Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

Chapitre 12 : XII L'Eldyr

2855 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:27

           CHAPITRE XII : L’ELDYR

 

           Hector Guillou avait les mains liées. Il aurait voulu faire plus pour préparer le monde au conflit qui menaçait, mais tant que le conseil de sécurité de l’ONS refusait de prendre la menace au sérieux, ces capacités demeuraient limitées. Du moins du côté moldu. De ce côté du monde, il ne pouvait que prévenir les différents services secrets terriens de la menace en précisant que la mise en alerte des forces armées ne pouvaient être effectuée pour le moment.

           Du côté du monde de la Magie, sa marge de manœuvre était plus grande, la commission sécuritaire de la CIMS ayant déjà accepté la menace et l’ayant soumis à l’assemblée plénière sous le sceau du secret malgré tout, attendant la décision finale de l’ONS pour révéler la menace au grand jour. Les services compétents des différents Ministères de la Magie furent tous prévenus, l’information circulant sous la protection d’un Fidelitas. Les Oubliators, la Police Magique, les départements anti-mages noirs, tous étaient dorénavant au courant de l’épée de Damoclès qui approchait.

           La Nation Vampire se tenait d’ores et déjà prête. Assya Sornas avait convaincu les autres chefs de clan à se tenir sous une seule et même bannière au côté des Humains et des autres Peuples Magiques. Le Patron prenait les devants en contactant certaines populations sorcières qui demeuraient en marge des Ministères officiels. Les Dragoniars, bien qu’éparpillés dans le monde depuis le 20ème siècle, restaient unis les uns aux autres. Avant même de contacter ceux qui dirigeaient ce peuple, le Patron savait qu’il pourrait compter sur leur concours. L’Honneur demeurant la valeur la plus importante chez eux.

           Hector Guillou contacta d’autres peuples sorciers : les Chevaucheurs de dragons de Scandinavie, les Dresseurs de démons de Roumanie, les Ninjas-Shugenjas du Japon vivant en marge du reste de la société magique japonaise, l’Assemblée des Druides celtes, les Gardiens du Rêve en Australie, les tribus sorcières de l’Amazonie, et bien d’autres. Certaines avaient répondu très rapidement par l’affirmative.

           Mais tout cela demeurerait vain si l’ONS ne prenait pas la menace au sérieux. Le départ des martiens et des spatiaux n’avaient rien changé. Certains états y voyaient même une affabulation ayant pour but une sécession totale entre la Terre et Mars. Il fut même rapporté au Patron que certains parlaient en privé d’opérations militaires pour reprendre les colonies indépendantes.

           Ce n’était pas la menace d’une nouvelle guerre coloniale qui effrayait Hector Guillou. Pour lui, la menace principale restait une attaque prochaine des Dæmons. Les Anges, avec le concours des armées des Colonies Flottantes, recherchaient les légions ennemies. Pour le moment, malgré la présence des Anges, l’existence du monde de la Magie demeurait secrète. Seules quelques personnes en plus furent mises au courant. Le tout était chapeauté par les antennes locales de la DE.

           Mais cela ne serait pas suffisant en cas de guerre totale. Un nouveau message arriva avant que le Patron ne se décide à partir pour le siège de l’ONS. Les armées des Colonies Flottantes de Vénus venaient d’augmenter leur niveau d’alerte. Tout le système solaire était en vigilance. Seule la Terre demeurait inconsciente du danger. Le Patron espérait que la sortie des Eldars de leur isolement allait changer ça.

           Hector Guillou venait à peine de sortir de son bureau quand Ekaterina Pardopoulos l’appela sur son portable de service.

« Patron, il faut que vous veniez au bocal, on a du mouvement, annonça-t-elle.

-J’arrive immédiatement, assura-t-il. »

Le Patron se rendit immédiatement au poste de l’équipe Pardopoulos. La chef de l’équipe IS était penchée au dessus de l’épaule de son analyste Zoé Zapajo. Elle se releva en voyant son supérieur arrivé.

« Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il.

-Plusieurs aéronefs de type AT-25 et AC-30 ont été repérés au dessus de l’Atlantique, annonça-t-elle. Ils sont partis de quelque part au nord du Groenland.

-Ce n’est pas un exercice de l’armée européenne ?

-Aucun mouvement de troupes n’est actuellement en cours, officiellement comme officieusement. Nous ignorons qui ils sont. Mais c’est surtout leur cap qui m’a frappé. Regardez. »

           Le plan holographique montra les aéronefs se dirigeant à grande vitesse vers un point situé aux limites sud du cercle arctique. Le Patron comprit immédiatement où se dirigeaient cet escadre.

« Valinorya, souffla le Patron. On peut estimer que c’est le Serpent Blanc. Combien de temps avant qu’ils atteignent l’île ?

-Peu. Il y a peu de chance qu’on les intercepte. Même si nous demandions l’intervention de l’armée européenne, ils sont plus lents que nous à réagir.

-Nous devons intervenir. Pardopoulos, mettez l’UA en alerte rouge. Départ immédiat. Vous partez avec eux.

-Bien Patron. Zoé, prévient Nayu.

-C’est déjà fait, répondit l’analyste.

-Forge, entrez en contact avec Chaldo pour les prévenir, ordonna le Patron.

-J’essaye Patron, répondit Fred. Mais la liaison ne prend pas. Valinorya est isolée par les enchantements eldars. A chaque fois, ce sont eux qui nous ont contactés en demandant aux Eldars d’ouvrir momentanément leur protection.

-Je vois, aucun moyen de les prévenir donc. En étant optimiste, on pourrait se dire que le Serpent Blanc ne parviendra pas à passer cette protection. Mais je ne pense pas qu’ils se découvriraient sans avoir prévu ça et un moyen de contourner cette protection. Où en est l’UA ?

-Départ trois minutes.

-Il faut les intercepter avant qu’ils n’atteignent Valinorya. »

           Quelques minutes plus tard, les ATEF et AAF de la DE décollaient. Erius Sornas et Ekaterina Pardopoulos se concertaient pour coordonner l’action. Deux scénarios s’offraient à eux : s’ils parvenaient à intercepter l’ennemi avant qu’il n’atteigne Valinorya et s’ils arrivaient après. Les pilotes avaient reçu l’ordre de pousser les réacteurs des aéronefs au maximum de leur puissance. Ils devaient arriver le plus vite possible.

 

           Lucifel emmena les agents de la DE et Irael voir l’Eldryan. Ce dernier ne parut pas vraiment surpris de les voir arriver. Tirya se tenait à ses côtés.

« Le temps est arrivé, fit-il simplement.

-Je pense, répondit Lucifel. Ollivander a utilisé intelligemment son accès au Serylgia Nëmarialey en faisant une recherche sur l’Araya Meyana.

-Meyana ! s’exclama Joshua. Qu’est-ce que vous entendez par là ?

-Votre maîtrise de notre langue en si peu de temps est exceptionnel monsieur Ollivander, sourit l’Eldryan. Pouvez-vous traduire pour vas camarades ?

-Araya Meyana, la Lumière Salvatrice. Pourquoi désigner Ariana sous ce terme ?

-Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Venez, je vais vous menez à l’Eldyr. Tirya. »

           Tirya fit venir un véhicule. Au moment où ils commençaient tous à embarquer dedans, Nalyon observait. Tirya le remarqua et s’approcha de lui.

« Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il.

-L’Eldryan les emmène voir l’Eldyr, répondit simplement Tirya.

-Quoi ? L’Eldyr va être mise en présence de ces humains ! C’est…

-C’est la décision de l’Eldryan, coupa-t-elle. C’est ce qu’il faut faire pour le respect de notre serment et la sauvegarde du monde. Il faut que tu le comprennes.

-Jamais je n’accepterais une alliance avec les Humains.

-Alors tu seras seul contre tous.

-Tes parents aussi sont morts à cause des Humains, pourquoi te ranger de leur côté ?

-Parce que je vois au-delà de ma rancœur, dit-elle. Et j’ai appris à connaître ces humains là, à les apprécier. Je dois y aller. »

           Nalyon regarda s’éloigner le véhicule avec haine. Il fallait qu’il trouve une solution pour convaincre les siens de rejeter ces Humains. Quitte à perdre définitivement l’affection de Tirya.

 

           L’Eldryan les emmena en direction du centre de l’île. Ce fut sur les flancs des montagnes du centre qu’ils s’arrêtèrent, en face d’un magnifique temple d’arbres entremêlés. L’Eldryan prit la tête et les guida à l’intérieur. Le temple était composé d’une pièce unique circulaire faisant dans les cent mètres de diamètre. En son sommet, le toit était percé. De multiples ouvertures placées tout autour permettaient au soleil et à la lune de pénétrer quelque soit l’heure et la saison. Au centre de la salle se trouvait un bassin circulaire. Une femme eldar y baignait, nue, ses longs cheveux d’un blanc pur formant une couronne autour d’elle. Ses yeux fixaient le trou au plafond sans ciller, d’un air absent. Ses lèvres remuaient incessamment.

           L’Eldryan se plaça au bord du bassin et se tourna vers les visiteurs.

« Voici l’Eldyr, annonça-t-il. L’Eldyr est liée à l’existence du peuple Eldar. Si elle mourait, nous disparaîtrions. Elle est notre passé, notre présent et notre avenir. Elle l’est et elle les connait. Parfois elle nous parle. C’est ainsi que nous avons appris le retour des Dæmons. Et c’est ainsi que nous avons su que le salut de ce monde, au-delà même de ses limites, jusqu’à cette planète que vous appelez Mars et même plus loin, dépendait de quelques personnes. Certaines, sont de notre peuple. D’autres sont du Peuple Céleste, les Atlantes. D’autres d’origines diverses comme les Vampires. Et bien sûr, les Humains, Sorciers ou non. Et parmi ces humains, vous avez une place importante vous trois.

-Pouvez-vous être plus clair ? questionna Tony.

-Pour vous, monsieur Ollivander, je ne peux rien dire de précis si ce n’est que vous deviez accéder à nos connaissances. Vous allez même les sublimer.

-Moi ! s’exclama Joshua.

-Pour vous monsieur Chaldo, c’est étroitement lié à mademoiselle Potter. Vous êtes bien celui que les vôtres appellent le Corbeau.

-Pas encore, mais bientôt, tempéra Tony. Dîtes-nous pour Ariana.

-L’Eldyr va le dire elle-même. Gardez à l’esprit qu’elle ne dira rien de plus que ce que vous devez entendre. Approchez. »

           Les invités se mirent en arc-de-cercle devant le bassin. Durant de lentes secondes, il ne se passa rien. Soudain, l’Eldyr se dressa de toute sa hauteur. Ses cheveux mouillés vinrent se coller à sa peau d’albâtre, une grande longueur flottant à la surface de l’eau, faisant penser à un nénuphar de nacre. Ses yeux ne fixaient plus le ciel mais plongèrent dans ceux d’Ariana. La jeune femme eut l’impression d’être sondé au plus profond de son âme.

« Je ne comprends la langue eldare, dit Ariana, visiblement pas rassurée. Si elle parle…

-Vous la comprendrez, assura l’Eldryan.

-Ariana Potter… »

La voix de l’Eldyr était aussi légère qu’un souffle, et pourtant, tout le monde l’entendait parfaitement.

« Ariana Potter. La Lumière Salvatrice. Celle qui se lèvera devant les Dæmons. Porteuse du Cristal. Celle qui pourfendra l’ennemi de toutes les Âmes de ce monde. Avec l’Oiseau d’Espoir, elle se dressera. »

L’Eldyr se rallongea dans l’onde claire et se tut.

           Tous restèrent silencieux un moment. Ariana se tourna vers l’Eldryan.

« Elle n’a pas dit ce que je dois faire.

-L’Eldyr ne le dit jamais, répondit l’Eldryan. Elle laisse les gens découvrir par eux-mêmes ce qu’ils doivent faire. Elle ne fait qu’énoncer la voie. C’est à vous de faire le reste.

-Elle n’a pas parlé de Tony.

-Si, elle l’a fait, intervint Tony. L’Oiseau d’Espoir. Dans certaines cultures, le corbeau représente l’espoir[1].

-C’est également le cas dans notre culture, précisa l’Eldryan. C’est un bon présage.

-Je ne comprends pas, dit Ariana. Qu’est-ce que ça signifie ?

-Que vous devez vous battre.

-Ça, je l’avais compris, depuis longtemps d’ailleurs, bien avant de venir sur cette île. C’est quoi cette histoire de Porteuse du Cristal ? Je veux comprendre. Comment dois-je faire ? Que dois-je faire ?

-Ariana, arrêta Tony. Il n’en dira pas plus. Nous devons comprendre par nous-mêmes. Retournons à la cité, nous n’avons plus rien à faire ici je pense. N’est-ce pas Eldryan ? »

           Le chemin pour retourner à la cité se passa en silence. Ariana se repassait en boucle les paroles de l’Eldyr. Mais plus elle se les remémorait, moins elle les comprenait. L’Oiseau d’Espoir, c’était Tony. Elle regrettait encore la disparition d’Alex. Elle savait qu’elle ne devait pas se laisser aller pour le moment. Et même après, il n’aurait pas aimé ça.

           Les lumières de la cité étaient en vues. La lune miroitait sur l’océan dans un éclat bleu. Ariana laissa son esprit se détacher. Elle fit le vide. Cela lui faisait toujours du bien. Ne rien penser, se contenter de laisser le temps passer. Son regard passait sur les étoiles sans les voir. Mais d’un coup, quelque chose attira son attention. Son esprit revint et se concentra sur des points noirs se détachant très légèrement sur le bleu nuit du ciel, cachant parfois quelques étoiles. Elle sortit sa baguette et en plaça l’extrémité sur sa tempe pour zoomer. Elle reconnut des aéronefs militaires, des AT-25 et des AC-30 selon elle. La DE n’en possédait pas, et puis pourquoi la DE enverrait une telle escadre.

« Tony, appela-t-elle. Je vois une escadre de vingt AT-25 appuyé par une dizaine d’AC-30. En approche par l’ouest. Je crois que c’est le Serpent Blanc. »

           Tony se tourna vers la direction donnée par Ariana et observa.

« Exact, confirma Tony. Je ne pense pas que ce sont des alliés. Ils ont armé leurs canons. Faîtes arrêter le véhicule. »

Tirya exécuta. Ils débarquèrent et observèrent.

« Ils se rapprochent vite, fit Tony. Avez-vous un moyen de contacter Farlandis ?

-Oui, répondit l’Eldryan.

-Prévenez-le qu’on a une arrivée hostile par l’ouest. Nous le rejoignons le plus vite possible. Qu’il prenne Park et les instructeurs avec lui.

-Je pense que vous devriez retourner au temple de l’Eldyr, Eldryan, suggéra Lucifel. Vous y serez plus à l’abri. Emmenez Tirya et Ollivander avec vous. Irael, je te charge de les protéger.

-A vos ordres seigneur, acquiesça Irael.

-Bien, allons-y. avec un peu de chance, nous allons pouvoir les surprendre alors qu’ils espéraient nous surprendre. »

Ariana et Tony firent apparaître des balais. Lucifel déploya ses ailes. Tous les trois s’envolèrent vers la cité.


 [1] Chez les Romains entre autre. Chez les chinois où il tire le soleil dans le ciel.

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