Héritière de Serpentard

      Les yeux rivés sur son assiette encore pleine, Kristy fulminait. Le match des Serpentard contre les Gryffondor ne s’était pas terminé comme elle l’avait espéré et avait placé sa maison en deuxième position dans la coupe des quatre maisons. L’humeur des serpents était donc au plus bas tandis que celle des lions, était au contraire bien meilleure. Leurs exclamations ravies ressemblaient à des coups de poing dans l’estomac de l’adolescente qui serra la mâchoire pour s’empêcher de les insulter. Ses camarades Serpentard partageaient son animosité mais contrairement à elle, eux ne s’en cachaient pas. Huant sans cesse les célébrations de joie des Gryffondor. Levant à peine les yeux, Kristy jeta un œil à Drago. Son ami semblait au bord de la nausée. Flint, capitaine de l’équipe, n’avait cessé de lui rappeler, et ce depuis la seconde ou le match s’était terminé, qu’il était le seul responsable de leur échec en ayant offert le vif d’or à Harry par un manque de capacité. De nombreux membres de leur maison lui jetaient des coups d’œil méprisant. Le garçon bombait le torse pour se donner une prestance mais pour Kristy, son ami ne tiendrait pas longtemps la comédie. D’un geste brusque elle se leva, attirant de nombreux regards sur elle. Sans s’en soucier, elle prit la direction de la sortie et d’un geste du menton, incita Drago à en faire de même. Il se leva à son tour et tous deux quittèrent la grande salle.

— Pathétique. Ils gagnent seulement parce qu’Harry a le dernier balai sortit. Sur son nimbus ridicule il n’aurait jamais fait le poids, déclara Kristy, à peine hors de la salle.

           Drago soupira.

           — C’est gentil mais même moi, je n’y crois pas…

           Kristy lui assena une tape derrière la tête.

           — Redis ça et je recommence !

           Bien malgré lui, Drago laissa échapper un léger rire. Son amie sourit et l’adolescent se détendit enfin.

           — Tu n’es plus en colère ? lui demanda-t-il.

           — Tu veux rire ? s’exclama-t-elle en perdant son sourire. Je suis toujours fâché contre toi ! Et ce n’est pas près de s’arrêter !

           Drago fronça les sourcils.

           — Dans ce cas, pourquoi tu essayes de me rassurer ? questionna-t-il.

           Kristy s’arrêta de marcher et, lorsqu’il en fit de même, elle se planta devant lui, les yeux dans les yeux.

           — Je te l’ai déjà dit, lui rappela-t-elle. Tu es mon ami. Parfois je suis en colère, parfois je ne veux pas te voir ni te parler mais tu es l’une des personnes qui compte le plus dans ma vie. Parfois tu pourrais avoir l’impression que je te tourne le dos mais retiens bien que peu importe ce que je laisse penser, jamais, jamais, jamais, je ne cesserais d’être ton amie.

           Drago sourit et sans attendre attrapa Kristy pour la serrer dans ses bras. D’abord surprise de l’initiative du garçon, l’adolescente se tendit puis soupira et lui rendit son étreinte.

           — Tu sais, murmura-t-il en s’éloignant. Il me reste plusieurs Fondants du chaudron de notre dernière sortie à Pré-au-lard.

           Kristy sourit de toutes ses dents.

           — Qu’est-ce qu’on attend ! s’exclama-t-elle. On va leur faire leur fête !

           Les yeux dans le vague, Kristy relisait pour la quatrième ou cinquième fois la même ligne de son livre. Elle soupira bruyamment et s’attira le regard amusé de Blaise. Elle leva la tête vers lui et croisa bien malgré elle le regard de Théodore Nott, assis dans le fauteuil de cuir vert un peu à l’écart. Le garçon lui adressa un sourire ravi dans la seconde, faisant comprendre à l’adolescente qu’il devait l’observer et attendre ce contact visuel. Elle lui sourit poliment avant de reprendre très vite son air blasé. Tournant la tête vers Blaise elle lui jeta un œil consterné.

           — Pourquoi il est toujours en train de me regarder ? demanda-t-elle à voix basse.

           Blaise tourna la tête vers Théodore et sourit lorsque celui-ci baissa précipitamment la sienne.

           — Je crois que tu as un admirateur, déclara-t-il amusé.

           — Je m’en serais bien passée, chuchota-t-elle agacée.

           Son ami ricana ouvertement. Comme réponse, Kristy lui pinça le bras. Blaise poussa une exclamation surprise avant d’éclater de rire. À l’instant où Kristy s’apprêtait à recommencer, la porte de la salle commune s’ouvrit et Drago, Crabbe et Goyle entrèrent. L’adolescente se retourna et, voyant Drago, se leva instantanément. Blaise lui jeta un regard un brin déçu mais se leva à son tour. Tête baissée, leur ami fonça vers sa chambre tandis que ses deux acolytes le suivaient. Kristy se tourna vers Blaise et lui adressa un regard inquiet. Les deux amis se précipitèrent à leur suite. Ils entrèrent dans la chambre de Drago. Le garçon se tourna vers eux, l’air agacé. Kristy mit une main sur sa bouche en découvrant la joue du jeune homme colorée de rouge.

           — Quelqu’un t’a frappé ? l’interrogea-t-elle presque en criant.

           — Je t’en prie parle plus fort, marmonna-t-il.

           — Qui a fait ça ? demanda Blaise en fronçant les sourcils.

           — Personne, répondit Drago à l’instant même ou Crabbe et Goyle répondaient :

           — Granger !

           Kristy trop préoccupée par Drago sursauta presque en entendant les deux imbéciles qu’elle avait déjà oubliés, parler. Son ami, se tourna vers eux hors de lui pendant que l’information montait à son cerveau. Alors qu’enfin elle réalisait ce qu’ils avaient dit, un grand éclat de rire lui échappa. Blaise la suivit bien rapidement. Il s’approcha de Drago et lui donna une tape dans le dos.

           — C’est la meilleure ! s’exclama-t-il en se tenant le ventre. Le prince des serpents frappé par une lionne. Et une née moldu en plus !

           Alors que Drago fusillait toujours de regard Crabbe et Goyle, Kristy peinait à retrouver son calme, de même que Blaise qui plié en deux, cherchait son souffle.

           Le soir, en retournant dans la salle commune, Drago se retourna subitement. À ses côtés, Blaise et Kristy en firent de même d’un air horrifié. Un hurlement terrifiant venant de l’extérieur venait de retentir.

           — C’était quoi ? demanda Blaise.

           — Aucune idée… murmura Drago. Mais je ne vais pas chercher à le savoir. Retournons à la salle commune.

           Blaise suivit Drago et ne voyant pas Kristy en faire de même se retourna.

           — Kristy ? l’appela-t-il.

           L’adolescente ne l’écouta pas et se dirigea vers une fenêtre. Dehors, l’obscurité se faisait de plus en plus présente et elle observa à l’affût.

           — Kristy ! s’écria Drago.

           La jeune fille s’écarta de la fenêtre et rejoignit ses amis à contrecœur. Ce n’est que le lendemain que les amis découvrirent d’où venant cet étrange son. Alors que le petit déjeuné venait d’apparaître sur les tables, Severus Rogue prit la parole pour expliquer l’absence des quelques professeurs.

           — Quant à votre professeur de défense contre les forces du mal, il est encore introuvable après une escapade lunaire dans la forêt interdite, dit-il avec un sourire mauvais.

           — Qu’est-ce qu’il veut dire ? demanda Crabbe d’une voix encore endormi.

           Pour une fois, Drago non plus ne voyait pas où le directeur de leur maison voulait en venir. C’est Kristy, qui avec une moue contrariée lui expliqua la phrase douteuse de son parrain.

           — Le professeur Lupin est un loup-garou…

           — Quoi ? s’exclama Drago tandis que Blaise manquait de recracher son verre de jus de citrouille.

           — Vous vous souvenez du cours de défense contre les forces du mal que Sev… Que Rogue nous avait donné ?

           — Il portait sur les loups-garous… souffla Drago.

           — Exact, continua Kristy. Et Lupin est absent une fois par mois… J’avais quelques doutes, rien de bien certain mais avec ce qu’il vient de dire… Là je n’ai plus aucun doute.

           — Et bah… Tu es encore plus brillante que je ne l’imaginais, murmura Blaise.

           Kristy lui sourit brièvement, fière du compliment, avant de prendre un air maussade.

           — À mon avis je suis loin d’être la seule à avoir compris… soupira-t-elle en jetant un œil à plusieurs élèves de Serpentard qu’elle entendait se plaindre du choix des professeurs à Poudlard et qui semblait décidé à en parler à leurs parents.

           De son côté, Drago n’était pas mécontent du départ de Lupin. Après tout, il n’avait jamais vraiment apprécié le professeur. Il se garda cependant bien de le montrer à Kristy. L’adolescente était moins en colère après lui et il n’avait pas envie de raviver l’animosité.

           Les hiboux du courrier commencèrent à entrer dans la grande salle. Le hibou des Malefoy, bien reconnaissable par son imposante silhouette et sa parure chatoyante approcha de la table des Serpentard. Il lâcha élégamment une lettre tamponnée de l’emblème de la famille avant de repartir aussitôt. Drago attrapa la lettre au vol et la décacheta rapidement.

           — Quoi ? s’écria-t-il en la lisant.

           Ses amis se tournèrent vers lui, surpris.

           — Cette sale bestiole répugnante s’est enfuie ! expliqua-t-il furieux.

           Le sourire qui éclaira le visage de Kristy lui coupa toute envie de se plaindre malgré sa colère. Comment pouvait-il ne s’apercevoir que maintenant à quel point elle était belle. C’est lorsque Blaise lui donna un coup de coude dans les côtes, qu’il réalisa qu’il fixait encore son amie, la bouche entrouverte. Il secoua la tête pour reprendre ses esprits et plongea presque la tête dans son assiette pour éviter le regard amusé de Blaise qu’il avait aperçu. Drago réalisa alors que quelque chose avait changé cette année sans arriver à déterminer de quoi il s’agissait. Il releva brusquement la tête en entendant Kristy se lever et l’observa se diriger en courant vers le garde-chasse. Il la vit sourire, puis d’un geste naturel rejeter ses cheveux en arrière avant de faire volte-face pour revenir vers sa table. Sa démarche guillerette lui tira un léger rire enfantin qui lui attira une nouvelle fois un coup d’œil curieux et amusé de Blaise. Kristy se rassit en face de Drago et lui sourit. Les joues de l’adolescent s’échauffèrent soudainement et enfin, il comprit. Le regard qu’il portait sur Kristy depuis ces derniers mois n’était plus celui d’un ami mais bien celui d’un garçon amoureux.

           — Oh c’est pas vrai… souffla-t-il tout bas alors que son cœur s’accélérait.

           Kristy toqua à la porte du bureau de Lupin. La réponse ne se fit pas attendre.

           — Entrez Kristy, entendit-elle de l’autre côté de la porte.

           L’adolescente s’exécuta et en entrant observa curieusement le professeur.

           — Comment avez-vous su que c’était moi ? demanda-t-elle en entrant.

           Pour toute réponse, Lupin lui fit un clin d’œil.

           — Qu’est-ce qui vous amène ? la questionna-t-il en souriant.

           Avant de répondre Kristy approcha du bureau et observa les affaires à moitié empaquetés de son professeur. Elle leva vers lui un regard triste.

           — Je voulais vous dire que Sev… Je veux dire le professeur Rogue avait sous-entendu que vous étiez un loup-garou… Vous partez ?

           Lupin lui jeta un œil curieux.

           — Le professeur Rogue est-il de votre famille ?

           — C’est mon parrain, expliqua-t-elle.

           Il hocha la tête avec une très légère grimace que Kristy ne pouvait décemment pas lui reprocher.

           — Oui, effectivement je m’en vais, confirma-t-il. Les lettres de parents ne vont pas tarder à affluer pour dire à quel point il est intolérable qu’un… Enfin… Ce n’est pas grave.

           Kristy secoua la tête.

           — Vous manquerez à beaucoup d’élèves ici, Professeur. Moi y compris.

           Lupin lui sourit chaleureusement.

           — Et vous me manquerez tous beaucoup, lui assura-t-il.

           — Ce… Ce que vous êtes n’est pas une honte professeur, déclara-t-elle. Mes parents me disent parfois que ce n’est pas l’apparence dont on est doté qui détermine notre vrai nature mais nos actions. Et je ne vous connais pas vraiment, mais je pense que vous êtes quelqu’un de bien. Peu importe ce que ces parents en diront.

           — Kristy, vous êtes une sorcière brillante mais vous êtes également une bonne personne. Je ne doute pas que vous avez un grand avenir qui vous attend.

           Kristy lui sourit puis se dirigea vers la sortie.

           — Au revoir, Professeur, lui dit-elle.

           — Au revoir, Kristy.

           Devant le tableau des résultats Kristy jubilait. Malgré leur défaite à la coupe des quatre maisons, elle rayonnait de bonheur et pour cause : elle avait passé tous ses examens avec brio. Obtenant un O – pour optimal – dans chacune des épreuves. À côté d’elle, Drago semblait plutôt satisfait aussi, bien qu’en Botanique il n’avait obtenu qu’un A – pour Acceptable – chose que Kristy comprenait, car même si elle pouvait lister sans aucun problème la totalité des plantes qu’ils avaient étudiées au cours de l’année, la Botanique était loin d’être la matière qui la passionnait le plus.

           Kristy jeta un œil au résultat de sa sœur et vit que celle-ci n’avait aucune matière en dessous de A avec une grande majorité de E – pour efforts exceptionnels – elle sourit alors avec fierté.

           Dans le compartiment de train, Kristy était surexcité.

           — Vous vous rendez compte que cet été, il y a la coupe du monde de Quidditch !

           Drago et Blaise sourirent devant son enthousiasme.

           — On y va ensemble, on est bien d’accord ?! s’exclama-t-elle.

           — Évidemment, lui répondit Drago avant de se tourner vers Blaise.

           — Je… Je vais essayer, répondit celui-ci.

           — Ah, non ! Hors de question que tu « Essayes ». Tu viens, un point c’est tout ! ordonna-t-elle.

           Blaise leva les deux mains en signe d’abandon.

           — D’accord, accepta-t-il en riant.

           Une fois à la gare de King’s Cross, les trois amis passèrent la barrière avec Malia. De l'autre côté, de nombreux parents attendaient. Kristy aperçut sa mère avec Jérémy et après avoir dit au revoir à leurs amis, Malia et elle coururent vers eux.