Neville Londubat et le fantôme maudit

Chapitre 4 : Chapitre 4 : Une rencontre surprenante

2294 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/04/2017 21:05

Neville venait de se réveiller lorsqu'il se souvint avec stupeur que la veille, il avait oublié de remettre Trevor dans son bocal après sa sortie quotidienne dans le jardin. Le jeune garçon bondit hors du lit et couru dans le jardin, toujours en pyjama rayé rouge et en pantoufles. Il fit trois le tour de la grande maison en pierre mais pas moyen de retrouver Trevor. Il s'égosilla, regarda dans toutes les touffes d'herbes, près de la mare.

Quand trente minutes plus tard, sa grand-mère l'appela pour le petit déjeuner, il n'avait toujours pas retrouvé son crapaud. Neville commençait à désespérer, si Augusta apprenait qu'il avait encore perdu Trevor, il pouvait dire adieu à la baguette magique de son père qu'elle avait sorti du grenier lorsqu'il avait été miraculeusement admit à Poudlard.

La tête basse, le garçon rentra quand même dans la maison, prêt à avouer sa bêtise à sa grand-mère. Lorsque tout à coup, Trevor, un gros crapaud verruqueux sortit par la porte de la chambre de Neville en croassant. Le garçon poussa un cri de soulagement, il l'avait enfin retrouvé ! Et dire qu'il était dans sa chambre depuis le début ! Mais oui, maintenant il savait pourquoi le batracien était là. Elwing, la gentille elfe de maison avait dû le rapporter ici car elle connaissait bien l'habitude de Neville à se laisser distraire facilement.

Neville avait envie de s'arracher les yeux de la tête et en même temps de fondre en larmes, non qu'il tenait tant que cela à Trevor mais le garçon en avait vraiment marre de toujours tout oublier. Un jour c'était son sac à l'école ; un autre la fête d'anniversaire de son meilleur ami et bientôt qu'est-ce que cela sera ? Sa tête ?

Augusta était assise dans son fauteuil en cuir préféré lorsque Neville apparu en haut des escaliers. Il était tout rouge et en nage après ses tours effrénés de maison. Il avait les mains derrière le dos comme s'il cachait quelque chose. La vieille dame regarda le garçon dans les yeux et lui demanda d'un air exaspéré :

« - Tu as encore perdu ton crapaud, c'est ça ?

Neville sourit, dévoilant toutes ses dents mal alignées. Et il répondit fièrement en bombant le torse:

- Non, même pas ! Regarde, il est là !

Le garçon sortit le bocal en verre du batracien de derrière son dos et le mis à la vue d'Augusta. Elle pencha ses lunettes en avant pour mieux voir le contenu du récipient qui avait auparavant servi de boîte de conserve. Malheureusement, mis à part les deux feuilles de salades moisies qui se battaient en duel, il était vide.

La grand-mère du garçon regarda Neville d'un air agacé, ses petits yeux brillant le transperçaient du regard. Le garçon qui voulait voir la réaction de sa grand-mère, n'avait même pas vérifié le contenu du récipient. Voyant l'air d'Augusta, Neville descendit son regard vers le bocal et constata avec stupeur que Trevor ne s'y trouvait plus.

Augusta ordonna à son petit-fils d'aller s'habiller car il était toujours en pyjama et le gronda pour s'être sali. Neville fronçait les sourcils, il était vraiment déçu que sa grand-mère n'ait pas pu constater qu'il avait su retrouver Trevor tout seul. Il se sentait bête d'avoir oublié, dans la frénésie du moment, de refermer le couvercle du bocal.

                                     ***                 

L'hôpital St Mangouste se trouvait à plus de trois heures de route de chez Neville mais grâce à la Poudre de Cheminette, Augusta et son petit-fils furent à Londres en moins de deux minutes. Ils atterrirent dans la cheminée de Mr Bower, un ami de longue date de Mme Londubat. Lorsque que ce dernier vit son amie et le petit-fils de celle-ci apparaître dans une fumée verte en plein dans sa cheminée, il fut pris d'une sorte d'hystérie. Un feu était allumé dans l'âtre.

Augusta lança un sort aux flammes et sortit de la cheminée monumentale en tirant Neville par la manche du pull rouge qu'il portait alors. Les cheveux de son petit-fils qui n'avait pas jeté de sort se trouvaient quelques peu roussis. Mr Bower vint dire bonjour à la vieille dame et sera la main solennellement à Neville qui était tout intimidé. Mr Bower n'était pourtant pas très massif, il avait l'air d'une brindille qu'on pouvait briser à tout moment. Son dos était voûté et ses mains, émaciés tandis que ses joues étaient très creusées ce qui lui donnait l'aspect d'un squelette. Quand Neville lui serra la main, il avait peur de lui briser les os. 

Neville regarda autour de lui, la pièce très grande, était invariablement la salle de séjour. Les tapis anciens aux motifs colorés qui recouvraient presque entièrement le sol, cachaient des lattes de plancher sombres qu'on voyait aux rares endroits que les tapis les laissaient à nus. La pièce était éclairée par un unique lustre qui déversait sa lumière avec une force étrange par rapport à la taille de la pièce et du luminaire. Neville se dit que Mr Bower avait dû jeter un sort sur les bougies, toujours impeccablement droites pour qu'elles brûlent infiniment et avec un éclat sans égal.

Le salon de Mr Bower était bien entretenu, Neville ne vit pas un seul grain de poussière et les meubles étaient tous bien lustrés Il se dit que le vieil homme devait avoir un elfe de maison très maniaque, ou alors il l'était lui-même beaucoup. Le garçon se dit, après une petite réflexion que cela était sûrement les deux. Mr Bower était habillé avec un élégant costume et une magnifique cape bleu roi ce qui lui donnait un air impérial qui se reflétait dans ses traits sévères et ses petits yeux inquisiteurs.

Après une petite discussion entre Augusta et son ami, ils convinrent que Mr Bower emmènerait Neville chercher ses livres de classe tandis que sa grand-mère irait acheter le matériel pour les potions qu'il manquait encore au garçon. Le vieil homme posa la main sur le dos de Neville et l'accompagna jusqu'à la porte. Tandis que Mr Bower fermait la porte à clé derrière eux, le garçon jeta des grands yeux écarquillés partout dans le Chemin de Traverse. Cela faisait bientôt trois ans qu'il n'était pas venu ; l'incident qu'il s'y était produit avait donné à sa grand-mère l'occasion pour lui interdire de remettre les pieds dans cette fabuleuse rue.

Les couleurs éclatantes des vitrines, les bruits de marchandages, de bavardages dans la rue rendaient Neville fou de joie. Il avait envie d'aller voir tous les magasins, d'acheter tous ce qui s'y trouvait mais il allait devoir se coltiner un vieil homme qui était très probablement acariâtre/infect car on ne pouvait pas être l'ami de Mme Londubat sans être un petit peu désagréable. Neville en avait fait la constatation l'année dernière lorsque sa grand-mère avait donné un dîner où elle avait invité tous ses amis, plus têtus et revêches les uns que les autres.

Mr Bower marchait d'un pas rapide et Neville le suivait presque en courant car ses petites jambes ne parvenaient pas à suivre les grands enjambés du vieillard. Ils devaient faire des coudes pour parvenir à se frayer un chemin à travers la foule. La rue grouillait de sorciers et le garçon suivait Mr Bower dans son sillage pour parvenir à avancer. La présence de beaucoup de personnes était habituelle sur le Chemin de Traverse mais ce jour-là, il était particulièrement bondé. La rentrée imminente de Poudlard n'y était sûrement pas pour rien. Les jeunes sorciers venaient, comme Neville, faire leurs emplettes avant le départ du train le lendemain.

Le garçon ne se sentait pas très bien, la pression de ces corps lui donnait mal à la tête. Il se sentait vaciller, il fallait qu'il s'asseye sinon il risquait de perdre connaissance.

Mr Bower se retourna alors pour voir si son protégé le suivait toujours et d'une mine que Neville lui trouva presque inquiète, il lui demanda alors s'il allait bien. Le garçon hocha la tête positivement car il ne voulait pas avoir l'air d'une petite nature mais il se sentait vraiment mal. Il avait hâte d'arriver au magasin Fleury et Bott pour pouvoir enfin respirer correctement.

Son calvaire ne dura pas très longtemps car deux minutes plus tard, le vieux sorcier et Neville arrivèrent en face de la célèbre librairie. La vitrine était colorée et de multiples livres y étaient exposés. Mr Bower pressa Neville :

« - Dépêches-toi mon garçon, nous n'avons pas le temps de rester planter là comme des idiots à admirer la vitrine d'une boutique de bouquins ! »

Mr Bower poussa la porte verte de la vieille échoppe et entra. Neville le suivi et il pénétra à son tour dans un tourbillon senteurs mêlant l'odeur de parchemins, d'encre fraiche et de cuir. Le garçon qui n'aimait pas particulièrement lire des livres, se sentit attiré pour la première fois de sa vie par eux. L'ambiance qui régnait à l'intérieur de la boutique était assez particulière. On entendait par ci par là les cris exaspérés d'un vendeur se plaignant de sa surcharge de travail et des vieux croûtons qui profitaient de son absence momentanée dans la réserve pour critiquer ouvertement son manque d'organisation.

Mr Bower demanda à Neville de sortir sa liste de fournitures pour Poudlard. Le garçon mis sa main dans sa poche droite, il n'y y avait qu'un paquet de Choconouille et un vieux mouchoir. Dans la deuxième, il n'eut pas plus de succès, pas de lettre en vue. Neville commença à paniquer. S'il avait perdu sa lettre pour Poudlard, il était dans de beaux draps, sans elle, impossible de prendre le train. Au guichet de gare, c'était ce document qu'il fallait présenter pour prouver que l'élève allait bien à Poudlard, afin de pouvoir acheter le billet de train. Sa grand-mère allait le tuer !

Le garçon enleva son manteau, le secoua dans tous les sens pour voir si sa lettre ne s'était pas glissée dans un des plis de sa veste. Un bruit sourd retenti. Quelque chose était tombé sur le sol. Neville regarda sur les planches de parquets et il vit un gros crapaud pustuleux à moitié assommé.

« -Trevor, s'exclama-t-il. Tu es là ! »

Et Neville n'était pas au bout de ses surprises. Le crapaud était en train de mâchouiller un morceau de papier dont on voyait un bout sortir de sa bouche. Des lettres étaient écrites dessus en une calligraphie appliquée. Le garçon attrapa dans ses mains son animal de compagnie et tira sur le papier pour le récupérer. Quand Neville parvint, après beaucoup d'effort à arracher le parchemin de la bouche du crapaud, il se retrouva avec la moitié de sa lettre dans les mains, l'autre partie devait déjà être dans l'estomac du crapaud.

La lettre était partiellement mouillée par la bave de Trevor et l'encre avec lequel avait été écrite la lettre coulait sur le parchemin jaunâtre.

Mr Bower, qui était en train de parler avec un autre vieil homme, se retourna alors vers Neville et commença :

« - Alors mon garçon, tu as enfin trouvé ta...

Son regard se posa alors sur la lettre de Neville - ou du moins ce qu'il en restait - et il ne finit pas sa phrase. Il écarquilla les yeux, surpris. Cette émotion était la première que Neville voyait sur son visage. Et puis un instant plus tard, elle avait déjà disparue et le visage de Mr Bower retrouva son habituelle froideur et il déclara d'une voix venimeuse :

- Augusta n'a vraiment pas de chance d'être obligée de s'occuper de toi. Tu es un poids pour elle plus qu'autre chose...

Le visage de Neville se décomposa, le vieil homme avait dit exactement les paroles qu'il redoutait. Il savait que sa grand-mère ne supportait pas ses « petits oublis et accidents » et que parfois, Neville savait bien qu'elle aimerait bien le mettre à la porte mais le fait de l'entendre dire faisait encore plus mal.

- Tu vas te débrouiller avec cette liste pour acheter tes livres, dit Mr Bower d'une voix dure. Je ne vois pas pourquoi je devrai t'aider si tu n'arrives même pas à garder un morceau de parchemin en bon état. »

Et il s'en alla, marchant droit devant lui avec ses grandes jambes et son corps maigre qui flottait dans sa cape de sorcier bleu que Neville avait trouvé belle auparavant mais qui maintenant, avait perdu tout éclat à ses yeux. Neville se pencha pour récupérer Trevor lorsqu'il entendit une voix dans son dos.

« Et bien bonne chance mon petit... dit une voix de femme rauque mais douce en même temps, comme usée par le temps.»


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