bloody you

Chapitre 3 : Soif et Froideur

4879 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 14:37

Chapitre 3 - Soif et froideur

Cette histoire de rumeur titilla la curiosité d'Harry pendant les jours qui suivirent. Sans en avoir l'air, le brun laissa traîner ses oreilles à droite et à gauche. Il voulait absolument savoir qui avait osé le proclamer comme « sa propriété ».

Pour l'instant il n'avait pas beaucoup d'indices, mais à vrai dire, il soupçonnait quelqu'un en particulier.

Un blond.

Démarche droite, fière.

Sourire froid, satisfaisant.

Yeux fouineurs.

Draco Malfoy en somme.

Tout tournait toujours autour de lui, alors pourquoi pas cette fameuse rumeur ?

Harry ne pensait pas vraiment que Malfoy ait formulé cette phrase, mais il était sûr que l'ex-Serpentard avait inventé une connerie dans ce genre pour le faire rager. C'est ce qu'il faisait toujours.

D'ailleurs, le comportement du blond lui avait paru étrange ces derniers jours. Agité, nerveux, il se méfiait de tout le monde et était désagréable avec quiconque osait croiser sa route. Puis, Harry avait appris qu'il séchait les cours, ce qui n'était vraiment pas dans ses habitudes. Et enfin, il ne l'avait pas vu à son cours de Prévention des Créatures Magiques. Et là, en plus de le soupçonner, Harry avait commencé à s'inquiéter. Bien sûr, il ne s'inquiétait pas pour Malfoy, mais il s'inquiétait que Malfoy soit en train de lui préparer un mauvais coup.

C'était totalement différent !

Ron le traita d'obsédé, mais ni Neville ni Hermione ne se moquèrent de lui. Pour une raison qu'il ignorait, Neville semblait gêné par tout cela, et Hermione s'inquiétait beaucoup plus par la disparition de son sang et sa soi-disant Dragoncelle.

Dragoncelle qu'il n'avait jamais eue en fin de compte.

Le docteur Umeda l'avait fait appeler deux jours plus tard pour lui annoncer les résultats négatifs de sa prise de sang. Par la suite, il avait essayé tant bien que mal de lui soutirer d'autres éprouvettes de sang, mais Harry avait disparu aussitôt le mot «sang» prononcé.

Bref, Harry n'avait plus qu'une personne à interroger pour connaître le fin mot de cette histoire : Bastian.

Et il recroisa le jeune homme au détour d'un couloir, par hasard, cet après-midi-là. Comme à son habitude maintenant, Bastian évita son regard et accéléra le pas.

Harry ne le laissa pas s'en aller pour autant, et le retint par le bras. Il n'avait jamais remarqué à quel point sa peau était froide.

-Attends, je peux te parler ? Insista-t-il.

-Qu'est-ce que tu me veux ?

Harry s'arrêta, choqué par l'intonation froide et distante du blond.

-Je voudrais savoir pourquoi tu ne veux plus faire équipe avec moi et Ron pendant les cours, demanda-t-il de but en blanc.

-Je-je ne vois pas de quoi tu parles.

-C'est à cause de la rumeur ?

Bastian ne répondit pas, ce qui augmenta l'agacement d'Harry.

-Qui ?

Le blond tourna soudainement sa tête vers la gauche, comme si un danger s'approchait de lui.

-Je dois y aller, chuchota-t-il avant de disparaître comme chassé par le diable.

Le diable... le mot était bien choisi : au bout du couloir venait d'apparaitre Malfoy.

La première chose qui choqua Harry quand il le vit fut son apparence physique. Il avait des poches sous ses yeux jaunis, et ses joues étaient pâles et creuses. Ses lèvres ne s'étiraient plus qu'en deux minces lignes rosâtres.

Harry remarqua aussi que dans sa démarche pourtant fière, il y avait une certaine maladresse. Comme celle d'un malade qui essaie vainement de faire croire que tout va bien.

Puis Harry comprit que ce n'était pas une coïncidence. Que si Bastian était parti à toute vitesse, c'était très certainement à cause de LUI.

-Toi ! Il faut qu'on parle ! Cria-t-il alors à l'ex-Serpentard.

OoOoO

Dans les méandres de son cerveau encore éveillé et alerte, Draco entendit Potter l'appeler.

Un rictus retroussa ses lèvres. C'était bien la première fois que Potter lui demandait de parler avec lui.

Quelle ironie qu'il lui demande ça juste aujourd'hui, alors qu'il n'était pas état de seulement parler avec lui.

Alors qu'il se sentait de plus en plus mal, même en buvant six litres de sang par jour.

Alors que Severus Snape n'arrivait pas encore à trouver un antidote assez puissant pour substituer sa drogue.

Alors qu'il avait si faim de lui... .

Oh oui, Potter ne se doutait pas à quel point il était en danger.

-Est-ce que c'est toi qui a...

Draco lui jeta un regard noir.

De son côté, Harry venait de comprendre: quelque chose ne tournait pas rond.

Draco s'approcha de lui, il pouvait sentir son odeur à dix mètres, et voir son sang couler dans ses veines à sept. Il se pourléchait déjà les lèvres d'envie.

Potter sentait si bon... .

Sa démarche se fit féline, et en deux temps trois mouvements, il fut sur Harry, son corps collé au sien, son nez dans son cou.

Harry était comme paralysé.

Il sentit le blond renifler son odeur et ce fut cette action qui le sortit de sa torpeur. La seconde d'après, il l'envoyait au sol à coup de poing dans l'estomac.

-Mais qu'est-ce qui va pas chez toi Malfoy ? Hurla-t-il, plein de rage.

Les vampires ne ressentent pas la douleur physique. Alors si Draco resta plié en deux quelques instants après le coup qu'il reçut, ce fut juste pour tenter de repousser son envie de lui sauter dessus et de déchiqueter son adorable cou.

-J'ai soif, murmura-t-il tout bas.

Harry avait très bien entendu cette réponse, mais il préféra l'ignorer. Il devait avoir mal entendu... Il avait peur que cette réponse amène une autre question et la solution ou plutôt le vrai problème de toute cette histoire.

Le blond se redressa lentement, et Harry détesta encore une fois ce centimètre de taille qui les séparait alors qu'il étirait son dos.

Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez ce type bon sang ?

Draco craqua lentement les os de son cou, puis ses yeux se figèrent à nouveau sur Harry.

Sur son cou où une veine palpitait.

Sur ses lèvres, rouges comme le sang.

Sur ses joues, légèrement teintées par la colère.

Il inspira profondément et sentit son odeur plus proche qu'elle ne l'avait jamais été. Ses yeux devinrent rouge vif, et Harry sursauta.

-Malfoy, qu'est-ce que... ?

Harry n'eut pas le temps de finir sa phrase que le vampire était déjà sur lui, ses crocs sur son cou. Il sentit deux pointes commencer à lui transpercer la peau juste avant que le blond ne s'écroule à ses pieds.

Derrière lui, le docteur Umeda se tenait, tremblant, baguette en main.

Harry crut défaillir. Tout s'était passé si vite... son corps tremblait encore lorsqu'il effleura son cou de ses doigts.

Il sentit deux bleus y naître et, sous le choc, il comprit que Malfoy avait essayé de le mordre.

Le mordre.

Malfoy avait des canines ?

Malfoy avait des canines... .

Oh Merlin ! Et si les jumeaux avaient raison ? Et si son sang avait été volé par un vampire ? Par... Malfoy ?

Éberlué, Harry détailla le jeune homme à ses pieds. Sa peau et ses cheveux pâles, irréels, ses yeux rouges, fous, ses joues creuses, comme s'il mourait de faim... et son comportement étrange depuis ces dernières années, depuis la fin de la guerre... Alors, c'était donc ÇA ?

Harry entra dans une fureur noire. L'air autour d'eux commença à s'agiter, se transformant rapidement en un vent furieux.

Malfoy lui avait menti. Malfoy lui avait caché qui il était ! Et ce connard avait même osé s'abreuver de son sang, SON sang ! Ce petit fumier avait dû bien s'éclater pendant la guerre avec tout ce sang versé... .

Harry eut envie de vomir.

Il savait depuis longtemps que le blond était mauvais, mais à ce point, non jamais. Harry était déçu. Profondément déçu.

Malfoy à ses pieds lui apparaissait comme une créature hideuse et dépendante des autres.

Dépendante de lui, vraisemblablement.

Il était tombé bien bas... .

Et pourtant, un nouveau frisson le parcourut lorsqu'il repensa à la puissance de son regard de tueur, à l'envie qu'il y avait lue, et à la force physique indéniable qu'il avait ressentie lorsqu'il l'avait plaqué contre le mur.

Finalement, il ne le connaissait pas.

Il ne connaissait pas ce Draco Malfoy, c'était un parfait étranger.

Cette vérité forma son troisième sentiment : le regret.

-Mr Potter, vous allez bien ? S'inquiéta l'infirmier devant le mutisme du brun.

-Vous étiez au courant, n'est-ce pas ? Le fusilla Harry, sur la défensive.

-Hum, nous devrions aller autre part, répondit-il en regardant autour de lui. Plusieurs professeurs et étudiants s'étaient déjà attroupés autour d'eux, alertés par les grondements et les rafales de vent magiques.

- Et s'il vous plait, calmez votre magie, elle risque de tout détruire... .

Harry respira à fond. Au loin, derrière le troupeau de curieux, il vit Hermione et Ron accourir, et leurs mines inquiètent le détendit un peu.

Umeda jeta un sort de lévitation sur le corps inerte de Malfoy, et Harry les suivit tous les deux jusqu'à l'infirmerie.

Là-bas, Malfoy fut allongé et enchaîné aux barreaux d'un des lits blancs, et l'infirmier envoya un hibou pour prévenir le directeur. Après la terreur de l'évènement passé, ce geste parut le fatiguer encore plus, et il avala ce qu'Harry pensa être deux comprimés contre le mal de tête.

Umeda prit aussi le soin d'injecter une dose rouge dans le corps du vampire alité, au cas où celui-ci se réveillerait sous peu.

-C'est votre sang, j'en avais gardé une petite dose, au cas où il perdrait le contrôle de ses nerfs.

Harry grimaça de dégoût.

-Vous devriez vous assoir, vos jambes tremblent.

-Je vais très bien, répondit-il sèchement.

Umeda n'eut pas le temps d'insister que la porte de l'infirmerie s'ouvrit pour laisser place au directeur.

Le directeur de l'université sorcière était un homme d'âge mûr qui paraissait très certainement beaucoup plus jeune qu'il ne l'aurait dû. Il possédait un regard bleu clair, franc, de longs cheveux blancs retenus lestement par un élastique dans son dos, et une peau hâlée très peu marquée par les rides. Il était à peine plus grand qu'Harry, mais tout son être imposait le respect et la dignité. Comme Dumbledore, c'était le genre d'homme que l'on pouvait admirer sans même le connaître, car il avait cette capacité de sembler transparent, calme et gentil, tout en gardant ses pensées rien que pour lui.

Harry ne savait pas encore s'il l'aimait ou non. Ce qui était sûr, c'était qu'après Dumbledore, jamais il ne ferait confiance à un sorcier aussi puissant et sûrement aussi manipulateur que le directeur.

Harry n'avait plus de comptes à rendre à personne.

Non, cette fois-ci c'était à Malfoy de lui rendre des comptes... .

-Zillah, je suis vraiment désolé de vous avoir laissé la responsabilité de cette affaire mon ami ! Je suis là à présent, dites-moi ce qui ne va pas ? Oh Mr Potter, je suis ravi de vous rencontrer... enfin !

Le directeur eut un sourire doux et charmeur en serrant la main d'Harry. La colère du brun retomba quelque peu à ce contact. Il soupçonna le sorcier d'user d'un sort d'apaisement sur lui. Mais cela ne dura que quelques secondes, le directeur se tourna ensuite vers le lit où était enchaîné Draco Malfoy toujours aussi pâle que la mort.

-Ah oui..., commença-t-il, hésitant. Mr Potter, ce que je vais vous dire là est strictement confidentiel, mais je pense qu'après ce qui s'est passé, je vous dois une explication.

Harry hocha la tête, surpris par la facilité avec laquelle il apprendrait le fin mot de cette histoire. Avec Dumbledore, il aurait dû attendre au moins la fin de l'année scolaire... .

-Cette université est unique en son genre. Aucune autre ne lui ressemble dans toute l'Europe, et je n'en suis pas peu fier. Voyez-vous, nous sommes les seuls à tolérer, dans la limite où ils acceptent de garder leur identité secrète pour ne pas alarmer les parents d'élèves et les élèves eux-mêmes, les vampires de classes supérieures.

Une lueur de fierté brillait au fond des yeux du directeur. Harry jeta un coup d'œil à l'infirmier, croyant à une mauvaise blague. Celui-ci grimaçait légèrement, comme gêné par les propos du 'vieil' homme. Harry apprit plus tard qu'il faisait lui aussi parti de cette race noctambule.

-Mr Malfoy ici présent est l'un de nos plus éminents vampires, et il se trouverait qu'il ait malencontreusement avalé votre sang. Ce qui l'a rendu... comment dire ? Totalement et irréversiblement dépendant de vous.

Harry resta muet.

Malencontreusement ?

Totalement et irréversiblement dépendant ?

Non, là c'était vraiment une mauvaise blague, n'est-ce pas ?

Ses yeux glissèrent sur la silhouette alitée et il eût un hoquet de surprise en découvrant Malfoy réveillé. Celui-ci pestait contre les chaînes à ses poignets. Harry le vit attraper une bouteille d'alcool à 90° posée sur la table de chevet à côté de lui, et retirer le bouchon avec ses dents blanches. Ses dents légèrement pointues au niveau des canines.

Il cracha le bouchon au sol et avala goulûment plusieurs gorgées d'alcool avant que l'un des deux adultes présents n'ait le bon sens de l'arrêter.

Il toussa, devint encore plus blanc si possible, et se redressa enfin sur sa couche.

Aussitôt, ses yeux dardèrent vers lui.

-Tu as de la chance, Potter, fit-il d'une voix suave en se léchant les lèvres.

-Tu me dégoûtes Malfoy ! Je ne pensais pas que tu en arriverais là : voler du sang pour te nourrir ! Tu es infecte.

Le blond ne cilla pas. Aucune autre émotion que l'envie et la soif ne s'affichait sur son visage.

Harry sentit sa fureur revenir au galop.

-En fait, c'est Mr Zabini le voleur. C'est lui qui a subtilisé votre sang pour l'offrir à Mr Malfoy, expliqua posément l'infirmier.

-Et toi tu l'as aussitôt accepté ? Tu me fais pitié ! Répliqua directement Harry à Malfoy.

-Je ne savais pas ce qu'il y avait dans mon verre. Mais maintenant que je te vois si bouillant de rage, je ne regrette rien.

-Va te faire voir !

-Du calme, messieurs ! S'écria le directeur en levant ses mains d'un geste apaisant.

Pour la première fois depuis son mandat à la présidence de l'université, le directeur se sentit impuissant face à la démonstration de haine entre les deux jeunes hommes. Jamais encore il n'avait ressenti autant de rancœur entre deux personnes.

-Mr Malfoy je pense que vous devriez montrer un peu plus de respect envers Mr Potter. Lui seul peut vous sortir de l'état dans lequel vous vous trouvez, tenta de raisonner le directeur.

Draco le regarda avec des yeux ronds avant d'exploser de rire. Un rire froid à vous glacer le sang.

-Croyez-vous que je lui laisserais le choix de toute façon ? Vous-même vous savez très bien qu'il vous est impossible d'entraver à mes désirs.

-Vous pourriez vous faire renvoyer, tenta de le dissuader le directeur.

-Et alors? Du moment je peux sucer tout le sang hors de son corps... .

-Enfoiré ! Si tu crois que je vais me laisser faire ! Répliqua Harry farouchement.

Il sortit sa baguette et la pointa juste sous la gorge.

Draco grogna et lui montra ses canines, toujours en souriant. Prenant cela pour de la provocation, Harry enfonça carrément sa baguette dans sa chaire. Celle-ci commençait à crépiter quand il fût tiré en arrière.

-Ça suffit ! S'écria le directeur. Mr Potter je suis désolé de vous le dire, mais aussi célèbre et puissant que vous soyez, vous n'y pouvez rien. Mr Malfoy à raison, votre seule issue est d'accepter de lui donner un peu de votre sang chaque jour.

Harry eut une grimace de dégoût et recula même de plusieurs pas, sous le choc.

-Plutôt crever ! Cracha-t-il.

-Eh bien... C'est ce qui risque d'arriver. Un vampire assoiffé est très dangereux, et monsieur Malfoy... .

-Je suis un sang pur, acheva Malfoy avec fierté. Je n'abandonnerai pas.

Harry n'arrivait pas à décrocher son regard de ses yeux d'acier. Ce salaud le narguait, il cherchait à le faire venir à bout. Comme à Poudlard... en plus poussé. Comme si aujourd'hui il voulait atteindre l'apogée de leur haine, le point de non-retour.

-Et je suis Harry Potter, et je ne TE céderai pas, répondit Harry.

-C'est vrai, ta réputation n'est plus à refaire, Harry. C'est pourquoi je m'inquiète plus pour la santé de Draco. Sans ton sang, il mourra.

Tous les occupants de la salle firent volte-face pour accueillir le nouveau venu.

Un sourire bienveillant, l'œil observateur, ridé, mais rieur, Albus Dumbledore se tenait sur le pas de la porte appuyé sur une belle canne noire.

Le directeur se précipita vers lui bras ouverts.

Les deux hommes s'étreignirent amicalement et leur différence d'âge frappa Harry. Car si leur directeur actuel s'était bien conservé, depuis la fin de la guerre Dumbledore semblait vieillir à vu d'œil. Son grand âge avait rattrapé sa bonne humeur et il ressemblait plus à un vieillard trapu et fatigué qu'autre chose.

Mais le vieil homme n'avait pas perdu sa tête et il savait autant qu'avant manipuler les gens. Il devinait toujours ce que cachait chaque personne, ses moindres pensées et surtout ses sentiments.

C'est pourquoi il avait aussitôt répondu à l'appel de son vieil ami. Pour les avoir supportés pendant plus de sept ans, Albus connaissait très bien Harry et Draco. Il savait ce qui séparait les deux jeunes hommes, mais aussi ce qui les liait.

Et il savait aussi que sa phrase avait fait mouche.

Car Harry Potter ne laisserait jamais Draco Malfoy mourir.

L'un ne pouvait vivre sans l'autre.

Et c'est exactement ce à quoi Harry était en train de penser.

Comment pourrait-il vivre sans Malfoy ? Sa première réaction avait été la jouissance à l'état pur: si Malfoy mourrait, alors il aurait gagné, il l'aurait enfin surpassé ! Cependant, Harry ne savait pas pourquoi, mais il se sentait vivant lorsqu'il se frottait avec Malfoy. Leurs disputes l'avaient toujours motivé à se surpasser, à être toujours au meilleur de lui-même. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un qui avait autant de répartie que le blond, et qui le faisait autant rager que lui. Non, une vie sans Malfoy serait fade, sans saveur. Mais c'était aussi pour ces raisons que le brun refusait catégoriquement de se soumettre à lui. Si Malfoy était dépendant de son sang, alors tant pis pour lui il le serait jusqu'au bout : Harry lui donnerait son sang que lorsqu'il le voudrait.

Il fit part de ses pensées aux autres et Dumbledore se permit un sourire victorieux. L'infirmier ne parlait plus, trop étonné et intrigué par la tournure que prenait toute cette histoire.

Malfoy ne sembla qu'à moitié content de cet accord, mais il n'avait pas le choix. Et puis, si un soir il mourait vraiment de soif, personne n'irait lui reprocher de mordre Potter.

Tout son corps sembla se réveiller à cette pensée.

Il observa l'infirmier prendre plusieurs éprouvettes de sang au brun et lui en tendre une. Draco la prit délicatement entre ses doigts et sans quitter Potter des yeux, il avala et lécha avidement son sang.

-Bien, je crois que tout est arrangé ! S'exclama joyeusement le directeur.

Albus lui renvoya un sourire forcé.

Oh non, rien n'était fini avec ces deux-là... .

OoOoO

Le soir venu, Harry n'arriva pas à dormir.

Ses pensées tournaient en rond dans sa tête sans vouloir s'arrêter.

Et surtout une image en particulier ne voulait pas quitter son esprit : celle de Malfoy buvant son sang.

Malfoy et ses dents blanches d'où s'échappait un filet de sang rouge.

Malfoy et ses lèvres roses, juteuses.

Malfoy et son souffle court, et ses joues rouges, et ses yeux gris rouges sulfureux, Malfoy, Malfoy, Malfoy partout.

Il allait perdre la tête !

Harry se retourna dans son lit en position féodale, ses mains plaquées contre ses oreilles. Son regard s'attarda sur le pansement qui cachait sa prise de sang et une envie de vomir remonta de sa gorge jusque dans sa bouche pâteuse.

Ce connard avait eût ce qu'il voulait : son sang. Harry n'était même pas sûr de se rendre compte à quel point cet acte pouvait être intime. Boire le sang de quelqu'un d'autre, goûter à ce péché interdit, ce liquide de vie qui alimente ce que nous sommes... Harry frissonna. C'était presque aussi pire que de coucher avec Malfoy !

Il frissonna à nouveau... non, le pire serait justement de coucher avec lui. Oh oui, cela serait même le plus horrible de ses... cauchemars.

Vers 3 heures et demie du matin, il finit par s'endormir, épuisé.

OoOoO

Draco non plus ne dormait pas. Mais pour des raisons diamétralement opposées : il était trop excité, trop plein de vie pour s'endormir. Il sentait ce liquide bienfaiteur et magique couler dans ses veines : enfin, sa drogue était revenue ! Et plus que jamais il se sentait puissant. Il avait besoin de chasser, juste par plaisir. Juste pour évacuer ce trop-plein d'énergie.

Il savait que cela n'était que temporaire, que le lendemain matin il serait calmé et que dès le midi il mourrait de soif. Et il savait aussi que sa réaction n'était pas normale. À l'infirmerie il avait été sur le point de craquer, de se transformer en sauvage et d'attaquer lâchement Potter. Le sang de Potter agissait de manière puissante sur lui car il avait été en manque, mais cela était exceptionnel. Les prochaines doses seraient plus calmes... si Potter acceptait de les lui donner au plus vite. Tout se passerait bien dans ce cas-là.

Draco avait beaucoup réfléchi aux mots de son vieux fou de directeur d'antan. S'il venait à attaquer Potter alors il n'était pas sûr qu'il survive, bien qu'ils croyaient tous le contraire. Car Draco connaissait ses limites, mais il savait aussi jusqu'où il était capable d'aller. Soit très loin. Sans se vanter, il était un sorcier et un vampire de sang pur, magiquement et physiquement parlant il avait donc toutes les qualités souhaitées. Et il était très loin d'être stupide. N'avait-il pas été le 'Prince de Serpentard' ?

Non, Potter n'aurait aucune chance.

Et c'est bien cela qui lui faisait peur... .

Poussé par l'adrénaline, Draco longea les couloirs sombres de l'université à la recherche d'une proie pour passer la nuit.

La faculté sorcière d'Angleterre était l'une des plus grandes du monde. Elle comportait une vingtaine de bâtiments en forme de L ou T reliés les uns aux autres par des couloirs à demi couverts et suspendus au-dessus du sol qui formaient des sortes de ponts. Chaque bâtiment portait comme nom une lettre allant du A au M. En comptant en plus le réfectoire, les espaces verts de repos, les serres pour les botanistes et les enclos aux dragons, la totalité du campus devait bien s'étendre sur plusieurs kilomètres. De quoi s'y perdre, ou au contraire faire des rencontres.

Cependant, Draco trouva sa proie dans le bâtiment voisin au sien. Il devait bien être 23 h, mais une salle de classe était toujours éclairée, et derrière la vitre on pouvait y voir un jeune professeur en blouse blanche penché sur son travail.

Souriant, Draco s'invita sans retenue dans son espace de travail.

-Bonsoir, professeur. Vous avez du travail en retard ? Je peux vous aider, peut-être... .

Le jeune professeur sursauta, surprit. Les cernes sous ses yeux et ses mains tremblantes indiquaient son manque de sommeil.

-Oh, Mr Malfoy ! Vous ne dormez pas encore ? Je termine une expérience pour le directeur, dit ce dernier, gêné. Votre aide me serait précieuse, en effet, ajouta-t-il en dévisageant le blond de la tête aux pieds.

Le sourire de Draco se fit séducteur. Bien, la proie était appâtée. Le reste serait on ne peut plus facile... .

 

Laisser un commentaire ?