Luna Lovegood et la Prophétie de Traverse

Chapitre 8 : Demiguises

1326 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/03/2017 00:06

Aux premiers rayons de lumière, Luna sauta de son lit. Elle se prépara rapidement puis descendit jusqu'à l'entrée donnant sur le parc. Son premier cours avait lieu près de la cabane d'Hagrid. La pelouse encore fraîche de rosée mouillait ses chaussures alors qu'elle se dirigeait vers la forêt. Le soleil peinait à éclaircir le ciel gris. Malgré ces nuages, la journée serait belle, il ne pleuvrait pas. Luna le savait. Elle inspira profondément, profitant de ce rare moment de solitude dans l'étendue rassurante du parc. Elle n'aimait pas avoir Hagrid comme professeur, elle trouvait qu'il était un mauvais enseignant. Elle s'assit par terre près de la maisonnette et se mit à fixer les citrouilles devant elle en attendant que le groupe arrive. Elle laissa son esprit divaguer vers des pensées lointaines. Sa rencontre avec Neville, l'an passé, dans le wagon du Poudlard Express, et l'incident de sa plante exotique puante. L'expression ahurie d'Harry, lorsqu'il avait vu pour la première fois les Sombrals, et qu'il croyait halluciner. «Le pauvre», se dit-elle. Peu d'élèves pouvaient voir ces animaux, et Harry devait se croire fou. «Surtout quand il s'est aperçu que je les voyais aussi», pensa Luna. Elle se souvint de Coquecigrue. Le minuscule hibou de Ron était visiblement devenu un bon copain de Mouche: ils étaient toujours en train de piailler ensemble dans la volière. Ses pensées furent brutalement interrompues par l'arrivée massive des élèves de Gryffondor de sixième année et des Serdaigle, qui partageaient le cours de soin aux créatures magiques. Hagrid sortit de sa petite maison pour les accueillir.


Une fois tout le monde présent, le cours débuta. Hagrid, décidément très excité par la rentrée, ne cessait de gaffer et de s'emmêler dans ses mots. Il annonça que les élèves devraient aujourd'hui dresser des Demiguises. Il entraîna le groupe dans la forêt, où une grande cage renfermait trois singes argentés, dont les poils démesurément longs cachaient les yeux.

- Ce sont des herbivores, vous n'avez rien à craindre, précisa Hagrid. Je les ai fait venir directement du Moyen-Orient, ce sont des animaux très rares. À vrai dire, Dumbledore en avait besoin pour... Bon, ça n'a pas d'importance.

Il s'approcha lentement de la cage pour en ouvrir le portillon. Les Demiguises, timides, se tassèrent contre les barreaux.

- Soyez très délicats, avertit le professeur. Vous ne voulez pas qu'elles prennent peur... Elles seront très difficiles à retrouver.

Désintéressée, Luna fixait maintenant un élève de Gryffondor qui se cachait presque derrière son camarade tant il était effrayé. Elle s'aperçut soudain que c'était Neville.

Peu à peu, les étranges singes sortirent de leur cage. Ils s'approchèrent des élèves, reniflant leurs robes. L'un d'eux s'était accroupi pour brouter à l'écart. Soudain, un hurlement retentit. On entendit Hermione s'offusquer:

- Neville! Tiens-toi tranquille! Ils ne vont pas te faire de mal!

Mais les Demiguises avaient disparu. Plus trace des fourrures argentées. Hagrid cria:

- Ne bougez pas! Ne bougez surtout pas! Elles sont toujours là, mais elles se rendent invisibles lorsqu'elles se sentent en danger! Je vais les ramener dans leur cage.

Malheureusement, Neville n'écoutait plus. Affolé, il courut se réfugier derrière un arbre.

- Et voilà, elles se sont dispersées. Le cours est supendu, ajouta-y-il à l'intention des élèves. Rentrez à vos salles communes.

Alors que les étudiants se dirigeaient joyeusement vers l'orée du bois, Harry, Ron et Hermione s'approchèrent d'Hagrid.

- On peut t'aider à les retrouver, si tu veux, proposa Hermione.

Hagrid affichait en effet un air désespéré. Il hocha piteusement la tête.

- Je vais vous donner des filets. Elles seront sûrement allées se réfugier près du lac. Je vais rester ici, la classe de nouveaux de Serpentard arrive bientôt.

- Je ne comprends pas pourquoi Hagrid est toujours professeur, glissa Luna à Gabrielle.

Mais elle ajouta:

- On va les aider.

- Dépêchez-vous; si la direction s'aperçoit que j'ai laissé filé ces bêtes, je ne sais même pas ce qu'il va m'arriver, dit Hagrid aux cinq compagnons.

Ils partirent à la course en direction du lac, armés de trois grands filets de capture.

- Harry, tu pars vers la droite, Luna et Gabrielle, à gauche. Ron, tu restes avec moi pour les empêcher de s'éloigner du lac, ordonna Hermione.

Ron hocha la tête, visiblement embarrassé. Harry partit à la course vers le bord droit du lac, un filet en main. Luna et Gabrielle firent de même, suivant les directives de leur amie.

Un léger brouillard flottait sur le lac, rendant la tâche de retrouver les créatures encore plus difficile.

- Comme si ce n'était pas assez compliqué de rattraper des bestioles invisibles et peureuses, il faut que ce brouillard vienne nous empêcher de voir plus loin qu'à un mètre devant, grommela Gabrielle.

- Tu exagères, dit Luna.

Elle gardait ses yeux grand ouverts, ce qui les faisait sembler plus globuleux encore qu'à l'habitude.

Soudain, Luna aperçut un mouvement furtif au bord de l'eau. L'une des Demiguises était redevenue visible pour s'abreuver. Luna indiqua la bête du doigt et fit signe à Gabrielle de ne pas faire de bruit. Elles se séparèrent pour encercler l'animal à la fourrure argenté. Gabrielle, armée du filet, se glissa derrière la créature à pas de loup. Elle dut effectuer un mouvement trop brusque, car la Demiguise, effarouchée, s'enfuit soudain, précipitant Luna dans le lac.

- Aaaaaaah! C'est glacial!

Gabrielle, sans prêter plus d'attention à sa camarade qui se débattait pour sortir de l'eau, jeta au hasard le filet, espérant attraper la bête redevenue invisible. Malheureusement, celui-ci retomba à plat dans l'herbe: la Demiguise avait filé.

- Je vais t'avoir, sale bête, s'exclama Gabrielle en se mettant à courir sa poursuite.

Luna la perdit rapidement de vue. Elle avait des soucis autrement plus grands que le spectacle d'une course-poursuite avec un animal invisible. Comme elle ne savait pas nager, il lui était difficile de garder la tête hors de l'eau. Elle se rapprocha tant bien que mal de la berge, haletant. Le sol tombait à pic; le lac n'avait pas de plage, de pente douce où l'on touchait le fond avec les pieds. Au moment où ses mains agrippaient l'herbe du parc, elle sentit un membre froid lui effleura la jambe. Elle n'eut pas le temps de réagir que déjà une créature la tirait vers les profondeurs du lac. Luna hurla. Elle battit des bras et des jambes, essayant vainement de se dégager de l'étreinte moite de ce qui paraissait être une algue vivante. Mais l'algue vivante était plus forte qu'elle, et bientôt sa tête fut entièrement immergée. Sous la panique, Luna cria encore. Malheureusement, elle était sous l'eau, et ses poumons se vidèrent de leur air sans pouvoir se remplir. Elle réussit de justesse à empêcher l'eau de rentrer dans sa gorge. La créature aquatique la tirait toujours plus loin, vers les profondeurs inconnues du lac. Luna devait agir: elle était sur le point de perdre conscience à cause du manque d'air. Elle se souvint alors que, n'ayant pas planifié cette baignade, elle ne s'était pas déshabillée. Elle portait donc toujours sa sacoche et sa baguette. Elle extirpa celle-ci d'une main. Son esprit peinait à se concentrer sur un sort à lancer...

- Expulso! pensa-t-elle le plus fort possible en pointant sa baguette sur son assaillant.

Les mains libérèrent sa cheville, la laissant remonter vers la surface. Luna se sentait sur le point d'éclater... Et les mètres la séparant de l'air semblaient interminables...

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