Kaʻohana koko a me kaʻohana o ka naʻau

Chapitre 55 : Comme un lion en cage

2227 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/10/2025 00:40

Steve tournait en rond comme un lion en cage.

Cela faisait plusieurs heures qu’ils analysaient les caméras de surveillance routière sans aucun résultat. Le téléphone de Kelley était éteint ou détruit, il était donc impossible de retrouver son signal pour l’instant. Et s’il avait réussi à avoir les anciens supérieurs de Kelley au téléphone, ils n’avaient rien voulu lui dire et lui avaient annoncé mener leur enquête de leur côté.  

Danny frappa à la porte.  

_J’ai réussi à avoir Jack Ryan. lui annonça-t-il. Il va essayer de voir s’il peut en savoir plus. Et il m’a dit qu’il avait vu Kelley à Langley lors de sa dernière mission. Cela avait donc un rapport direct avec la CIA. Mais Jack n’est pas du tout aux États-Unis en ce moment…  

   Danny marqua un temps d’hésitation. Il savait tout à fait ce que Steve pouvait ressentir à ce moment-là. À chaque fois que quelqu’un qu’ils aimaient était en danger, c’était beaucoup plus difficile de se sentir impuissant, même si cela n’était que provisoire, le temps de trouver de nouveaux indices, de nouvelles pistes, quelque chose à se mettre sous la dent.  

_Mais il est sur le coup, il va faire de son mieux ! Et j’ai confiance en lui, il est vraiment doué !  

  Steve hocha la tête à l’optimisme de son meilleur ami.  

_J’ai les résultats balistiques ! annonça Kono, faisant venir le reste de l’équipe autour de la table. Ils avaient deux tireurs. Par contre, ce sont des balles assez communes et pouvant être adaptées sur de nombreux fusils…  

_S’ils ont pris deux tireurs, c’est pour avoir plus de chances de toucher la voiture correctement et vite. souligna Lou. Cela veut dire qu’ils ne sont pas d’excellents tireurs !  

_Mais qu’ils savent comment pallier leurs faiblesses. rétorqua Steve. Ils sont entraînés et efficaces. Il faut que l’on recherche parmi les groupes de mercenaires ou de terroristes issus de l’armée. Envoie les résultats à Jack, Danny, il aura peut-être une piste.  


   La porte s’ouvrit dans un grincement strident, et une faible lumière entra par le couloir. Kelley leva la tête et analysa rapidement les quatre hommes qui s’approchaient d’elle. Ils étaient habillés en tenue de combat comme elle en avait beaucoup vu au Moyen-Orient. Aucun d’eux ne parlait, mais leurs visages n’étaient plus cachés, et elle devinait sans mal de quelle région ils devaient venir. Ils avaient des barbes épaisses mais pas très longues, et la peau mate. Leurs yeux étaient sombres et cachés par d’épais sourcils.  

L’un des hommes, un peu plus vieux que les autres, s’approcha davantage et se mit à parler.  

_Nous sommes ici pour obtenir des renseignements. Des renseignements que vous détenez. J’espère que nous trouverons rapidement un terrain d’entente pour que cette situation inconfortable soit rapidement terminée.  

  L’homme parlait d’une voix mielleuse et polie, avec un sourire contrit et faux. Il parlait un anglais impeccable malgré un très fort accent, que Kelley identifia assez bien. Elle garda le silence, le regard perçant de l’homme braqué sur elle, et les autres hommes derrière commencèrent à marmonner.  

L’homme fit un geste pour les faire taire et se pencha un peu vers elle.  

_Êtes-vous disposée à dialoguer avec nous ? demanda-t-il.  

  Malgré le ton mielleux et poli, la voix de l’homme vibrait de menace. Kelley ne savait pas ce qu’il voulait, mais vu ce qu’ils avaient fait pour en arriver là, elle redoutait ce qu’ils mettraient en place s’ils n’obtenaient pas ce qu’ils étaient venus chercher.  

_Nous voulons des renseignements qui se trouvent dans des dossiers militaires. Et vous allez nous les fournir.  

_Vous savez que nous ne pouvons pas divulguer de dossiers secrets ? Même sous la menace… même sous la torture. leur répondit-elle d’une voix calme et claire.  

_Oui, je le sais. Mais entre vos dires et la pratique, le résultat n’est pas toujours le même. Alors je vous donne une chance de sortir de là, avant que… nous ne soyons obligés d’utiliser une manière moins… agréable.  

_Très bien, alors… dialoguons. le reprit Kelley.  

  Elle devait gagner du temps et essayer de savoir ce qu’ils voulaient d’elle, afin de trouver la meilleure stratégie pour la suite.  

_Je vous pose une question et vous m’en posez une. proposa-t-elle d’une voix posée.  

  L’homme tiqua, son visage se crispa l’espace d’une seconde et un frisson imperceptible la traversa quand elle se demanda quelle allait être la réaction de l’homme. Mais il se redressa et se tourna pour prendre une chaise juste derrière lui.  

_Vous avez des questions ? répéta-t-il, presque amusé, avant d’hocher la tête pour montrer son accord. Donnez-moi ce que contient le dossier : Welburne.  

  Kelley réfléchit. Elle n’était pas toujours au courant du nom donné à leurs opérations, cela dépendait du statut de son équipe lors de la mission. Parfois, ils ne savaient que le plan d’action et ignoraient ce qui découlait ensuite de leur intervention. Ce nom de dossier-là, elle était sûre de ne jamais l’avoir entendu. Mais avouer cela était synonyme pour elle de signer le début des hostilités, voire un arrêt de mort immédiat. Le bluff était quitte ou double, mais il ne lui semblait pas avoir d’autre choix.  

_D’une intervention sur une opération à la frontière afghane. répondit-elle sans hésitation dans la voix.  

  L’homme sembla satisfait par la réponse assurée de Kelley. Pourtant, elle avait rarement été aussi peu sûre d’elle.  

_À moi de poser une question. dit-elle.  

  L’homme hocha la tête.  

_Lequel d’entre vous était le tireur ?  

_Pardon ? demanda l’homme, surpris.  

_Lequel d’entre vous, ou lesquels, ont tiré sur ma voiture ?  

  Les hommes se regardèrent, puis rirent, et l’un d’eux, arme à la main, s’avança d’un pas.  

_C’est moi qui ai tiré dans la roue ! annonça-t-il, fier de lui, en se redressant.  

  Kelley braqua un regard glacial sur lui, puis reporta son attention sur l’homme devant elle.  

_Alors sachez que si nous parvenons à dialoguer, je partirai d’ici sans blesser personne. annonça-t-elle d’une voix posée. Sauf lui.  

  Elle leva la tête vers l’homme qui avait tiré et le regarda droit dans les yeux.  

_Toi, je te tuerai quoi qu’il arrive, que je sorte d’ici ou que je meure ici.  

  Un silence envahit la pièce, chacun semblant se demander si elle avait vraiment dit ce qu’ils avaient compris. L’homme cessa de sourire et son regard se durcit. Il bouillonnait qu’une femme lui parle ainsi. Il leva son arme, mais le plus âgé le stoppa d’un geste.  

_Alors continuons à dialoguer. Je veux savoir avec précision ce qu’il y a dans le dossier. reprit l’homme le plus âgé.  

_Le dossier est très complet et très vaste. Soyez plus précis. demanda Kelley, ne sachant toujours pas de quoi il retournait. Vous voulez des coordonnées ? Peut-être celles des prisonniers faits lors de cette opération ?  

  La voix assurée de Kelley était digne d’une actrice d’Hollywood. Elle avançait en tâtonnant pour ne pas laisser paraître qu’elle ne savait pas du tout ce que ce dossier représentait. Elle avait juste fait des déductions d’après ce qu’elle avait vu de ses assaillants, et maintenant elle essayait de comprendre les informations qu’ils voulaient et ce à quoi elles allaient servir.  

_Je vois que nous nous comprenons. apprécia l’homme avec un sourire.  

  Kelley hocha la tête et retint un soupir de soulagement que son bluff ait marché. Pour autant, il lui fallait trouver une porte de sortie dans cette conversation dont elle ne détenait pas les bonnes réponses.  

_Ce sont de vieux dossiers, je ne saurais pas vous donner ces informations de tête.  

  Le visage de l’homme se referma, tandis que celui de l’autre derrière sembla s’éclairer.  

_Il va falloir vous en souvenir… reprit l’homme. Je vous laisse toute la nuit pour me donner de votre plein gré les prisons des dix hommes qui ont été capturés par vos soins. Sinon, nous passerons à des moyens… plus efficaces dès demain !  

  L’homme sortit, suivi des autres, et le dernier se retourna, adressant un sourire narquois à Kelley, avant de fermer la porte dans un grincement strident.  

Elle souffla, laissant retomber le stress qu’avait fait monter l’échange. Mais elle ne devait pas perdre de temps, il fallait qu’elle trouve un plan pour s’enfuir. Alors que son regard faisait à nouveau le tour de la pièce, Kelley se demanda aussi comment ces kidnappeurs avaient pu avoir accès au nom des dossiers qu’ils demandaient.  


   Steve sortit son téléphone et marqua un temps d’arrêt au nom qui s’affichait sur l’écran : Jo White. Danny devina à la tête de son ami de qui l’appel provenait. Il lui adressa un regard encourageant et Steve inspira avant de décrocher, tout en partant dans son bureau pour s’isoler un peu.  

_Je suis dans l’avion, nous avions coupé les communications. lui expliqua Jo. Tu m’as appelé ?  

_Jo… C’est au sujet de Kelley… On pense qu’elle a été kidnappée. répondit-il sans tourner autour du pot.  

  C’était comme ça chez eux, ils étaient des hommes d’action et perdre du temps ne faisait pas partie de leurs habitudes. Steve pensait plus, à ce moment-là, à l’aide que Jo pouvait lui apporter qu’à son implication émotionnelle.  

Quelques secondes de silence suivirent son annonce, et la voix de Jo résonna à nouveau dans le combiné.  

_Que s’est-il passé ? demanda-t-il tout simplement.  

   Le major connaissait assez Steve pour savoir qu’il ne plaisantait pas avec ce genre de chose, et il avait également dû sentir au ton de sa voix que la situation était sérieuse. Steve lui expliqua en détail ce qu’ils savaient, et cela revenait à pas grand-chose. Jo l’écouta en silence jusqu’à la fin et si Steve sentit la tension dans la voix de son mentor, il n’en laissa rien paraître.  

_J’ai encore des contacts… dit Jo. On ne peut pas en parler ouvertement ici, mais je vais les contacter immédiatement et essayer d’en savoir plus sur ses dernières missions.  

  Jo marqua un temps d’arrêt, sûrement pour réfléchir et malgré tout encaisser la nouvelle, avant de reprendre.  

_Steve ! As-tu mis Keynan en sécurité ?  

_Oui. répondit simplement Steve. Il entendit un bref soupir de soulagement.  

_On ne sait jamais, c’est plus sûr. conclut-il. Je te rappelle.  

  Steve reposa son téléphone sur son bureau. Il ne prenait pas mal le fait que Jo s’inquiète au sujet de Keynan, au contraire, cela lui prouvait une fois de plus combien le petit comptait pour Jo, tel un vrai grand-père ! Le commandant releva la tête en sentant la présence de Danny qui passait la porte.  

_Il va appeler ses contacts ? devina Danny.  

_Oui. J’espère qu’il en saura plus ! Tu as des nouvelles de Jack ?  

_Il est toujours en train d’essayer d’avoir accès aux dossiers de Kelley. Pour les balles et les fusils, il a dit que ce serait compliqué car ils sont beaucoup utilisés par les milices armées ou les groupes terroristes. Il a lancé une recherche sur des opérations récentes impliquant ce genre de fusils, pour essayer de faire un recoupement.  

_On n’avance pas beaucoup… marmonna Steve, le visage préoccupé. Il faut que nous trouvions d’autres pistes à explorer !


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