Au Gré des Vents

Chapitre 25

« Oh, non, Kenric a encore oublié de reprendre son livre d’Histoire de la Magie… »

Alizée eut un soupir en faisant tourner le gros manuel entre ses doigts, ne sachant trop quoi en faire ; évidemment, elle devait le rendre à Kenric, mais elle avait peut-être une heure de trou, lui non ! Il était en cours à cette heure-là. Elle décida alors de le lui apporter à son dortoir, elle le retrouverait au soir et elle n’aurait pas à se trimballer l’énorme livre partout où elle allait ! Décidée, elle prit donc la direction des dortoirs de Gryffondor. En chemin, elle croisa Zéphyr, en compagnie de Will, Teddy, Gill et Alithéa. Elle eut un sourire lorsqu’il lui adressa un clin d’œil charmeur, tandis que son cœur s’emballait.

En arrivant devant le dortoir, elle monta les escaliers à grands pas ; les garçons ne pouvaient peut-être pas venir dans celui des filles, elles avaient le droit de venir dans le leur sans problème ! Elle se souvint de la tête qu’avait faite Kenric lorsqu’elle avait débarqué dans son dortoir pour lui offrir son cadeau, à Noël ; déjà, il était en pyjama, ce qui leur avait arraché un sourire amusé à tous deux ; ensuite, il avait été tout simplement indigné de la voir débarquer comme ça, sans aucun problème. Pour se venger, il avait voulu s’infiltrer dans sa chambre pour lui jeter un seau d’eau à la figure ; il avait à peine mis un pied sur la première marche de l’escalier que celui-ci se transformait en toboggan, faisant glisser Kenric qui s’était écrasé au sol avec le seau d’eau sur la tête. Alizée n’avait jamais autant ri que ce jour-là, et passée la surprise, le garçon trempé avait aussi énormément ri. De toute façon, les filles s’étaient mises d’accord qu’il était beau de toute façon, avec ou sans eau dans la figure !

Elle arriva dans le dortoir et se dirigea vers la table de chevet du garçon, où elle posa son livre. Elle repartit mais trébucha brusquement sur quelque chose qui dépassait de sous son lit. Un grand tapis, apparemment.

La sorcière de quatorze ans allait le pousser à nouveau sous le lit lorsque son regard tomba sur un nom ; Black. Piquée par la curiosité, elle sortit la tapisserie et la regarda avec surprise ; c’était l’arbre généalogique des Blacks, complet et bien tenu ! Elle vérifia les noms ; oui, c’était bien ça, mais pourquoi Kenric gardait-il cette tapisserie sous son lit s’il… ?

Alizée sursauta. Ses yeux étaient tombés sur un nom. Non loin de celui de Sirius Black se trouvait un autre nom, Alphard, qui avait eu une fille, Cigny Black, mariée à Welleg Morys. Ensemble, ils avaient eu un fils.

Kenric Morys-Black.

-        Que fais-tu ici ?

Elle sursauta et se retourna d’un bond ; elle se retrouva nez-à-nez avec Kenric, qui la regardait, l’air surpris et effrayé.

-        Je… Je voulais te rendre ton livre d’Histoire…

-        Tu… Tu as… ?

Son regard s’approcha de la tapisserie qu’elle tenait toujours entre ses doigts crispés et blanchis. Son regard vert vira doucement au gris acier.

-        Tu es un Black…

-        Je sais, soupira-t-il. Je ne voulais pas te le dire de peur que Kathy et toi, vous m’abandonniez… Je comprendrais que tu ne veuilles plus jamais me parler.

-        Mais pourquoi ?

-        Je fais partie de la famille de Lucius Malefoy, Alizée…

-        Et de Phineas Nigellus Black… répliqua-t-elle.

-        Et de Drago Malefoy…

-        Et d’Andromeda Tonks…

-        Et de Mrs Black…

-        Et de Nymphadora Tonks…

-        De Narcissa Malefoy…

-        De Remus Lupin…

-        De Rodolphus Lestrange…

-        De Teddy Lupin…

-        De Bellatrix Lestrange !!!

-        Et de Sirius Black, Kenric !!!

-        Tu ne comprends pas… soupira-t-il. J’ai si honte…

-        Pourquoi donc ? Ta famille contient autant de bon que de mauvais. Tu n’as jamais vu la mienne. Toi, tes parents ont été reniés par ta famille parce que ton grand-père, l’oncle de Sirius, lui a légué sa fortune, non ? Il était contre cette fameuse bande de préjugés envers les nés-Moldus !

-        Tu… Tu es toujours mon amie, alors ?

-        Évidemment, Ken !

Elle eut un sourire. Bien que surprise par les origines de son ami, elle n’allait pas l’abandonner pour si peu ! D’ailleurs, elle comprenait mieux, maintenant, pourquoi il avait réagi aussi mal face à l’insulte de Ruth sur les « Sang-de-Bourbe ». Il avait dû beaucoup entendre cette insulte dans sa jeunesse…

Pour lui changer les idées, elle l’emmena jusqu’au dernier cours de leur journée – heureusement un mercredi, donc avec seulement une demi-journée de classes – qui se trouvait être celui de Botanique, où ils avaient cours avec quelques Serpentards et Serdaigles. Ils étudièrent un peu des Tentaculas venimeuses, puis essayèrent d’extraire le suc des gousses de Tronc de Titane : devant se mettre en trinômes, Gwenn et Annie se mirent avec Kenric, dont elles espéraient gagner les faveurs (il faut dire qu’avec son physique et la réputation qu’il avait, toutes les filles se pressaient pour être ses amies.) Alizée se retrouva donc avec Kathy, mais sans autre partenaire. À son grand plaisir, Alithéa et Gill se mirent avec William, de Serpentard, laissant Zéphyr seul. Il se dirigea aussitôt vers leur groupe incomplet… Et se retrouva donc avec eux !

S’il n’avait pas été là, le cours aurait été une catastrophe, car Kathy n’arrêtait pas de percer les gousses en envoyant du suc malodorant dans tous les sens ; mais grâce à Zéphyr, qui lançait de temps à autres des regards de braise à Alizée, cela se passa à merveille. Peut-être, d’ailleurs, Kathy faisait-elle exprès de percer aussi mal les végétaux, car elle devait alors s’absenter pour trouver un seau lui permettant de ramasser le suc précieux… et les laissait alors seuls en tête-à-tête pendant quelques instants !

Après le cours, Kenric, Kathy et Alizée allèrent déjeuner. Gwenn, capitaine de l’équipe de Quidditch de Gryffondor, était allée écrire des plans de taille gigantesque pour leur prochain match, qui avait lieu quatre mois plus tard, et Annie devait assister à un cours de rattrapage en Potions. Les trois amis déjeunèrent d’un peu de tout, et Alizée fit exprès de se placer à côté d’Alithéa, qui se trouvait à côté de Gill, pour pouvoir être près de Zéphyr, qui se trouvait devant la jeune Serdaigle (venue déjeuner avec ses amis à leur table.)

Les trois amis sortirent ensuite dans le parc et allèrent s’asseoir à côté du lac, à leur place préférée. Zéphyr, comme d’habitude, se mit, avec ses amis Teddy, Alithéa, Gill et William, devant eux, de l’autre côté du lac noir. Ils discutaient allègrement de l’issue du match Gryffondor-Serpentard qui aurait lieu quatre mois plus tard quand Alizée sentit quelque chose lui brûler la peau à travers son pantalon. Vite, elle sortit l’objet de sa poche. C’était la rose noire. Juste avant de disparaître, des mots gravés dans l’obsidienne lui sautèrent aux yeux.

Étincelle, il va tenter une attaque dans cinq mois très exactement. Ce n’est pas moi. Je te le jure.

Ton Felix Felicis.