Nouvelle vie

Danny était assis dans sa voiture devant le portail d'une immense propriété. Il tapotait sur son volant d'exaspération.

- Je répète pour la millième fois ma requête, dit-il essayant de garder son calme. J'ai besoin d'une commission rogatoire pour une mise sur écoute d'un suspect ayant un lien dans l'affaire McGarrett. J'ai bien compris que je ne parlais pas à la même personne. Vous êtes la cinquième personne que l'on me passe. Pourrais-je avoir cette commission ? Le suspect s'appelle Fred Doran. D.O.R.A.N, tout simplement. Je passerais la chercher merci.

Il raccrocha au comble de l'agacement. Le portail s'ouvrit et une petite fille apparut. Danny, remarquant que sa fille portait une cage avec un lapin à l'intérieur, remisa à l'arrière l'énorme lapin rose en peluche qu'il lui avait acheté. Il sortit de sa voiture et prit la cage que la petite lui tendait. Elle se jeta dans ses bras en lui déposant un gros baiser sur la joue.

- Merci pour cet énorme câlin.

Il regarda dans la cage. Un petit lapin blanc le regardait de ses grands yeux noisette.

- Papa, je te présente Monsieur Lapin. C'est Stan qui me l'a offert pour mon exposé à l'école. Il est chouette, hein ?

- Ce beau-papa Stan, ironisa-t-il. Il est mignon mais pas aussi mignon que toi, mon chaton. Allez en voiture, sinon toi et Monsieur Lapin allez arriver en retard pour votre premier jour d'école.

Steve braquait toujours son arme sur la jeune femme. Il l'avait vu un peu plus tôt à l'enterrement de son père. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer cette splendide créature avec ses longs cheveux bruns qui lui tombait sur les épaules et cette silhouette à damner un saint.

- Je vous repose une nouvelle fois la question. Qu'est-ce que vous faites ici ?

Elle leva les deux mains tout en restant assis sur la chaise. Il remarqua qu'elle portait des gants en latex. Une voleuse. Il resserra ses mains sur son arme prêt à faire feu au moindre mouvement suspect.

- Je pense que tu ne te souviens pas de moi. J'avais sept ans la dernière fois que l'on s'est vu.

Elle lui indiqua de la tête une photo accrochée au mur. Il s'en approcha sans la quitter des yeux. Il ne parut pas comprendre ce qu'elle voulait lui dire.

- La petite fille avec la coupe de Laura Ingalls et bah c'est moi. Peut-être que si j'avais gardé mes tresses tu ne braquerais pas ton flingue sur moi.

Il rengaina son arme dans son étui au plus grand soulagement d'Alyssa. Il la regardait toujours avec un air soupçonneux.

- Tu n'as toujours pas répondu à ma question.

- J'ai appris que c'était un continental qui menait l'enquête sur John. Enfin, ton père. Alors, j'ai voulu vérifier si le boulot était bien fait. Apparemment ça laisse un peu à désirer.

Elle sortit un sachet en plastique avec une douille à l'intérieur et lui indiqua du doigt la trace de pas près de l'emplacement du mort.

- J'ai comme l'impression qu'il n'est pas encore venu relever les indices, rit-elle. Regarde le bureau de ton père. L'emplacement vide indique qu'un ordinateur était posé là.

Elle se leva pour lui laisser la place. En s'asseyant, il la frôla légèrement. Elle détourna la tête pour ne pas qu'il remarque son trouble. Elle avait ressenti la même chose pendant la cérémonie lorsqu'elle l'avait aperçut. Il était comme le bon vin, il s'embellissait avec l'âge. Il remarqua le léger film plastique qui recouvrait le bureau. Il avait oublié ce côté maniaque de son père. Il se leva et alla chercher sur l'étagère un tube de poudre lubrifiante. Son père s'en servait sur la serrure de la porte d'entrée qui bloquait régulièrement. Il retourna au bureau et en soupoudra le film plastique. Il souffla doucement dessus et une empreinte de paume apparut. Il sortit son téléphone portable de sa poche et en prit une photo. Alyssa ne l'avait pas quitter des yeux. Il se dirigea vers le garage, la jeune femme sur les talons. Une bâche camouflait une voiture. Il la retira et s'appuya sur la magnifique voiture de collection. Il remarqua que des outils étaient posés sur le capot. Cette voiture était la fierté de son père. Il passait son temps à la bricoler. Il se retourna et vit la boîte à outils rouge qui ne quittait jamais son père. Il la souleva et remarqua l'autocollant Champion collé dessus. Il se souvint des dernières paroles de son géniteur. Il l'avait appelé de cette façon. Il l'ouvrit et y découvrit une grande clé ainsi qu'un dictaphone. Alyssa s'approcha sans bruit de lui. Leurs deux épaules se touchaient presque. Il appuya sur le bouton lecture et la voix de John envahit la pièce.

- Je ne fais plus confiance aux gens avec lesquels je travaille. Je dois continuer seul cette enquête sur les services de police. La clé est primordiale mais je ne sais pas encore à quoi elle sert. Je n'ai pu trouver que deux sources...

Ils se regardèrent dans les yeux un bref instant. Un bruit de poubelle les surpris. Steve éteignit le magnéto et dégaina son arme. Il vit du coin de l’œil Alyssa sortir un 9mm de derrière son dos. Il rangea ses trouvailles dans la boîte qu'il referma soigneusement. Danny apparut l'arme au poing.

- Main en l'air, hurla Danny.

- T'es qui toi ? hurla à son tour Steve.

- Comment ça qui je suis. Je suis Danny Williams, Lieutenant de police.

- Commandant Steve McGarrett, c'est la maison de mon père.

Steve s'était placé de façon à protéger Alyssa en cas de tir. Ce genre de comportement l'exaspérait au plus profond d'elle-même. Elle n'avait pas besoin d'un homme pour la protéger. Elle fit le tour de la voiture tout en braquant son arme sur Danny.

- Posez votre arme sur le sol tout de suite et montrez moi votre carte d'identité.

- Je ne poserais pas mon arme, Lieutenant.

Alyssa rigolait doucement en voyant le combat de coq qui se déroulait sous ses yeux. Elle rengaina son arme dans son dos et s'appuya à la voiture attendant que le calme revienne. Un combat de coq pouvait durer un moment.

- Sors ton insigne avec deux doigts, s'exclama Steve.

- Après toi.

- Et si on le faisait tous les deux en même temps.

- On compte jusqu'à trois et on la sort, ironisa Danny.

- Ouais si tu veux faire ça comme ça pas de problème.

Danny se mit à compter jusqu'à trois et ils sortirent tous les deux leurs papiers prouvant leur identité. Alyssa se mit à rire et Danny la braqua se rendant brusquement compte de sa présence.

- Doucement, Inspecteur. Je fais partie de la maison aussi. Lieutenant McBride, LAPD.

Elle sortit sa plaque et la lui colla sous le nez.

- Désolé pour ton père mais toi et ta fiancée vous ne pouvez pas rester ici.

- Je ne suis pas sa fiancée, l'interrompit-elle, rougissante.

- C'est une scène de crime en cours d'expertise.

- Y a pas beaucoup d'experts pour une expertise, rigola Alyssa.

- Je ne peux pas partager mes informations avec vous.

- Je peux te dire que Victor Hesse n'était pas seul quand mon père a été tué. Quelqu'un a dégagé son bureau pour poser un ordinateur et...

- John détestait les ordinateurs, continua la jeune femme.

Elle sourit en regardant Steve. Il se souvenait que son père détestait cet outil tellement utile de nos jours. Il était anti-modernisme ça se voyait à sa voiture.

- Je vous le répète, vous devez sortir de cette maison.

Steve attrapa la boîte à outils et se dirigea vers la porte d'un pas vif.

- Ok, tu as gagné nous nous en allons.

Il se dirigea vers la porte et empoigna le bras de la jeune femme.

- Vous ne pouvez pas emmener cette boîte avec vous. Elle fait partie des pièces à conviction.

- Je suis arrivé avec.

- Ce n'est pas vrai. On voit très bien la trace de poussière qu'elle a laissé sur l'établi. Donc, tu me dis ce qu'il y a dans cette boîte.

- Depuis combien de temps, tu bosses sur l'île.

- Ça ne te regarde pas et je ne vois pas vraiment le rapport avec cette boîte.

- Et voilà c'est reparti pour un tour, murmura Alyssa.

Elle se réadossa à la voiture les bras croisé sur sa poitrine. Le combat de coq était reparti pour un tour.

- Tu peux me dire en quoi ça te regarde.

- Ca me regarde car c'est toi qui enquête sur le meurtre de mon père.

- Alors, s'il te plaît dégage. Plus tôt tu partiras, plus tôt je pourrais faire mon boulot.

- A vos ordres, Lieutenant.

Steve reprit la direction de la porte mais Danny le retint une nouvelle fois. Alyssa refréna une folle envie de bailler. Elle s'interposa entre les deux hommes.

- Bon, les gars on se calme. Lieutenant Williams c'est bien ça. Laissez le partir avec sa boîte à outils. Le meurtre a été commis dans le bureau pas dans le garage. Il y a peu de chance qu'elle contienne quelque chose de passionnant.

- Vous sortez de ma scène de crime tous les deux et vous laissez cette boîte.

- Mais vous êtes sacrément obtus comme mec dans votre genre, lui balança-t-elle.

- Soit il repose la boîte soit je vous arrête pour vol.

Elle en avait vu des têtus mais alors lui on pouvait lui décerner la palme. Elle se retourna vers Steve qui restait également campé sur ces positions. Elle soupira en se demandant ce qu'elle faisait là.

- Tu vas appeler des renforts ?

- Plutôt une ambulance, répondit Danny.

Steve posa la boîte sur le sol. Alyssa n'en revenait pas qu'il cède si facilement. Elle fut encore plus étonné de le voir sortir son portable et de composer un numéro.

- Merci, s'exclama Danny.

- Ne me remercie pas trop vite, répondit-il. Bonjour, le Gouverneur Jameson je vous prie... Commandant Steve McGarrett.

Steve appuya sur la touche haut parleur et la voix du Gouverneur emplit la pièce. Danny faisait les cent pas encore plus furieux.

- Commandant, ici le Gouverneur que puis-je pour vous ?

- Gouverneur, j'accepte votre offre... Disons que je suis tombé sur quelque chose qui m'a fait changé d'avis sur la question... Non, non, immédiatement. Je demande à être détaché à la tête de votre unité.

Danny, qui s'était appuyé sur la voiture, se redressa en haussant les sourcils. Il jeta un bref regard à Alyssa qui comme lui ne comprenait pas un traître mot de ce qui se passait dans le garage. Ils virent Steve lever la main droite et réciter le serment l'allégeance à la police d'Honolulu. Il raccrocha et ramassa la boîte avant de sortit.

- Maintenant c'est ma scène de crime, s'exclama-t-il.