.

 

« Hum… oui… bon… reprenons notre sérieux je vous prie, fit McGonagall. »

 

Harry, Hermione, Ron, Ginny et Neville se calmèrent et se re-concentrèrent sur la question qui les occupait.

 

« Bon, il faut à tout prix que nous découvrions cet objet… à qui qu’il ait pu appartenir. Car ensuite, il faudra trouver le moyen de le détruire.

_ Cette partie là sera plus facile, assura Ron. Une fois que l’on connaît l’objet, il suffit de savoir comment s’en servir pour récupérer le morceau d’âme qui y est caché.

_ Et comment utilise-t-on un serpent d’après toi ? »

 

La réplique d’Hermione fit à nouveau le silence (si l’on excepte les coups de marteau) dans le bureau. Mais Harry le rompit vite.

 

« Je ne pense pas que Voldemort se soit encore servit d’un animal. Il serait trop facile de le tuer et, de toute façon, à part son serpent, il ne garde aucune créature près de lui. Ce doit être un objet.

_ Mais imaginons que cet objet ne soit pas utilisable, fit Gauvain. S’il s’agissait d’un objet décoratif comme une statue par exemple, comment alors faire sortir l’âme de ce vil personnage.

_ Il existe un moyen de récupérer des âmes dans ce genre d’objet mais je crois que c’est à exclure également, expliqua Maugrey. C’est un procédé très compliqué et très difficile. Jusque là, Voldemort semble vouloir pouvoir récupérer son âme assez vite s’il y était forcé. Il est donc probable qu’il ait choisit un objet que l’on peut facilement utiliser. Du moins une fois que tous ses pièges ont été déjoués.

_ Cela semble logique, en effet.

_ Voldemort n’aurait-il pas déjà pu récupérer son âme dans le dernier horcruxe ? Demanda Neville

_ C’est une possibilité oui, répondit Lupin. Mais je ne pense pas non plus que ce soit le cas. Maintenant qu’il a repris l’objet en question, il doit le conserver près de lui et il le croit donc en sécurité. Il n’est donc pas forcé de l’utiliser.

_ Ne va-t-il pas en profiter pour le cacher ailleurs ? Demanda Perceval.

_ Pas avec l’ordre du phoenix et le ministère qui le cherchent partout, intervint McGonagall. Ce serait prendre un très gros risque de nous montrer sa cachette.

_ Donc on sait que le dernier horcruxe est entre les mains de Voldemort, reprit Ron, qu’il n’a pas l’intention de s’en séparer et l’on suppose fortement que c’est un objet appartenant à Serdaigle. Nous n’avons pas avancé.

_ Eliminer ce qui n’est pas la vérité permet déjà de la débarrasser de biens des zones d’ombre, lui répondit Arthur. Il faut être précis dans ce que nous allons chercher.

_ Tout de même, on savait déjà un peu tout ça et on a rien de vraiment sûr.

_ Oui mais même Dumbledore avançait aussi grâce à des hypothèses, répliqua Harry. Je suis sûr que l’on peut déjà faire quelque chose avec ce que nous avons.

_ Comme rechercher ce que Serdaigle a bien pu posséder d’utile, ajouta Tonks.

_ Mais puisque je vous dis qu’elle n’avait plus rien, fit Luna étonnée de constater que si peu de gens écoutaient la voix de la raison.

_ Et nous devons également trouver la cachette de Voldemort puisque c’est là que tout se jouera, apparemment, conclut McGonagall. »

 

Tous les protagonistes de la réunion se levèrent, prêts à faire de nouvelles recherches lorsque le professeur Flitwick entra en faisant léviter un énorme paquet.

 

« Ils sont arrivés Minerva !

_ Magnifique ! S’écria la directrice par dessus le bruit du marteau répercuté par les escaliers. Je ne vous retiendrais pas plus longtemps chers chevaliers, pas plus que vous Maugrey et Tonks. Vous, restez ! »

 

Les adolescents ne bougèrent pas. McGonagall attendit que les chevaliers et les membres de l’ordre s’en aille pour rester avec les jeunes sorciers, Lupin et Flitwick.

 

« Posez-les ici s’il vous plaît. »

 

Le minuscule professeur posa le paquet au pied du bureau. La directrice l’ouvrit et en sortit un livre avec une couverture vert feuillage portant l’emblème de Poudlard. Les yeux d’Hermione brillèrent comme à chaque fois qu’elle découvrait un livre qu’elle ne connaissait pas encore.

 

« Ils m’ont l’air parfait, déclara McGonagall en feuilletant l’ouvrage. Venez jeunes gens, et prenez en un chacun. Miss Weasley et miss Lovegood, prenez ceux à la couverture rouge je vous prie. »

 

Les adolescents obéirent, Hermione en tête. Harry regarda le titre :

 

« Manuel d’éducation magique à distance »

 

« Quoi ? Des devoirs ? S’exclama Ron.

_ Les directeurs de maison et moi-même avons jugé que, malgré les nouvelles protections de Camelot, il n’était pas prudent pour le moment de faire revenir les élèves, expliqua la directrice. Nous avions conçu depuis quelques temps ces livres qui nous permettraient de continuer à enseigner en ces temps menacés. Plus que jamais, les jeunes sorciers doivent apprendre à se débrouiller par eux-mêmes, et en particulier pendant son année d’ASPIC, Mr Weasley.

_ Justement, je pensais que contribuer à sauver le monde nous permettrait d’être exempté d’examen.

_ Tais-toi Ron ! Répliqua Hermione qui dévorait déjà le premier chapitre.

_ De toute façon, je ne crois pas que Voldemort soit habilité à être correcteur d’examen, fit Luna d’une voix lointaine tandis qu’elle se perdait dans la contemplation de la couleur de la couverture. »

 

Tout le monde pouffa de rires. Harry consulta le sommaire de son livre et se rendit tout de suite au chapitre sur la défense contre les forces du mal. Il connaissait déjà au moins les trois quart du programme sans difficulté. Cela allez lui laisser beaucoup de temps pour se renforcer dans les autres matières. Il consulta également le livre de Ginny. Luna et elle étaient déjà en avance sur le programme de défense.

 

« Je vous conseille de commencer tout de suite, reprit McGonagall. Nous ne savons pas ce qui nous attend et quand vous pourrez à nouveau travailler tranquillement. »

 

Les jeunes sorciers s’en allèrent pour retrouver la salle commune de Gryffondor. Ils se hâtèrent de monter les escaliers tant le bruit du marteau devenait insupportable.

Le reste de leur après-midi se passa dans les devoirs. Ron avait grommelé un peu au début mais il avait finalement tout autant envie que les autres d’en savoir plus sur la défense contre les forces du mal qui ne leur serait pas inutile. Lupin, qui n’avait pour le moment rien d’autre à faire, vint les aider à travailler. Grâce aux conseils du professeur, ils progressaient très vite.

La soirée arriva rapidement et les adolescents s’apprêtaient à aller prendre leur repas lorsque les coups de marteau cessèrent.

 

« Enfin ! S’exclama Hermione qui avait eu du mal à se concentrer tout l’après-midi.

_ Govannon a finit, ajouta Ron.

_ Allons-le voir, proposa Ginny. »

 

Les autres acquiescèrent et sortirent de la salle commune. Ils se dépêchèrent de se rendre jusqu’à la forge aménagée pour Govannon et ne furent pas surpris d’y retrouver les chevaliers au grand complet ainsi que McGonagall et Lupin. Par contre, Harry remarqua immédiatement leurs visages défaits et se demanda ce qui n’allait pas.

 

« C’est terminé ? Demanda-t-il au roi Arthur.

_ En effet Harry. Notre ami a achevé son travail.

_ Cela n’a pas l’air de vous réjouir, constata Luna, toujours aussi prompt à une franchise gênante.

_ Je sais jeune fille. Mais voyez vous, il existe une part de la légende que je ne vous ai pas encore conté. Je crois qu’il faut que je vous en parle avant que nous n’entrions. »

 

Les chevaliers poussèrent un soupir qui semblait être de tristesse et Harry ne comprenait plus rien à ce qui arrivait. Le roi Arthur reprit :

 

« Govannon a forgé Excalibur il y a bien longtemps. Mais créer un objet d’une telle puissance demande énormément d’énergie. Tout comme le fait de la réparer. A une époque, j’ai fait la même erreur que vous Harry. Aveuglé par la haine, j’ai frappé quelqu’un que je n’aurai pas dû et la lame d’Excalibur s’est brisée. Govannon l’a reforgé une première fois. A la suite de cet incident, Merlin a fait une prédiction. Lorsque la lame serait brisée une seconde fois, celui qui la réparera ne pourrait survivre à la tâche. »

 

Harry fut frappé d’horreur et s’inquiéta soudain que le forgeron légendaire ne soit pas déjà sortit de la forge.

 

« Ce… ce n’est pas possible.

_ Hélas c’est bien le cas. Mais il ne serait pas bon de trop vous tourmenter à ce propos Harry. Tout comme votre ami Dumbledore, le choix de Govannon était fait depuis bien longtemps. Bien avant même que je ne brise Excalibur pour la première fois. Rappelez-vous, Harry ! Ceux qui se sacrifient espèrent atteindre un but par leur acte. Govannon aurait reforgé Excalibur. Toute l’assemblée de la table ronde n’aurait suffit à l’en dissuader et même si nous avions dû utiliser la force.

_ Mais à quoi cela a servit ? Demanda Harry essayant de contrôler tant bien que mal ses émotions.

_ A la même chose que lorsque cela m’est arrivé. Après le choc que j’ai ressenti en ne tenant plus que la moitié d’une épée dans les mains, je ne me suis plus jamais laissé aller à utiliser les pouvoirs d’Excalibur pour la vengeance, même dans certains cas où elle m’aurait été très utile. Cette épée m’a été confiée pour des raisons bien précise. Finalement je ne suis que son serviteur. Vous aussi Harry votre tâche est bien particulière. Et cet après-midi, à la réunion, j’ai bien vu que vous n’attachiez plus d’importance qu’à ce qui compte pour votre mission. Cet acte malheureux vous a rendu plus fort Harry. C’est une épreuve douloureuse mais nécessaire.

_ Je n’ose y croire.

_ Il le faudra pourtant mon jeune ami. Sans cela je me refuse à ouvrir cette porte. Vous devez accepter la réalité et comprendre que tout cela était prévu.

_ Prévu ?

_ Je vous l’ai dit, Merlin l’avait prédit. Govannon le savait et il n’a pas chercher à se défiler. Vous ne devez pas vous sentir responsable de ce qui est arrivé. Cela a été décidé et accepté par d’autres que vous. Bien sûr, cela n’enlève rien à la cruelle absence d’un ami. Mais il n’est pas besoin d’en rajouter d’avantage. Alors ? J’ouvre ? »

 

Harry se sentait effrayé de ce qu’il verrait derrière la porte. Et bien qu’il ait compris chacun des mots du roi, il redoutait l’ouverture de cette porte. Mais s’il s’agissait d’une épreuve, il ne voulait pas reculer.

 

« Oui ! »

 

Arthur ouvrit et s’engouffra dans la pièce. Les chevaliers et les sorciers le suivirent. Bien qu’il s’y soit attendu, Harry sentit l’effroi enserrer son cœur à la vue du corps inanimé du forgeron au sol. Arthur était déjà penché sur Govannon et murmura :

 

« Merci pour tout, mon ami. »

 

Le roi reposa respectueusement la tête du forgeron. Ginny se jeta dans les bras de Harry, ne pouvant retenir ses larmes. Celui-ci posa machinalement les mains sur son dos et sa chevelure flamboyante mais il était incapable de faire tout autre geste. Etait-ce par sa faute que Govannon était mort ? Parce qu’il n’avait pas su contrôler sa colère ? Ou bien était-ce quelque chose qui lui échappait complètement comme le lui avait dit le roi Arthur ? Etait-ce vraiment sensé le rendre plus fort ? Comment ? En lui apprenant qu’un acte haineux avait toujours des conséquences terribles ? Il lui semblait l’avoir toujours su. Mais il comprenait maintenant que même s’il n’aurait jamais démenti ce genre d’affirmations auparavant, l’expérience qu’il venait de vivre n’était rien comparé à ce qu’il aurait pu imaginer comme conséquence.

Il resserra son étreinte sur Ginny. Tandis que McGonagall faisait apparaître une civière. Escortée par Perceval et Bohort, elle fit sortir le corps du forgeron légendaire de la pièce.

 

« Où l’emmènent-ils ? Demanda Hermione, les yeux pleins de larmes.

_ Govannon a souhaité être inhumé dans les souterrains du château. Il reposera sous Camelot, lui répondit Yvain. »

 

Une fois le corps du forgeron partit, Harry reporta son regard sur Arthur. Celui-ci s’approcha de l’âtre où un feu mourrait peu à peu. Sur le côté était posée une grande bassine d’eau d’où dépassait le pommeau d’Excalibur. Arthur brandit l’épée, plus belle et plus étincelante que Harry ne l’avait jamais vue.

Laisser un commentaire ?