Apprends moi à te haïr

Chapitre 18 : La magie noire

17286 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/07/2015 23:30

_ Bienvenue au Manoir Malefoy claironna Abraxas l'entrée de sa demeure familiale avec un grand geste du bras. Cela faisait une semaine qu'il nous vantait les bienfaits d'un séjour printanier à la campagne et nous avions tous fini par céder ; sauf Jédusor qui avait décidé de passer ses vacances seul. Notre relation évoluait lentement depuis notre dernier baiser et même si les quinze derniers jours était passé rapidement, j'avais eu l'impression de les vivre au ralenti. Nous avions passé plusieurs nuits à discuter après les entraînements intensifs qu'il me faisait subir pour que je parvienne à un niveau convenable d'après ses dires. Ces discussions n'avaient, au fond, rien de palpitant mais j'en étais heureuse tant j'eus l'impression de voir naître une certaine complicité entre nous.

Lucrétia et moi retinrent une grimace de dégoût face au décorum un peu sombre qui se dressait face à nous. Je me retournai alors pour faire face a à l'étroit chemin d’où nous venions. Il était impossible de transplaner dans le jardin ce qui obligeait la plupart des invités à traverser, pendant quelques minutes, un pan de la forêt familiale. Des bruits d'animaux s'en échappaient et je ne me sentais pas entièrement rassurée malgré la présence de ma baguette dans ma poche. Des arbres presque centenaire nous cachait la vue du ciel, il faisait nuit noire et cela n'aidait en rien à faire naître ne serait-ce qu'un millimètre de l'ambiance chaleureuse promise par notre hôte.

_ C'est charmant ici ironisa Lucrétia tout bas afin que personne d'autre n'entende.

_ Lugubre oui rétorquais-je en désignant un vieux chêne rabougri qui s'enracinait non loin de nous. Abraxas nous invita finalement à entrer au bout de quelques minutes d'attente. Nous pénétrâmes enfin dans le jardin mais la nuit noire m'empêcha d'apercevoir le moindre élément plaisant à ce moment-là. L'immense manoir se détacha lentement du paysage à mesure que nous avancions dans ce qui ressemblait à un labyrinthe végétal. J'entendis Lucrétia déglutir discrètement, sa réaction manqua de me faire rire. Je ne me sentais pas à l'aise et la nervosité ne m'aidait pas à garder mon calme : j'avais besoin de décompresser. Je ne m'attendais véritablement pas à cela. L'imposante bâtisse était composée de deux tours carrée et d'un corps central où une immense porte semblait avoir été taillée dans le granit. La façade était décorée de petites statues toutes plus laides les unes que les autres mais dont le goût, plus que douteux à mon avis, semblait plaire à toute la famille Malefoy. Quatre elfes nous attendaient patiemment sur le pas de la porte. A peine arrivé à leur hauteur qu'ils se précipitèrent tous pour saisir nos bagages et nous demander si nous avions fait bons voyage. A ma grande surprise, Abraxas leur répondit gentiment et demanda même de leur nouvelle. Marius nous adressa une grimace de dégoût derrière le dos d'Abraxas qui continuait de nous raconter son histoire familiale avec une certaine délectation. Je m'étais alors rapidement déconnectée de ce récit qui ne m'intéressait pas le moins du monde. Marius nous rejoignit discrètement et commença à commenter la décoration des lieux à voix basse. Je fus soulagée de découvrir qu'une fois le hall passé, le manoir se faisait plus chaleureux, luxueux et surtout plus à mon goût. Le luxe transpirait dans tous les recoins des pièces que nous faisait visiter Abraxas pourtant le mobilier était d'une simplicité étonnante. Ce dernier finit par nous faire installer dans un petit salon adjacent à la bibliothèque. Un léger courant d'air y pénétrait depuis une petite fenêtre qui se trouvait non loin de nous. Nous nous installâmes au milieu de la pièce autour d'une petite table sur laquelle les elfes de maisons avaient déposé de nombreux petits gâteaux et un service de thé d’où s'échappait une agréable odeur de pomme et de cannelle. La discussion s'orienta principalement autour des cours et de l'approche des buses après la rentrée des vacances de printemps. Je ne me sentais pas particulièrement stressée puisque je savais déjà que mon niveau était au-dessus des leurs. La conversation se termina rapidement, le sujet finissant finalement par tourner en rond. S'en apercevant, Abraxas nous proposa d'aller nous coucher ; proposition que tout le monde accepta avec un immense soulagement. Le voyage avait été fatiguant puisque qu'Abraxas s'arrêtait au terminus du train soit plus de six heures après l'arrêt à Kings Cross. Abraxas appela un elfe qui nous emmena ensuite vers notre logement provisoire. Lucrétia et moi suivirent alors une petite elfe qui portait ce qui ressemblait à une serpillière sale. Une fois arrivée à l'étage, elle nous présenta nos chambres respectives avant de s'éclipser après nous avoir demandé plusieurs si nous avions besoin de quelque chose. Un lourd silence s'installa alors tandis que nous nous regardions en chien de faïence. Les filles n'avaient toujours pas digérer ma décision et me le faisaient bien sentir.

_ Je n'aime pas cette tension finit par souffler Lucrétia, presque intimidée. Je soupirai alors de soulagement et fit un pas vers elle afin de la prendre brièvement dans mes bras. Je n'avais jamais eu ce geste-là envers l'une d'entre elle. Au début, elle se crispa avant de se détendre et de me tapoter l'épaule presque gênée par mon geste. En me reculant, je la vis cacher son trouble derrière son masque en moins d'une demi-seconde.

_ Mesdemoiselles, un chocolat pour dormir ! Nous proposa Cassiopeia en désignant Marius qui portait un plateau sur lequel quatre tasses étaient disposées.

_ Volontiers leur répondis-je en désignant ma chambre. J'indiquais à Marius de déposer le plateau au pied de mon lit afin que nous puissions nous installer confortablement sur l'épais tapis blanc qui ornementait une large partie de la pièce. Nous nous installâmes à même le sol, se moquant, pour une fois, de respecter le protocole habituel ; après tout, nous étions en vacances !

_ J'aurais préféré partir ailleurs pour une fois lâcha Lucrétia au bout d'un moment. Nous nous tournâmes vers elle, surpris qu'elle affiche autant ses sentiments.

_ Pourquoi lui demandais-je alors.

_ Parce que si tu n'avais pas décidé de te soumettre à Tom, nous aurions pu passer de meilleures vacances expliqua-t-elle avec hargne. Je compris alors qu'elle était toujours fâchée contre moi malgré  les semaines passées depuis que je le leur avais annoncé.

_ Je ne me soumets en rien à Tom lui rétorquais-je, légèrement piquée au vif.

_ Tu ne sais pas ce qui t'attends en intégrant définitivement nos rangs et je trouve ton revirement de veste un peu trop rapide comme si ….

_ Comme si quoi ? La poussais-je à avouer voyant qu'elle hésitait.

_ Comme si tu n'avais plus ton libre arbitre termina Cassiopeia à sa place.

_ Attendez … vous pensez réellement qu'il m'a hypnotisé les questionnais-je, outrée par leurs interrogations.

_ Comprends-nous, il y'a quelques mois, tu bouillonnais de rage au bal et maintenant tu décides de rejoindre nos rangs ; avoue que c'est déconcertant me coupa Lucrétia.

_ Je sais parfaitement par quelles étapes, je suis passée ces derniers temps mais je vous ai trouvé vous et lui finis-je par murmurer. Il ne pouvait pas comprendre surtout qu'au fond, ils n'avaient pas tort. Je ne m'étais pas montrée très coopérative seulement j'avais fini par comprendre que ma mission nécessiterait plus qu'une simple cohabitation avec les serpents. J'entrevoyais un autre avenir pour Jédusor dans ma naïveté et sans qu'il n'ait besoin d'agir, je lui avais ouvert les bras.

_ Nous serons toujours tes amis même si tu n'intègres pas nos rangs contra Cassiopeia.

_ C'est faux et tu le sais lui répondis-je alors. Je surpris Lucrétia sans mal, elle tentait de cacher sa gêne sans véritablement y parvenir. Ces derniers mois passés auprès d'eux m'avaient appris bien plus de choses qu'ils ne le pensaient réellement. J'avais, depuis bien longtemps, compris que notre amitié était fragile, qu'elle ne tenait que sur un fil que Jédusor pouvait briser d'un seul mot. Ils étaient ses servants, ils lui obéissaient, peut-être en rechignant mais le résultat restait le même. Ecoutez continuais-je en me décidant à laisser une part de mes sentiments transparaitre pour une fois. Je me sens ici chez moi … avec vous. Je n'ai pas vraiment d'explication, je crois même qu'il n'y'a en pas. Au cours de cette année scolaire, j'ai appris à vous connaître et nous sommes même devenu amis alors ne me demandez pas de renoncer à un endroit où je me sens bien, au seul endroit où je n'ai pas l'impression de sombrer à chaque pas que je fais. Je n'aime pas Jédusor disons juste que je l'apprécie et c'est vous-même qui m'avaient signifié, je ne sais combien de fois, la chance que j'avais de le voir s'intéresser à moi alors ne venait pas me reprocher de chercher à avoir une famille car vous êtes cette famille et il est hors de question que je vous abandonne.

Ce fut Marius qui me coupa dans mon dialogue en me prenant quelques secondes dans ses bras. Je me laissai alors aller doucement tout en prenant soin de ne pas laisser couler mes larmes.

_ D'accord murmura alors Lucrétia mais sache que je désapprouve toujours ta décision seulement tu es mon amie alors je respecterai ton choix. Je la gratifiai d'un timide sourire pour toute réponse ; la glace était brisée mais l'atmosphère entre nous restait tendue.

_ Nous devrions aller nous coucher suggéra ensuite Cassiopeia voyant que la conversation n'irait pas plus loin pour cette nuit. Nous hochâmes la tête puisqu'après tout le voyage avait tout de même était fatiguant.

_ Bonne nuit leur lançais-je du pas de ma porte avant de la refermer derrière moi. Je vis bien malgré moi leur mine inquiète même si, sur le moment, je préférai occulter cette image. Je ne partageais pas leurs sentiments au sujet de ma conversion au contraire j'avais hâte.

***

_ Bonjour hurla Lucrétia en faisant claquer la porte de ma chambre contre le mur après son entrée pour le moins fracassante. Je me redressais instantanément dans le lit, surprise et légèrement grincheuse de ce réveil brutal. A peine avais-je ouvert un œil qu'elle tirait les rideaux pour laisser le jour pénétrer dans la pièce. J'eus l'envie de me glisser à nouveau sous la couette mais sachant que c'était inutile, je me levai à contrecœur.

_ Que fais-tu ici grommelais-je alors en guise de bonjour.

_ Je te réveille car tes cours particuliers ne vont pas tarder à commencer et il ne faudrait pas que tu sois en retard, ce serait inconvenant ironisa-t-elle en me montrant la salle de bain afin de me signifier d'aller plus vite.

_ De quoi tu parles lui demandais-je, encore hébétée de sommeil.

_ Tu ne crois quand même pas que Tom allait te laisser dans l'état ou tu es sans rien faire cracha-t-elle méchamment.

_ L'état ou je suis ?

_ Une novice. Pendant ces vacances, il t'a concocté un petit programme pour que tu apprennes à devenir une parfaite petite épouse en trois semaines quand cela m'a pris des années pour y parvenir. Oh ! Je ne doute pas de tes capacités mais ça ne sera pas de tout repos m'expliqua-t-elle, visiblement avec délice tout en pensant que cela allait peut-être me faire abandonner mon plan. Des trois filles, elle était celle en qui je parvenais à lire le plus facilement.

_ Je croyais que j'étais prête à vivre parmi vous la contrais-je en priant pour qu'elle me dise de me recoucher malgré les infimes chances que mon souhait puisse se réaliser.

_ Parmi nous oui mais pas parmi nos parents !

_ Attends, qu'est-ce que c'est que ce cirque-là m'écriais-je alors qu'elle farfouillait parmi mes vêtements encore entasser dans la valise afin de trouver une tenue qu'elle jugerait convenable à cette journée d'apprentissage.

_ Ce cirque s'étonna-t-elle en ironisant mais c'est toi qui l'a voulu répliqua-t-elle. En lui disant oui, tu es entrée dans un monde qui n'est pas le tien et qui fera toujours en sorte de le rappeler. A chaque seconde de ta vie, tu seras jugée, jaugée, moquée, dénigrée sans que tu ne puisses rien y faire. Chaque erreur que Tom fera te sera reprochée comme si elle était la tienne puisque tu seras celle pour qui il aura fait une mésalliance. En disant oui, tu ne sais pas ce à quoi tu t'exposes et c'est pour cela que nous t'avons exhorté à réfléchir sauf que tu n'as pas voulu le faire alors maintenant assume ! Sur ce dernier mot, elle me lança une tenue et sans même regarder si je l'avais réceptionnée, elle sortit en prenant soin de claquer la porte derrière elle. Je restai muette de stupéfaction. Il était rare qu'elle s'emporte ainsi et même si je savais que ce n'était que son inquiétude qui venait de parler, je ne pus m'empêcher de trembler en repensant à ces révélations.

Finalement, bien décidée à savoir ce qui m'attendait, je me préparai rapidement avant de descendre les rejoindre pour prendre le petit-déjeuner en leur compagnie.

_ En retard comme d'habitude souligna une voix nasillarde alors que je mettais un pied dans le salon. Je jetais alors un regard dénué d'émotions à Walburga qui m'ignora superbement comme à son habitude. Il était rare qu'elle prenne la parole en ma présence à Poudlard mais ici, il n'était pas là donc elle s'était sentie libre de me faire sentir son animosité à mon égard. A dire vrai, sans le savoir, elle me rendait un fier service ; c'était, au moins, une chose qui ne changeait pas dans mon univers.

_ Voici ton emploi du temps pour les deux prochaines semaines m'indiqua Marius en me tendant un parchemin que je déroulais avec soin. Je retins à temps un hoquet de surprise tant la feuille était surchargée ; j'avais presque autant de cours qu'à Poudlard sauf que ceux-là s'annonçaient bien plus ennuyeux. C'est ainsi, qu'à ma plus grande joie, je débutai mon premier véritable cours de maintien.

Je compris avec horreur que ces cours seraient dispensés par Lucrétia et Walburga lorsque tous les autres quittèrent la pièce presque immédiatement.

_ Ce matin, nous allons commencer par les règles du thé commença Lucrétia qui ordonna alors à un elfe de nous servir. J'écarquillais de grands yeux, me demandant en quoi le thé pouvait bien être régit par des règles. L'elfe apporta quelques minutes plus tard un plateau débordant de victuailles qu'il installa au milieu de la table afin qu'aucune de nous ne soit gênée par la distance pour attraper une mignardise. Mon ventre criait famine puisque je n'avais pas encore eu le temps de déjeuner mais je me retins, sachant que se servir avant mon hôte serait une marque d'impolitesse. Une fois le thé servi, Lucrétia attrapa sa tasse la première en prenant soin de bien décortiquer ses gestes pour que je puisse l'imiter ; ce qui ne fut pas le cas de Walburga qui s'empressa d'attraper sa tasse. Je soupirai alors, énervée par un comportement aussi puéril bien que cela ne m'étonna pas véritablement venant d'elle.

_ Une véritable dame ne soupire pas en société, c'est inconvenant souligna Walburga en prenant soin de bien appuyer sur le mot véritable au passage. Pour toute réponse, je lui adressai un regard noir de haine malgré ma forte envie de l'étrangler afin de voir son air condescendant se faner entre mes mains. La première heure passa lentement. Lucrétia fut un excellent professeur même si je connaissais déjà la plupart des règles qu'elle m'enseigna ce jour-là. J'eus néanmoins du mal à saisir ma tasse avec deux doigts tant l'objet me semblait lourd à tenir avec moins de la moitié de mes doigts.

_ Nous reprendrons demain me signifia Lucrétia au bout d'une autre heure. J'accueillis cette nouvelle avec soulagement. Walburga en profita pour sortir à toute vitesse comme nous avions la peste ou que la pièce empestait.

_ Merci lançais-je finalement à Lucrétia alors qu'elle s'apprêtait à sortir. Elle m'adressa un vague haussement d'épaules en guise de réponse. Ce n'est pas une réponse convenable lui criais-je alors.

_ Tout comme il n'est pas convenable de crier après son hôte me répondit-elle en repassant son nez derrière la porte en m'adressant un sourire. Elle était fâchée contre moi et, au fond, je la comprenais seulement j'avais de sentir qu'elle restait tout de même mon amie. Son sourire me redonna un peu de courage quant à la suite de la journée.

_ Je dois vous accompagner m'annonça un elfe qui venait d’apparaître devant moi. Je pris soin de garder un masque impassible même si ne pas marquer ma surprise me fut difficile tant j'avais cru faire une crise cardiaque en entendant un plop sonore à quelques centimètres de moi. Je le suivis calmement, veillant à ne pas le dépasser afin qu'il me montre convenablement le chemin. Arrivé près de la cuisine, il m'indiqua une petite porte en bois que l'on ne pouvait apercevoir qu'en y faisant attention tant elle était banale. Il l'ouvrit et m'indiqua les marches, signe que je devais descendre ; seule. Je descendis lentement avant tout pour ne pas tomber tant la lumière était blafarde. Arrivée en bas, je me retrouva face à une immense cave vide ou la lumière semblait parvenir difficilement. Au centre de la pièce, Marius et Cassiopeia m'attendait, assis à terre, sur ce qui ressemblait, de loin, à des tapis d'entrainements pour les arts martiaux. Je fronçais les sourcils, soudainement inquiète or malgré ma forte envie de faire demi-tour, je me forçai à avancer vers eux.

_ Bonjour lança Marius en se relevant avant d'aider sa sœur à faire de même. C'était la première fois que je voyais Cassiopeia en pantalon et cela lui seyait à merveille. Je ne pus m'empêcher de la jalouser tant elle semblait parfaite à tout moment de la journée, qu'importe la posture dans laquelle on la trouvait. C'est en m'approchant plus près que j'aperçois la vague forme d'un jeune homme de la stature de Marius tapie dans l'ombre. Malgré ma curiosité, je continuai d'agir comme si de rien n'était. C'était la règle d'or : tout est normal !

_ Bienvenue à ton premier cours de magie noire m'indiqua Cassiopeia en m'invitant à m'asseoir sur le sol. Je m’exécute sans un mot, un peu curieux de voir ce qui m'attend.

_ Ce cours de quatre heure entama immédiatement Marius consistera avant tout à t'apprendre la magie noire. Il arrêta mes premières questions d'un geste sec de la main : comprenant que je devais me taire, je lui obéis non sans une certaine amertume. Cette forme de la magie s'apprend normalement dès l'enfance puisqu'elle est différente de la magie blanche. Quand nous faisons de la magie, qu'importe notre âge, nous agissons avant tout par instinct et non par réelle conviction or la magie noire réclame une certaine volonté. A notre âge, nous ne sommes pas censés savoir utiliser des sorts qui nécessite notre volonté or c'est ce que tu vas devoir faire ! La magie noire est plus puissante, exaltante puisqu'elle fait appel à toute notre réflexion. Ton principal but sera donc de parvenir à canaliser ta magie et à apprendre à la diriger afin de la rendre plus puissante. Est-ce que tu comprends me questionna-t-il après un moment de réflexion.

_ Oui.

_ Ainsi comme tu as pu le comprendre reprit-t-il la magie noire n'est pas … neutre. Comme elle fait appel à tes souhaits, elle ne peut que se piocher dans tes intentions. Pour pouvoir la façonner, l'utiliser, tu devras faire appel à la part de noirceur que recèle ton passé. Tu devras l'accepter pour en faire une arme. Le comprends-tu ?

_ Oui soupirais-je, légèrement énervée qu'il puisse me prendre pour une simple d'esprit.

_ Il est important que tu sache que la magie noire peut-être utiliser pour n'importe quel sort. En fait, l'utilisation de cette forme de magie ne fait que te rendre plus puissante seulement il nous est interdit de l'utiliser en dehors d'un certain cadre continua-t-il en cherchant ses mots afin de m'expliquer son idée. Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas là où il voulait en venir. D'après nos lois, nous ne pouvons utiliser la magie noire pour aider quelqu'un d'autre en dehors de notre cercle familial.

_ Là par contre je ne vous suis pas les interrompis-je.

_ Par exemple, tu ne pourras pas utiliser la magie noire pour sauver la vie de quelqu'un sans en demander l'avis à un tiers. La magie noire est puissante or qui dit plus puissante dit plus épuisante également. Tu ne pourras l'utiliser qu'à des fins personnelles ou collectives et … criminelles.

_ Criminelles m'étonnais-je malgré ma connaissance des intentions des mangemorts et de leur utilisation de la magie.

_ Nous nous servons de la magie noire avant tout pour servir notre cause et garder notre statut. Nous devons nous protéger des autres sorciers. C'est pour cela que ton premier cours repose sur l'apprentissage de l'imperium.

_ Vous voulez que je contrôle quelqu'un.... mais vous êtes malade ! M'écriais-je en me relevant, prête à fuir cette folie.

_ Tu n'as pas le choix lança Marius en me rattrapant par le poignet. Tu as refusé de nous écouter alors maintenant ne viens pas te plaindre. Tu as décidé de rejoindre nos rangs alors les voici. Désormais la mort fera partie de ton quotidien car sache que plus tu utiliseras la magie noire, plus elle t'utilisera. Le sang appelle toujours le sang ! Tu pensais gagner une famille en nous rejoignant et même si je comprends ton raisonnement sache que tu y perdras avant tout ton âme m'assena-t-il d'une voix forte tout en me regardant droit dans les yeux. Je ne pus lâcher son regard dur, dénué du moindre sentiment.

_ Je ne te crois pas lui rétorquais-je alors, refusant surtout de voir la réalité en face.

_ Je te présente Arthur, un golem m'annonça alors Cassiopeia en invitant l'inconnu à s'avancer dans l'ombre. J'écarquillais les yeux d'horreur en apercevant l'être qui tenait immobile et docile face à notre étrange trio. Il me fixait de ses yeux d'onyx noir où rien ne se reflétait hormis un léger éclat de lumière. Son visage fait d'argile n'avait rien d'humain puisqu'il n'avait ni bouche ni nez pour respirer pourtant la seule chose qui m'obsédais, c'était ces deux billes noires qui nous fixaient sans paraître réagir. C'était la première fois que je croisais le chemin d'une telle création. Je savais, pour l'avoir lu, qu'elle relevait d'une haute maîtrise de la magie noire.

_ Je croyais …

_ En effet, il est interdit de créer un golem depuis près trois siècle mais la magie noire permet tout, n'est pas ce ironisa Cassiopeia en fixant son jumeau qui finit par hocher les épaules avec nonchalance. La magie noire nous a fait perdre notre innocence puisque nous sommes passés de l'enfance à l'âge adulte en un clin d'œil. J'avais sept ans quand j'ai tué Arthur pour la première fois. J'avoue que la sensation de pouvoir que j'ai ressentie ce jour-là a été déconcertante et grisante seulement, à l'époque, je ne savais pas ! Je ne savais pas que la magie noire agit comme un poison. Elle s'infiltre en toi lentement jusqu'à ce qu'un matin, tu te réveilles sans la moindre parcelle de bonté en toi. C'est comme une soif que tu ne peux étancher qu'en tuant, elle t'appelle jusqu'à ce que tu y perdes la tête. La magie noire réclame la peur, la mort, la solitude … Elle t'annihile. Tom nous a réunis sous ce lourd étendard et sans nous douter de rien, nous avons accepté car, pour la première fois, quelqu'un nous promettait de ne plus être seul. Pendant un temps, nous avons cru faire partie d'un groupe mais cela s'est rapidement retourné contre nous puisqu'il s'est avéré que nous n'étions que du bétail pour lui, des subalternes qu'il n'hésite pas à malmener ou même à tuer. Alors la seule chose que je peux te conseiller de faire, c'est d'accepter la magie noire lorsqu'elle coulera dans tes veines. Ne la combat pas, accepte la comme une part de ton âme alors peut-être que tu ne deviendras pas des fantômes comme nous. D’un geste lent, presque théâtral, Cassiopeia leva son bras tandis que ses lèvres remuèrent silencieusement. Pendant une fraction de seconde, je suis aveuglée par le rayon vert qui sort de sa baguette. Je manquai de m'écrouler mais Marius, prévenant, me retint à temps. Face à nous, le golem s'écroula dans un bruit mat. Je fermai instinctivement les yeux afin d'échapper à mes propres souvenirs de la bataille de Poudlard. Je n'avais pas envie de revoir tous ces morts, tous mes amis blessés.

_ La magie noire doit se nourrir m'expliqua Marius tout en continuant à me maintenir sans que je ne fasse véritablement attention au fait qu'il me tenait par la taille.

_ Pourtant il doit être possible de s'en défaire, non leur demandais-je alors que je prenais conscience des premières conséquences de ma décision de devenir leur reine.

_ Il existe un remède commença Cassiopeia hésitante, seulement la douleur es telle, qu'il est presque impossible d'y survivre. La magie noire est une drogue, Hermione. C'est une malédiction à laquelle tu as ouvert les bras comme à une amie continua-t-elle tristement. Je restais là, planté sur place, face à eux, sans parvenir à réagir. Je ne parvenais pas à formuler la moindre pensée cohérente tant j'étais dépitée par l'horrible vérité dont je venais de saisir l'ampleur.

_ Qu'ai-je fais murmurais-je alors, apeurée par l'évidence qui venait de me saisir.

_ Une terrible erreur répondit Marius à ma question rhétorique, tombant ainsi en parfait accord avec mes pensées. Nous t'aiderons à ne pas sombrer, je te le promets finit-il par dire tout en me serrant dans ses bras. Hébétée, je me laissai faire. Soulagée de me sentir protégée par une douce chaleur rassurante.

_ Que dirais-tu de te distraire me proposa Cassiopeia en désignant le plafond. J'hochais la tête, ravie qu'elle m'offre une échappatoire. De toute manière, je me sentais incapable, pour le moment, de réaliser ce qu'il me demandait même si je savais que le golem n'avait rien d'humain. Nous passâmes le reste de la matinée à discuter dans la bibliothèque en présence de Lucrétia et Abraxas. Walburga ne se montra pas à mon plus grand soulagement. Je ne participai pas vraiment à la conversation, préférant me mettre en retrait afin d'intégrer le discours des jumeaux. Accepter ma part d'ombre pour pouvoir mieux contrôler la magie ; dit comme cela, ça semblait simple or je n'avais aucune idée sur le chemin à suivre pour y parvenir. Je savais que j'avais une part d'ombre car nous cachons tous un lourd secret au fond de notre cœur seulement je ne parvenais pas à mettre le doigt dessus. Le reste de la journée passa rapidement tant les autres cours me parurent insignifiant et ennuyant par rapport à celui des jumeaux. Ainsi je passai le reste de l'après-midi à apprendre la généalogie des sangs purs au sein de la Haute Société, à danser avec Abraxas et à me tenir lors des soirées mondaines avec les filles.

***

Les jours passèrent lentement. Chaque matin, Cassiopeia et Marius tentèrent de m'apprendre la magie noire. Ils me firent répéter inlassablement des sorts simples, selon leur dire, pendant des heures. Or malgré ma maîtrise de la sorcellerie, je me sentis comme une débutante, une bonne à rien. Ce matin-là, je quittai, à nouveau, le cours de Lucrétia et Walburga avec de forte envie de meurtre envers la serpentarde dont les remarques sarcastiques m’énervaient prodigieusement. Comme d'habitude, je descendis seule à la cave non sans ressentir une légère appréhension.

_Bonjour me salua-t-il en m'apercevant. Je lui retournai son accueil tout en l'observant alors qu'il se relevait de sa position avec nonchalance. De tous, il était celui qui était le plus prévenant avec moi. En effet, Cassiopeia et Lucrétia ne me ménageaient pas. Je ne marque pas ma surprise de ne pas apercevoir Cassiopeia. Seul le golem est présent, assis sagement à même le sol. Jusqu'alors tu t'en es plutôt bien sortie avec les sorts les plus basiques seulement ce n'était que des balbutiements. A l'entente de ses mots, je sentis une vague de découragement me traverser. Aujourd'hui, ton véritable entraînement commence assena-t-il en sortant sa baguette de sa poche arrière. D'un geste, il alluma des dizaines de bougies autour de nous révélant l'immensité de la cave qu'il avait pris soin de recouvrir de nombreux tapis de sol. Suis-moi murmura-t-il en me désignant ce qui ressemblait à une arène de combat. Je sentis un lent frisson d'appréhension me traverser. Comme à mon habitude, je me place face à lui, droite comme un i ; puisque je ne pouvais plus reculer, autant aller de l'avant me répétais-je tous les jours en me levant. Je comprenais désormais ce qui m'attendait : l'apprentissage des sorts impardonnables.

_ Parfait chuchota-t-il en observant ma posture. Je me sentis rougir sous son œil inquisiteur. Troublé par ma réaction, il finit par se détourner quelques secondes afin de me laisser le temps de retrouver un masque impassible. Cet entraînement va être plus intense puisqu'il nécessitera ta volonté continua-t-il en pointant sa sentence d'un geste vague de la main. Soudainement, sans même comprendre ce qui se passait, il attrapa mon bras, le retourna dans ton dos avant de me faire tomber violemment au sol. Je retins mes larmes avec difficulté tant la douleur était intense. Allongée sur le sol, je tentai de me débattre en vain, maintenu par sa poigne puissante. Tu vas également devoir te battre. Un combat de magie noire requière un esprit fort donc un entraînement intense. Ton esprit doit être fort et préparer à toutes les éventualités. Un serpent utilisera la ruse, la roublardise pour parvenir à gagner ainsi apprendre à contrer un combat à mains nues est essentiel. A la fin de son discours, il relâcha sa pression et m'aida à me relever. Je me reculai presque immédiatement afin de me protéger d'une autre attaque inopportune. Je massai mon bras endolori afin de faire partir la douleur sans y parvenir.

_ Pourquoi m'apprendre cela lui demandais-je en rajoutant que je savais parfaitement me battre avec une baguette à la main.

_ Personne ne sait ce que l'avenir nous réserve, c'est pour cela que je dois faire de toi une machine à tuer m'expliqua-t-il gravement en plantant un regard dur sur moi. Je le fixais, incapable de formuler une réponse cohérente. La sentence machine à tuer tournait et retournait dans ma tête, faisant écho à mes souvenirs. Jédusor savait-il déjà qu'il allait créer une armée ? Les entrainait-il à tuer ?  Sans m'en rendre compte, je continuais de reculer jusqu'à me retrouver acculée contre le mur alors je me laissai choir jusqu'au sol. Pardonne-nous … Nous aurions dû être plus franc dès le départ mais comment savoir ta réaction m'expliqua-t-il d'une voix douce afin de ne pas me brusquer.

_ Je ne vous aurez pas cru de toute manière répliquais-je en lui adressant un timide sourire. Commençons finis-je par lui dire, presque à regret. Je ne cessais de penser qu'avancer était la meilleure chose à faire.

_ Bien. Il me tendit la main pour m'aider à me relever. Je le remerciai par un léger sourire. Je ne fis pas véritablement attention au fait qu'il continua de me tenir la main jusqu'à ce que nous soyons à nouveau dans l'arène. Place toi ici m'ordonna-t-il en indiquant un point imaginaire à quelques mètres de lui. Je m'exécutais Je vais tenter de t'apprendre plusieurs notions de défense alors prépare toi à encaisser me prévint-il. J'hochais la tête tout en me préparant au pire. C'est ainsi que pendant plus de deux heures, Marius m'appris à me défendre. Je perdis à chaque fois. Les coups pleuvaient et même s'il se retenait, j'avais mal partout. Après une énième chute, je restai allongée sur le sol, essoufflée et morte de fatigue.

_ Essoufflée observa Marius en s'asseyant à mes côtés. Je lui jetai un œil envieux. En effet, il ne semblait même pas ressentir la moindre fatigue.

_ Comment fais-tu pour être autant en forme après …

_ Parce que nous sommes entraînés depuis notre enfance me coupa-t-il. Reprenons conclut-il après quelques minutes de silence pendant lesquelles il ne lâcha pas mon regard. Une étrange atmosphère s'était installée entre nous sans que je ne parvienne véritablement à la définir. D'un geste, il indiqua à Arthur de se positionner à l'autre bout de l'arène. Ce dernier s'approcha lentement, obéissant à l'ordre silencieux de son maître. Il est l'heure pour toi d'embrasser la magie noire m'indiqua-t-il en me disant ou me placer.

_ Nous ne risquons pas d'aller à commençais-je avant qu'il ne me coupe la parole par une évidence : les sangs purs possédaient le Ministère de la Magie alors je n'avais pas lieu de m'inquiéter pour de quelconques représailles.

_ Je te montre et tu reproduis continua-t-il sans même me demander si j'étais prête. Je déglutis alors difficilement, comprenant que l'heure était venue d'embrasser mon destin. D'un lent mouvement circulaire du poignet, il envoya son sort en chuchotant le sort. Je fermai les yeux à l'entente de ses deux mots que j'avais déjà prononcés dans le feu de l'action sans vraiment réfléchir aux conséquences que mon acte entraînait. Je les rouvris en entendant le bruit mat d'un corps qui s'écroulait. Je cherchai en vain à analyser mes sentiments mais étrangement, je ne parvenais à ressentir la moindre chose. Marius prononça une formule dont je ne parvins pas à comprendre le sens afin que le golem se relève. Sans même sourciller, il reprit sa place initiale puisqu'il avait volé sur plusieurs mètres. A toi m'ordonna-t-il en me demandant de prendre sa place en se décalant. Obéissante, je m’exécutai immédiatement non sans une certaine appréhension. Concentre-toi murmura-t-il en se plaçant à quelques centimètres derrière moi. Sentir sa présence me rassura. Je fixai ma main se lever petit à petit comme si elle était un corps étranger que je ne pouvais plus contrôler. Les murmures d'encouragements de Marius se firent de plus en plus inaudibles tandis que je tentais de faire le vide dans mon esprit. J'ai alors eu l'impression que les secondes s'étirèrent pour arrêter le temps. Un tic-tac résonna en moi, déclenchant ainsi un interminable compte à rebours. A chaque seconde, je sentais un souvenir heureux s'envoler devant mes yeux comme si mon corps me poussait à fuir sans que je ne parvienne pourtant à exécuter le moindre geste. Mon souffle se bloqua dans ma gorge tandis qu'une image de notre trio s'imposa à moi. J'implorai leur pardon en sachant que je n'aurais jamais la réponse à cette question qui me hante toujours : auraient-ils agit de la même manière. Sans chercher à cacher mes sentiments, je laissai une unique larme couler le long de ma joue ; c'est alors que je sentis les mains de Marius sur moi. Je me laissai aller à la sensation de protection que me procura les yeux pendant un instant. Lentement, je prononçai la formule de mort en mettant toute ma frustration, ma colère dans ce sort. Le rayon jaillit presque immédiatement de ma baguette. Je le vis frapper Arthur avec une telle violence que ce dernier se retrouva à l'autre bout de la pièce, presque en dehors de mon champ de vision. Mon cœur s'arrêta un instant avant de reprendre sa course effrénée dans ma poitrine. Je restai immobile tandis que je prenais peu à peu conscience de mon geste. Je laissai tomber ma baguette à mes pieds, incapable de continuer à tenir cet instrument de destruction. J'étais devenue celle contre qui je m'étais toujours battu. Je compris alors que la Hermione Granger qu'Harry et Ron avait connu était morte. Je voulais crier cette haine qui me broyait le cœur. Je voulais qu'elle parte pourtant je restai coite, abandonnée entre les bras de Marius. Au bout de quelques minutes, je me détachai de lui, presque à contrecœur. Il m'adressa un sourire incertain. Je savais qu'il comprenait ce que je vivais pourtant je n'avais aucune envie d'en parler sur le moment. Peu à peu, je me calmai ; retrouvant ainsi des sensations corporelles.

_ Je dois guérir tes blessures chuchota-t-il alors en s'approchant de moi, un pot, contenant une pâte transparente à l'intérieur, dans la main. Lentement, il étala la pâte d’où s'échappait une légère odeur de rose sur ma peau. La sensation de sa main fit naître un étrange frisson tout au long de ma colonne vertébrale.

_ Je vais y aller dis-je alors précipitamment en souhaitant mettre le plus de distance possible entre nous. Je n'aimais pas cette proximité soudaine, cette intimité qui s'était peu à peu installée entre nous sans que je m'en rende véritablement compte. Marius était quelqu'un d'attirant, peut-être même trop ; or en voyant son regard, ce jour-là, je compris qu'il était amoureux de moi. Je m'éloignais à contrecœur avant tout parce que je savais que notre relation serait vouée à un échec cuisant. Jédusor m'aimait, j'en étais certaine et à mon plus malheur, il avait une drôle de manière de le montrer. Avoir des sentiments pour Marius était une très mauvaise idée et je devais à tout prix m'éloigner avant de tomber dans ce piège sentimental. Je sortis donc à toute vitesse de la cave, encore choquée par ma découverte. Sans même réfléchir, je montai droit vers ma chambre, parcourant les couloirs sans faire attention à ce qui m'entourait. Arrivée à destination, je claquai ma porte derrière moi avant de me laisser glisser jusqu'au sol. Tremblante et apeurée, je fermai les yeux un instant.

***

_ Hermione !

Je me relevai lentement, surprise de me trouver encore derrière la porte. Je fronçais les sourcils en me rendant qu'un mal de tête puissant s'était installé derrière mes tempes.

_ Est-ce que ça va me demanda Cassiopeia alors que je lui ouvrais la porte. Son visage mit plusieurs secondes à se stabiliser. Des images s'imposèrent dans mon esprit sans que je ne parvienne à les repousser malgré mes efforts. Ma tête étaient lourde et je n'avais qu'une envie : la tuer pour aller me coucher. Je me stoppai net dans mon geste, la laissant sur le pas de la porte avec ses questions, pour aller m'asseoir tant j'étais frappée par cette idée, plus que stupide, qui venait de me passer par la tête. Je n'arrivais à comprendre pourquoi j'avais un tel besoin de voir un cadavre plutôt que mon amie. C'est ainsi qu'elle s'approcha et se baissa pour pouvoir m'observer. Sans même réaliser mon geste, je plaçai ma main sur sa gorge. Elle ne bougea pas comme si elle n'était pas surprise par mon geste. Je sentais son sang battre le long de sa jugulaire, cette constatation ne me plaisait pas du tout. D'un geste subit, je plaçai mon autre main avant de la faire basculer à terre, me retrouvant ainsi au-dessus d'elle. Seulement sans crier gare, elle me renversa sur le côté et repris rapidement le dessus sur moi. C'est alors qu'elle m'assena une claque sonore qui me força à la lâcher. Elle se recula ensuite pour se placer à l'autre bout de la pièce, assise contre le mur en tentant de reprendre son souffle douloureusement. Alors que je m'apprêtais à faire un mouvement, Cassiopeia me bloqua avec un sort du saucisson.

_ Calme toi me hurla-t-elle, presque hystérique. Je cessai le moindre geste afin de la rassurer.

_ Pardon murmurais-je en retenant mes larmes avec difficulté. Je prenais peu à peu conscience de mon geste. Finalement, elle me libéra avant de s'approcher de moi doucement. Je me relevai lentement afin de ne pas la brusquer car elle semblait encore secouer parce qu'il venait de se passer et je la comprenais totalement.

_ Ce n'est rien chuchota-t-elle finalement en me rejoignant sur le banc ou je venais de m'asseoir. J'avais sept ans lorsque j'ai failli tuer Marius commença-t-elle d'une voix blanche tandis qu'elle semblait replonger dans de douloureux souvenirs. Je le fixai tout en tentant de cacher le tremblement de mes mains. La magie noire est un poison continua-t-elle, presque effrayée par cette évidence. Je venais comme toi de tuer Arthur, cela a été comme une révélation pour l'enfant que j'étais. J'ai compris, ce jour-là, que le pouvoir permettait tout. Utiliser sa volonté pour tuer est inédit et différent pour chaque personne qui vit cette expérience mais généralement la suite est à peu près la même. Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas où elle voulait en venir. C'est simple Hermione s'exclama-t-elle avec véhémence. La magie noire se nourrit de la mort, c'est pourquoi elle se réveille lors de notre premier véritable meurtre. Elle dort en nous tel un monstre tapie dans l'ombre ; c'est la raison pour laquelle il est si difficile de s'y soustraire. Cette forme de magie n'est qu'une dérivé de la magie blanche mais une fois libre, elle est destructrice. Ce processus peut être plus ou moins long selon l'âge et la personne. C'est la raison pour laquelle la magie noire est généralement apprise dès l'enfance car l'innocence étant plus présente, le processus est plus contrôlable. C'est ainsi que lorsque l'innocence est annihilée, la magie envahit totalement l'esprit afin de prendre le contrôle... C'est comme si un double maléfique de toi tentait de prendre ta place et son but est de tuer car plus il tuera, plus la magie noire aura une emprise sur toi. Tu perds peu à peu la raison puisque la mort devient son unique motivation. Je la regardai, horrifiée par ses révélations.

_ Attends, c'est digne d'un schizophrène ce que tu me dis là la coupais-je alors pour tenter de me reconnecter avec la réalité.

_ Presque. Disons que la magie noire agit comme une ombre que tu sens au fond de toi et ton principal but sera désormais d'apprendre à vivre avec elle. C'est pour cela qu'il est important que tu acceptes cette part d'ombre que nous avons tous. Plus vite, tu la comprendras et plus vite tu apprendras à contrôler tes nouveaux pouvoirs. Pour le moment, reste éloignée d'une baguette lorsque tu te trouves en situation de stress. Marius et moi feront attention à ce que rien ne dérape pendant nos entraînement me rassura-t-elle finalement même si j'étais loin de ressentir ce sentiment.

_ Qu’ai-je fait finis-je par glapir en prenant ma tête entre mes mains. Je commençais à prendre la mesure de mes décisions. J’avais voulu tuer ma meilleure amie à l’instant même parce que je n’avais pas eu conscience du chemin dans lequel je m’embarquais. Mais si cette ombre annihile mes sentiments … nos sentiments … ressentez-vous le sentiment humain ?

_ La magie noire annihile le moindre sentiment humain lors des premiers temps ensuite lorsque tu apprends à la maitriser, tu peux réussir à moduler tes colères et ta haine. En vérité, tes sentiments sont juste exacerbés durant ton apprentissage or comme tu es soumise à un stress intense, tu ne parviens à te contrôler donc l’unique sentiment qui ressort est la colère. Pour parvenir à te contrôler, tu dois écouter Marius et te tenir éloignée d’une baguette pendant quelques temps m’expliqua-t-elle en tentant de dédramatiser la situation.

_  Jédusor me mentirait donc en me disant qu’il m’aime lui demandais-je.

_ Je pense qu’au contraire il t’aime plus qu’il ne le montre véritablement. L’amour peut devenir dangereux lorsqu’il est mêlé à la magie noire. C’est ainsi que ce sentiment peut devenir dangereux, une obsession incontrôlable. Nous baignons à longueur de temps dans une tempête ; c’est pour cette raison que l’éducation aristocratique est basée sur l’idée de la retenue. L’autre devient un but à protéger quoiqu’il en coûte donc, pour le moment, tiens-toi éloignée de Tom afin de laisser le temps à tes sentiments de se calmer.

_ Je n’en ai pas envie lui rétorquais-je comme si elle venait de m’annoncer qu’on allait m’arracher mon jouet préféré. Et pour être honnête, aujourd’hui, je dois avouer que je ressentais à peu près ce sentiment. Je commençais à m’ouvrir à l’idée d’une relation calme entre nous et l’idée de me détourner de lui, même pour un instant, me répugnait.

_ La magie noire vient de naître en toi alors ne précipite pas les choses même si je dois reconnaître que tu te débrouille remarquablement bien pour le moment. Tu dois comprendre que l’amour tel qu’il est conçu chez nous est une drogue inextinguible. Je sais, qu’au fond de toi, tu l’aimes seulement tu dois savoir que lorsque tu te marieras, tu seras liée à lui pour toujours. Lors de la cérémonie, vos sangs devront se lier par le biais de la magie or tu n’imagines pas la puissance de cette liaison me prévint-elle.

_ Il est l’heure de diner nous annonça un elfe à travers la porte de ma chambre. Cassiopeia soupira en se relevant, comme si cette annonce venait tout gâcher. Sans un mot de plus, elle me convia à la suivre cependant je refusais en lui arguant que je n’avais pas faim pour le moment. Elle me laissa donc seule, assise sur mon banc dans cette chambre inconnue. Ma baguette se trouve à moins de deux mètres de moi cependant je ne ressentais aucune envie de la saisir. Pendant un instant, la magie me dégoûta et pour la première fois, depuis longtemps, je souhaitai de n’avoir jamais connu cet univers. J’imaginai alors ce qu’aurait pu être ma vie en tant que moldu sans y parvenir parce que j’avais toujours su, au fond de moi, qu’un autre monde existait ailleurs. Je restai là pendant des heures en cherchant à comprendre ce qui m’arrivait. Les genoux plaqués contre ma poitrine, je me balançais lentement d’avant en arrière telle une enfant apeurée après un cauchemar. Je me mis, peu à peu, à chantonner les comptines que j’écoutais enfant pour combattre la peine qui m’envahissait. Je ne parvins à me calmer que tard dans la nuit seulement je savais que mes doutes reviendrait à nouveau le lendemain. Comme me l’avait dit Cassiopeia, j’avais libéré l’ombre, le prédateur … et j’étais la proie.

***

_ Contente de te revoir parmi nous m’accueillit Marius alors que j’entrai dans la cave. Je lui lança un sourire franc, heureuse de le retrouver également. Vivien était là, planté sur le tatami tel un pic. Un frisson glacial me traversa l’échine lorsque je le détaillai. Je tentai de repousser mes pensées et mes doutes le plus loin possible. Instinctivement, ma main se mit à trembler sans que je ne parvienne à me contrôler toutefois je n’arrivais pas à savoir si c’était d’excitation ou de peur. Marius posa une main amicale sur mon épaule afin de me signifier son soutien.

_ Je suis désolé mais tu dois encore t’améliorer alors on va continuer la pratique. J’hochai la tête à contrecœur. Je savais déjà ce qui m’attendait et j’étais venu assister à ce cours à reculons. Je venais de passer trois jours enfermée dans ma chambre, ne laissant personne y pénétrer. J’avais presque réussi à comprendre les mécanismes qui régissaient cette vieille magie grâce aux livres que les elfes m’avaient apportés à longueur de journée. J’étais parvenue à comprendre ses besoins, ses envies et désirs. Grâce à cette étude méticuleuse, j’étais parvenue à freiner ces envies de meurtres en appréhendant les choses d’une autre manière. Ne tremble pas m’ordonna Marius en apercevant ma main. D’un geste, il me désigna une place face à Vivien qui restait, comme toujours, insensible à nos paroles. Cette attitude indifférente finissait par m’exaspérer. Lentement, je me plaçai face à lui avant d’inspirer doucement afin de laisser l’air sortir d’entre mes lèvres ce qui me permit de me calmer. Sans même prononcer la formule, je lançais le sort impardonnable. Au fond de moi, je me sens fière car cela faisait longtemps que j’avais cessé de prononcer des formules pour me battre mais comme je ne maîtrisais pas la magie noire, j’avais été forcée de m’y remettre … Marius marque un instant sa surprise avant de m’adresser un signe de félicitation à l’aide de son regard presque émerveillé. Parfois, je restai surprise de voir comment ils me considéraient tous, j’avais véritablement l’impression qu’il me prenait pour une oie blanche. Un bruit mat vint accueillit la chute du golem et malgré moi, je ne pus retenir mon rire. Je me stoppai immédiatement, me rendant compte que mon rire était absurde, inconvenant. Je me sentais déchirée comme si deux parties de moi-même avaient décidé de se battre l’une contre l’autre. Cette ombre noire me hantait à chaque moment. J’avais l’impression de me battre contre quelque chose de plus fort que moi. Par moment, elle se calmait mais alors que le golem se relevait difficilement de sa chute, je lui infligeai un doloris sans même réfléchir aux conséquences de son geste. Pour la première fois, je sens l’ombre prendre le pas sur mon esprit. Je me retrouvai presque prisonnière de mon propre corps. Je me regardai agir comme un mangemort assoiffé de sang, de vengeance… Je pris soudainement peur de mon geste et tentai de reprendre le contrôle sans y parvenir. Marius, quant à lui, restait impassible, presque trop estomaqué pour réagir. Vivien hurlait plus qu’il n’est possible de le décrire pourtant rien ne semble déconcentrer l’ombre alors que je tentais de reprendre, une dernière fois, le contrôle ; Vivien éclata en mille morceaux.

_ Non hurlais-je. Mon cri se stoppa net quand je pris conscience que je parvenais, à nouveau, à contrôler mon corps. Immédiatement, nous nous avançâmes vers les morceaux éparpillés à travers toute la pièce. Je sentis des larmes couler le long de mes joues, je ne tentai pas de les retenir tant ma honte était grande.

_ Hermione murmura Marius. Je me retournai, effrayée par mon propre geste avant tout parce qu’au fond, j’avais apprécié cette force, cette puissance incroyable. La sensation de tenir une vie entre vos mains est, en vérité, grisante. Durant ces secondes-là, je me sentis désemparée telle une enfant devant un calcul trop difficile à résoudre. Je sentais que l’ombre se retirait pour se repaître du spectacle qu’elle venait de nous offrir.

_ Pourquoi est-ce aussi rapide le questionnais-je en repensant aux paroles de Cassiopeia. Durant les trois jours précédents, j’étais parvenue à me contrôler mais une telle soif était inédite et presque incontrôlables si elle me prenait, à chaque fois, par surprise. Face au silence de Marius, je me mis à courir pour fuir cette salle. J’avais la sensation de devenir un monstre et fuir me semblait la meilleure situation. Je ne supportais plus de faire face à cette horrible vérité. Arrivée en haut des marches, je m’écroulais sur le sol en me laissant glisser contre le mur. Les larmes continuaient de couler le long de mes joues sans que je ne parvienne à me contrôler. La tristesse qui m’étreignait se dévida peu à peu ; à mon plus grand soulagement.

_ Hermione ?

Je relevai la tête vers la source de la voix ; un ton que je ne connaissais que trop. Lentement, Tom s’agenouilla près de moi avant de remettre en place une mèche derrière mon oreille. Je reniflai un peu bruyamment tout en prenant conscience que je ne devais pas être très présentable. Cette pensée me fit sourire malgré tout Tom ne semblait pas remarquer mon désarroi. Il glissa ses mains dans les mains ce qui fit naitre un sentiment de bien-être à l’intérieur de moi. L’ombre sembla s’éloigner doucement pour me laisser tranquille. Je n’avais plus de réminiscence de mon geste. Je suis ravi de te revoir chuchota-t-il à mon oreille en me chatouillant au passage ; son geste m’arracha un rire bref. Comment vas-tu me demanda-t-il gentiment. Je fronçai les sourcils puisque ce ton, chez lui, était assez inhabituel ; grossier, méchant, virulent, ironique parfois légèrement amoureux toutefois il fait toujours passer ces messages « gentils » sur ton qui était loin de l’être. Tom Jédusor était tout sauf gentil et il n’était pas le genre de personne à me demander comment j’allais.

_ Mieux merci lui répondis-je alors en lui faisant comprendre que je souhaitais un baiser. Il se pencha alors pour m’embrasser. Ce geste conforta mon impression, ce n’était pas Tom. Alors que nos lèvres s’apprêtaient à se toucher, je me relevai légèrement en m’appuyant sur mes pieds et me lança, corps en avant, sur l’inconnu qui bascula en arrière avant de se cogner la tête en arrière. Je ne lui laissai pas le temps de se relever en plaçant ma baguette sur son cou. Il respirait avec difficulté à cause de la pointe qui s’enfonçait sur sa peau. Je le stupefixai en l’envoyant valsé à l’autre bout de la pièce.

_ Revelio chuchotais-je alors. Je me retrouvai alors face à un Marius mal en point. Je m’approchais lentement de lui, toujours méfiante. Pourquoi avoir fait ça lui demandais-je en hurlant malgré moi.

_ Félicitations ironisa-t-il en se relevant difficilement. Je ne l’aidai, préférant rester à distance.

_ Ce n’était pas drôle crachais-je en voyant naître un sourire sur ses lèvres.

_ Tu dois accepter la magie noire, tu dois l’utiliser m’expliqua-t-il.

_ Non le coupais-je immédiatement.

_ Je devais te confronter à une nouvelle situation durant laquelle tu as pu ne faire qu’un avec la magie noire. Tu dois apprendre à l’utiliser, à te faire confiance hurla-t-il en perdant son sang-froid.

_ Et si je n’en ai pas envie répliquais-je en cherchant à nier l’évidence.

_ Tu ne peux y échapper contra-t-il en s’avançant vers moi. Si tu ne parviens pas à apprivoiser la magie noire, elle t’absorbera, t’annihilera jusqu’à ce que tu disparaisses. Si cela arrive, tu ne seras plus jamais la même ; et ça, je ne me le pardonnerai pas cracha-t-il méchamment avant de partir précipitamment dans le salon. Je me reculai, incertaine de la marche à suivre.

_ Hermione, j’ai entendu des cris m’expliqua Abraxas en entrant dans le couloir. Je sursaute en l’entendant derrière moi. Viens-là me demanda-t-il en ouvrant ses bras. J’hésitai à m’y réfugier avant de finalement le faire. J’étouffais mes larmes à mesure qu’Abraxas resserrait sa pression autour de moi. Je me sentis immédiatement bien, Abraxas avait un véritable don pour rassurer les autres. J’avais cessé depuis longtemps d’être étonnée par sa gentillesse car j’avais fini par comprendre que je ne devais pas le juger sur mes aprioris passés.

_ Pourquoi s’est-il énervé lui demandais-je en me reculant.

_ Oublie plutôt ce qui vient de se passer, cela vaut mieux chuchota-t-il.

_ Pourquoi le questionnais-je, étonnée. Voir Marius s’énerver n’était certes pas courant mais je ne parvenais pas à comprendre la raison pour laquelle Abraxas me demandait d’oublier cette simple dispute. Je n’avais aucune intention d’en parler avec Tom bien sûr puisque cela serait surement risquer.

_ Parce qu’il n’est jamais bon de montrer ses sentiments, Hermione ironisa-t-il en m’emmenant vers le salon vide. Alors que je m’apprêtais à lui poser d’autres questions afin d’assouvir ma curiosité ; un elfe entra et nous annonça que le repas du midi allait être servi. Abraxas soupira discrètement avant de me demander de le suivre pour rejoindre les autres. Tous étaient déjà installés et bavardaient tranquillement en attendant d’être servi par les elfes.

_ Salut me salua Lucrétia en accompagnant son accueil d’un geste vague de la main.

_ Comment vas-tu me demanda Cassiopeia alors que je m’installais à ses côtés.

_ Comme si on en avait quelque chose à faire contra Walburga en me jetant un regard haineux au passage.

_ Garde ta langue acerbe dans ta bouche contra Lucrétia méchamment. Sur ces mots, Walburga se leva et partit en annonçant, au passage, qu’elle ne souhaitait pas déjeuner en notre compagnie puisque nous rendions l’air irrespirable.

_ Qu’allons-nous faire cet après-midi demandais-je aux filles, peu préoccupée par le départ fracassant de Walburga.

_ Nous allons nous préparer pour ce soir m’annonça Lucrétia. J’ouvrais grand les yeux sous le coup de la surprise, n’ayant pas entendu parler d’un quelconque bal ou soirée.

_ Nous dînons chez les Potter afin de fêter les fiançailles de Charlus Potter avec ma sœur acheva Cassiopeia tandis que je me retenais de m’étouffer avec mon chocolat à l’entente du nom des Potter.

_ Je ne savais pas qu’ils étaient amoureux lâchais-je finalement afin de combler le vide que ma surprise et mon rougissement venait d’installer.

_ Tu as raison mais évite de le crier sur les toits, cela ne plaît pas énormément dans notre milieu m’expliqua Cassiopeia. J’hochais finalement la tête puisque je n’avais aucune envie de continuer cette conversation plus avant. Je n’osais pas imaginer l’ambiance de cette soirée, je me décidai donc à ne penser que minute après minute afin de faire tomber mon angoisse. Nous déjeunâmes ensuite dans un silence religieux.

_ Que dirais-tu de sortir prendre l’air cet après-midi me demanda Lucrétia avec un immense sourire sur les lèvres.

_ Sur le chemin de traverse demandais-je avec envie, je n’y étais pas retournée depuis mon arrivée ici. Les filles hochèrent la tête en chœur à mon plus grand bonheur.

_ Nous partons tout de suite m’annonça Daphné en entrant dans la salle à manger. Je la fixais, la bouche grande ouverte face à cette surprise.

_ Tu n’es plus en Europe criais-je presque en me levant afin de la serrer entre mes bras. Je me retins à temps et lui adressai, plus simplement, un sourire de bienvenue.

_ Je ne supportai plus ma mère donc j’ai prétexté qu’au moins un membre de notre famille devait être présent à ce dîner et ils m’ont laissé y aller raconta-t-elle tout en déboutonnant sa veste afin de se sentir plus à l’aise.

_ Suivez-moi Mesdemoiselles, je vais vous montrer le chemin nous annonça Abraxas en transplanant soudainement. Je ne marquai pas mon étonnement et priai intérieurement, avant de transplaner, de parvenir à mes fins. Je me décidai donc à les suivre et les rejoignit sans trop d’encombres sur le chemin de traverse. Je fus immédiatement happée par l’ambiance joviale qui y régnait. Tout comme la dernière fois, je fus saisi par la foule, le brouhaha, les rires … C’était si différent, presque trop jovial en fait. Mes souvenirs étaient flous en ce qui concernait cet été-là pourtant il n’avait pas été difficile de voir à travers les photos que le chemin de traverse avait perdu son âme, son pouvoir. Comme si, d’un seul coup, toute l’imagination des sorciers s’était soudainement tue. Et voilà que je me retrouvais, à nouveau, sur le chemin qui avait transformé ma vie en un étrange conte. Les filles m’entrainèrent immédiatement dans le sillage de la foule. Abraxas, quant à lui, restait derrière moi afin que je ne me perde pas. Ne sachant pas où nous allions, je me laissai guider calmement tout en jetant un regard partout autour de moi. J’étais enchantée et je n’avais aucune envie de le cacher. Ils eurent tous la décence de ne pas me le faire remarquer. Ils me menèrent tranquillement vers une petite boutique cachée entre un bar et une boutique de bonbons. Je regardai d’un œil circonspect l’unique porte qui menait à cette soi-disant boutique. Lucrétia l’ouvrit et me demanda de les suivre sans faire trop de bruit.

_ Madame Pyrei appela-t-elle en jetant un regard à droite et à gauche.

_ J’arrive répondit une petite voix fluette. Immédiatement, le couloir dans lequel nous étions s’étendit pour former une immense salle à voûte au bas desquelles jaillirent d’immenses porte vêtements.

_ Que faisons-nous ici chuchotais-je à Abraxas, un peu surprise par toute cette mise en scène.

_ Nous allons faire les magasins me répondit Daphné en riant à moitié. Je retins à temps de sortir une exclamation qui aurait dit, en substance, que je n’avais jamais vue une telle boutique. Nous devons être présentable pour ce soir argumenta-t-elle en s’installant. La boutiquière nous installa sur l’un des sofas prévu à cet effet. Je hochai la tête sans toutefois parler, un peu prise au dépourvue par tant de luxe. L’après-midi passa très rapidement contrairement à ce que je pensais. Les filles me firent essayer un bon milliard de tenues, heureuse d’avoir un nouveau mannequin sous la main. Je me pliai au jeu sans broncher, heureuse de pouvoir enfin penser à autre chose qu’à la magie noire. La soirée arriva cependant plus vite que prévu. Nous rentrâmes au manoir bien avant l’heure de notre rendez-vous afin de nous préparer convenablement.

_ Restons ensemble, ça fait si longtemps demanda Lucrétia en nous suppliant toutes du regard. Pour toute réponse, nous rigolâmes avant de l’entraîner vers ma chambre.

_ Pourquoi devons-nous toutes aller à ce dîner ? Les questionnais-je finalement alors que j’enfilais l’une des robes que je m’étais offerte. J’avais choisi celle qui me semblait la plus sage pour rencontrer la famille Potter.

_ A dire vrai, nous t’avons menti m’expliqua Cassiopeia. C’est un bal donc tu devrais plutôt enfiler cette robe me dit-elle en me montrant celle que Tom avait fait mettre de côté pour moi.

_ Un bal m’écriais-je à moitié choquée par cette révélation. Mais vous m’aviez dit que …

_ C’était un dîner termina Daphné en rougissant violemment. Nous ne voulions pas de donner plus de stress que prévu ; nous savons que tu es fâché avec Henri alors nous avons voulu t’épargner. J’ouvrais la bouche avant de la refermer, incapable de réagir. J’oscillais entre la colère et l’envie de les prendre dans mes bras. Il était rare qu’il se montre prévenant et surtout qu’il l’avoue d’eux-mêmes. J’avais toujours eu des difficultés à leur faire avouer leurs sentiments fraternels alors je me contentai d’hocher la tête en leur adressant un sourire radieux auquel ils répondirent par un haussement de sourcils et un œil circonspect. Leur expression manqua de me faire rire mais je retins à temps en voyant qu’une autre cliente, visiblement une sang pure, venait d’entrer dans la boutique. J’avais fini par m’habituer à leurs sous-entendus, à être patiente avec eux cependant, cela ne m’empêchait pas d’apprécier chaque petit geste qu’ils pouvaient m’offrir.

_ On devrait se préparer si nous ne voulons pas être en retard clama finalement Cassiopeia mettant ainsi fin à cet étrange moment. J’écoutais leurs conseils et partie enfiler la robe que Lucrétia m’avait tendue dans la salle de bain. J’avais peine à croire que j’allais porter une telle merveille. J’eus énormément de difficulté à enfiler convenablement le corset noir qui l’accompagnait ; si bien que Cassiopeia me proposa son aide afin que j’arrête de crier comme un porc qu’on étrangle. J’accueillais son invitation avec plaisir même si l’image du porc me fit piquer un fard tant je me sentis ridicule sur le moment.

_ Tu es magnifique comme toujours lui dis-je en la voyant entrer. Elle avait enfilé une robe longue d’un blanc écarlate qui lui allait à la perfection. Je sentis une pointe de jalousie poindre en moi ; elle était toujours si parfaitement noble que s’en devenait énervant à la fin ! Je réprimai finalement ce sentiment stupide, heureuse pour elle. Je sentais l’ombre derrière chacune de mes pensées si bien que je me forçais souvent à être positive pour éviter d’être, à nouveau, en colère. Le corset mis, j’enfilai la robe. Tom avait toujours eu un goût très sûr en matière de mode, il savait ce qu’il voulait. Le haut n’est fait que d’une dentelle noire qui ne laissait presque aucune place à l’imagination pour deviner ce qu’il y’avait en dessous. La jupe, quant à elle, était moins évasé que ce j’avais cru en l’apercevant dans la boutique ; je fus donc heureuse de constater que cela m’allait bien. Je décidai, pour une fois, de laisser mes cheveux détachés après leur avoir fait subir de nombreux sorts pour les rendre calme et discipliné. Plus le temps avançait, plus mon cœur s’emballait. J’avais soigneusement évité Henri depuis mes fiançailles afin de ne pas avoir à discuter mais ce soir-là, je savais que je ne pourrais pas y couper.

_ Nous partons dans cinq minutes m’annonça Cassiopeia tandis que je tentais de trouver une idée de dernière minute pour fuir. Sans succès. J’hochai finalement la tête en me décidant à sortir de ma cachette.

_ Relève la tête m’indiqua Daphné et déstresse … Dis-toi qu’ils ne sont là que pour t’admirer. Je la regardais avec des yeux ronds avant de comprendre ce qu’elle souhaitait me dire par là. Elles pensaient toutes que je stressais à cause de l’absence de Tom. Je faillis rire avant de me rendre compte qu’en l’absence de Tom, je devrais présider tout le cérémonial. Je déglutis donc péniblement en tentant de me réciter intérieurement les quelques cinq cents règles que j’allais devoir appliquer. Nous rejoignirent Abraxas au rez de chaussée avant de transplaner jusqu’à notre point de rendez-vous.

Ce ne fut que lorsque je relevai la tête que j’aperçus le manoir qui se dressait devant nous. Je retins un hoquet de surprise tant le lieu semblait magique. La façade d’un blanc éclatant semblait illuminée de mille feux tandis que de nombreuses lampes voletaient l’air de rien dans le ciel autour de l’édifice ; ajoutant ainsi une magie supplémentaire à la vue. Je n’étais pas sûr de la vision que j’avais devant moi, j’avançai donc avec difficulté, cherchant à tout prix à laisser ce lieu paisible et calme envahir mon esprit torturé. Toutefois je ne pouvais m’empêcher de ressentir un certain chagrin en pensant à Harry. Il m’était dur de découvrir un monde qu’il aurait dû connaître. La culpabilité que je ressentais vis-à-vis de ma relation avec Tom s’accrut durant un instant avant que Cassiopeia ne m’oblige à descendre de mon nuage avec un coup de coude dans les côtés. Je grimaçai en lui jetant un regard noir tandis qu’elle m’indiquait de descendre de l’aire d’atterrissage pour que les elfes puissent accueillir les prochains arrivants. Je descendis donc sous les rires de mes amis.

_ Sois moins démonstratrice me conseilla Lucrétia en me prenant le bras. J’hochai la tête tout en n’écoutant pas son conseil. Je me moquai bien du regard des autres pour le moment. Je regrettai bientôt d’être arrivé si tardivement à la soirée puisque la nuit me gâchait une partie de la vue du magnifique parc qui s’étalait en contrebas du manoir. Nous pénétrâmes dans le hall sous les regards curieux ou mauvais des autres invités tandis que je saluai doucement et humblement les arrières grand parents de mon meilleur ami. J’évitai soigneusement leurs regards de peur de me retrouver paralysé par le chagrin. Heureusement mon attention fut rapidement détournée par les nombreuses mains qui cherchaient à obtenir ma bénédiction pour une demande d’audience avec Tom. Je fus surprise de découvrir à quel point l’influence de mon fiancé était grande surtout auprès de familles issues de Serpentard et étonnement des Poufsouffles.

_ Bonsoir me glissa alors Henri à l’oreille. Je me reculai de quelques pas afin de mieux l’observer et surtout pour maintenir une distance convenable entre nous. Je n’avais aucune envie de provoquer un incident diplomatique pour le moment. Je lui rendis son salut sans toutefois aller plus loin dans la conversation. Je n’avais aucune envie de lui faciliter les choses même si notre séparation était entièrement due à mes choix. Comment vas-tu chuchota-t-il en demandant à un elfe de nous apporter du champagne. Je refusais poliment sa proposition lorsqu’il me tendit une coupe et préféra opter pour un petit four à l’aspect suspect que je m’obligeai à manger sous peine de passer pour une mégère auprès des autres convives qui semblaient scruter le moindre de mes mouvements.

_ Je vais bien et toi m’obligeais-je à répondre finalement au bout d’une longue minute de silence embarrassant.

_ Bien.

_ Hermione m’interpella Cassiopeia alors qu’Henri allait reprendre la parole. Je me tournai donc vers mon amie tout en évitant de cacher mon soulagement. Ma sœur te demande m’expliqua-t-elle en m’indiquant le chemin à suivre.

_ Ta sœur la questionnais-je surprise, sachant que je n’avais pas parlé avec Dorea depuis un moment. Cassiopeia me mena à l’étage. Stressée par cette rencontre impromptue, je fis peu attention à la décoration qui m’entourait. Elle m’indiqua une chambre dans laquelle je pénétrais avant qu’elle ne referme la porte derrière. Dorea se tenait droite tandis qu’un elfe mettait un point final à une tenue splendide. J’écarquillai les yeux un instant avant de me reprendre. Mon expression fit rire Dorea un instant avant qu’elle ne reprenne son sérieux.

_ J’ai l’impression d’être une meringue ironisa-t-elle en se regardant.

_ Madame est superbe objecta l’elfe en s’inclinant. Madame ne devrait pas dire cela d’elle continua-t-il en secouant son long nez en signe de dénégation.

_ Peut-être qu’en dégonflant la jupe ajouta Cassiopeia en tournant autour de sa sœur afin d’inspecter le résultat de près. Au bout du troisième tour, elle lança un sort qui eut pour effet de faire dégonfler la jupe qui retomba en un drapé miroitant au plus près du corps de Dorea. Le résultat était magnifique et moins grandiloquent qu’auparavant.

_ Qu’avez-vous fait hurla soudainement l’elfe en s’excusant immédiatement pour avoir hurler sur une dame. Il commença à se taper mais je l’arrêtais en lui ordonnant de se calmer, ne comprenant pas les raisons d’une telle colère chez le petit être. Il ne faut pas changer la tenue traditionnelle sinon …

_ Vous avez été embauché par ma famille alors ne craignez rien quant aux éventuelles répercussions de ce choix vestimentaires.

_ La tenue traditionnelle coupais-je Cassiopeia tandis qu’elle tentait, en vain, de rassurer l’elfe sur son avenir immédiat.

_ De l’annonce des fiançailles m’expliqua Dorea en descendant du piédestal sur lequel elle se trouvait afin de s’observer au plus près du miroir. Il n’a pas tort, Cassi ! Les femmes vont faire en scandale en me voyant descendre ainsi grimaça-t-elle tout en caressant le tissus avec une mine dégoutée à l’idée de devoir retrouver l’ancienne forme de la jupe.

_ Sauf si Hermione s’habille à peu près pareil ; alors ils penseront que c’est une meilleure supplémentaire de prouver sa bénédiction pour ses fiançailles.

_ Quelles fiançailles leur demandais-je finalement.

_ Les miennes avec Charlus Potter. J’écarquillai les yeux à l’annonce de cette nouvelle tout en réalisant que cette nouvelle n’en n’était pas véritablement une puisqu’elle était déjà annoncé dans l’arbre généalogique d’Harry. Je félicitai finalement la future mariée heureuse de cette bonne nouvelle. Je savais par avance qu’elle serait heureuse aux côtés de son futur époux et qu’ils auraient un magnifique fils, James. C’est alors que Cassiopeia m’expliqua le rôle que j’aurai à jouer au moment de l’annonce. En fait, j’étais celle qui annoncerait les fiançailles selon le souhait de la famille Potter. Je fus, de prime abord, enchantée de cette nouvelle avant de me rendre compte des conséquences qu’elle allait avoir. J’allais devoir manger à la même table qu’eux pour le reste de la soirée ainsi qu’ouvrir le bal en dansant avec Henri, comme le voulait la tradition en cas d’absence de Tom. Cassiopeia modifia la jupe de ma robe afin que sa retombée apparaisse de la même manière que celle de Dorea. Satisfaite du résultat, elle nous annonça qu’il était l’heure. Pour toute réponse, je la fusillais du regard, énervée qu’elle ne m’ait pas prévenu d’un tel évènement.

_ Nous descendons en premier m’indiqua-t-elle alors que Charlus montait tranquillement les marches afin de nous rejoindre. J’entendis des applaudissements venant du hall.

_ Bonjour nous salua-t-il en pensant devant nous comme si nous n’existions pas. Sa façon d’agir me fit sourire avant de me faire souffrir. Tom n’agirait jamais d’une telle manière, surtout pas en présence de ses pairs ou plutôt de ses pions. J’inspirai profondément à l’entente de mon prénom avant de descendre tranquillement les marches. Je fus accueilli par un silence religieux tandis qu’une plus d’une centaine de paires de yeux me fixait. Je présentai donc mon meilleur sourire tandis que Nathanael Potter me présentait sa main afin de m’aider à descendre les dernières marches. J’évitai avec soin de le regarder ; pour une fois, la bienséance et les règles me sauvèrent d’un malaise car, du peu que j’avais pu apercevoir de son visage, l’arrière-grand-père d’Harry en était son portrait craché. J’inspirai discrètement avant de commencer mon discours. Je récitai soigneusement les mots que m’avait fait apprendre Cassiopeia quelques minutes auparavant. Je crus que ma présence serait occulté après l’apparition du nouveau couple malheureusement ce ne fut pas le cas. Je devins le sujet de conversation numéro un de la soirée. Ma robe et celle de Dorea fut au centre de toutes les préoccupations féminines. Je fus plusieurs fois féliciter pour mon choix audacieux. A mon plus grand bonheur, ce fut Lucrétia qui m’entraîna à l’écart quelques minutes avant de diner.

_ Tu es parfaite me félicita-t-elle tout en me conseillant ensuite de ne pas relâcher mes efforts pour le reste de la soirée. Je lui promis avant de rejoindre nos hôtes. C’est à partir de ce moment-là que je fus catapulté en pleine horreur. Henri m’indiqua où m’asseoir en reculant la chaise pour moment. Je le remerciai gentiment tout en priant pour qu’il s’asseye à l’autre bout de la table. Ce ne fut pas le cas. Il m’adressa un immense sourire, à moitié carnassier, en s’installant à mes côtés tandis que son père s’asseyait de l’autre. Je déglutis péniblement en pensant que la soirée allait être longue. Peu à peu, nous fûmes servi et le repas commença, tout d’abord, dans un silence général avant qu’un léger brouhaha ne se fasse entendre pendant l’attente qui précéda le plat.

_ On m’a dit que vous veniez de France, Miss.

_ Oui monsieur lui répondis-je tout en me retenant de piquer un fard. Henri, à mes côtés, murmura un « ressaisis-toi » discret qui me fit l’effet d’un électrochoc. Je tournai donc la tête vers son père et lui répondit que je vivais auparavant au sein d’un petit village normand mais que j’avais principalement fait mes études de sorcellerie à Paris dans une petite école privée. Visiblement satisfait de ma réponse, il entama une discussion avec son épouse qui semblait pourtant tout sauf bavarde.

_ Oui monsieur me singea alors Henri à voix basse tout en prenant au passage une voix suraiguë.

_ Je ne te permets pas de te moquer de moi lui rétorquais-je à voix basse tout en lui jetant un regard noir.

_ Détend-toi ou tu vas finir la soirée à Sainte Mangouste me taquina-t-il en buvant plusieurs gorgées de son verre. Je lui jetai un regard envieux, je regrettai alors cette loi idiote sur l’alcool en pensant qu’en de telles situations, cette boisson aurait pu m’aider à être plus détendue. Je décidai finalement de l’écouter en prenant plusieurs inspirations discrètes afin de calmer les battements intempestifs de mon cœur. Le reste du repas passa rapidement. Me voyant mal à l’aise, Henri prit, à mon plus grand bonheur, la direction des opérations et s’évertua à rendre l’ambiance plus détendue autour de nous. C’est ainsi qu’il passa le reste du repas à entamer plusieurs conversations sur divers sujets. Rapidement, il réussit même à faire rire la tablée grâce à des remarques savamment bien placée. Je me joignis finalement de bon cœur à l’ambiance générale, me laissant glisser dans un moule plus chaleureux et convivial que celui que je connaissais depuis le début de l’année. Toutefois je tenais à rester sur le qui-vive afin de ne pas effectuer de faux-pas, sachant ce que cela pouvait couter à ma réputation.

C’est ainsi que plus de trois heures après le début du repas, Henri se leva de sa chaise et me tendit son bras afin que je l’accompagne au milieu de la piste. Totalement à l’aise, je m’accrochai à lui afin de le suivre. Il plaça lentement une main sur ma taille tandis que, doucement, la musique emplissait l’air autour du couple que nous formions que tous les deux. Je plaçai ma main sur mon épaule avant qu’il ne me fasse tourbillonner pour entamer la valse. Lentement, il accéléra la cadence. J’étais à l’aise, et pour la première fois depuis longtemps, je me surpris à me laisser aller à ce moment de grâce entre ses mains. Son visage, même s’il ne souriait pas, me semblait lumineux. Nous fûmes bientôt rejoint par Charlus et Dorea qui, eux-mêmes, furent suivi par d’autres couples. La danse s’arrêta presque trop vite à mon goût. Henri m’abandonna pour me laisser entre les mains d’un autre cavalier. Au bout de la cinquième danse entre les bras d’un total inconnu, je refusais poliment la main que me tendaient plusieurs jeunes hommes, prétextant un léger malaise. Les filles me félicitèrent de ma tenue irréprochable pour le moment pourtant je ne les écoutais pas véritablement, cherchant du regard celui que je voulais voir. C’est alors que je l’aperçus sur le balcon mais je suis rapidement déçue en sachant que je n’avais pas le droit de le rejoindre.

_ Allons-y ensemble, cela paraitra moins suspect chuchota Lucrétia en me prenant le bras tandis que Daphné et Cassiopeia restaient afin d’évacuer mes futurs cavaliers vers d’autres occupations. Le prétexte du malaise fut parfait et c’est ainsi que je me retrouvai seule, à nouveau, avec lui. Henri m’accueillit avec son habituel sourire charmeur.

_ Cette danse était parfaite lui glissais-je alors en m’installant près de lui, tout en vérifiant que nous étions bien à l’abri des regards indiscrets. Il hocha la tête, absorbé par le vue que la terrasse offrait sur le ciel étoilée qui s’étalait au-dessus de notre tête.

_ Je croyais que tu le détestais me reprocha-t-il à voix basse en plantant son regard dans le mien.

_ Je le croyais aussi mais parfois les choses changent d’une manière inattendue lui expliquais-je tout en maintenant son regard ; sachant que si je me détournais, il prendrait ce geste pour un aveu.

_ C’est un monstre, Hermione murmura-t-il, presque horrifié à l’idée que je puisse aimer Tom.

_ Il ne l’est pas lorsqu’il est avec moi, il change lui répondis-je, assurée. Toutefois, même s’il ne l’entendit pas, ma voix trembla légèrement lorsque je lui répondis. Jédusor était un monstre et je le savais parfaitement seulement je me détournai de la vérité pour mieux m’illusionner.

_ Ne me dis pas que tu t’es donné pour mission de le rendre meilleur car c’est impossible contra-t-il.

_ Et si c’était mon destin rétorquais-je.

_ Destin ou pas, ce n’est pas avec lui que tu devrais être m’expliqua-t-il, soudainement énervé.

_ Parce que je devrais être avec toi peut-être rétorquais-je sur un ton plus méchant que ce que je ne le souhaitais. Sais-tu qu’il te tuerait si ces paroles venaient à être répétées ! Je tiens à toi alors à l’avenir évite ce genre d’ineptie, je te prie m’énervais-je tout en chuchotant. Je l’aime et je crois qu’il est temps pour toi de le comprendre et de grandir, Henri Potter.

Sur ces derniers mots, je me levai en faisant claquer mon talon sur le sol afin de lui faire remarquer ma colère même si ce geste, au fond, n’était pas véritablement nécessaire. Je sortis du balcon et rejoignit les filles. Je fus rapidement invité par d’autres cavaliers. J’acceptai toutes les propositions qui suivirent afin d’éviter au maximum les interrogations muettes de mes amies et le regard noir d’Henri. Cependant je ne ressentis plus le bien-être qui m’avait envahi lorsqu’il m’avait tenu entre ses bras.

 

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