Les Souffleurs de Lumière

Chapitre 1 : La Tour d'Observation

4393 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:38

ATTENTION

Cette histoire est la suite de "Clair comme Nuit".

Si vous n'avez pas lu cette fanfiction, vous allez au-devant de dangereux spoilers et d'une bonne séance de tirage de cheveux...

En revanche, vous n'avez pas besoin d'avoir lu "Noir comme Neige" (le premier tome de la trilogie) pour pouvoir comprendre les tomes II et III.

 

 

LA TOUR D'OBSERVATION

 

 

Lorsque le vent soufflait en violentes rafales sur la plaine crevassée, on entendait presque un chant monotone, comme si, loin sous l'épaisse couche de neige et de glace, des géants avaient entonné une complainte.

Terrence les imaginait comme des vieillards un peu éméchés, en train d'entrechoquer leurs chopes de bièreraubeurre et de se raconter des histoires d'autrefois, mais Wendy frissonnait à l'idée que les recherches menées par les Moldus à grands coups de forage puissent un jour déranger ces ancêtres débonnaires.

Scorpius, évidemment, se contentait d'hausser les épaules et se replongeait dans sa paperasse.

Albus ne disait rien, le front appuyé contre la vitre, ses yeux verts perdus dans la contemplation du blizzard. Parfois, un soupir rêveur s'échappait de sa poitrine, sans qu'il puisse expliquer pourquoi.

Lorsqu'il n'y avait pas de tempête, la Vallée des Souffleurs de Lumière était l'un des plus merveilleux endroits du monde.

Sous le ciel immense, couleur de saphir, le soleil irisait les pentes blanches veloutées et étincelait au bord des arêtes de glace bleutée. Dans le froid polaire régnait un silence feutré, que ne troublaient pas les chuintements des baleines aériennes ou les jappements des renards à queue-de-feu qui se roulaient dans la neige. Au milieu de la plaine, la Tour d'Observation d'un rouge écarlate ressemblait au chapeau pointu d'un lutin ou au sifflet de la locomotive du Poudlard Express, avec les petits nuages de fumée qui jaillissaient de temps à autre des conduits argentés.

Wendy en avait fait un très joli croquis, qui était punaisé dans les vestiaires juste au-dessus de la désengeleuse et qu'Albus aurait bien voulu envoyer à ses parents : les photos ne rendaient en rien la clarté et la beauté du site sur lequel il travaillait.

Cela faisait déjà plus de six ans depuis la Rébellion des Hébrides.

Harry Potter était devenu ministre de la magie et bien qu'il y eût toujours des gens pour se plaindre, dans l'ensemble la communauté des sorciers de Grande-Bretagne s'estimait satisfaite de sa direction droite et posée. Le Survivant, le héros de guerre résistant et vainqueur deux fois de Lord Voldemort, l'Auror passé en politique, restait un homme simple et accessible, dont on savait qu'il ne ferait aucun compromis avec les forces obscures.

Ginny travaillait toujours au Département des Jeux & Sports Magiques, mais se montrait active dans les galas et les soirées de charité en digne épouse du ministre. Elle était parfois accompagnée de sa fille Lily ("une beauté !") qui venait de terminer ses études à Poudlard et qui se destinait à "une carrière dans la mode". On n'était pas trop sûr de ce que voulait dire l'expression.

James, le fils aîné du ministre, avait échoué à l'examen d'entrée des Aurors pour une raison que seuls Harry Potter et Ron Weasley connaissaient et que le jeune homme n'avait confié qu'à Teddy Lupin, le filleul de son père. Après cette douloureuse expérience, James avait fait son sac et il était parti en voyage en stop pendant plus d'un an. De balais en tapis volants, en passant par le Magicobus, des montgolfières, des gondoles, des trains à vapeur et des trois-mâts, il avait finalement atterri en Sicile où son charme naturel et son bagout l'avaient fait engager à un poste clé dans le commerce avec les hommes-poissons du Clan Cola.

Les liens de Wendy Philips, Terrence Swanson et Scorpius Malefoy avec le second fils Potter n'avaient pas changé et s'étaient au contraire encore approfondis.

Ils étaient les seuls au monde à part Harry à savoir la vérité au sujet d'Albus.

C'était pendant leur stage de septième année au Brésil que ses trois amis avaient (re-) découvert le secret, quand il s'était transformé pour sauver Terrence de la morsure d'un serpent fer-de-lance. Wendy avait un peu boudé – Scorpius beaucoup – mais finalement le soulagement d'apprendre que Crocmou – Albus n'avait jamais réussi à leur faire comprendre que ce n'était pas le vrai nom du dragon – était toujours en vie l'avait emporté sur leur colère.

C'était peut-être pour cela que Scorpius avait fini par céder à son père et qu'il était entré au ministère. Le langue-de-plomb qu'il deviendrait lorsqu'il aurait achevé ses dix années de service pour le gouvernement pourrait protéger efficacement le plus grand mystère de Grande-Bretagne. Pour l'instant, au bout de deux ans au Bureau de Désinformation, il avait demandé à être muté au Pôle Sud où il remplissait les fonctions d'agent de liaison, ce qui lui permettait de garder un œil à la fois sur son ami et sur une certaine Miss Phillips.

La jeune fille casse-cou et franche avait fini par rassembler son courage et s'opposer à l'avenir prévu pour elle par l'homme d'affaires quasiment invisible auquel elle donnait le nom de père. Encouragée par le vieux majordome Barrie, elle avait choisi elle-même son destin. Devenue ingénieur en mécanique magique – ce qui lui convenait bien plus que tous ces métiers basés sur de la théorie, ce qu'elle avait en horreur – elle avait été affectée à la Tour d'Observation pour son premier poste et si ses relations avec sa belle-mère ne s'étaient pas vraiment arrangées – Madame se pâmait rien qu'à penser à une demoiselle de son rang les mains pleines de cambouis – en revanche la distance avait aidé à les apaiser.

Plusieurs équipes de Quidditch avaient fait des offres à Albus, à la fin de ses études. On le voulait comme attrapeur, ou à défaut comme poursuiveur, et sa mère aurait bien voulu qu'il suive ses traces et se fasse un nom dans le sport national. Il en avait le talent indéniable et ce n'était pas tous les jours qu'on se disputait un joueur avec un tel handicap : même Harry aurait presque voulu que son fils accepte, ne serait-ce que pour les changements de mentalité que cela aurait pu apporter dans la communauté magique encore bien chargée de préjugés. Mais le second des enfants Potter avait poliment refusé. Tranquillement, discrètement, comme il l'avait toujours été, il s'était engagé sur son propre chemin. Ses deux années de formation achevées brillamment et son diplôme d'éthologue en poche, il avait postulé en Antarctique et il était parti rejoindre Wendy pour y étudier le comportement de la faune magique du continent blanc.

Terrence les avait rejoints six mois plus tard. Il était loin d'avoir terminé ses études – même si son cerveau de génie lui donnait cinq ou six longueurs d'avance sur les autres de sa promotion – mais il possédait déjà une licence de guérisseur de premier cycle, ce qui lui permettait d'assurer les fonctions de médicomage à la Base d'Inlandsis tout en faisant son internat de troisième année.

Et c'était ainsi que les quatre copains de Poudlard s'étaient tous retrouvés au bout du monde.

Tout était parfait, jusqu'ici.

Mais les choses ne restaient jamais longtemps calmes lorsque ces quatre-là étaient rassemblés.

 

oOoOoOo

 

Wendy était en train de remonter de la chaudière en s'essuyant les mains sur un chiffon lorsqu'elle entendit la porte du sas se déverrouiller et quelqu'un taper ses bottes contre la marche. Son fin visage triangulaire s'illumina et elle grimpa l'escalier en colimaçon quatre à quatre, fourrant le chiffon dans la poche kangourou de sa salopette grise.

Le voilà !

Albus était en train de quitter sa cape et de la suspendre à la patère en griffe d'ours dorée quand elle déboucha, un peu hors d'haleine après son ascension des cinq étages, dans le hall d'entrée recouvert de tapisserie cramoisie élimée.

- Hé, lança-t-elle en prenant un air dégagé.

Elle frotta d'un geste machinal l'escarboucle qui brillait au coin de son sourcil gauche, repoussa derrière son oreille une des courtes mèches châtaines qui lui balayaient la joue.

- Yo, répondit le jeune homme en se retournant avec un sourire.

Il était bien plus grand qu'elle, maintenant. Toujours très mince, mais ses épaules s'étaient développées et se dessinaient en force souple sous les mailles de son chandail noir à col roulé. Il avait les cheveux en bataille, le nez rouge d'avoir été au froid. Un duvet sombre surlignait sa mâchoire masculine et un peu de givre accroché à ses longs cils faisait briller ses yeux verts.

- T'étais sur la crête ? demanda-t-elle en croisant les bras et en s'appuyant négligemment contre le mur, à côté du miroir, pendant qu'il glissait ses mains dans la désengeleuse.

- Non, à la crique du sarcophage, répondit-il en ôtant ses bottes bordées de fourrure et ses épaisses chaussettes de laine. "Je voulais voir si je pouvais mettre la main sur cette araignée de mer qui ressemble à une boule de suie rose. Calcifer a dit que ce n'était pas une coïncidence."

Wendy détourna pudiquement les yeux quand il retroussa son pantalon pour enlever sa prothèse et glisser son moignon dans la machine qui soignait les engelures.

- Tu crois que c'est aussi une créature qui est passée par l'Axe ?

Al s'assit sur le banc à côté de la patère et remit sa jambe de bois quand la voix désincarnée de l'appareil lui annonça qu'il allait bien, mais qu'il serait un parfait petit crétin s'il recommençait à prendre des bains sous la banquise.

- T'es allé sous l'eau ? souffla la jeune fille avec reproche.

Il lui adressa une grimace d'excuse.

- ça vit pas sur la terre ferme, ces trucs-là, tu sais, marmonna-t-il. "Fallait bien aller les chercher dans leur habitat naturel. T'inquiète pas, Dewis maîtrisait la situation."

- Hum, grogna Wendy, dubitative.

Il se leva, lui ébouriffa les cheveux en passant à côté d'elle et s'engagea dans l'escalier en colimaçon recouvert d'un tapis vert bouteille. La rampe d'acajou lustré montait en s'enroulant sur des rambardes de fer forgé, comme dans un hôtel de luxe.

- En tout cas, si elles sont venues par l'Axe, ce n'est pas très grave, dit Albus d'un ton léger. "Les Moldus ont moins de chance de tomber sur elles que sur des renards à queue de feu qui n'ont rien à faire au Pôle Sud. Je serais plus embêté s'il s'était agi d'ours polaires…"

- Parle pas de malheur, grommela son amie en le suivant.

Ils grimpèrent les marches dans le tube d'un bleu transparent qui étincelait sous le soleil froid d'Antarctique. Les immenses fenêtres cerclées d'or laissaient passer tellement de lumière qu'ils devaient plisser les yeux.

La Tour d'Observation comportait quatorze étages sur lesquels se répartissaient les bureaux des chercheurs, les salles communes et les observatoires, la chaudière, le labo, les dortoirs, la coquerie et le salon des communications. On ne pouvait pas y transplaner pour une raison mystérieuse et elle était approvisionnée tous les quatre mois par aérostat : les bateaux ne pouvaient parvenir aussi loin dans les glaces.

Elle avait été construite cent cinquante ans plus tôt et constituait le poste le plus avancé au sud de l'hémisphère. Les Britanniques étaient les seuls à y étudier. Les autres nations s'étaient bien intéressées aussi à l'Antarctique au moment de la grande coopération scientifique mise en place par les Moldus en 1959, mais leur passion était vite retombée – et avec elle les fonds alloués aux équipes. Les gouvernements magiques des autres pays avaient préféré investir plutôt dans le Pôle Nord qui n'était pas "qu'un bout de caillou bon à servir de patinoire aux pingouins", comme le prétendait le père de Scorpius.

L'équipe sur place, elle, avait un avis bien différent sur la question.

L'Inlandsis renfermait bien plus de secrets qu'on ne pouvait l'imaginer – le plus grand étant l'emplacement exact de l'Axe et le plus mystérieux la disparition des Souffleurs de Lumière.

Et puis il y avait aussi l'existence de Calcifer…

Albus tira une petite clé dorée de sa poche lorsqu'ils parvinrent au niveau Sept, là où était son bureau.

- Ce soir, il y aura sûrement un vol de baleines à bosses, c'est le solstice de décembre, dit-il en déverrouillant.

- On est déjà le vingt-et-un ? s'étonna Wendy.

- Noël est dans quatre jours, dit Albus d'une voix un peu étouffée, en ouvrant la porte et en s'écartant pour la laisser entrer, les pommettes empourprées comme s'il avait brusquement pensé à quelque chose de gênant.

Elle ne remarqua rien, traversa la pièce et se pencha sur les étuis soigneusement classés à côté du tourne-disque antique.

- Et t'en as trouvé, alors, des araignées de mer qui ressemblent aux boules de suie qui rendent Euphrosine chèvre ?

Il sortit de sa poche un petit bocal et lui loba tout en se dirigeant vers la bibliothèque. Il chercha le livre qui l'intéressait tout en agitant négligemment sa baguette en direction de la bouilloire et des tasses retournées rangées sur un plateau posé sur la table ronde dans le coin salon, à côté des aquariums et des vivariums éclairés d'une lueur verdâtre. L'eau se mit à bouillir, une cuillère flotta dans les airs, le couvercle de la boite à thé se souleva avec un plop et les sucres s'agitèrent tandis que les tasses se bousculaient pour être servies en premier. La bleue avec le rebord ébréché réussit à se placer à la meilleure place et lâcha un soupir d'aise.

Wendy examina quelques instants la petite boule de mousse rose hérissée recroquevillée au fond du bocal rempli d'eau de mer, puis la posa sur une pile d'encyclopédies. Elle choisit un disque, l'installa avec précaution sur la plateforme ronde et fit glisser la pointe de diamant sur son doigt.

Dans son bureau, Scorpius releva la tête en entendant la musique swing s'enclencher.

Ah. Il est rentré.

Il sourit, trempa sa plume dans l'encrier et se replongea dans son rapport, soufflant pour se débarrasser de la mèche d'un blond presque blanc qui lui tombait sur l'œil droit. Ses cheveux étaient rasés sur les côtés, sa frange en brosse soigneusement gominée comme s'il était sur le point d'assister à une réunion au ministère. Il portait un costume trois-pièces noir impeccable et une chemise blanche repassée jusqu'au moindre pli, sur laquelle il avait enfilé des manchettes en toile sombre pour se protéger des bavures d'encre.

Sous la table, un de ses souliers vernis marquait le rythme avec la chanson de Benny Goodman.

- C'est vrai qu'elles y ressemblent un peu… Tu crois que l'Axe se trouve quelque part sous l'eau ? demanda Wendy à l'étage en-dessous.

Albus secoua la tête en revenant vers elle avec un énorme bouquin.

- Nan, les renards à queue de feu n'auraient pas survécu s'ils avaient débouché sous la banquise, marmonna-t-il en tournant les pages. "Ils sont forcément arrivés par voie de terre. Je crois que je devrais de nouveau aller jeter un coup d'œil à ce volcan. Y'a peut-être des ossements ou quelque chose…"

La jeune fille hocha le menton. Elle attrapa une des tasses qui s'approchaient en se dandinant et chassa d'un mouvement de la main le sucrier trop empressé.

- Ha ! s'exclama Albus en pointant du doigt une illustration. Il se percha sur le bord de son bureau à côté de son amie. "Je savais bien que je l'avais vu quelque part. Regarde : à cette époque, on voyait souvent de ces étranges feux-follets se mêler à la danse des lumières dans le ciel et les avis étaient divisés entre deux écoles. On parlait autant d'étoiles filantes que d'étincelles jaillies du feu entretenu par les Souffleurs dans les profondeurs de l'Axe… euh, voyons… caractérisés par des yeux ronds… pelotes de laine semblables à des oursins… oui, peut-être… disparus pendant le quatrième hivernage… qui a écrit ça ?"

Il eut une petite moue contrariée.

- Rina Kettlery. C'est pas la plus fiable… elle avait peur des poules et ne savait même pas changer la litière d'un chat. Tu parles d'une éthologue de terrain…

Wendy but une gorge de thé brûlant et se permit un petit sourire ironique.

- C'est vrai que tu es une meilleure autorité en la matière, glissa-t-elle d'un ton moqueur. "Au moins, toi, tu as un don avec les animaux et les créatures magiques…"

Il lui donna un coup de coude, puis se mit à rire et renvoya le livre vers la bibliothèque d'un coup de baguette.

- Tu sais quoi, je vais mettre Christopher sur la piste, dit-il avec excitation. "Il sait peut-être où trouver des résidus d'ambre. Si on pouvait dénicher un de ces trucs piégé dans un caillou, ce serait un énorme pas en avant."

Il trempa ses lèvres dans la tasse bleue ébréchée, s'aperçut que son thé était presque froid et siffla la théière qui se précipita pour rajouter de l'eau.

- Il ne va pas apprécier que tu perturbes son champ d'études, persifla Wendy qui ne pouvait pas supporter leur collègue géologue.

La chanson swing se termina et la pointe de diamant craqua en se rangeant sur le bord de l'appareil. Pendant quelques instants, la pièce resta silencieuse, à part pour le bruissement du disque qui tournait à vide.

Wendy ne bougeait pas, parfaitement comblée par la chaleur de l'épaule appuyée contre la sienne, dans la lumière bienveillante du jour austral. Albus sirotait son thé, plongé dans ses pensées.

Dans le plus grand aquarium, deux poissons des glaces se croisaient en clignant des yeux, transparents et irisés comme des truites de fête foraine.

- Est-ce que les multiplettes boréales sont réparées ? demanda le jeune homme au bout d'un moment. "Je pense que je vais observer l'envol des baleines depuis l'observatoire. Il caille trop, dehors."

Il se racla la gorge.

- Tu voudras les regarder avec moi ?

Wendy s'empourpra.

- Hum. Oui, pourquoi pas, bredouilla-t-elle en enfonçant le menton dans son gros pull en laine jaune.

Elle lâcha un petit rire étranglé et se décala avec embarras. Albus lui jeta un coup d'œil un peu étonné et se leva. Il venait de reprendre le bocal qui contenait l'araignée de mer et s'apprêtait à contourner la table pour aller s'asseoir derrière le microscope fait de cercles dorés et de boules de verre lorsqu'ils entendirent le bruit caractéristique du sas d'entrée, puis la cavalcade dans les escaliers de quelqu'un qui n'avait pas pris le temps de s'arrêter à la désengeleuse ou de quitter ses bottes pleines de neige.

Quelques secondes plus tard, un jeune homme aux longs cheveux blonds noués en queue de cheval, qui portait des lunettes rondes au bout de son nez aquilin et une blouse blanche sous sa cape bordée de fourrure, faisait irruption dans le bureau.

- AL ! Les Moldus de la station japonaise sont tombés malades après avoir manipulé des léopards de mer ! s'écria-t-il, hors d'haleine. "Et devine où ils faisaient leurs prélèvements ? Sur l'île de l'Ogre !"

Il y eut un craquement sonore, puis un elfe de maison renfrogné, aux oreilles bourrées de poils gris et au nez crochu se matérialisa à côté de la porte laissée grande ouverte.

- Peut-être que mossieur le docteur pourrait cesser de hurler et de faire des courants d'air, dit-il d'une voix maussade. "Calcifer et Madame Euphrosine étaient déjà d'une humeur épouvantable depuis ce matin, nous n'avions pas besoin de…"

Il n'eut pas le temps de finir. Un terrible grondement lui coupa la parole et toute la tour fut secouée, dans un nuage de neige et de vapeur. Les tasses se mirent à trembler et se rassemblèrent sous une serviette, tandis que les poissons des glaces plongeaient dans le limon de l'aquarium pour s'y dissimuler.

Puis tout redevint calme.

- Désolé, Poivre, bafouilla le nouveau venu en adressant une grimace d'excuse à l'elfe qui roulait des yeux sous ses gros sourcils poilus. "Mais c'était vraiment important."

- Comme d'habitude, grommela la créature aux oreilles paraboliques.

Une porte claqua à l'étage et la voix exaspérée de Scorpius résonna dans la cage d'escalier.

- J'espère que ça en valait la peine, Swanson ! Il y a de l'encre plein mon rapport et je devais l'envoyer par Gorfou Express dans une heure !

- ça l'était ! cria une autre voix, venue d'en bas, joyeuse et apaisante. "Est-ce que tout le monde peut se rassembler dans la salle commune ? Matilda vient de faire une découverte extraordinaire !"

 

 

A SUIVRE…

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