Apprends moi à te haïr

Chapitre 1 : La mort m'entoure

2415 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:44

Il est difficile pour moi d'expliquer le début de cette histoire, mon histoire puisque j'ignore, encore aujourd'hui, quand elle a débuté. Le début de chaque conte commence avec la naissance de l’héroïne mais remonter si loin serait beaucoup trop long, pour vous et surtout pour ma pauvre main qui ne supporte plus de noircir des mètres de parchemins comme avant. Je commencerais donc par ce que je considère comme le commencement de ma deuxième vie. Ce que je considère maintenant comme une renaissance n'a malheureusement pas commencé dans la joie. Cette histoire est ma vie, elle contiendra tous mes souvenirs. Je vous prie de ne pas me juger d'emblée mais d'attendre la fin de ce journal.

 

J'aimais à m'imaginer dans ses bras lorsque je n'étais qu'une enfant. D'ailleurs, je n'étais qu'un bambin lorsqu'elle est morte. J'étais alors trop jeune pour me souvenir d'elle, les autres la faisaient vivre pour moi mais ça me faisait mal à chaque souvenir évoqué. Chaque jour, alors que je partais à l'école, je passais devant l'un de ses portraits que mon père ne s'était pas résolu à retirer du mur. Son sourire figé et ses yeux rieurs me fixaient tandis que je déchantais en me demandant si cette femme rayonnante était vraiment ma mère. Elle n'était qu'un songe, un mythe inatteignable. Les années passèrent sans qu'elle ne revienne mais, lui, restait là pour moi. Il me soutenait avec tout l'amour qu'il pouvait me donner, sans jamais penser à lui. Lorsque j'ai reçu la lettre de Poudlard, je suis partie sans regret, sans regard arrière envers cette maison que je jugeais alors triste et froide seulement je n'avais pas encore l'âge pour réaliser qu'elle me manquerait. Dumbledore venait de mourir mais je m'en moquais puisque j'étais trop occupée à penser à la mort de mon père. Ce père aimant et attentionné qui avait toujours su prendre soin de moi. Je comprenais, enfin, ce que signifiait la maxime «  Tout le monde n'a pas la même vie ! ». Nous étions en guerre, j'étais préparée aux morts violentes, au sang, aux rixes mais pas à un simple accident ; un bête accident de voiture par un soir trop glacial pour un mois de juillet. Certains étaient encore heureux alors, tandis que moi, je pleurais. J'en étais venu à haïr ceux qui m'entouraient. Je croyais encore aux discours de mon père malgré tout ce que j'avais vécu avec les garçons. Il m'avait promis d'être toujours là et il ne tenait pas sa promesse alors le haïr me semblait un bien doux châtiment pour lui. Le vide avait pris place dans mon âme, il me vidait de la moindre parcelle d'énergie si jamais la moindre parcelle de bonheur avait eu la mauvaise idée de pointer le bout de son nez. A dire vrai, j'errai entre les landes anglaises et la maison des Weasley mais plus le temps passait et moins je supportais la surprotection de Molly. Je l'aimais mais mon père était parti sans un même un revoir et je ne parvenais pas à l'accepter. Je devenais indifférente à ce qui m'entourait, courant ainsi vers le spectre de la dépression qui commençait alors à me hanter. J'étais seule avec l'amour de mon père dans le cœur, un amour qui n'aurait désormais plus d’exutoire puisque je ne pouvais plus le donner. Les mots que les gens prononçaient autour de moi pour s'excuser me tuaient. Chaque jour, je me demandais le pourquoi de ces excuses creuses et fausses ; ces condoléances me mettaient dans un tel état de rage que je finissais toujours par en froisser les lettres avant de les jeter loin de moi, j'avais fini par les ignorer et elles s'empilaient sur ma table de nuit. Ginny avait fini par abandonner l'idée d'une discussion mais les garçons, eux, ne parvenaient pas à lâcher l'affaire. Ils tentaient de me changer les idées en parlant des futurs plans pour attaquer Voldemort mais je n'écoutais pas. Je repensais à son odeur mentholée, cette odeur rassurante, son odeur mais ce qui me hantait le plus, c'était les réminiscences de sa voix de contralto, cette voix si douce qui me racontait chaque soir une histoire. J'allais avoir dix-sept et je n'avais plus de parents, cette situation me paraissait ubuesque, j'étais une orpheline comme Harry ! Malgré mes silences et ma colère, je venais parfois dans leur chambre pour dormir avec eux, je voulais sentir une présence rassurante. Dans ces moment-là, ils ne parlaient pas. Harry prenait ma main jusqu'à ce que je m'endorme enfin. Les jours passèrent lentement jusqu'à l'enterrement. Je me souviens d'une église remplie de visages inconnus, pour la plupart des clients de mon père. Tous m'avaient salués avec un regard rempli de pitié si bien que j'avais rapidement détournée la tête pour ne plus les voir. Leur affection feinte me blessait. Harry et Ron m'entourèrent alors pour faire bloc. La cérémonie me sembla interminable mais le plus dur fut la mise en bière. La plaque de béton qui recouvrit le caveau acheva de me briser le cœur. Les larmes coulèrent pour la première fois depuis l'annonce de l'accident ; une vanne venait de s'ouvrir et je ne parvenais pas à la stopper. A travers les larmes, je me souviens avoir remarqué cette femme étrange dont les habits dénotaient largement avec le noir dominant. Elle portait un immense manteau de fourrure blanche et avançait vers notre trio d'un pas lent, déterminé et sec. Elle aurait pu être majestueuse sans les immenses lunettes noires qu'elle avait positionnées sur son nez aquilin mais ce qui me choqua alors ce fut ce rouge à lèvre couleur saumon. Les larmes se bloquèrent instinctivement dans ma gorge lorsqu'elle me présente sa main, mon instinct me criait de ne pas lui faire confiance.

_ Bonjour Hermione me lança-t-elle d'un ton dédaigneux en me fixant de haut en bas comme si je n'avais été qu'un déchet sur sa chaussure. Je n'eus pas le temps de lui lancer une réplique cinglante puisque le notaire nous interpella.

_ Bonjour Hermione me dit-il en me tendant une main gantée. Je la serrais en lui renvoyant le bonjour tandis qu'il m'invitait à le suivre avec un geste de la main. Je le connaissais depuis mon enfance. Son père et le mien était de vieux amis qui s'étaient soutenus dans les pires moments de leurs existences respectives seulement je n'avais que peu côtoyer Albert depuis Poudlard.

_ Pourquoi es-tu venu en tant que notaire ? Demandais-je finalement alors que je m'arrêtais à la porte du cimetière afin de regarder une dernière fois la tombe de mes parents.

_ Pour le testament répondit-il simplement.

_ Je suis Adélaïde Granger hurla presque la femme inconnue en s'avançant à grand pas vers nous, faisant ainsi claquer ses hauts talons sur les pierres polies qui ornaient l'endroit.

_ Mais je ne vous attendais pas avant la fin de la semaine rétorqua-t-il en lui jetant un regard surpris.

_ Je suis tout de même venue au cas où.

_ Au cas où quoi ? Souligna Ron en serrant les poings. Harry fit un geste pour le calmer tandis que je restais indifférente face à la scène. Je ne parvenais pas à réagir, je restais bloquée sur les sentiments chaotiques qui m’animaient alors. Nous le suivîmes tous jusqu'à son office qui se trouvait au bas de la rue. Les talons de cette tante inconnue claquaient sur le sol ce qui m'énervait prodigieusement. Je voulais disparaître, courir loin mais la main d'Harry m'en empêchait. Nous entrâmes dans la salle d'attente du cabinet avant de parvenir au bureau encombré de dossiers qui s'empilait contre le mur. Albert prit soin de nous amener des chaises avant de s'asseoir dans un immense fauteuil en cuir qui trônait derrière un vieux bureau. Il sortit immédiatement le dossier qu'avait constitué mon père. Avant de l'ouvrir, il me jeta un coup d’œil pour me demander mon approbation, je me souviens avoir déglutis fortement avant d'hocher la tête. Je me suis alors installée au fond de mon siège tout en redoutant ce que j'allais entendre. Je ne m'imaginais pas devenir la pupille de cette vieille harpie jusqu'à mes vingt et un ans même si disparaître me serait aisé.

_ Moi, Édouard Henri Antoine Granger, je déclare être sain de corps et de d'esprit. Je désigne comme libre légataire de tous mes biens : Hermione Jean Granger, ma fille. Elle aura accès à tous mes comptes qu'à l'âge de vingt et un ans cependant elle doit recevoir une somme de vingt mille livres par année afin qu'elle puisse vivre convenablement. Cette somme sera déposée sur un compte à la banque Gringotts. Mes instructions ayant déjà été données, elle n'aura aucune démarche à faire. Elle hérite également de la maison de sa mère, Andréa Jean Granger décédée alors qu'elle n'était qu'une enfant.

_ C'est un scandale ! Hurla la vieille, coupant ainsi la lecture du testament.

_ Veuillez-vous taire et vous rasseoir, ce n'est pas le moment de faire du spectacle rétorqua Albert d'une voix froide en lui jetant un regard noir par la même occasion. Enfin commença-t-il en reprenant la lecture, je la confie à la garde de proches amis, Arthur et Molly Weasley en espérant qu'elle sera heureuse dans ce nouveau foyer conclut-il. Ron me jeta un regard surpris tandis que je continuais de fixer le mur face à moi. Je devenais un membre du clan Weasley … Cette idée me semblait absurde, stupide.

_ Je refuse que ma filleule soit confier à des inconnus, je réclame sa garde s'opposa-t-elle en couinant comme une enfant à qui l'on venait de retirer son jouet.

_ De toute manière, le testament est inattaquable juridiquement et les Weasley ont déjà accepté d'adopter Miss Granger ici présente. D'ailleurs un de leur fils l'accompagne actuellement si je ne trompe pas avança-t-il en désignant Ron qui hocha la tête tout en rougissant comme s'il venait d'être pris en faute alors qu'il s'apprêtait à faire une bêtise. La femme inconnue comme j'aime encore à l'appeler désormais sortie alors en trombe du bureau.

_ Vraie harpie celle-là lâcha Harry en regardant la porte qu'elle avait laissé ouverte. Sa maxime m'arracha un demi-sourire.

_ Une dernière chose annonça Albert en me fixant. Ton père m'a demandé de te remettre ça. Il me tendit alors plusieurs dizaines de lettres qui étaient retenues entre elle par un mince ruban de soie rouge, la couleur préférée de ma mère d'après ce qu'il m'avait dit un jour. Je reconnus son écriture au premier coup d’œil tandis que je lisais l'adresse inscrite sur la première lettre visible. Elle était à destination d’Édimbourg. Sur ce dernier geste, Albert nous invita à sortir en précisant qu'il me recontactera si le besoin s'en faisait sentir. Harry et Ron le remercièrent, à ma place, pour le travail qu'il avait effectué. Nous sortîmes alors sur le parvis de l'office. L'air frais me fit du bien, me réveillant de la torpeur qui m'avait envahie depuis que je tenais ces lettres dans ma main. Elles me semblaient lourdes, remplies de souvenirs heureux que je n'avais pas encore envie de connaître.

_ On devrait passer prendre quelques affaires chez toi avant de rentrer ? Me demanda Harry en désignant la rue ou se trouvait ma maison.

_ Non répondis-je sans détour.

_ D'accord mais on doit partir maintenant. Je me souviens m'être laissé conduire dans une ruelle sombre ou Harry me fit transplaner après avoir pris ma main.

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