bloody you

Chapitre 2 : Marché et Concession

5603 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 22:57

Chapitre 2 – Marchés et Concessions

-Alors, as-tu trouvé une solution ?

Pas un bonjour, pas un «comment ça va mon ami Blaise?». Rien. Juste un regard froid et une phrase castratrice.

Blaise déglutit. Il évita le regard de son meilleur ami en répondant :

-Non, pas encore... mais tu sais, je peux toujours retourner voler une éprouvette?

-N'y pense même pas.

Draco le foudroya du regard et Blaise n'osa rien rajouter.

Depuis qu'il s'était levé ce matin, le blond était d'une humeur massacrante. Non pas que le sang de la jeune fille fût infect, au contraire, les pucelles possédaient le meilleur des sangs qui soit - mais cela ne lui avait pas suffi.

Il avait presque dû boire le tiers de son liquide rouge avant que les autres vampires ne l'arrêtent sous peine qu'il ne la tue. Et attirer l'attention avec un meurtre était vraiment le dernier de ses souhaits. Et même après s'être autant abreuvé, Draco avait encore eu soif. Il lui manquait ce goût si singulier de la magie, de la puissance, ce goût si fort, si prononcé, si juteux qu'il avait ressenti en buvant le sang de Potter.

Deux jours étaient passés depuis cette nuit-là, et Draco avait plus que jamais soif. Il mourrait de soif.

Sa dernière nuit avait été agitée, son corps en feu n'avait cessé de réclamer ce manque. Ses yeux n'avaient repris leur couleur naturelle qu'au petit matin, et ses canines lui faisaient encore mal. Il mourrait d'envie de mordre... Potter.

Et bien que son corps réclamait celui de l'ex-Gryffondor, sa raison criait au scandale. Jamais dans ses rêves les plus fous il n'avait pensé une seule fois à le mordre. Il avait déjà rêvé de le frapper de ses mains, encore et encore, sur tout son corps jusqu'à ce qu'il n'en ait plus de souffle. Mais jamais il n'avait pensé le tuer en lui enlevant son sang.

Draco Malfoy respectait trop Harry Potter pour le tuer.

Il le considérait comme son seul véritable ennemi, la seule personne à pouvoir lui tenir tête et à ne pas trembler devant lui. Leurs chamailleries étaient si amusantes, si distrayantes, qu'il n'avait jamais pensé y mettre un terme en tuant Potter.

Bon, peut-être que lors d'une de leur intense dispute il avait songé lui arracher ses lèvres avec ses dents, mais jamais de façon vampirique. De toute façon, son héritage n'avait jamais autant pesé sur son aspect physique et mental que depuis cette dernière année.

En très peu de temps, il avait changé de façon spectaculaire. Et il n'en était pas peu fier.

Bref, malgré tout sa bonne volonté, Draco désirait le sang de Potter. Et cette idée ne cessa pas de s'agiter dans sa tête et dans son corps lorsque le brun en question pénétra dans le réfectoire.

Ses yeux ne le quittèrent pas une seule seconde, analysant chacun de ses déplacements. Il détailla chaque partie de son corps, s'arrêtant sur son col déboutonné et sur ses manches relevées qui laissaient apparaître les veines de ses bras musclés.

Potter ne semblait pas avoir bien dormi lui non plus. Il bailla et s'ébouriffa les cheveux au moins trois fois, signe de son anxiété et de sa fatigue. Draco le vit se servir un bol de lait d'un air absent, et se beurrer une tartine de confiture à la fraise, qu'il porta nonchalamment à sa bouche... .

La confiture était rouge.

Draco sentit sa bouche s'assécher.

-Arrête de le fixer comme ça, tu me donnes la chair de poule, lui chuchota Blaise.

Draco sortit à grande peine de sa contemplation, et reporta son regard sur Théodore Nott assis en face de lui. Ce dernier l'observait, un vague sourire aux lèvres. Draco était sûr qu'il avait tout compris.

-J'ai réfléchi à toute cette histoire quand même, et je me demandais si le sang d'un autre sorcier ne te satisferait pas, hésita Blaise.

-Tu te sacrifierais pour moi ? Répliqua Draco, amusé.

-Euh non. En fait, je pensais à quelqu'un d'autre.

-Qui serait assez bête pour vouloir se faire tuer sans raison ? Demanda Théodore.

Apparemment, il ne faisait plus semblant d'être sourd.

-Je ne sais pas.

-Alors, ne parle pas pour ne rien dire.

Blaise se renfrogna. Bien, s'il le prenait comme ça, alors il irait demander de l'aide ailleurs.

En attendant, Potter courait un grave danger. Son vampire d'ami n'avait pas tenu deux minutes sans le lâcher des yeux.

Blaise retint son souffle en regardant l'ex-Gryffondor se servir d'un couteau. Il espérait sincèrement qu'il n'était pas assez empoté pour se couper un doigt sinon Draco ne ferait qu'une bouchée de lui !

OoOoOoO

Deux heures plus tard, lors de son heure de pause, Blaise se décida donc à tout révéler à l'infirmier à qui il avait volé l'éprouvette de sang le jour précédant, et à supplier son aide.

Le faire plier ne serait pas trop difficile, car malgré son tempérament de feu, l'homme avait un point faible indiscutable : les beaux garçons. En effet, si Blaise avait pu si facilement voler cette éprouvette, c'était parce que la personne censée les surveiller copulait joyeusement avec un étudiant dans la salle d'à côté. Choqué et amusé, Blaise s'était juré de retenir cette information dans un coin de sa tête pour la réutiliser plus tard à son avantage. Après tout, il était lui aussi un ex-serpentard et il ne perdait pas si facilement ses bonnes vieilles habitudes !

Blaise se rendit donc à l'infirmerie.

La salle à couleur dominante blanche était vide de tout occupant à son arrivée.

Une odeur typiquement médicale flottait dans l'air, entre des draps de lin blanc et plantes vertes.

L'étudiant noir jeta des coups d'œil rapides aux lits de repos vides, et derrière le bureau de l'infirmier. La voie étant dégagée, il se dirigea vers la grande vitrine remplie d'éprouvettes de sang à côté des fenêtres.

Mais alors qu'il tendait la main pour l'ouvrir, un grincement de porte le fit sursauter.

-Tsss, je savais bien qu'il y avait un voleur dans cette Université, dit une voix masculine et suave.

Blaise se tourna vers l'infirmier et lui offrit une pauvre grimace en signe d'excuse.

L'infirmier arqua un de ses sourcils roux. Il était négligemment appuyé contre le mur près de la porte d'entrée, les bras croisés sur son torse. Il portait une blouse blanche, propre à tout médecin, où son nom y était épinglé : Zillah Umeda. Il était indéniable qu'il avait des origines asiatiques, bien que son prénom et la couleur verte de ses yeux étaient bien loin de la physionomie des Orientaux.

-Alors, jeune homme, j'attends vos explications ?

-Hum... j'ai besoin de votre aide.

-Vous avez un sacré culot : vous me volez puis vous me demandez mon aide ? Et pourquoi ferais-je ça ? Répliqua froidement l'infirmier, une pointe d'ironie dans la voix.

-Parce que si vous ne m'aidez pas, il y a un vampire dans cette université qui va devenir fou et faire un véritable massacre.

L'infirmier resta interdit un instant, puis se frappa le front de sa main.

-Je rêve, vous n'avez tout de même pas donné du sang de sorcier à boire à un de vos amis vampires ?!

-Euh... si.

L'homme roux poussa un profond soupir et daigna enfin s'avancer vers Blaise.

-Bien, je crois qu'il va falloir avertir le directeur, dit-il en sortant sa baguette magique.

-Je ne pense pas que ça sera utile! Répliqua précipitamment Blaise. Il est déjà au courant que Draco est un vampire, et dans l'état dans lequel il se trouve, je doute que le directeur lui-même puisse faire quoi que ce soit.

L'infirmier sembla prendre tout sur lui et ouvrit la vitrine pour prendre l'éprouvette annotée du nom « Harry Potter ». Il la tendit à Blaise qui la prit délicatement entre ses doigts.

-Voilà ce que nous allons faire Mr... ?

-Zabini, Blaise Zabini.

-Mr Zabini. Vous allez donner cette fiole à Mr Malfoy, mais il va de soi qu'elle seule ne suffira pas à étancher sa soif. Croyez-moi, je connais assez les vampires pour savoir qu'ils sont accros au sang autant qu'un toxico l'est à sa drogue. De mon côté, j'irai voir le directeur et nous chercherons ensemble une solution à votre horrible et stupide... erreur.

Blaise acquiesça, se demandant quelle punition l'attendrait au tournant, puis il s'empressa de quitter l'infirmerie. Cet infirmier commençait à le regarder de façon trop appuyée à son goût, et il avait un Gryffondor à sauver. Qu'est-ce qu'il pouvait être serviable quand il le voulait bien !

OoOoO

Ledit Gryffondor, lui, ne se doutait de rien.

Il avait pourtant passé une nuit agitée, faisant des rêves sans queue ni tête, mais la routine continuait et il était allé en cours comme si de rien n'était.

Sa journée se passa donc normalement, jusqu'à ce cours de soin aux Créatures Magiques.

Comme à leur habitude, les élèves avaient dû se mettre en groupe pour travailler sur les créatures que leur avait apportées leur professeur. Un bac pour 4 ou 5 personnes. Depuis la rentrée, Harry et Ron s'étaient liés d'amitié avec trois autres jeunes de leur cours. Harry aimait particulièrement le petit blond du groupe.

Il s'appelait Bastian.

Ce jeune homme un peu maladroit lui rappelait Colin Crivey. Ses yeux étaient d'un très beau bleu clair, son visage était fin, mais loin d'être aussi rond et enfantin que celui de Crivey. Il n'était pas non plus petit, bien qu'il ne dépassa pas Harry. Son corps était fin et tout en longueur.

Harry n'avait pas été frappé par son physique, mais plutôt par son comportement pour le moins singulier: le jeune homme paraissait toujours dans la lune. Et quand il s'adressait aux gens, ses yeux n'exprimaient rien d'autre que de la politesse. Harry avait réussi à le surprendre une fois, lui décrochant un semblant de sourire. Et c'est sûrement ce qui avait poussé le jeune homme à lui parler plus et à devenir son ami.

Cependant, Bastian n'était pas venu à leur rencontre ce jour-là. C'était à peine s'il lui avait esquissé un salut de la main.

-Qu'est-ce qui lui prend ? Demanda Harry à Ron, surpris et déçu à la fois.

Ron haussa des épaules et se tourna vers les deux autres membres de leur groupe.

-Vous vous êtes disputés ?

Les deux jeunes hommes se regardèrent, gênés.

Le reste de leur temps libre, ils trainaient effectivement avec le jeune blond, bien qu'Harry et Ron ne sachent pas exactement s'ils étaient vraiment amis.

-Non, répondit le brun, évitant soigneusement le regard d'Harry.

Harry n'insista pas, mais se promit d'aller demander des explications au blond à la fin du cours.

Seulement, lorsque l'heure fut écoulée, le jeune homme disparut avant même qu'Harry ne s'en rende compte.

Il ne le recroisa pas de la journée.

À partir de ce moment-là, Harry se rendit compte qu'une poignée d'étudiants l'évitaient eux aussi.

Au départ, ce n'était qu'une impression. Un étudiant qui s'écartait un peu trop loin de lui pour le laisser passer, un autre qui ne répondait pas à sa question et partait la tête baissée.

Puis ces petits 'riens du tout' avaient commencé à l'énerver.

À l'heure du déjeuner, il renversa par mégarde le plateau d'une jeune gothique. Cette dernière commença à l'insulter, avant de se stopper net dans sa tirade assassine en se rendant compte de qui il était.

Harry eut la nette impression que son statut de Sauveur n'y était pour rien, et cet incident fut la cerise sur le gâteau.

-Mais c'est quoi leur problème ? S'écria-t-il au milieu de la cafétéria avant d'en partir, excédé.

-Harry attend ! L'infirmier veut te voir, y'a un problème avec ton sang… .

Des explosions résonnèrent dans toute la salle. Sa magie lui échappa et fit exploser tous les verres de la cafétéria.

oOoOoOo

-Bien ! Maintenant, expliquez-moi quel est ce fichu problème avec mon sang !

Harry entra en trompe dans l'infirmerie.

L'infirmier, trop surpris sur le moment, ne réagit pas immédiatement.

Harry en profita pour s'approcher de la vitrine aux éprouvettes de sang.

-Comment se fait-il que vous ayez perdu deux de mes fioles ? C'est quoi, des tests ? Des examens ? C'est le directeur qui vous a demandé ça ?

-Bonjour à vous aussi, Mr Potter. Comment allez-vous ? Répondit calmement l'infirmier en reposant sa plume sur son bureau.

Harry le dévisagea, surpris par son calme. Il s'attarda quelques minutes sur son visage pâle et ses yeux verts. Il ne savait pas pourquoi, mais à chaque fois qu'il voyait cet homme, les visages de Malfoy et Bastian lui revenaient en tête. Sûrement à cause de leur pâleur similaire.

-Excusez-moi, mais ça fait quand même deux fois que je suis convoqué ici ! Et je ne comprends pas où est le problème !

Umeda pinça ses lèvres.

-Oui, il semblerait en effet qu'il y ait un problème avec votre sang. Il s'est avéré positif à la maladie de la Dragoncelle. Pourtant, vous me paraissez en parfaite santé, ironisa l'infirmier.

Harry soupira. Bien sûr qu'il était en parfaite santé ! Après la mort de Voldemort, Harry était resté une semaine dans le coma et ces imbéciles de médicomages lui avaient fait passer toutes sortes de tests avant de le libérer. Après tout, on ne lâche pas dans la nature un héros international après le combat à mort le plus important des dernières années.

-Cependant, je ne veux pas prendre de risque. C'est pourquoi je voudrais vous faire passer une autre analyse.

-Quoi ?! Vous vous fichez de moi ? S'offusqua le héros international en question.

Umeda se massa les tempes consciencieusement. C'était bien la dernière fois qu'il couvrait un étudiant ! La prochaine fois il demanderait une compensation... .

-C'est la dernière fois que je vous le demande, Mr Potter. Je peux vous mettre une pommade anti-douleur avant la piqûre si vous y tenez.

Harry serra des dents. Il n'était pas une chochotte non plus ! Il détestait juste les piqûres, pourquoi personne ne le comprenait ? Ça se voyait que ce n'était pas eux qui avaient passé tous ces tests à St-Mangouste !

Et pourquoi les sorciers devaient-ils avoir des seringues plus impressionnantes que les moldus ? Ils devaient bien reconnaître que dans ce domaine-là, le monde non-magique avait une sacrée avance sur eux.

À contrecœur, Harry tendit son bras à l'infirmier.

-C'est la dernière fois. Après vous pourrez me renvoyer si vous le voulez, mais cette seringue ne s'approchera plus de moi.

Umeda acquiesça, mais ne put retenir un fin sourire. Un homme de 20ans, Survivant, Héros du monde magique, aux pouvoirs phénoménaux, et au corps diablement sexy, qui a peur d'une pauvre petite piqûre... il aura tout vu dans son métier !

Son sourire s'effaça rapidement lorsqu'une question lui traversa l'esprit : comment réagirait-il si un jour il devait se faire mordre par un vampire ?

Très mal, sans aucun doute... .

L'infirmier soupira. Pourvu que l'héritier Malfoy ait un sang-froid hors du commun... .

oOoOoOo

Le sang.

Depuis son héritage, Draco ne pensait qu'à ça.

Il ne voyait qu'en rouge.

Il ne jurait que par ce liquide de vie qui coulait dans les veines des sorciers et des moldus autour de lui.

Maîtriser sa soif avait été la chose la plus difficile qui lui ait été donnée de faire. Même si, bien sûr, son père l'avait beaucoup aidé.

Tout partait de la volonté. C'est ce qui faisait la différence entre les Premiers Rangs et le reste de la hiérarchie vampiriques. Draco possédait ce sang-froid, et il faut dire que ces années de disputes avec Potter l'avaient mis à rude épreuve. Mais maintenant qu'il était pleinement conscient de ce qu'il était, Draco se devait d'être sur ses grades 24h sur 24.

Contrairement à ce que pensait Harry, Draco ne s'était pas tourné les pouces pendant la guerre. Son père avait effectivement profité des morts et des blessés pour nourrir son éducation de vampire. Draco savait à présent reconnaître différents sangs et il pouvait certifier sans même les avoir goûtés s'ils étaient bons ou non.

C'était certes un comportement immoral, mais qui a dit que les vampires étaient moraux ?

Draco était devenu un expert en matière de sang. Alors, il ne comprenait toujours pas pourquoi il n'avait pas senti ce délicieux parfum dans son verre l'autre matin. Il y avait une erreur quelque part. Et la seule réponse qu'il avait trouvée à cette erreur, c'était qu'il avait effectivement senti ce sang, mais que son inconscient avait pris le dessus. Ce qui revenait à dire qu'il avait relâché son sang-froid. Et ça, bien sûr, ce n'était, tout bonnement, pas imaginable.

Draco était parfait, il ne pouvait pas se laisser aller comme ça.

Inconsciemment donc, il avait voulu boire ce sang... mais pourquoi ? Qu'est-ce que ce sang avait de plus qu'un autre ?

Le sang de Potter... le péché suprême.

La drogue absolue.

Pourquoi fallait-il que ce crétin soit si puissant ? Pourquoi fallait-il que ses pouvoirs magiques surpassent ceux d'un sorcier moyen ? Ce con ne faisait jamais rien à moitié, et Draco pouvait à présent dire qu'il était aussi bon de l'intérieur que de l'extérieur. D'un point de vue physique - il n'avait jamais couché avec lui, Merlin merci !

Draco sentit de la sueur commencer à couler le long de sa colonne vertébrale alors qu'il remontait la manche de sa chemise blanche.

Deux heures plus tôt, juste avant son denier cours, Blaise lui avait enfin rapporté le sang de Potter.

Draco s'était empressé de rejoindre sa chambre à la fin du cours. Les mains tremblantes, il avait transvasé le sang de l'éprouvette dans une seringue et il s'apprêtait maintenant à la planter dans son bras. Ce qu'il fit, d'un geste sec et rapide.

Le sang s'écoula dans ses veines froides comme un remède purificateur. Draco le sentit remonter le long de son bras jusqu'à son cou, puis à ses mâchoires où pointèrent subitement ses canines, pour atteindre son cerveau, et plus bas son cœur et ses organes vitaux.

Il suintait de sueur à présent. Et il tremblait aussi, un sourire extatique scotché sur ses lèvres devenues rouges.

C'était si bon !

Tout simplement divin... .

Mais pas assez puissant. Il y avait trop peu de sang dans l'éprouvette, et l'effet de bien-être qu'il ressentait s'arrêta quelques minutes après l'injection. Le sang chaud n'avait pas atteint son estomac ni ses jambes ou encore son sexe.

Ce fut donc aussi bon que frustrant.

Les vampires comparaient souvent ce phénomène au sexe interrompu. Une lente et longue préparation... pour aucune jouissance et surtout pour une descente encore plus longue, difficile et très froide.

Oh le sang de Potter était assez puissant pour faire retarder cette descente de quelques heures tout au plus. Mais passé ce délai, Draco savait qu'il passerait un sale quart d'heure. Il aurait froid, deviendrait même glacé à vouloir s'en brûler les doigts pour retrouver un peu de chaleur.

Il n'y avait pas que des avantages à être un vampire. Et contrairement à la plupart de ses semblables, Draco en était pleinement conscient... .

oOoOoOo

-La Dragoncelle dis-tu ? C'est étrange, cette maladie est extrêmement rare, dit Hermione.

Comme chaque jeudi soir, le trio s'était retrouvé dans le foyer de leur dortoir, une grande pièce aux couleurs chaleureuses qui leur rappelaient un peu leur ancienne salle commune.

C'était le seul jour où ils pouvaient être tous les trois ensemble. Neville, Seamus et quelques anciens Gryffondors se joignaient parfois à eux, en souvenir du bon vieux temps.

Harry avait déjà parlé à Ron de cette histoire de maladie la veille, mais il voulait l'avis d'Hermione. Il savait que la jeune femme l'aiderait mieux que quiconque.

-Oui, mais nous sommes presque des dragonniers maintenant, 'Mione ! Des spécialistes en bêtes sombres et étranges. Ça ne m'étonnerait pas qu'avec la chance qu'il se paie, notre petit Harry ait chopé cette maladie, répliqua Ron.

-Merci vieux, ça me va droit au cœur.

-Je sais, je sais.

La jeune femme ne se dérida pas aux imbécilités de ses amis.

-Peut-être... je vais quand même me renseigner là-dessus. La Dragoncelle peut être mortelle ! Mais je suis quasiment sûre que cette maladie a disparu aujourd'hui, s'empressa-t-elle de rajouter en voyant le visage de son meilleur ami devenir blanc.

-En tout cas, ça n'explique pas pourquoi tout le monde me fuit ces derniers jours.

D'abord Bastian, puis tous ces sorciers dans les couloirs, et aujourd'hui même notre professeur de Travaux Dirigés semblait s'éloigner de moi !

-Il y a une rumeur, fit une voix dans le dos d'Harry.

-Hey, salut Neville ! Commet ça va ?

Neville sourit en leur serrant la main, embrassa Hermione sur les deux joues et s'assit sur un pouf à côté d'eux. Depuis la fin de la guerre, le jeune homme rayonnait de bonheur. Un médicomage anonyme avait trouvé un remède efficace contre l'effet dévastateur des endoloris répété sur ses parents. Ceux-ci étaient donc sortis du coma, et avaient repris le cours normal de leur vie.

Harry avait eu l'occasion de les rencontrer, c'étaient des gens charmants, et de très bons amis de ses parents.

Harry était heureux pour Neville. Il le méritait, il avait donné largement plus que sa part pendant la guerre.

-Une rumeur ? Répéta Harry.

-Oui. À ce qu'il parait, quelqu'un t'a désigné comme 'sien'.

Ron explosa de rire à ces mots. Hermione se renfrogna encore plus et Neville eut un demi-sourire gêné.

-Quoi ? Sien ? Ça veut dire quoi ça ? Je ne sors avec personne !

-Oh non, sinon on le saurait ! Répliqua Ron, hilare.

Il se stoppa net dans son rire et s'agrippa au bras de son meilleur ami, pris d'un énorme doute.

-Tu sors avec personne, hein ?

-Mais non !

La surprise passée, Harry commençait légèrement à s'énerver. Qui avait osé parler de lui comme du bétail ? Il avait horreur de ça ! Il était trop habitué au respect des autres et à leurs idolâtries pour supporter ça de manière calme et posée.

-T'énerve pas, ce n'est qu'une rumeur. Tu es Harry Potter après tout, les personnes qui ne t'aiment pas, te craignent, et la moitié de la population sorcière rêve de sortir avec toi ! Laisse-les avec leurs fantasmes.

-Ouais, répondit Harry en grimaçant.

Il n'était pas convaincu, et il était surtout décidé à trouver le fin mot de cette histoire.

OooOoOo

Sa dose dura 4h. Pas plus.

Au bout de ses 4h, Draco cru perdre la tête. La douleur du manque était si puissante qu'il eût tout le mal du monde à sortir de sa chambre et marcher droit jusqu'à l'infirmerie – car même en état de manque, le ventre tordu et compressé par la douleur, il restait un Malfoy, un vampire de sang pur, avec sa dignité.

Il était tard, mais pas assez pour que l'infirmier ne soit plus là. Draco ne croisa personne dans les corridors. La porte de l'infirmerie était même ouverte à son arrivée. Il n'eut qu'à la pousser pour entrer.

-Merlin, vous êtes dans un sale état Mr Malfoy, murmura une voix grave.

Draco esquissa un sourire diabolique. Ses yeux étaient fous et plus jaunes que gris. Ses cheveux d'ordinaire si bien coiffés retombaient, éparpillés, devant ses yeux.

Il se tint à l'encadrement de la porte pour ne pas tomber.

-J'en ai besoin de plus. Ma soif n'a pas été assouvie, dit-il d'une voix beaucoup trop rauque pour être normale.

L'infirmier le regardait de la tête aux pieds, l'inquiétude et la crainte se lisaient dans ses yeux. La crainte d'être dévoré vivant, là, par cette créature aussi belle que dangereuse. Et l'inquiétude, car cette créature n'était après tout qu'un jeune homme en souffrance.

-Je crains qu'il faille que vous vous en passiez. Le sang de Mr Potter est extrêmement puissant magiquement parlant, et, de plus, il est en parfaite santé. J'imagine que cela doit être une puissante drogue pour vous, mais vous devez trouver un substitut. Je peux vous proposer des antidotes si... .

Umeda n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il se sentit plaqué contre son bureau, le dos arqué. Draco avait traversé la pièce en un millième de seconde à peine, et maintenant il serrait étroitement le col de sa veste blanche dans son poing.

Il grimaça en sentant les canines du blond effleurer sa peau.

-Je pourrais prendre votre vie aussi, qu'en pensez-vous ? Susurra-t-il.

Il renifla fortement son odeur dans son cou – il était légèrement plus petit que lui.

-Second Rang, souffla Draco, une grimace de dégoût déformant ses traits. ... Et de personne d'autre, me suis-je bien fait comprendre ?

L'infirmier acquiesça lentement. Il ne fallait surtout pas qu'il fasse de gestes brusques. Il fit signe au vampire de s'écarter, et ouvrit un des tiroirs de son bureau. Il en sortit une éprouvette rouge à moitié pleine.

La rage passa dans les yeux de Draco.

-Vous en avez bu ?! S'écria-t-il subitement.

-N-non ! J'en ai pris pour faire des analyses. C'est tout ce qu'il me reste. Je sais que ça ne sera pas suffisant, mais... .

Draco ne l'écoutait déjà plus. Il perça la fiole de ses crocs et laissa le verre brisé et le sang qu'il contenait envahir sa gorge.

Ça suffirait pour cette nuit.

Sans un mot, il s'évanouit dans la nuit.

OoOoOoOoO

Deux heures plus tard, Draco errait de nouveau comme une âme en peine. Ses jambes le menèrent jusqu'au bar où l'avait emmené Théodore il y avait quelques soirs plus tôt.

Il y trouva des vampires, mais aussi des moldus prêts à lui offrir de bon gré leur sang. Des moldus stupides, pour la plupart gothiques ou sado-masochistes, qui croyaient au surnaturel, mais qui ignoraient tout du monde sorcier.

Quelle ironie!

Draco détestait ces gens-là, cependant il devait bien avouer qu'ils étaient utiles.

Il vida de son sang une autre jeune fille tout en couchant avec elle, pour évacuer le stress. L'ignorante mourut en jouissant sous le corps puissant du blond.

Dès l'instant où elle poussa son dernier cri, Draco su que ça ne serait pas suffisant, encore une fois. Il était à peine relaxé, sa soif ne le tiraillait plus de toute part, mais son ventre se tordait comme s'il avait du mal à digérer un repas avarié.

La bouteille de whisky qu'il s'enfila juste après l'acte ne réussit pas non plus à lui calmer les nerfs. Elle n'agit même pas sur ses neurones et bien que la tête lui tourne un peu, il était loin d'être saoul.

Il était dans la merde.

Et il avait besoin d'aide. Son père ne devait pas être au courant de sa situation... Être accro au sang de ce saint de Potter: il le tuerait ! C'était déjà assez humiliant pour lui, alors pour son père... .

Non il devait faire appel à quelqu'un d'autre. À une personne qui pourrait vraiment lui fournir un antidote, ou tout du moins un calmant : Severus Snape.

 

Laisser un commentaire ?