Ariana Potter, Second Cycle : Dans la Lumière de la Guerre

           CHAPITRE XIII : EVACUATION

           Le rapport arriva très vite à Erius et Pardopoulos : les aéronefs ennemis étaient parvenus à passer la barrière entourant l’île de Valinorya. Ils pouvaient donc attaquer l’île dans les prochaines minutes.

« Comment ont-ils réussi ça ? s’interrogea Pardopoulos.

-La Magie a évolué au cours des siècles, dit Erius. Et la Magie Noire également. Ils ont dû trouver un moyen de dissoudre la barrière. L’isolement des Eldars leur porte préjudice. Patron, avons-nous l’autorisation d’intervenir sur le territoire Eldar ?

-Vu les circonstances, je vous y autorise, répondit le Patron par liaison holographique. Je vais contacter Abbadona, il sera plus à même de gérer la situation avec les Eldars en cas de problème de compréhension.

-Par contre, nous n’avons toujours aucun contact avec Tony et Potter. L’ennemi a peut-être dissout la barrière mais il a brouillé les communications.

-Dans combien de temps y serez-vous ?

-Dans dix minutes Patron. Nous passons en furtif. »

           Ariana, Tony et Lucifel arrivèrent aux abords de la cité. Ils y furent accueillis par un groupe des Chevaucheurs de Saim accompagnant Farlandis et l’équipe d’instruction de Park.

« Nous sommes prêts à nous battre, annonça Farlandis.

-Bien, dit Lucifel.

-Est-ce que les civils ont été évacués ? questionna Tony.

-Les civils ? fit Farlandis.

-Tous ceux qui ne sont pas des guerriers, il faut les évacuer de la cité.

-Cela va nous affaiblir, notre riposte sera moindre.

-Le travail d’un militaire est de protéger les civils, imposa Tony. Notre mission première sera d’assurer leur évacuation.

-Les Eldars ne sont visiblement pas coutumier de l’idée d’évacuation de civils, dit Park en s’approchant. Il va falloir les encadrer pour que ça se fasse avec le moins de heurt possible. »

Hyung-Ji Park avait revêtu tout son barda commando, il portait surtout son fusil d’assaut HK 713.

« Nous allons diviser la cité en secteurs et nous allons prendre chacun la direction des opérations d’évacuation, dit Tony. Temps qu’il reste des civils à évacuer, pas d’opération de contre-attaque organisée. Il nous reste peu de temps. Il est probable que des combats éclatent avant la fin de l’évacuation. Le but sera alors surtout de ralentir l’ennemi voir de le bloquer le temps que les civils soient hors de danger. »

           A l’aide d’une carte, le partage des secteurs fut rapidement fait. Les Eldars ne semblaient pas comprendre l’intérêt de ce genre d’opération mais Farlandis leur ordonna de se conformer aux ordres des humains. Au vu de son expérience en termes d’opération de ce genre, Park resta en arrière avec Farlandis pour coordonner les actions. Les TOI fonctionnaient convenablement en direct. Le groupe de Chevaucheurs resterait en protection de ce « PC de fortune ».

           Avant de partir, Tony s’approcha d’Ariana.

« Ariana, quoiqu’il arrive, ne perd pas ton calme, dit-il. Réfléchis toujours avant d’agir. Prendre le temps de la réflexion peut parfois permettre de sauver plus de vies.

-Je sais tout ça, répondit-elle.

-Mais tu ne sais pas toujours l’appliquer. Et sois prudente, ta vie est importante.

-Pas plus que celle des autres.

-Maintenant si.

-Tu crois en cette… prophétie ? interrogea-t-elle.

-On en parlera plus tard, coupa Tony. Allons-y. »

           Tony et Ariana s’envolèrent rapidement sur leurs balais. Lucifel étendit ses ailes et fit de même. Moktar et Yanis, les deux instructeurs, furent menés à leurs secteurs respectifs en montant derrière des chevaucheurs sur leurs engins volants.

           Tony se posa près d’une unité d’infanterie. Le capitaine commandant cette troupe se mit immédiatement sous ses ordres. Tony vit qu’il avait prit une initiative heureuse.

« Nous avons commencé à regrouper la population, dit le capitaine. Je ne sais pas si c’est ainsi que vous procédez mais cela m’a semblé plus simple.

-La logique est notre meilleure arme, dit-Tony. Vous avez fait ce qu’il fallait. Désignez un binôme pour ouvrir la voie et guider les civils vers l’intérieur de l’île. Le point de regroupement est à un lieu nommé Jérias Dor. C’est assez loin, donc il faut que vos groupes de combat les accompagnent et se placent de part et d’autre de la colonne de civils pour en assurer la protection. Le plus gros de votre contingent restera ici en protection face au sud et à l’ouest. Vous avez compris ?

-Pas de temps à perdre.

-Tout à fait capitaine. »

           Le capitaine mit ses hommes au travail. Tony se contenta d’observer et de corriger si besoin. L’officier avait visiblement compris ce qu’il fallait faire. Les civils n’avaient pas l’air de comprendre ce qui se passait. Un homme vint jusqu’à Tony.

« Qu’est-ce que tout cela signifie humain ? demanda-t-il. Encore une de vos idées saugrenues ?

-Pas du tout monsieur, il s’agit d’une évacuation pour votre sécurité. Des troupes hostiles sont en approche.

-D’autres humains, n’est-ce pas ?

-Oui, mais bien moins sympathique que nous. Je vous prie de réintégrer la colonne et de suivre les instructions s’il vous plait.

-Eryog néir délas, fit le capitaine en s’approchant. »

L’homme jeta un regard froid au capitaine mais s’exécuta.

« Désolé, certains ne comprennent pas qu’on fasse ça pour les protéger, dit le capitaine. Ce n’est pas dans nos habitudes.

-Chez les humains, nous y sommes un peu plus habitués, mais il y a toujours des mécontents, fit Tony. Aigle ici Corvus, pas de problème de notre côté, l’évacuation se déroule comme il faut.

-Bien reçu Corvus, répondit Park. Changement d’indicatif pour toi, dorénavant, indicatif : Corbeau. »

Tony resta silencieux une seconde. Il avait l’impression de voler ce titre et cet indicatif à son frère. Et pourtant, il savait qu’Alex lui aurait laissé volontiers de son vivant. Il laissa ses réflexions de côté, comme il le faisait depuis la mort d’Alex. Il aurait le temps d’y penser une fois que toute cette affaire serait terminée.

« Ici Corbeau, je poursuis l’évac. »

           Ariana avait suivi l’échange. D’une certaine manière, elle appréciait le fait que Tony prenne la suite de son frère disparu. Mais d’un autre côté, c’était encore une trace d’Alex qui disparaissait. Elle se secoua mentalement et se concentra sur sa tâche actuelle. Le jeune lieutenant qu’elle épaulait dans l’opération d’évacuation s’agitait encore plus qu’elle. Il ne cessait de demander aux civils de se dépêcher.

« Vous pensez que ça ira ? demanda-t-il pour la énième fois. »

Ariana sourit légèrement en guise de réponse. Elle connaissait la théorie de l’évacuation de civils d’une zone de combat mais elle pratiquait ce type d’opération pour la première fois. Elle n’hésitait pas à solliciter silencieusement Park pour la conseiller.

« Tout à l’air de bien se passer, dit Park. Continue comme ça.

-Où en est l’ennemi ? questionna Ariana qui ne pouvait surveiller leur approche de la où elle était.

-Ils arrivent. Je crains que l’évacuation ne soit pas terminée à temps dans la zone de Vautour et celle de Guépard.

-Dés que j’ai fini ici, je me rends sur place avec les guerriers eldars. Lion terminé. »

           Le lieutenant vint signifier à Ariana qu’il n’y avait plus de civils dans la zone quelques instants plus tard.

« Bien, fit Ariana. Prenez vos hommes qui ne sont pas consommés par l’évacuation et rendons-nous vers l’ouest. »

Le lieutenant reprit les ordres en langue eldare et la troupe mit une minute pour se mettre en formation de marche. Ils firent à peine cent mètres qu’un appel d’urgence résonna dans le TOI d’Ariana.

« Roquette ! Roquette ! Roquette !

-Tous à couvert ! hurla Ariana. »

           Un sifflement strident indiqua l’approche des engins explosifs. Les guerriers eldars eurent à peine le temps de les voir déferler que des boules de feu éclatèrent tout autour d’eux. Les corps démembrés et calcinés de guerriers malchanceux volèrent dans tous les sens.

« Lion, faut que tu te sortes de là, direction ouest, rejoins Guépard, il met en place une zone de sûreté, ordonna Park.

-Lion reçu. On ne peut pas riposter ? questionna Ariana.

-Ce sont les AC-30 qui tirent de loin, nous n’avons aucun moyen de défense contre ça. Il faut attendre qu’ils se rapprochent. Les AT-25 volent en rase-mottes sous les tirs de roquettes

-Quelle est la situation dans les autres secteurs ?

-Corbeau avait fini son évac et se dirige vers Vautour. Faucon est isolé avec une centaine de civil dans un entrepôt sur le port. Guépard a perdu quelques civils n’ayant pas évacué à temps. Il met en place une zone de sûreté et un point de rassemblement des blessés. Vautour continue son évac en se préparant au combat. Il est au plus près des AT-25.

-De ma position, je peux rejoindre Faucon et le désenclaver.

-Négatif, rejoins Guépard et attends les instructions.

-Lion reçu. Je me mets en route. »

           Ariana était frustrée de ne pas pouvoir se rendre au port. Mais elle faisait confiance en Park et en sa capacité tactique. C’était un ancien des forces spéciales coréennes après tout.

           « Vous pensez qu’on peut les repousser ? questionna Farlandis.

-Je ne sais pas, répondit Park. Le problème, ce sont les AC-30. Ils vont rester hors de porté et pilonner les poches de résistance. Sans soutien aérien, nous allons avoir du mal.

-Aigle ici Corbeau, j’ai rejoins Vautour. Nous avons visuel sur plusieurs groupes de combat ennemis débarqués à l’ouest de notre position. D’autres AT-25 ont continué vers le sud en direction du port. Les AC-30 sont en vols stationnaires à environ mille mètres du rivage.

-Corbeau reçu. Engagez le combat si vous jugez que vous pouvez détruire l’ennemi rapidement et quitter la zone ensuite pour éviter de prendre un tir de représailles de leur appui. Sinon, repli sur notre position.

-Corbeau, nous allons engager. »

           « Maître Owali, le combat vient de s’engager au sol à l’ouest de l’île, indiqua l’opérateur. La section 2 devrait débarquer au sud dans quelques secondes.

-Bien, fit Ramus Owali. Alors, maintenant que la phase une est en route, passons à la phase deux.

-Bien maître. »

L’AT-25 de commandement qu’occupait Ramus Owali se détacha discrètement du groupe d’AC-30, laissant un autre AT-25 prendre sa place. Il commença à effectuer un grand tour pour contourner l’île au ras des flots.

           Le combat faisait rage. Les sorciers du Serpent Blanc faisaient crépiter leurs baguettes en produisant des éclairs rouges et verts. Les archers eldars répliquaient mais les deux camps antagonistes s’étant bien postés, les coups au but étaient rares. Les sorciers ne paraissaient pas vouloir sortir de leur poste de combat.

« Chef, les eldars ne bougent pas, dit un jeune sorcier.

-Ce n’est pas important, répondit son supérieur. Notre but n’est pas de les détruire. Nous ne sommes là que pour les occuper.

-C’est bon à savoir ça, lança une voix sur le côté. »

Le chef sorcier se tourna, trop tard pour éviter le puissant coup de pied qui lui percuta le menton et le mit KO instantanément.

           Prenant la première ligne ennemie de côté, Anthony, Lucifel et des guerriers eldars vinrent au corps à corps. Son épée à la main, sa baguette dans l’autre, Anthony faisait des ravages. Lucifel faisait tournoyer son trident enflammé. Les eldars démontrèrent leur supériorité dans le combat au contact sur les sorciers du Serpent Blanc, plus habitués à la mi-distance. La première ligne ennemie n’était défendue que par une seule section soit une vingtaine d’hommes. Aussitôt celle-ci éliminée, Tony ordonna le repli alors que la seconde ligne, bien plus fournie en adversaires, commençait à répliquer. D’un coup de baguette dans son retrait, Tony attira à lui le corps inerte de l’homme qu’il avait assommé quelques instants plus tôt.

           Le groupe d’assaut avait à peine rejoint celui d’appui que le grondement des tirs de roquettes des AC-30 rugit sur l’horizon. Des explosions vinrent pulvériser les bâtiments autour des eldars, en tuant quelques équipes sur le coup. Les défenseurs firent un bond de cent mètres pour se mettre à l’abri.

« Temps qu’ils auront cet appui, on ne pourra pas les repousser, dit Tony. Il va falloir les user par des actions ponctuelles en petits groupes.

-On ne risque pas de manquer d’hommes pour ça, dit Lucifel. Mais les eldars ne sont pas assez entrainés dans ce genre de combat. Contrairement au Serpent Blanc. Ils ont eu la surprise la première fois. Ils ne se laisseront pas avoir aussi facilement les fois suivantes. Même en sous-nombre, ils peuvent faire la différence. »

Anthony était d’accord avec la réflexion de Lucifel. La seule solution serait de descendre les AC-30. L’agent de la DE commença à imaginer un assaut aérien de la part des Chevaucheurs de Saim. Mais une grande partie de cette unité d’élite serait sûrement éliminée sans parvenir à affaiblir assez les capacités d’appui du Serpent Blanc.

           Anthony perçut les sifflements de nouveaux tirs. Mais il n’y reconnut pas des tirs de roquettes air-sol cette fois-ci. Il les identifia comme le son de missiles courte distance air-air. Des explosions lointaines concluaient ces sifflements. Anthony risqua un coup d’œil en direction des AC-30 ennemis. Il vit de la fumée s’échappant de certains qui plongeaient, en flammes, dans l’océan. Il regarda plus loin et repéra de nouveaux aéronefs approchant. Il sourit en reconnaissant les ATEF et AAF de la DE.

« Aigle ici Corbeau, tu vois ce que je vois ? demanda Tony.

-Affirmatif Corbeau, confirma Park. Loup ici Aigle, me recevez-vous ?

-Fort et clair Aigle, répondit la voix d’Erius Sornas.

-Effectif ?

-Trois sections de combat et un escadron d’appui prêts au combat. J’attends tes ordres mon vieil ami.

-Priorité : continue de t’occuper de leur appui. Envois une section au sud à la position que je t’indique. Yanis, indicatif Faucon, est enclavé avec de l’ennemi s’approchant de sa position. Une deuxième section pour prendre les ennemis débarqués à l’ouest en tenaille une fois l’appui réduit. Troisième section en réserve.

-Loup aperçu, en cours d’exécution.

-Corbeau ici Hibou, fit la voix de Pardopoulos.

-Je t’écoute, fit Tony.

-En arrivant, nous avons repéré un AT-25 se détachant des unités d’appui pour effectuer un contournement de l’île. Seul.

-Ils ont un autre objectif. Je vais interroger un prisonnier. Je rappelle. »

           Anthony pointa sa baguette vers le chef sorcier récupéré. Il le réveilla à l’aide d’un sortilège Enervatum et l’immobilisa dans la foulée.

« Je n’ai pas de temps à perdre, dit Tony en plantant son regard noir dans celui de l’ennemi. Tu réponds à mes questions sans opposer de résistance ou je vais chercher la réponse directement dans ta tête sans prendre de gant. Votre attaque est une diversion, n’est-ce pas ? Quel est votre objectif réel ? »