Ethan Clark et l'ombre du corbeau

Chapitre 8 : Corbeau

5960 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/02/2023 08:12

 CHAPITRE 8 : CORBEAU


Aussitôt quitté, aussitôt revenu. Les vacances de Noël étaient passées à une vitesse folle et Ethan était déjà de retour à Poudlard. Avec le froid extérieur, il n’avait jamais été aussi content de retrouver la chaleur apaisante de la salle commune de Poufsouffle, dans laquelle régnait une odeur alléchante de miel et de noisette. Assis à côté de la cheminée dans un gros fauteuil bas, Ethan raconta ses vacances à Ambrose ainsi que sa déception quant à l'absence de son père.

- Il n’a été présent qu’un demi jour et a dû partir en quatrième vitesse pour une affaire importante. Je pense que je vais rester au château les prochaines vacances. Et toi ça s’est bien passé ?

- Super, répondit Ambrose. Même si je n’ai pas su trouver les passages secrets que je souhaitais. Par contre j’ai réussi mon plan pour échapper à Tarentula.

- C’est vrai ? Comment tu fais ?

- J’utilise le sortilège Revelio pour faire apparaître les fils de Tarentula et pour les éviter un maximum je me déplace dans les couloirs en volant sur un balai. Ça m’a permis d’en esquiver un maximum. Mais sur les endroits interdits, elle a carrément tissé des toiles entières. C’est pour ça que je n’ai pas su accéder aux passages secrets. 

- Cette sorcière est quand même incroyable, dit Ethan. Tu m’étonnes qu’elle ait été choisie comme concierge.


Ethan était très heureux d’être de retour à l’école mais un peu moins de retourner en cours. Il peinait fortement à rattraper son retard en sortilèges et défense contre les forces du mal. Il profitait pourtant de toutes les séances avec Murphy pour essayer de s’améliorer mais celui-ci ne l’aidait pas beaucoup, le rabaissant à chaque fois qu’il échouait. Même les cours de métamorphose devenaient de plus en plus pénibles car Ethan avait pris beaucoup d’avance et était obligé de subir de la théorie sur de la matière qu’il maîtrisait déjà. Ce second trimestre fut donc moins enjoué et plus laborieux que le précédent. Il passait beaucoup de temps à travailler sur ses cours et à mettre au point son parchemin pour le professeur Kellet. La saison de Quidditch avait également avancé et Poufsouffle avait bien évidemment perdu son match contre Gryffondor. La maison Serdaigle quant à elle avait remporté son match contre Serpentard. Au niveau des points, Gryffondor était en tête, suivi de près par Serdaigle et Serpentard. Poufsouffle était bon dernier avec seulement cent points. Il ne restait qu’un match à jouer pour la maison du blaireau et même avec tous les efforts possibles, cela ne permettrait pas qu’elle quitte la dernière place du classement. Le professeur Lupton était très tendu de la situation et se montrait intransigeant envers les élèves de sa maison. Il n’hésitait pas pour cela à leur rajouter du travail supplémentaire afin « de leur apprendre la rigueur et la satisfaction face à l’effort ».

- Je crois qu’il veut nous tuer, dit Ethan en sortant de la classe de sortilèges.

- Ça va, tu vas avoir une semaine de vacances pour travailler tout ça, le rassura Thadeus. Si tu veux je pourrai t’aider, je reste aussi.

- Tu parles de vacances, se plaint Ethan. Mais c’est gentil. Owen, Ambre, vous restez aussi ? 

- Changement de programme pour ma part. Ma grand-mère demande à me voir, répondit Ambrose. 

- Moi pareil, mon père a besoin d’aide sur la réparation de vieux modèles Brossdur. Désolé mon pote. 

- Ça ne fait rien, dit Ethan l’air maussade. Au moins Thad’ et moi on sera concentrés sur les cours. 


Les derniers jours de cours arrivèrent et Ethan avait fini son parchemin à rendre au professeur Kellet. Il était fier parce qu’il avait réussi à apprendre à Lionel Murphy à transformer un bouton en scarabée. Le professeur Diaphora était également enchanté de l’apprentissage de ce dernier et avait remercié Ethan de maintes fois pour cela. A contrario, Ethan avait encore un peu de mal avec le sortilège Revelio mais maîtrisait enfin correctement le sortilège de lévitation. « Pas trop tôt » comme avait dit Lupton. Lorsqu’il alla rendre son travail au professeur Kellet, celle-ci fut enchantée de voir à quel point les deux élèves avaient pris cette leçon au sérieux et avait donc décidé d’offrir 50 points à chaque maison. Après cela, Murphy recommença à chambrer Ethan et les autres Poufsouffle à tout bout de champ, en rappelant bien leur place au classement du tournoi de Quidditch. Ethan rêvait encore de se venger du Gryffondor mais se rappelait constamment de comment c’était passé la dernière fois. Hagrid lui avait d’ailleurs déconseillé de le faire. Le dernier jour avant les vacances, tous les amis se retrouvèrent à la cabane afin de discuter, de jouer aux bavboules et de s’amuser à se défier dans des petits duels de sorciers. Le professeur Adams, qui sortait de la forêt interdite avec Hagrid, les disputa gentiment avant de retourner au château d’un pas frénétique. 

- Pas de bêtises les enfants ! Je vous surveille, lança-t-il au loin. 

Ethan ne savait jamais s’il plaisantait ou pas mais trouvait finalement qu’il était bien plus sympathique que son allure ne le laissait présager. Le professeur Adams leur avait appris cette année le sortilège de désarmement, qu’il jugeait comme étant la base de la défense contre les forces du mal. Ethan n’arrivait toujours pas à le maîtriser totalement, seules quelques étincelles rouges sortant de sa baguette quand il lançait la formule Expelliarmus.

- Concentre toi Ethan, dit Thadeus alors qu’ils s’entraînaient devant la cabane. Si tu ne réussis pas ce sortilège avant la fin d’année, tu vas rater le cours de défense contre les forces du mal.

- Je fais de mon mieux Thad’ ! répondit celui-ci en essuyant son visage. 

- Fais comme si tu étais devant Murphy ou Murdock, plaisanta Ambrose.

- Petrificus Totalus, cria Ethan en visant Owen qui se moquait de lui un peu plus loin.

Owen tomba alors face au sol, raide comme si on lui avait lié les poings et les pieds.

- Voilà ce que je ferais si j’étais en face d’eux, dit Ethan en colère.

Thadeus s’empressa d’aller voir Owen afin de le libérer de l’emprise du maléfice.

- T’es pas cool Ethan, je rigolais, dit ce dernier en se relevant.

- Je ne comprends toujours pas comme tu peux si bien lancer un tel maléfice alors que tu n’arrives pas à maîtriser Expelliarmus, dit Calliope.

- C’est pas pareil, répondit Ethan. Mon père m’a appris le maléfice du saucisson depuis tout petit. J’ai eu plus que le temps de m’entraîner.


La dernière soirée de ce trimestre fut un des plus beaux moments qu’Ethan ait pu vivre à Poudlard depuis le début de l’année. Les Poufsouffle se réunirent dans les cuisines après le repas du soir pour un second festin. Même Florian Lemineur, leur préfet, était présent et tout le monde chantait et dansait au rythme de La Danse du Blaireau, une hymne que des élèves de Poufsouffle avaient inventé des années auparavant.

- Oui le blaireau n’est pas farouche

Il préfère danser d’vant la ch’minée

Mais attention si tu le touches 

Il t’enverra très vite valser !

Et oui sa danse est entraînante

Secoue les genoux, secoue les hanches

Oui rejoins nous, si ça te branche

Et viens trinquer à l’amitié ! Hé ! 

Sur les dernières paroles du refrain de la musique, les élèves levèrent leurs verres, remplis de jus de citrouille et autres breuvages, et trinquèrent tous ensemble. Même les elfes de maison s’étaient joints à la fête, tapant avec de grosses cuillères sur des marmites au rythme de la chanson. Calliope était en train de danser avec deux d’entre eux, dont un était monté sur les épaules de l’autre, de façon à être à la même taille que la jeune fille. Sam Smith avait ensorcelé une petite casserole pour en faire un canon miniature et envoyait des pop-corn caramélisés dans la bouche de son petit frère, Dean. Pendant ce temps là, Ambrose et Owen faisait un concours de celui qui s’élèverait le plus haut dans les airs en mangeant des Fizwizbiz, pendant que Nébuleuse volait au dessus d’eux, essayant de mordre leurs oreilles. En voyant cela, Ethan ressentit une chaleur dans tout le cœur et se rendit compte de la chance qu’il avait d’être tombé dans une maison si chaleureuse. Pour rien au monde il n’aurait voulu que le Choixpeau l’envoie ailleurs. 

La fête prit fin vers 23h lorsque Florian Lemineur estima qu’il commençait à se faire tard et qu’il valait mieux rentrer en salle commune. Après avoir remercié chaleureusement les elfes de maison, les élèves de Poufsouffle quittèrent silencieusement les cuisines pour retourner dans leurs dortoirs respectifs. Ethan et Owen saluèrent Ambrose et Calliope, après s’être donné rendez-vous le lendemain matin dans la grande salle pour se dire au revoir avant les vacances. Épuisé, Ethan se coucha dans son lit et vint se blottir contre son chat Cloud, qui se mit à ronronner immédiatement.

Le lendemain matin, Ethan rejoignit directement ses camarades, après avoir enfilé un col roulé aux couleurs de sa maison, un pantalon de survêtement et des pantoufles noires. Lorsqu’il arriva dans la grande salle, tous ses amis l’attendaient déjà, bagages à leurs pieds. 

- Tiens Ethan, dit Ambrose en lui tendant une lettre. J’ai trouvé ça devant la salle commune. Elle est à ton nom. 

Ethan ouvrit la lettre, la parcourut rapidement, avant de lire à haute voix les quelques lignes griffonnées dessus. 

-« Je n’ai toujours pas digéré l’humiliation et les heures de travail supplémentaires que tu m’as faites subir. C’est pourquoi je te défie ce soir à minuit pour une nouvelle course de balai. Je t’ai battu une fois, je peux te battre autant de fois que je le veux. Rendez-vous au 7eme étage, devant la classe de divination, si t’es un brave blaireau. Lionel Murphy. »

Ethan regarda ses amis avec un regard interloqué.

- N’y va pas Ethan, dit Calliope. Ça lui ferait trop plaisir et tu n’as rien à lui prouver.

- Rien à lui prouver, mais ça ferait du bien de lui fermer sa bouche, répondit Owen.

- Et y en a marre qu’il insulte notre maison ! s’énerva Ambrose. Tu devrais y aller, Ethan. Cette fois tu vas le battre à plate couture.

- Je ne sais pas, dit Ethan, hésitant.

- Et si c’était un piège ? dit Calliope. Tu vas t’attirer des ennuis.

- Je peux te prêter Nébuleuse, insista Ambrose. Elle t’aidera à repérer les fils de Tarentula, vu que tu ne maîtrises pas Revelio totalement.

- Fais comme tu le sens mais je t’aurai prévenu, dit Calliope en s’éloignant. Bonnes vacances !

- Si tu n’y vas pas, je reste pour le faire, dit alors Ambrose, résignée.

- Non, non, c’est bon, j’irai, souffla Ethan. Tu es sûre pour Nébuleuse ?

- Sûre, répondit la jeune fille en faisant un bisou sur la joue d’Ethan. Elle est dans la salle commune. Allez, bonnes vacances et fais lui mordre la poussière !

- Bonne chance mec ! lança Owen en partant avec Ambrose vers la sortie du château.

Ethan soupira, rangeant la lettre dans sa poche, avant de s’installer à une table de la grande salle. Quelques minutes plus tard, Thadeus vint s’asseoir à ses côtés, accompagné de son ami Charlie West. Ethan lui expliqua la situation et comme à son habitude, Thadeus lui conseilla la sécurité.

- Je rejoins Calliope sur ce coup là. C’est pas une bonne idée.

- Oui mais Owen et Ambrose ont raison, il nous manque de respect depuis longtemps.

- Comme tu veux, répondit Thadeus. Mais alors aujourd’hui on s’entraîne au sortilège Revelio.

- Ça marche, dit Ethan. J’ai déjà révisé les ingrédients de la Potion d’amnésie pour l’examen de Kellet et j’ai fini mon parchemin sur Jupiter et ses satellites pour le professeur Nebula. Donc on a du temps pour ça. 

- Il faut juste que tu maîtrises le sortilège de désarmement pour Adams avant la fin de la semaine.

- Et Lupton veut qu’on apprenne le sortilège d’attraction avant la fin de l’année, se plaint Ethan.

- Il est dur avec vous, ce n’est pas un sortilège simple pour des premières années. On va avoir du travail cette semaine. Du coup, on va s’entraîner dans la cour ? 

- Ça marche, répondit Ethan. 

Les trois jeunes sorciers s’entraînèrent aux sortilèges toute la matinée avant de rejoindre Hagrid après le repas du midi. Le fantôme leur donna des conseils pour le cours de botanique, ce qui les fit avancer dans leur parchemin à rendre pour le professeur Datura. La première journée de vacances d’Ethan ne fut pas très reposante tant il avait travaillé sur ses différents cours avec Thadeus et Charlie. Après le repas du soir, le jeune Poufsouffle alla se préparer dans la salle commune pour son défi du soir. Comme pour la première fois, il se vêtit d’une cape noire avec capuche afin de dissimuler son visage, puis prit le balai qu’il avait préalablement emprunté pendant la journée dans le local du cours de vol. Ethan se dirigea ensuite vers la cage de Nébuleuse et lui donna quelques grillons vivants afin de l’amadouer. Il ouvra la porte de sa cage puis lui fit une petite caresse avant de la cacher à l’intérieur de sa cape. Cloud jaillit alors, essayant d’attraper la chauve-souris à travers les vêtements d’Ethan. 

- Cloud, arrête ! dit Ethan à voix basse. J’ai besoin d’elle. 

Il repoussa son chat qui partit se blottir dans un canapé proche de la cheminée. Il fixa Ethan d’un regard noir avant de lui tourner le dos pour faire sa toilette. Le garçon eut alors un mauvais pressentiment et un frisson lui traversa tout le corps. Après un court moment de doute, il regarda la montre de son père. 23h50. Il n’avait plus le temps de réfléchir. Le garçon quitta alors la salle commune d’un pas décidé. Une fois arrivé dans le couloir, il enfourcha son balai et sortit Nébuleuse de sa veste. Baguette en main, il s’envola légèrement du sol avant de lancer un timide « Revelio ». Ethan fut surpris de constater l’efficacité de son sortilège. Comme l’avait affirmé Ambrose, il aperçut alors de longs fils argentés dans tous les coins du couloir. Certains d'entre eux pendaient longuement jusqu’au sol. Nébuleuse en tête, le jeune Poufsouffle s’avança alors prudemment, esquivant les pièges de Tarentula avec agilité. Dès qu’il arrivait à un croisement ou lorsqu’il ne voyait plus aucun fil, il en profitait pour recommencer l’opération afin de continuer son ascension. Lorsqu’il arriva enfin au 7ème étage, Ethan avait des gouttes de sueur qui perlait de son front. Épuisé par toute la concentration qu’il lui avait fallu pour atteindre sa destination, il hésita une seconde à retourner d’où il venait. Lorsqu’il s’engagea dans le couloir menant à la classe de divination, il remarqua qu’il avait perdu Nébuleuse de vue et surtout que Murphy n’était pas présent au lieu de rendez-vous. Anxieux, Ethan regarda à nouveau sa montre et vit qu’il était déjà minuit passé. Il attendit malgré tout encore quelques minutes mais ne vit toujours personne arriver. Voulant faire demi-tour afin d’aller voir près de la tour de Gryffondor si son rival ne s’y trouvait pas, il fut soudainement percuté de plein fouet par quelque chose de très rapide qui le fit tomber de son balai. Il se releva de sa chute, essayant d’observer ce qui venait de le faire tomber et vit à la dernière seconde un corbeau anormalement grand foncer sur lui à pleine vitesse. Ne pouvant pas l’esquiver, il fut heurté une seconde fois, ce qui le propulsa violemment deux mètres plus loin. Le souffle coupé, Ethan peina à se relever de cette deuxième chute. Il leva alors sa baguette, à l’affût d’une nouvelle attaque de l’immense oiseau, prêt à se défendre. Mais ce qui dégagea de l’obscurité ne ressemblait plus en rien à un quelconque volatile. A la place, un homme de plus deux mètres, à la démarche boiteuse, s’avançait vers Ethan. Plus il s’avançait et plus le garçon arrivait à discerner quelques détails de l’ombre grandissante. Encapuchonné. Une longue cape de plumes noires le recouvrant intégralement. Une baguette à la main. Et soudain cette voix rauque, lugubre et discordante, qui se dégagea du silence étouffant. 

- Quelle drôle de coïncidence… Cette baguette… Dans tes mains… Toi, le fils du Basilic.

Un rire glacial, semblable à un croassement, résonna alors dans tout le couloir. Les poils d'Ethan s’hérissèrent jusqu’à la base de sa nuque puis l’homme leva sa baguette. Avant qu’il n’ait eu le temps de faire quoi que ce soit, Ethan fut une nouvelle fois projeté au sol. Cette fois, il n’essaya même pas de se relever, se contentant de ramper tant bien que mal. Le rire s’accentua, pénétrant dans la tête d’Ethan. Il eut l’impression d’entendre une nuée de corbeaux croasser à côté de son oreille. 

- C’est donc tout ce dont tu es capable ? Ramper comme un ver, attendant que je te picore ? 

La silhouette s’approcha alors lentement d’Ethan avant de le saisir et de le soulever sans peine. Il redressa le garçon et le plaça devant lui. Éprouvé, Ethan ne parvint pas à lever la tête afin de regarder le visage de son agresseur et se contenta de poser celle-ci, lourde, contre le ventre de l’homme, qui se remit aussitôt à rire. 

- C’est tentant mais j’ai d’autres projets pour toi, croassa-t-il. 

Il prit alors doucement la baguette de la main d’Ethan et la glissa dans sa cape. Il s’éloigna ensuite du jeune garçon, le laissant planté là, chancelant, dans le couloir froid et sombre. Ethan releva doucement la tête, voyant les plumes noires disparaître dans la pénombre. 

- Petrificus Totalus

Avant même que ses jambes tremblantes aient eu l’occasion de flancher, Ethan reçut de plein fouet le maléfice et se vit tomber, raide comme un piquet. Il ne s’écrasa pourtant pas au sol cette fois-ci, l’immense corbeau l’ayant attrapé de justesse et l’emportant avec lui à travers le château. Ethan vit de nombreux couloirs défiler sous ses yeux avant de s’évanouir. Son dernier souvenir fut une nuée de papillons blancs l’attrapant avec douceur alors qu’il était en train de chuter d’une hauteur vertigineuse. 


Ethan se réveilla quelques jours plus tard dans une grande pièce baignée de lumière, l’obligeant à garder les yeux fermés. Il entendait au loin une conversation entre deux personnes. Très vite et malgré son mal de crâne, il réussit à reconnaître une des deux voix qui s’élevait à l’entrée de l’infirmerie. C’était une voix qu’il ne connaissait que trop bien mais qu’il n’avait plus entendu depuis longtemps. Celle de son père. 

- Je n’arrive toujours pas à croire que quelqu’un se soit introduit ici, gronda Mr Clark. Je suis à deux doigts de t’envoyer le bureau de l’éducation, Saphir. Alors donne-moi une bonne raison de ne pas le faire ! 

- Ne dis pas de sottises, répondit la seconde personne d’une voix désinvolte mais ferme. Je contrôle la situation. Même si je t’accorde que cet incident n’aurait jamais dû arriver. 

- Tu réduis ça à un simple incident ?! Mon fils aurait pu mourir ! 

- Je sais, dit Neferumenti. Je m’en excuse personnellement. Et comme je te l’ai dit, ça n’aurait jamais dû arriver. Nous sommes en train d’essayer de comprendre comment cela a pu se produire. 

- Tu sais au moins qui a fait ça, affirma Mr Clark. 

- Nous n’avons aucune certitude que c’est Lui, répondit le directeur. 

- Tu te fous de moi ? Le professeur Diaphora l’a vu ! Un immense corbeau borgne avec deux marques blanches sur le crâne. Ce n’est quand même pas courant à Poudlard ! 

- Je n’ai jamais vu personnellement sa forme animagus. Je ne peux donc pas affirmer que c’est bien Lui. 

- Tu cherches à protéger ton ami, dit Mr Clark d’un air inquisiteur. Je te préviens que… 

- Ce n’est pas mon ami, coupa sèchement Neferumenti. Je te prierai d’arrêter tes accusations et menaces tout de suite. 

Mr Clark frotta sa tête dans ses mains.

- Tu ne peux pas nier que c’est étrange, dit-il. Nous savons que c’est un grand collectionneur et l'agresseur d’Ethan lui a volé sa baguette. 

Ethan eut un sursaut en entendant cela. S’il n’avait pas eu si mal, il se serait levé brusquement pour chercher sa baguette. Mais il préféra continuer à faire semblant de dormir afin d’écouter le reste de la conversation. 

- J’ai entendu parler de la baguette d’Ethan, dit Neferumenti. Si ce que tu dis est vrai, le plus inquiétant est de savoir si Alchiba est encore avec Lui. Et ce qu’elle pourrait faire d’un outil si puissant. 

- Tu es sûr de ne pas savoir où il se trouve ? insista Mr Clark. 

- Je te répète que je n’ai pas de lien avec Lui, trancha Neferumenti. 

- Vous partagez pourtant des similitudes sur l’utilisation de la magie… 

- L’Auror de Pierre va venir me donner des leçons sur la façon dont j’utilise la magie ? 

Mr Clark se ferma soudainement. Il se tut un instant, puis chuchota quelque chose au directeur de Poudlard sans qu’Ethan ne puisse l’entendre. 

-Je vais voir si tout est prêt, dit Mr Clark. Tu es sûr qu’il est nécessaire d’aller à Sainte-Mangouste ? 

- Mrs. Euphorbia a jugé que les lésions à sa jambe droite nécessitent plus d’examens, au cas où elles soient l’œuvre d’un mauvais sort. Le professeur Datura l’a également inspecté pour vérifier si une plante magique pouvait aider mais il n’a rien trouvé. 

- Bien. J’arrive tout de suite. 

Ethan entendit Mr Clark sortir de l’infirmerie puis des bruits de pas se rapprocher de lui doucement. 

- Tu n’es plus obligé de faire semblant de dormir Ethan, dit Neferumenti d’une voix douce. 

Le jeune garçon se tourna alors péniblement vers l’origine de la voix et ouvrit les yeux. Quelque peu ébloui, il distingua petit à petit les traits du directeur de Poudlard. Debout devant lui, il vit un homme de taille moyenne, portant une vieille cape beige sale et usée. De longs cheveux noirs bouclés lui retombaient sur les épaules et il arborait une longue barbe mal taillée. De nombreuses cicatrices jonchaient son visage et ses mains, sur lesquelles se trouvaient également de nombreux tatouages qu’Ethan peinait à distinguer. Il ne ressemblait en rien à l’image qu’Ethan se faisait d’un directeur. Neferumenti, les mains jointes devant lui, regardait fixement le jeune garçon avec un petit sourire. 

- Comment te sens-tu ? dit-il. 

- Ça va, répondit Ethan alors qu’il se sentait terriblement affaibli. Que s’est-il passé ? 

- Tu n’as plus de souvenirs ? lui répondit Neferumenti, intrigué. 

Ethan hocha la tête de droite à gauche. 

- Tu as été agressé il y a trois jours. Le professeur Diaphora m’a raconté qu’un chat gris est venu gratter à sa porte et l’a emmené vers la classe de divination. Là, elle t’aurait sauvée de l’emprise d’un immense corbeau. Ton père pense savoir qui a fait ça. Et il a sûrement raison... Même si l’homme que j’ai connu n’aurait jamais agressé un élève de 11 ans. Je te promets que nous essayons de mettre cette histoire au clair. C’est pourquoi j’aimerai que tu me dises ce que tu faisais là à une heure si tardive. 

- Je… je ne sais… balbutia Ethan. Je ne sais plus… J’ai reçu une lettre… 

- Une lettre ? demanda le directeur. 

- Oui, de Murphy… dit Ethan. 

- Lionel Murphy ? 

- Oui c’est ça, répondit Ethan. 

- Nous avons trouvé la lettre. Mais le problème est que Lionel Murphy n’était pas présent au château ce soir là. Il était retourné chez lui pour les vacances le matin même. Qui t’a donné cette lettre ? 

Ethan ne comprit pas tout de suite. Il souffrait d’un gros mal de crâne et n’arrivait pas à réfléchir. 

- Je ne sais plus, dit-il. Je pense qu’elle était devant la salle commune. 

Neferumenti resta stoïque un moment puis fit les cents pas en soupirant. 

- Je n’arrive pas à comprendre cette histoire, marmonna-t-il. Si seulement j’avais été là…

Il se retourna à nouveau vers Ethan d’un air sérieux et vint s’asseoir à son chevet. 

- Je tiens à m’excuser de ne pas avoir été présent lorsque c’est arrivé. J’ai failli à mon devoir de directeur. J’espère que tu pourras me pardonner, Ethan. 

- Ce n’est pas se votre faute, répondit Ethan en se redressant difficilement. Mais je me demandais, est-ce que c’est vrai qu’on m’a volé ma baguette ? 

- Malheureusement, il semblerait que oui. En tout cas, nous ne l’avons toujours pas retrouvé. 

Ethan sentit des larmes monter jusqu’à ses yeux et cacha son visage dans son bras pour ne pas pleurer devant le directeur de l’école. 

- Comment je vais faire pour pratiquer la magie ? sanglota-t-il. 

Neferumenti posa immédiatement une main sur l’autre bras du jeune garçon. 

- Ne t’en fais pas, Ethan. D’où je viens, nous n’utilisons très peu de baguettes. A ton âge, je n’en possédais même pas, j’ai reçu la mienne beaucoup plus tard. Nous pourrions t’apprendre… 

Mais malgré les efforts du directeur de Poudlard pour réconforter Ethan, celui-ci fondit en sanglots de plus belle, la respiration haletante. 

- Et je… je… je ne sens plus ma jambe. Qu’est-ce que… qu’est-ce qui arrivé à ma jambe ? 

- Ethan, je te garantis que tout ira bien, dit Neferumenti. L’infirmière de l’école, Mrs Euphorbia m’a affirmé qu’après un court séjour à Sainte-Mangouste, tu devrais retrouver l’usage normal de ta jambe et… 

- Et la fin de l’année alors ? coupa Ethan. Mes examens… Et mes amis… 

- Ethan, je… 

- Ça suffit, Saphir ! gronda Mr Clark qui venait de revenir à l’instant. Laisse mon fils se reposer ! 

- Clark ! répondit le directeur en se levant d’un bond. C’est la dernière fois que tu me donnes un ordre dans mon établissement.

- Ce château ne t’appartient pas, dit Mr Clark avec hargne. Ethan, prépare toi, nous y allons. 

- Mais papa… J’ai… 

Neferumenti s’approcha alors d’Ethan et l’aida à se lever de son lit en passant le bras du jeune garçon au dessus de son épaule. Puis le directeur prit sa baguette, et d’un simple geste vers une petite chaise en bois, il transforma celle-ci en béquille qu’il donna alors à Ethan. 

- Attention que ta haine ne t’aveugle pas, lança Neferumenti à Mr Clark. Ethan, si tu as besoin à l’avenir, sache que Poudlard sera toujours là pour t’aider. 

Le jeune Poufsouffle ne comprit pas les paroles du directeur mais le remercia timidement avant de se diriger vers son père. Mr Clark s’excusa auprès de son fils avant de l’éteindre doucement. Ensemble, ils sortirent de l’infirmerie et rejoignirent l’entrée du château. Dehors, une magnifique calèche noire, tirée par quatre chevaux ailés, les attendait. L’insigne du Ministère de la magie était peint en or sur les deux portes de la calèche. Un homme, vêtu tout de noir, vint ouvrir la porte à Ethan. Le jeune garçon monta et constata que toutes ses affaires se trouvait déjà dans la calèche. Il vit notamment la cage de son chat Cloud, qui miaula chaleureusement en voyant son maître. Ethan entreprit de lui ouvrir la cage mais fut stoppé par son père qui venait de le rejoindre. 

- Ne le fais pas sortir ici, ordonna-t-il. J’ai emprunté cette calèche au ministère, nous nous devons d’y faire attention. 

- Papa, où allons-nous ? Pourquoi toutes mes affaires sont là ? Quand est-ce que je rentrerai à Poudlard ? 

Alors que les Abraxan s’apprêtaient à décoller, Ethan aperçut alors Thadeus sortant du château, à la recherche de son ami.

- Je peux aller lui dire au revoir ? demanda Ethan, les larmes aux yeux. 

- Désolé, nous devons y aller, répondit Mr Clark, impassible.

Les chevaux rejoignirent les airs, tirant avec eux la calèche du ministère loin de l’immense château. Ethan le vit rapetisser à mesure qu’ils montaient dans le ciel, jusqu’à le voir complètement disparaître. Il aperçut alors un petit papillon blanc venir se poser sur la fenêtre, avant de disparaître en fumée quelques secondes plus tard. Le jeune garçon sentit à nouveau des larmes monter à ses yeux mais se retint de pleurer devant son père. Après quelques minutes, Mr Clark brisa le silence pesant qui régnait dans le véhicule.

- Je suis navré qu’on ait dû partir comme ça, dit-il, mal à l’aise. Tu pourras inviter tes amis à la maison cet été si tu veux.

- Cet été ?! lança Ethan. Je ne vais pas retourner à Poudlard ?

- Nous devons d’abord voir ce que l’hôpital pense de ta jambe. Et de toute manière, cette école est à la dérive. Ce n’est plus un lieu sûr depuis bien trop longtemps. 

- Mais moi j’aime Poudlard… Et mes amis…

- Je sais mais je dois penser avant tout à ta sécurité et à celle de ta mère.

- Pourquoi tu parles de maman ? demanda Ethan.

- Pour… pour rien. Bref, tu ne retourneras pas à Poudlard, trancha Mr Clark. Ma décision est prise. 

Ethan avait envie de crier de toutes ses forces sa haine envers son père mais se sentait beaucoup trop faible pour cela. Il se contenta de froncer les sourcils et de croiser les bras. Le reste du trajet fut à nouveau marqué par un silence pesant. Ce n’est que lorsqu’Ethan sentit la calèche perdre en altitude qu’il brisa à son tour le silence.

- Je vais vraiment aller à Sainte-Mangouste ? demanda-t-il d’une petite voix.

- Oui, il vaut mieux, répondit son père. Nous n’avons pas pu identifier le sortilège que tu as reçu et il est préférable que tu te fasses examiner par des personnes compétentes. Je préfère te savoir là-bas que… Bref.

- Et je vais y rester combien de temps ? questionna Ethan.

- Le temps qu’il faudra, répondit Mr Clark en ouvrant la porte de la calèche. Nous sommes arrivés.

Ils sortirent du véhicule et firent face à un immense bâtiment en briques grises et aux pourtours de fenêtres blancs. A l’entrée de celui-ci, plusieurs guérisseurs dans des tenues vertes les attendaient déjà.

- Papa, je croyais que Sainte-Mangouste était à Londres, dit Ethan, interloqué par l’environnement côtier qui régnait autour d’eux. 

- Tu as raison, répondit Mr Clark. Nous nous trouvons à leur deuxième établissement, à côté de Tinworth. Plus excentré mais plus discret. Et nettement plus cher aussi. Tu verras, tu seras bien ici.

- Tu ne restes pas avec moi ? s’inquièta Ethan.

- J’ai… des choses urgentes à faire, répondit-il en avançant vers l’entrée de l’hôpital. Je reviens demain matin.

Ethan agrippa la manche de la cape de son père.

- Tu me le promets ? insista Ethan.

- C’est promis, dit Mr Clark avec un faible sourire.

L’Auror ébouriffa les cheveux de son fils avant de l’emmener vers les guérisseurs. Ceux-ci prirent en charge Ethan, qui se déplaçait toujours avec sa béquille, et l’emmenèrent à l’intérieur du bâtiment. Le jeune garçon regarda en arrière, voyant son père retourner d’un pas rapide vers la calèche. Ethan fouilla alors à toute hâte dans sa poche, et fut rassuré de sentir dans sa main la montre que lui avait donné son père pour sa rentrée à Poudlard. Il la sortit alors pour regarder l’heure et constata avec tristesse que le cadran de celle-ci était brisé en plusieurs morceaux et que son couvercle était cabossé au point de ne plus pouvoir se refermer. Il se retourna alors à nouveau vers son père et vit la calèche s’envoler dans les airs, disparaissant en une fraction de seconde.


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