Le Dernier Cercle

Chapitre 8 : Arsène

9276 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/10/2025 00:38

Le Dernier Cercle se parait des premières lueurs du matin, enveloppé d’une tranquillité trompeuse dans les rues chaotiques de Pentagram City.

Derrière une porte discrète, au bout du couloir menant aux chambres, Madeleine ouvrit doucement les yeux, encore engourdie par la fatigue de la veille. La lumière tamisée filtrait à travers les rideaux et la pièce baignait dans une pénombre épaisse, comme si l’ombre s’accrochait aux murs pour lui rappeler où elle vivait.

Elle repoussa les couvertures et se redressa lentement, ses gestes lourds, passant une main dans ses cheveux ébouriffés. Un soupir lui échappa lorsqu’elle se leva pour affronter une nouvelle journée dans l’enfer du cercle de l'orgueil.Devant le miroir, son regard se posa sur son reflet fatigué ; elle observa les cernes marquant sa peau pâle, stigmates d’un sommeil trop court. Elle n’avait pourtant pas le loisir de s’attarder : ici, elle ne s'offrait pas le luxe de la faiblesse.


Après un dernier coup de brosse, elle enfila sa robe noire ornée de dentelles roses à l'ourlet, une tenue simple mais élégante, qu'elle affectionnait pour ses longues journées au bar. Elle glissa ses collants noirs sur ses jambes, prenant le temps de lisser les plis, puis enroula ses bras dans ses longs gants de satin qui remontaient jusqu’à ses avant-bras. Elle jeta un dernier coup d'œil dans le miroir, ajustant les plis de sa robe.

C'était un rituel apaisant, une routine qui lui permettait de se préparer mentalement à la journée qui l’attendait, faite de sourires et de services aux clients du Dernier Cercle. Bien que la violence et la dureté de ce lieu fassent partie de son quotidien, Madeleine essayait toujours de conserver un peu de douceur, de préserver cette lueur d'humanité qui la distinguait de beaucoup de ses camarades.

Elle quitta finalement sa chambre, laissant derrière elle le silence apaisant de son espace personnel pour rejoindre le tumulte à venir. Traversant le couloir encore endormi, elle passa devant quelques portes fermées avant de rejoindre la salle principale. La lumière tamisée du bar l’accueillit, et elle prit une grande inspiration, prête à entamer une nouvelle journée.

En descendant vers le bar, elle aperçut Marcus en pleine préparation des boissons matinales. Emilly et Sebastian étaient déjà là, chacun avec une tasse de café devant eux. Marcus leva les yeux en voyant Madeleine entrer, notant immédiatement son état.


Marcus

(levant les yeux de la tasse de café qu’il préparait)

« Eh bien, on dirait que t’as pas beaucoup dormi, Madeleine. Tu vas tenir la journée comme ça ? »


Madeleine força un sourire, essayant de minimiser son état. Elle s’approcha du comptoir et s’appuya dessus.


Madeleine

(avec un sourire fatigué, secouant la tête)

« Je vais bien, Marcus. Pas de soucis à se faire. Juste un peu... endormie encore. »


Emilly, assise au bar, prit une gorgée de son café avant de poser un regard sceptique sur Madeleine.


Emilly

(sirotant son café, observant Madeleine avec attention)

« T’es sûre ? Parce que là, on dirait que tu pourrais t’écrouler sur le bar à tout moment. Tu devrais te reposer un peu plus. »


Madeleine haussa légèrement les épaules, cachant un léger soupir. Elle ne voulait pas trop s’étendre sur le sujet.


Madeleine

(riant doucement)

« Non, ça va, je t’assure. C’est juste une nuit courte, mais rien de grave. »


Sebastian, toujours d’un calme imperturbable, observa Madeleine avec un léger froncement de sourcils. Ses mains caressaient le bord de sa tasse avec un geste méthodique.


Sebastian

(posant sa tasse, son regard perçant observant Madeleine)

« La fatigue finit toujours par rattraper ceux qui la sous-estiment. Tu devrais y faire attention. »


Madeleine esquissa un autre sourire, plus forcé cette fois. Ils avaient tous tendance à trop s’inquiéter pour elle.


Madeleine

(léger soupir)

« Vous vous inquiétez trop Sebastian. Je vous promets que tout va bien. »


Emilly, toujours enjouée et désireuse de remonter l’ambiance, esquissa un sourire malicieux avant de proposer une idée.


Emilly

(enthousiaste, avec un sourire malicieux)

« Et si on sortait ce soir ? Juste pour se changer les idées ! Allez, Madeleine, ça te ferait du bien de sortir un peu en ville. »


Marcus, occupé à préparer d’autres boissons, releva la tête en entendant Emilly. Il ne pouvait s’empêcher de sourire en coin, trouvant l’idée un peu farfelue dans la situation actuelle.


Marcus

(haussant un sourcil, jetant un regard amusé à Emilly)

« Ah oui ? Et c’est censé l’aider comment, de sortir picoler toute la soirée quand elle est déjà crevée ? »


Madeleine secoua doucement la tête, même si l’idée d’une sortie lui semblait plaisante, elle n’était pas sûre d’en avoir l’énergie.


Madeleine

(souriant, mais secouant la tête)

« C’est gentil de proposer, Emilly, vraiment, mais je crois que ça me tente pas trop. J’ai besoin de calme. »


Sebastian, restant toujours posé, se permit d’intervenir, son ton plus doux mais insistant.


Sebastian

(avec un ton calme et bienveillant)

« Pourtant, une petite sortie pourrait te faire du bien. Ta formation au bar est terminée, et je pense que tu as bien mérité une soirée loin des tumultes du Dernier Cercle. »


Emilly approuva d’un signe de tête rapide, décidée à convaincre Madeleine.


Emilly

(encourageante)

« Allez, juste une petite sortie, rien de fou. Promis, je te ramène avant que ça dégénère ! »


Madeleine ne put s’empêcher de rire légèrement. Elle leva les mains en signe de reddition, concédant un peu face à l’insistance de ses amis.


Madeleine

(riant doucement, levant les mains en signe de reddition)

« Je vais y réfléchir, d’accord ? Mais je vous préviens, si je tombe de fatigue, vous en serez responsables ! »


Le groupe éclata de rire doucement, détendant l’atmosphère. Malgré la fatigue évidente de Madeleine, l’ambiance autour du bar restait chaleureuse, et l’idée d’une sortie semblait peu à peu lui paraître moins déplaisante.


À cet instant, des bruits de pas lourds résonnèrent dans les escaliers du Dernier Cercle, brisant la conversation tranquille au bar. Madeleine se tourna instinctivement vers le couloir, une boule d'appréhension formant un nœud dans son estomac. Elle reconnaissait cette démarche lourde, agressive, et pleine d'une assurance qui ne faisait qu'alimenter son malaise.


Descendant les marches avec une mine fermée et son éternel thermos à la main, Arsène, le démon de la meute, se frayait un chemin vers la salle commune. Son regard glacé semblait ignorer tout le monde, et pourtant, sa seule présence imposait un silence pesant. Madeleine sentit son cœur s'accélérer. Depuis toujours, la simple vue d'Arsène la pétrifiait. Son allure, son attitude, tout en lui exhalait une menace passive qui lui glaçait le sang.


Il traversa le couloir sans un mot, ignorant totalement les personnes présentes dans la pièce. Arrivant au bar, il posa son thermos sur le comptoir, le bruit métallique résonnant sèchement dans le silence, et sans même lever les yeux, il se contenta de lancer d’un ton neutre :


Arsène

(impassible, sans accorder un regard à personne)

« Marcus. Remplis ça de café. »


Marcus s'exécuta sans un mot. Le silence restait tendu, presque palpable. Sebastian, avec son calme habituel, décida d'engager la conversation, même si Arsène n'était pas le plus bavard du groupe.


Sebastian

(avec un sourire en coin, d’un ton décontracté)

« On dirait que tu es en pleine forme, Arsène. »


Sans même lui jeter un regard, Arsène se contenta de rester silencieux, ses yeux rivés sur son thermos en attente.


Sebastian

(insistant, toujours aussi détendu)

« Et ta mission d’hier soir ? Tout s’est bien passé dans le cercle de la colère ? »


Arsène haussa à peine les épaules, comme si la question ne méritait même pas d’être posée.


Arsène

(avec lassitude, sa voix légèrement rauque)

« Rien d’inoubliable. Il n’avait rien dans le ventre. »


Marcus, qui finissait de verser le café, sourit en coin, amusé par l’attitude détachée d'Arsène.


Marcus

(ironique, tout en lui servant son café)

« Ça, tu sais de quoi tu parles. »


Arsène attrapa son thermos, pris une gorgée avant de répondre, un air songeur sur le visage.


Arsène

(d’un ton distant, regardant le vide)

« Je crois bien qu’il en reste encore sous ma chaussure. »


À ces mots, Madeleine frissonna malgré elle, son regard s’évitant instinctivement celui du démon de la meute. Arsène capta son mouvement du coin de l’œil, mais ne fit aucun commentaire, se contentant de boire une longue gorgée de son thermos rempli.


Sebastian

(avec un sourire amusé, brisant le silence)

« Tu n’as pas oublié ton tour de garde à l'Hôtel Hazbin, j’imagine ? »


Arsène poussa un long soupir, l’air lassé, visiblement peu emballé par la tâche qui l’attendait.


Arsène

(soupirant, d’un ton lourd et lassé)

« J’ai encore vingt minutes pour relever Ginger. Crois-moi, je ne vais pas faire des heures sup’ pour la princesse et sa bande de couillons. »


Son thermos à la main, il se dirigea vers la sortie. Avant de franchir la porte, il se retourna brièvement, sans vraiment adresser un regard à personne.


Arsène

(blasé, se tournant vers la sortie)

« Ça va être une longue journée. »


La porte du Dernier Cercle se referma derrière lui, et un silence pesant retomba aussitôt sur la pièce. Chacun demeura plongé dans ses pensées, comme si le passage d’Arsène avait laissé derrière lui une lourdeur plus écrasante encore qu’auparavant.

Dans les rues désertes de Pentagram City, Arsène avançait d’un pas lourd. Il n’était pas encore huit heures, et l’air frais du matin enveloppait la ville d’un calme trompeur. Son regard sombre balaya les avenues endormies ; ce rituel lui était devenu familier, presque mécanique. Chaque jour se révélait une bataille en enfer, mais ce matin-là, il se sentait plus las qu’à l’accoutumée.

Lorsqu’il approcha de l’Hôtel Hazbin, un léger bruit retentit juste devant lui, suivi du désormais familier pouf de fumée noire. Ginger apparut dans un tourbillon, affichant son sourire éclatant, débordante de bonne humeur comme à son habitude.


Ginger

(enthousiaste)

« Salut Arsène ! Toujours matinal, hein ? »


Arsène renifla l’air et plissa légèrement les yeux. Son front se barra d’un pli irrité lorsqu’il reconnut une odeur trop sucrée pour être ignorée.


Arsène

(blasé, voix lourde)

« Sérieusement, Ginger ? De la pâtisserie ? »


Elle haussa les épaules avec insouciance, son rire léger contrastant brutalement avec la lassitude glaciale de son interlocuteur.


Ginger

(riant doucement)

« Bah quoi ? La nuit a été longue et il s’est pas passé grand-chose. J’ai pensé que ça leur ferait plaisir ! »


Arsène soupira profondément, son mécontentement palpable, presque tangible dans l’air.


Arsène

(lassé)

« Tsss… »


Mais Ginger, fidèle à elle-même, n’y prêta guère attention. Elle s’étira comme une ombre souple et, avant de disparaître, lui lança un regard complice.


Ginger

(joyeusement)

« Bon, je te laisse la suite. J’ai une mission ce soir, il me faut un peu de repos. »


Arsène ne répondit pas. Son regard resta fixé sur l’horizon, figé dans une indifférence glaciale. Un souffle noir s’éleva, et Ginger disparut aussitôt dans un nuage de fumée, son départ aussi soudain que son arrivée. Il se retrouva seul, face à l’Hôtel Hazbin. La journée ne faisait que commencer, mais il pressentait déjà que la fatigue ne ferait que s’alourdir.

Le soleil du matin filtrait à travers les hautes fenêtres, projetant une lumière douce dans la salle commune où tous les pensionnaires s’étaient attablés pour le petit déjeuner copieux que Ginger avait laissé derrière elle. L’ambiance paraissait tranquille, presque paisible, malgré les tensions latentes. Les pancakes et les gaufres s’empilaient sur la table, répandant une odeur sucrée. Chacun mangeait à son rythme : Husk grognait dans son coin, tandis que Charlie et Vaggie échangeaient quelques mots à voix basse.


Soudain, des pas lourds résonnèrent dans l’entrée. Un silence immédiat s’abattit sur la salle. Tous les regards se tournèrent vers la porte, et le démon de la meute apparut.

Arsène franchit le seuil sans un mot. Sa silhouette imposante semblait emplir tout l’espace, sa démarche résonnant comme une menace. Il s’arrêta près de l’entrée, les bras croisés, son regard noir balayant la pièce avec mépris. Le contraste était brutal : l’atmosphère chaleureuse et naïve de l’hôtel se brisa net, remplacée par l’ombre pesante qu’il traînait derrière lui comme une seconde peau.

Charlie, assise à table, sentit aussitôt le poids de cette présence écraser l’ambiance. Elle demeura immobile un instant, hésitant sur la meilleure façon de désamorcer la tension. Puis, fidèle à sa détermination obstinée, elle se leva doucement et s’approcha d’Arsène avec ce sourire lumineux, rempli d’un espoir qui paraissait presque déplacé face à lui.


Charlie

(avec un ton joyeux mais un peu hésitant)

« Salut Arsène ! Merci d’être venu nous aider aujourd'hui. Je sais que ce n’est pas ton truc, mais je suis sûre que ça va être... euh... enrichissant ! »


Arsène grogna, levant à peine les yeux vers Charlie, l’air exaspéré. Tout dans son attitude trahissait une indifférence glaciale. Il roula des yeux et lança un regard méprisant à l’ensemble de la salle, comme si tout ceci n’était à ses yeux qu’une grotesque mascarade.


Arsène

(sarcastique, avec un ton sec)

« Ouais, princesse... Enrichissant. Parce que c'est clair... je suis venu pour ça. »


Charlie sentit le poids de ses mots, mais elle essaya tant bien que mal de maintenir son sourire. Elle connaissait bien Arsène maintenant, suffisamment pour savoir qu'il n’y aurait pas de chaleur à tirer de lui. Pourtant, elle n’abandonna pas.


Charlie

(avec un sourire un peu nerveux)

« Eh bien... prends ton temps pour te familiariser avec l’endroit. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas à demander. »


Arsène haussa les épaules, visiblement peu intéressé par la proposition. Tout autour, les membres de l’hôtel avaient cessé de manger pour observer la scène. Angel Dust, qui mâchouillait un pancake, lança un regard sceptique à Arsène, comme s’il s’attendait à une explosion à tout moment. Husk, quant à lui, se contentait de rester derrière son bar, observant la scène avec son éternel air blasé.


Charlie, toujours souriante malgré la tension palpable, tenta de détendre l’atmosphère.


Charlie

(avec une voix douce)

« Vous savez... j'ai réfléchi à cette alliance. Peut-être que c'est notre chance de vraiment construire quelque chose de beau. Vous savez, ici à l’hôtel, nous croyons à la rédemption et... »


Elle fit une pause, hésitant quelques secondes. Puis, avec un soupir de détermination, elle s'apprêtait à entonner une chanson. Sa voix s’éleva à peine lorsque...


Charlie

(Chantant)

« Le chemin s'ouvre... »


Arsène

(lui coupant la parole, menaçant)

« Si tu chantes, je t’écrase le larynx. T’as pigé ? »


Charlie se figea immédiatement, ses mots mourant dans sa gorge. Elle leva les mains en signe de reddition, son sourire s'effaçant légèrement.


Charlie

(gênée)

« Ooooook... »


Un silence retomba sur la salle, lourd et pesant. Arsène, sans autre commentaire, avança lentement dans le hall, croisant les bras de manière encore plus défensive, visiblement peu désireux d’engager la moindre conversation.


Les autres membres de l’hôtel échangèrent des regards incertains, peu sûrs de comment gérer cette nouvelle présence imposante dans leur quotidien. Angel Dust avala un autre pancake, marmonnant à mi-voix avec son habituel sarcasme.


Angel Dust

(à voix basse, moqueur)

« Eh ben... c'est pas gagné. »


Vaggie, elle, observait Arsène du coin de l’œil, toujours méfiante, mais elle se retint de répliquer, consciente que la situation était déjà assez tendue.


Arsène, lui, se contenta de grogner légèrement, ses pensées déjà tournées vers le moment où il pourrait quitter cet endroit qui, manifestement, l'agaçait plus que tout. Après avoir fait le tour de l'hôtel pendant quelques heures, observant les couloirs et chaque recoin avec un regard méprisant, il se décida à finalement inspecter l'extérieur de l'hotel, faisant attention au moindre détails, et malgré tout ses efforts, l'après-midi ne passa pas aussi vite qu'il l'aurait voulu, Arsène finit par se diriger vers le bar pour prendre une pause bien méritée de cette absurdité. Le décor joyeux et maladroit de l’Hôtel Hazbin l’exaspérait toujours autant, et tout ici semblait trop naïf pour lui.


En arrivant au bar, il aperçut Husk, assis à son poste habituel, un verre de whisky à la main et l'air sombre. L'odeur familière de l'alcool emplissait l’espace, et le silence régnait lourdement. Husk leva les yeux vers Arsène, toujours aussi blasé.


Husk

(blasé)

« Si t’es là pour boire, chope-toi un verre. Si t’es là pour faire la morale, dégage. »


Arsène s'installa sur un tabouret, son visage fermé et impassible. Il observa Husk quelques secondes, avant de grogner.


Arsène

(dédaigneux)

« Te faire la morale ? Fais ce que tu veux, l’ivrogne. J’en ai rien à foutre. »


Husk esquissa un petit ricanement et prit une longue gorgée de son verre. Arsène balaya du regard le bar, l’air toujours aussi désabusé, et laissa échapper un soupir exaspéré.


Husk

(sarcastique)

« Ouais... je vois que t’as l’esprit de groupe... »


Arsène roula des yeux avant de répondre sèchement.


Arsène

(avec sarcasme)

« J’ai l’air de me soucier de ce putain de groupe ? »


Husk haussa les épaules et servit un verre de whisky à Arsène, sans dire un mot. Arsène attrapa le verre et le vida d'une seule traite, le reposant sur le comptoir d’un geste sec.


Arsène

(blasé)

« Un autre. »


Husk s’exécuta, mais ne put s’empêcher de lâcher une remarque en remplissant le verre.


Husk

(sarcastique, tout en servant)

« T'as une sacrée descente, pour un gars bien dans ses pompes. »


Arsène resta silencieux un moment, ses doigts jouant avec le bord du verre. Le silence s'étira jusqu'à ce que Husk décide de creuser un peu plus.


Husk

(avec curiosité)

« Dis-moi, le soir où t’as sauvé nos peaux à moi, Angel, et Cherry... Pourquoi tu nous as pas butés aussi ? C'est pas dans tes habitudes d'épargner qui que ce soit. J'me trompe ? »


Un sourire carnassier se dessina lentement sur le visage d'Arsène. Il jeta un regard amusé à Husk, son ton calme mais teinté d’un mépris profond.


Arsène

(moqueur)

« Vous ? Sérieusement ? Vous valiez même pas la peine que je me salisse les mains. Trop pathétiques. »


Husk ricana doucement, trouvant la réponse aussi cruelle qu'amusante. Il se pencha pour resservir Arsène, un sourire en coin.


Husk

(avec un léger rire)

« Ouais, t’es vraiment tordu, mais bon... ça me va. »



Arsène attrapa le verre rempli et le vida aussi vite que le premier, ses yeux fixés sur Husk, ne laissant transparaître aucune autre émotion que son agacement habituel. Arsène toujours assi au bar, regardait le temps passé aussi lentement qu'il le craignait. Le regard rivé sur la scène qui se déroulait devant lui, il observait sans grand intérêt l'atelier de réhabilitation organisé par Charlie. Comme toujours, Charlie tentait de motiver les âmes perdues à la rejoindre dans sa quête de rédemption. Elle dégageait une énergie débordante d'espoir, essayant d'atteindre même les cœurs les plus endurcis.


Assis au fond, Arsène n’écoutait que d’une oreille distraite. Son visage fermé et son regard désabusé montraient à quel point il se sentait étranger à cet endroit et à cette initiative. Il n’avait aucunement l’intention de s’intégrer à ce petit groupe de joyeux rêveurs.


Alors qu'elle animait la séance avec passion, Charlie aperçut Arsène dans son coin. Comme d’habitude, sa nature optimiste lui fit croire qu’il pourrait être tenté de participer, de s’ouvrir un peu. Avec son grand sourire, elle s’approcha légèrement et lui adressa la parole d’un ton joyeux.


Charlie

(joyeuse)

« Arsène ! Tu ne veux pas te joindre à nous ? Ça pourrait te faire du bien de partager un peu... »


Un silence pesant s’installa aussitôt dans la pièce. Tous les regards se tournèrent vers Arsène, qui leva lentement la tête. Son regard noir, brûlant d’une intensité froide, traversa la salle avec un mépris évident. Ses yeux disaient tout : "Approche encore, et tu vas le regretter."


Charlie sentit immédiatement la tension monter. Son sourire radieux s’affaiblit légèrement, remplacé par un rire nerveux.


Charlie

(terrifiée, sourire forcé)

« Ok, ou pas ! J’ai compris, c’est bon, pas de souci ! »


Elle se retourna précipitamment vers le groupe, cherchant à reprendre l’atelier comme si rien ne s’était passé. Mais l’atmosphère était devenue lourde, presque suffocante. Arsène se renfonça dans son coin, les bras croisés, exaspéré par toute cette mascarade.


Vaggie

(avec agacement)

« Franchement, Arsène, tu pourrais faire un effort. Tu mets une ambiance de merde. »


Arsène tourna lentement la tête vers elle, ses lèvres s’étirant en un sourire moqueur.


Arsène

(dédaigneux)

« Je vais être clair, je suis là parce que Claris me paie pour ça, pas parce que j’ai envie de me faire des potes. »


Vaggie serra les poings, mais avant qu'elle ne puisse répondre, Angel Dust, assis non loin, intervint d’un ton libidineux.


Angel Dust

(avec un sourire narquois)

« Tsss, détends-toi, beau gosse. Tu vas finir par te faire des rides. »


Exaspéré par tout cela, Arsène se leva brusquement, ignorant les commentaires, et se dirigea vers la porte de l’hôtel. Une fois dehors, il sortit sa flasque de whisky, déboucha le couvercle d’un geste précis, et porta le goulot à ses lèvres. Le liquide brûlant glissa dans sa gorge tandis qu'il observait l’horizon de la ville, seul avec ses pensées, loin du chaos de l’intérieur. Arsène sortit son téléphone de sa poche et jeta un coup d'œil à l'heure. 15h50. Son tour de garde allait enfin se terminer, et la fatigue commençait à peser sur ses épaules, bien qu’il ne l’aurait jamais admis. Le ciel de Pentagram City était aussi sombre que d'habitude, un éternel crépuscule qui pesait sur les rues. Tout autour, les bruits de la ville étaient étouffés par l’atmosphère oppressante de l’enfer.


Alors qu’il rangeait son téléphone, une odeur familière lui parvint. C’était Lobo. Cette odeur, il la reconnaîtrait entre mille. Arsène se détendit légèrement, sachant que son remplacement était enfin là. Lobo marchait dans sa direction, imperturbable comme toujours, sa silhouette massive se détachant dans la pénombre. Il n’y avait pas besoin de mots. Leur relation fonctionnait ainsi : peu de paroles, mais un respect tacite.


Arsène

(blasé)

« Bon courage pour la suite. »


Il fit un signe de tête vers Lobo, prêt à tourner les talons et à quitter cet endroit. Mais Lobo, fidèle à lui-même, n’avait pas l’intention de laisser passer l’occasion sans dire quelque chose.


Lobo

(observant Arsène avec un regard perçant)

« Tu as l’air encore plus contrarié que d’habitude. »


Arsène s’arrêta net, surpris par la remarque. Le silence s’étira, lourd, presque gênant. Ses lèvres s’entrouvrirent un instant, comme s’il allait parler, mais aucun mot ne franchit la barrière de ses dents serrées. Le démon de la meute n’était pas du genre à s’épancher, pas même devant Lobo.

Après quelques secondes, il haussa simplement les épaules et reprit sa marche sans un mot. Sa silhouette s’évanouit dans les ténèbres, laissant derrière lui une tension sourde.


Lobo, fidèle à sa nature, s’installa pour son tour de garde. Son regard suivit Arsène un moment, songeur, avant de se perdre à nouveau dans l’horizon immobile de l’Enfer.

Le Dernier Cercle était presque désert. La salle de réception baignait dans la pénombre, éclairée seulement par quelques lueurs pâles.Les bruits sourds des verres rangés et des tables essuyées ponctuaient le silence. Madeleine et Markus s’affairaient en silence : elle empilait les chaises, lui frottait le comptoir avec méthode.


Soudain, la porte s’ouvrit brusquement. Arsène entra d’un pas lourd, déterminé, traînant derrière lui une aura sombre qui pesa aussitôt sur l’atmosphère. Il ne daigna pas croiser leurs regards et traversa la pièce sans un mot.

Madeleine, du coin de l’œil, le vit approcher ; un frisson la parcourut, sa nervosité trahissant l’effet immédiat qu’il avait sur elle.

Arsène s’assit lourdement au bar. Ses épaules demeuraient tendues, son expression fermée comme une armure. Sans même tourner la tête vers Madeleine, il grogna simplement une demande.


Arsène

(rauque, lassé)

« Un whisky. »


Madeleine, toujours nerveuse, s’avança prudemment, passa derrière le bar et lui servit un verre. Ses gestes étaient lents, presque tremblants. Elle posa doucement le verre devant lui, comme si elle espérait passer inaperçue.

Mais Arsène, déjà irrité, saisit le verre, l’examina une seconde, puis le jeta violemment contre le mur. Le fracas du cristal éclaté résonna dans toute la salle, arrachant un sursaut à Madeleine, son cœur battant à tout rompre.


Arsène

(froid, avec une pointe de colère)

« Je t’ai demandé la bouteille. »


Madeleine, choquée, resta figée un instant, puis, sans un mot, lui apporta la bouteille entière. Elle la déposa devant lui avec une lenteur infinie, comme si chaque geste pouvait déclencher une tempête. Arsène l’attrapa aussitôt et porta le goulot à ses lèvres. Il but à grandes gorgées, son visage dur figé dans une frustration contenue.

Depuis le fond de la salle, Markus avait suivi la scène. Il s’approcha lentement, un soupir las s’échappant de ses lèvres.


Markus

(soupirant, fatigué)

« Alors... comment ça s’est passé à l’Hôtel Hazbin ? »


Arsène grogna en guise de réponse et vida une nouvelle lampée. Ses yeux restaient fixés sur le bois du comptoir, comme s’il refusait d’accorder la moindre attention à la question. Markus croisa les bras, habitué à ses silences, et attendit.


Arsène

(nihiliste, avec un rictus)

« Exactement comme je m’y attendais... Un ramassis de naïveté et d’illusions. Angel Dust qui fait son cirque, Husk qui s’abrutit dans l’alcool, et la princesse, toujours persuadée qu’elle peut sauver ce foutu monde. Moi, je préfère rester là où je suis : entre mes limiers et l’Enfer. »


Markus hocha lentement la tête. Ses traits se marquèrent d’un mélange d’épuisement et d’agacement. Il se remit à frotter machinalement le comptoir, mais son irritation croissait à mesure qu’Arsène parlait.


Markus

(agacé, mais calme)

« T’as vraiment un don pour ruiner l’ambiance, Arsène. Toujours à tout voir en noir. J’en ai ma claque de ton comportement de con. On est tous coincés ici, mais au moins, on essaie de pas rendre ça plus insupportable qu’il ne l’est déjà. »


Arsène tourna lentement la tête vers lui. Son regard lourd, presque prédateur, s’attarda sur Markus, mais il ne prononça pas un mot. Le silence seul contenait toute la menace. Markus secoua la tête, lasse résignation dans le geste. Son regard se fit plus doux lorsqu’il se posa sur Madeleine, restée muette depuis le début. Il posa une main brève sur son épaule, puis s’éloigna.


Markus

(avec lassitude)

« Occupe-toi de lui, Madeleine. J’en ai assez entendu pour ce soir. Je vais finir de ranger la réserve. »


Markus s'éloigna du bar, approchant de la vieille porte en bois de la réserve à l’arrière, laissant Madeleine seule avec Arsène, et l’ombre plus lourde encore de son silence.

Il s’éloigna dans le couloir, ses pas lourds se perdant peu à peu derrière la porte. Le silence retomba sur le bar, seulement troublé par le tic-tac paresseux de l’horloge.

Madeleine demeura figée un instant, seule face à lui. Son souffle s’était bloqué, ses doigts tremblaient contre le bois du comptoir. Tout en elle criait qu’elle devait partir, fuir cette présence oppressante… mais une part d’elle refusait.

Elle avala sa salive, inspira profondément, et finit par avancer d’un pas, ses gestes maladroits trahissant sa nervosité.


Madeleine

(avec hésitation, voix basse)

« Arsène… pourquoi es-tu toujours… si en colère ? »


Arsène releva lentement les yeux vers elle. Son regard la transperça, lourd, brûlant, comme si le moindre mouvement de Madeleine pouvait déclencher sa fureur. Il la fixa longuement, sans rien dire, laissant la peur s’installer. Puis un coin de sa bouche se tordit dans un rictus qui n’avait rien de joyeux.


Arsène

(ironique, presque moqueur)

« Pourquoi ? C'est facile à comprendre non ? L’Enfer, c’est ça. La violence, le chaos. Rien d’autre n’existe ici. Et moi ? … j’aime ça. »


Il reprit une gorgée de whisky, sa gorge se contracta, puis il reposa la bouteille avec un claquement sec. Ses yeux ne quittèrent pas Madeleine, amusés par son trouble, presque irrités de sa témérité.


Arsène

(plus bas, plus cynique)

« Pourquoi tu veux savoir, toi ? T’es trop douce pour ces conneries. Tu ferais mieux de garder tes distances. »


Madeleine déglutit. Son instinct lui hurlait de se taire, mais quelque chose en elle résistait. Ses poings se serrèrent, ses ongles s’enfoncèrent dans ses paumes, et malgré la peur qui nouait sa poitrine, elle osa lever la tête.


Madeleine

(d’une voix plus ferme)

« Je… je ne crois pas que tu sois juste… comme ça. Personne ne naît mauvais. Il doit bien y avoir… une raison derrière toute cette rage. »


Un silence pesant tomba. Arsène s’immobilisa, ses traits se durcirent. Ses doigts tapotèrent nerveusement le verre, rythme régulier, presque menaçant. Il détourna les yeux vers le comptoir, comme pour se retenir de la foudroyer du regard.


Arsène

(ton froid, détaché)

« Tu poses trop de questions. »


Madeleine baissa les yeux une seconde, mais reprit aussitôt, plus douce, plus sincère :


Madeleine

(à mi-voix)

« Alors explique-moi. Juste un peu. »


Arsène lâcha un souffle qui ressemblait à un rire bref, amer, sans joie. Il saisit la bouteille, versa maladroitement dans son verre, mais une partie du liquide se répandit sur ses doigts. Il les essuya d’un geste nonchalant, puis laissa retomber la bouteille à moitié vide sur le comptoir, le bois résonnant sous le choc.

Il tourna alors la tête vers elle, ses yeux brûlant d’un éclat sombre.


Arsène

(d’un ton froid, presque cinglant)

« Et tu peux me dire pourquoi je perdrais mon temps à satisfaire ta curiosité ? »


Madeleine se figea. Son souffle se bloqua dans sa gorge, incapable de trouver une réponse.

Un silence lourd passa. Arsène soutint son regard encore une seconde, avant de soupirer et de détourner les yeux.


Arsène

(voix plus basse, grinçante)

« Très bien… mais j’te préviens : c’est pas une histoire joyeuse. »


Un silence s’étira. Il pencha la tête en arrière, ferma les yeux comme pour contenir quelque chose. Enfin, après un long souffle, il commença à parler. Sa voix ne portait plus le ton sec de la moquerie, mais un murmure brisé, comme s’il parlait davantage à lui-même qu’à Madeleine.


Arsène

(amertume froide)

« J’étais humain, Madeleine. Avant tout ça. J’avais des amis… du moins, je le croyais. Ces putains de lâches m’ont trahi. Ils m’ont battu à mort comme un chien, pour des broutilles. J’ai senti chaque coup, chaque os céder, jusqu’à n’avoir plus qu’une seule envie : que ça s’arrête. Et quand j’ai ouvert les yeux ici, en Enfer, il ne restait rien. Rien que la haine. Voilà pourquoi je suis ce que je suis. »


Madeleine demeura immobile. Ses mains tremblaient légèrement, ses doigts crispés contre le bois du comptoir. Son souffle court trahissait encore la peur que lui inspirait Arsène. Chaque mot qu’il venait de prononcer résonnait dans sa tête comme un coup porté, dur, tranchant, saturé de haine. Et pourtant… quelque chose dans sa voix, dans ce murmure rauque, différait de son mépris habituel.

Son premier réflexe fut de détourner les yeux, de se protéger de ce qu’elle venait d’entendre. Elle aurait dû se replier, se fermer, laisser cette histoire sanglante glisser sur elle comme toutes les autres horreurs de l’Enfer. Mais elle n’y parvint pas. Ses pensées s’accrochèrent malgré elle aux images que ses mots évoquaient : un homme battu à mort, un corps qui se brise sous la trahison de ceux qu’il croyait être ses amis, une vie arrachée trop tôt et remplacée par la haine.


La terreur restait là, bien présente, le moindre geste d’Arsène pouvait lui coûter la vie. Elle le savait, son instinct lui hurlait de reculer. Mais, sous cette peur brute, une autre émotion commença à se glisser, plus sourde, plus dérangeante. Une lourdeur dans sa poitrine, une douleur étrangère qui n’était pas la sienne, comme si, à travers ses mots, elle avait effleuré une blessure encore ouverte.


Ses yeux, d’abord écarquillés par l’effroi, s’adoucirent peu à peu. La crispation de ses mâchoires céda, remplacée par une expression troublée. Elle ne voyait plus seulement le démon de la meute, ivre et brutal, mais aussi l’écho de ce qu’il avait été. Un homme brisé, englouti par la haine.

Un silence s’étira entre eux, et Madeleine réalisa que son regard n’était plus le même. Elle n’avait pas cessé d’avoir peur… mais à cette peur venait désormais se mêler une tristesse profonde, presque insoutenable. Elle ne comprenait pas pourquoi, mais elle ne pouvait plus voir Arsène comme un simple monstre. Derrière la carapace, il y avait une fissure.


Madeleine

(doucement, avec sincérité)

« Je… je suis désolée. Personne ne mérite ça… pas même toi. »

Arsène cligna des yeux, surpris. Ses pupilles sombres s’attardèrent sur elle. Il ne s’attendait pas à de la compassion, encore moins venant de Madeleine. Elle ne bougeait pas, mais son regard avait changé : il ne reflétait plus seulement la crainte, mais une compréhension nouvelle. Elle discernait la douleur derrière la rage.


Ivre, Arsène se redressa à moitié, sa main s’écrasant contre la bouteille vide. Un grognement rauque s’échappa de sa gorge. L’alcool l’emportait, et, pour la première fois, il paraissait moins enclin à la violence.


Arsène

(sourire amer)

« La compassion te perdra, Madeleine. Ce monde… il est pas fait pour toi. »


Son regard se brouilla sous l’effet de l’ivresse. Pourtant, ses yeux restèrent accrochés à elle, comme s’il la voyait pour la première fois depuis des années. Ses défenses se fissuraient. Il détourna brusquement le regard, fixant le bois du comptoir.


Arsène

(murmurant, presque pour lui-même)

« T’es vraiment trop gentille pour l’Enfer… »


Madeleine demeura immobile, le fixant encore, même alors que lui se refermait. Ses émotions vacillaient, submergées par la peur, la compassion et une étrange chaleur nouvelle.

Après un long silence, Arsène laissa tomber le mur de nonchalance qu’il portait comme une seconde peau.


Arsène

(soupir, voix basse)

« Peut-être que c’est mieux comme ça… que t’aies ce côté… doux. T’es l’une des rares personnes ici capables de faire baisser la tension. Si t’étais pas là… ce foutu Cercle serait encore plus insupportable. »


Les yeux de Madeleine s’écarquillèrent. Cette confession la laissa muette. Arsène ne la regardait pas, mais ses mots résonnaient d’une sincérité inattendue. Il inspira profondément, comme si chaque mot lui coûtait, puis poursuivit, d’un ton plus posé.


Arsène

(plus calme, presque résigné)

« Ce que je veux dire… c’est que… ouais, t’es chiante, mais t’as des qualités réelles. Ta patience, ton calme… ça rend cet endroit moins infernal. Sans toi, ce serait juste une autre fosse à merde. »


Arsène posa brutalement de l’argent sur le comptoir. Le métal tinta contre le bois, coupant net toute tentative de réponse.


Arsène

(bourru, se levant lentement)

« T’attends pas à ce que je sorte d’autres conneries gentilles ce soir. »


Sans un mot de plus, il se pencha derrière le bar, saisit une bouteille qu’il glissa sous son bras et tourna les talons. Ses pas lourds résonnèrent dans la salle, chaque bruit de semelle semblant prolonger la tension. Madeleine resta figée, les yeux écarquillés, le cœur battant encore au rythme des aveux qu’elle venait d’entendre.

Au pied de l’escalier, Arsène s’arrêta. Son visage, toujours marqué par sa dureté coutumière, se tourna une dernière fois. Mais dans ses yeux passa une lueur, infime, presque imperceptible, comme une reconnaissance muette.


Arsène

(sourire en coin, à peine audible)

« T’es vraiment quelque chose, toi. »


Puis il disparut dans l’ombre de l’étage, la bouteille serrée contre lui. Ses pas s’éteignirent lentement, ne laissant derrière eux qu’un silence pesant.

Madeleine demeura seule, ses yeux fixés sur le tabouret vide. Ses pensées tourbillonnaient encore, brouillant toute notion du temps. Son corps tremblait faiblement, mais ce n’était plus la peur seule qui la tenait : une chaleur étrange, douloureuse et confuse, s’était insinuée en elle. Elle tenta de comprendre, mais rien ne s’éclaircissait. Elle resta ainsi, perdue, jusqu’à ce qu’une voix familière déchire son brouillard.


Emilly

(sarcastique, depuis l’entrée)

« Hey, je file en club ce soir. Dommage que tu sois pas d’attaque pour ça. »


La voix résonna dans l’air comme venue de très loin. Madeleine cligna des yeux, sursauta légèrement, et mit plusieurs secondes à comprendre qu’elle n’était plus seule.


Madeleine

(perplexe, murmurant)

« Hein ? Quoi ? »


Emilly s’approcha, arqua un sourcil en la voyant si absente. Madeleine, comme tirée d’un rêve, se redressa d’un coup.


Madeleine

(léger sursaut)

« Oh… la sortie. Oui… la sortie. »

Un silence pesant suivit, Emilly l’observant attentivement, croisant les bras. L’air préoccupé de son amie ne lui échappait pas.


Emilly

(inquiète)

« Ça va, toi ? On dirait que t’es pas vraiment là. »


Madeleine battit des cils, forçant un sourire maladroit, comme pour chasser les échos encore brûlants des paroles d’Arsène.


Madeleine

(avec un soupir)

« Oui, ça va. On peut y aller… finalement. »


Les yeux d’Emilly s’arrondirent, surprise par ce brusque revirement. Elle pencha la tête, intriguée, avant de lâcher un sourire en coin.


Emilly 

(avec un sourire en coin) 

« T’es sûre ? Qui êtes vous et qu'avez vous fait de ma Madeleine adorée ? Celle qui n’a pas mis un pied dehors depuis une éternité ? »


Madeleine hocha la tête, le sourire fragile, mais sa voix se fit calme, presque détachée.


Madeleine

« Finalement… je pense que ça me fera du bien. »


Emilly la fixa encore un instant, perplexe, puis haussa les épaules avec un soupir résigné.


Emilly

(enthousiaste)

« Hé bien, si tu le dis ! »


Elle se dirigea vers la réserve, posa ses mains autour de sa bouche et hurla joyeusement :


Emilly

« Marcus ! J’embarque Madeleine pour une soirée de rigolade, et t’as rien à dire qui m’en empêchera ! »


La voix grave et chaleureuse de Marcus résonna aussitôt depuis l’arrière :


Marcus

(hurlant de la réserve)

« Ça marche ! Faites attention à vous ! »


Madeleine, elle, resta une seconde de plus plantée devant le comptoir, le tabouret vide dans son champ de vision. Même en acceptant la sortie, elle savait qu’une part d’elle était restée enchaînée à ces quelques mots qu’Arsène avait laissés derrière lui.


Madeleine, même après avoir accepté la sortie, ne parvenait pas à chasser les mots d’Arsène de son esprit. Sa voix rauque résonnait encore, martelant son crâne comme une confession empoisonnée. Pourtant, alors qu’elle suivait Emilly hors du Dernier Cercle, elle s’efforçait de les enfouir au plus profond d’elle-même. La soirée, se répétait-elle, l’aiderait peut-être à oublier.

Le club vibrait d’une énergie artificielle : néons rouges et violets, musique assourdissante, corps de démons qui se déchaînaient sur la piste. L’air saturé d’alcool et de sueur donnait à l’endroit une atmosphère suffocante. Assises dans un coin plus calme, Madeleine et Emilly observaient le spectacle, leurs verres à la main.

Madeleine, malgré la fatigue, se laissa peu à peu porter par l’ambiance, presque soulagée de se perdre un instant dans ce tumulte coloré. À côté d’elle, Emilly restait droite, l’air plus tendu, son regard scrutant régulièrement la salle avec une vigilance instinctive.


Emilly

(souriante, cherchant à détendre l’atmosphère)

« Ça fait du bien de sortir un peu, non ? Parfois, entre le Cercle et tout le reste, j’oublie qu’il existe des endroits où on peut juste… respirer. »


Madeleine

(hausse les épaules, un peu nerveuse)

« Ouais… c’est pas trop mon truc, les clubs. Mais je comprends. On a tous besoin de relâcher la pression parfois. »


Elle esquissa un sourire, fixant les silhouettes mouvantes sur la piste. Pourtant, son regard restait voilé, comme ailleurs. Emilly, elle, continuait de balayer la salle du regard, incapable de se détacher de l’idée qu’un danger pouvait surgir à tout instant.


Emilly

(taquine, levant son verre)

« Allez, détends-toi ! Promis, personne ne va nous tomber dessus ici… enfin, pas tout de suite. »


Madeleine eut une moue.


Madeleine

« C’est toi qui disais qu’on est en Enfer, Emilly. Y’a toujours un risque. Mais… j’imagine que je peux essayer de m’amuser. »


Elles rirent doucement, le temps d’une gorgée. La conversation glissa vers des anecdotes banales : les clients excentriques du Cercle, les petits tracas du quotidien. Puis, dans un moment de silence, Madeleine baissa les yeux sur son verre. Sa voix s’éleva, plus grave.


Madeleine

(pensive)

« Dis-moi, Emilly… qu’est-ce que tu penses d’Arsène ? »


Le nom claqua comme une gifle. Emilly se figea aussitôt. Ses doigts se crispèrent sur son verre, qu’elle reposa doucement pour éviter de le renverser. Une nervosité tangible s’empara d’elle.


Emilly

(avec une voix basse, presque en chuchotant)

« Arsène ? Le Démon de la Meute ? Tu plaisantes, j'espère. Il me fout la trouille ! Sérieusement, Madeleine... Il est... dangereux. Je ne comprends même pas comment tu arrives à travailler près de lui. »


Madeleine

(hésitante, mais souriante)

« Je sais... Il est intimidant, c’est sûr. Mais je ne pense pas qu’il soit aussi... terrible que tout le monde le dit. »


Emilly

(haussant un sourcil, perplexe)

« Pas si terrible ? Madeleine, il pourrait te tuer sans même y penser ! C'est un tueur, un vrai. Pourquoi tu t'intéresses autant à lui ? »


Madeleine mordilla sa lèvre. Elle hésita, mais finit par se pencher légèrement, sa voix se faisant plus basse, presque intime.


Madeleine

(doucement)

« Parce que… je lui ai parlé, tout à l’heure. Et il m’a semblé différent. Pas juste un tueur, pas seulement une brute. Il y a quelque chose en dessous. »


Emilly arqua un sourcil, incrédule.


Emilly

« Différent ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »


Madeleine

(hésitante)

« Il m’a confié… des choses personnelles. Je crois qu’il cache une grande partie de lui-même derrière cette façade. Je dis pas qu’il est inoffensif, loin de là, mais… il est plus complexe qu’il n’y paraît. »


Un silence. Emilly baissa la tête, ses doigts glissant sur le bord du verre.

Emilly

(troublée)

« Hm… si tu le dis. Mais fais attention, Madeleine. Avec ce genre de gars… tu sais jamais quand ça explose. »


Madeleine hocha la tête, sans rien ajouter. Au fond d’elle, elle restait convaincue qu’Arsène n’était pas seulement le monstre que tout le monde voyait.


Les deux femmes se levèrent pour partir. Le tumulte du club s’évanouit peu à peu derrière elles. Dans la rue sombre, le contraste fut brutal : plus de musique, plus de rires, seulement le silence et l’ombre.

Elles marchaient côte à côte, échangeant encore quelques mots légers, tentant de prolonger la légèreté de la soirée. Mais très vite, quelque chose changea.

Madeleine sentit des regards peser sur elles. Un frisson remonta le long de sa nuque. Emilly s’immobilisa presque en même temps, son instinct confirmant le danger.

Des silhouettes émergèrent de l’ombre, un sourire mauvais étirant leurs visages tordus.Ils étaient une dizaine, titubant, ivres, mais animés d’une agressivité malsaine. Ils se rapprochèrent en cercle, refermant lentement leur piège.


Démon #1

(ricanant)

« Eh bien, qu’est-ce qu’on a là ? Deux jolies dames prêtes à faire la fête ? »


Madeleine et Emilly échangèrent un regard rapide, la gorge déjà nouée. Madeleine prit sur elle et fit un pas en avant, sa voix douce mais ferme.


Madeleine

(doucement, déterminée)

« Non merci, on n’est pas intéressées. On rentre. »


Les silhouettes titubantes s’approchèrent d’un pas, resserrant le cercle autour d’elles. Leur haleine empestait l’alcool, leurs ricanements se faisaient plus menaçants.


Démon #2

(moqueur)

« Allons, allons… On est en Enfer, ici. On fait pas “non merci”. On s’amuse, que ça vous plaise ou non. »


Emilly serra les poings, la panique perlant déjà dans sa voix.


Emilly

(paniquée, cri retenu)

« Je vous conseille de nous laisser tranquilles. »


Démon #3

(ricanant)

« Vous laisser tranquilles ? T’es mignonne. Mais ici, c’est nous qui décidons. »


Madeleine sentit son courage vaciller. Sa gorge se serra, mais elle finit par crier à pleine voix :


Madeleine

(élevant la voix, désespérée)

« À l’aide ! »


Un éclat de rire secoua le groupe, leurs voix moqueuses couvrant ses mots.


Démon #1

(sourire carnassier)

« À l’aide ? Ici ? Personne viendra, ma belle. Vous êtes toutes seules… en Enfer. »


Ils s’approchaient encore, leurs ombres se mêlant, prêtes à se refermer sur elles. Mais alors… un bruit lourd résonna derrière eux.

Les ricanements se turent aussitôt. Lentement, les démons pivotèrent, et leurs visages se figèrent.

Dans l’ombre de la ruelle, Arsène se tenait debout, immobile, son regard glacé fendant la pénombre. Sa silhouette imposante se détachait du noir, son aura oppressante écrasait l’air.


Arsène

(d’un ton menaçant, glacé)

« Vous croyez être en Enfer ? Non… laissez-moi vous rassurer. Vous n’y êtes pas. »


Un silence incrédule s’installa. Certains démons reculèrent d’un pas, déjà troublés par cette présence étouffante.


Arsène

(avançant lentement, sourire sinistre)

« Vous êtes tombés sur mon terrain de chasse. »


Les plus ivres, aveuglés par leur arrogance, se crurent capables de le défier. Le premier serra les poings, avançant vers lui.


Démon #1

(agressif)

« T’es qui pour nous parler comme ça, enfoiré ? Tu veux te battre ? »


Un rire froid, glacial, s’échappa des lèvres d’Arsène. Il claqua des doigts. Aussitôt, l’ombre derrière lui se mit à bouger, comme une mer noire en ébullition. Des silhouettes surgirent, griffues, bestiales : les limiers d’ombre. Leurs grognements rauques emplirent la ruelle, leurs crocs étincelèrent dans l’obscurité.

Le sourire d’Arsène s’élargit, carnassier. Ses créatures s’avancèrent, encerclant les agresseurs à leur tour. L’arrogance des démons se changea en terreur pure.


Démon #2

(terrifié, reculant)

« Oh merde ! Le… le Démon de la Meute ! C’est lui ! »


Le groupe se décomposa aussitôt. Certains tentèrent de fuir, mais Arsène leva une main, arrêtant d’un geste ses limiers qui claquèrent des crocs dans le vide, impatients.


Arsène

(calme, implacable)

« Fuyez, si vous voulez. Mais si je recroise vos gueules, je vous arracherai les âmes une par une. »


Ils n’attendirent pas davantage. Tous s’éparpillèrent, fuyant dans les ruelles sombres comme des rats. Les limiers disparurent aussitôt, se dissolvant dans l’ombre à un simple mouvement de la main d’Arsène.

Madeleine et Emilly restèrent figées, le souffle court, encore secouées par ce qu’elles venaient de vivre. Arsène les observa un instant, indifférent.


Arsène

(froid, moqueur)

« Faut vraiment faire attention où vous traînez. L’Enfer, c’est pas un endroit pour deux petites démones. »


Madeleine, encore tremblante, osa faire un pas en avant.


Madeleine

(voix fragile, mais sincère)

« Merci… Arsène. »


Il planta son regard dans le sien. Longtemps, trop longtemps. Puis il soupira et secoua la tête.


Arsène

(sourire en coin)

« T’es vraiment quelque chose, toi. Toujours à te foutre dans la merde ? »


Sans attendre de réponse, il tourna les talons. Sa silhouette se perdit dans l’obscurité, une bouteille de whisky luisant faiblement dans sa main.

Emilly rompit enfin le silence, la voix encore tremblante.


Emilly

(abasourdie, chuchotant)

« Comment tu fais pour pas être morte de trouille ? C’est… un monstre. »


Madeleine, fixant encore la direction où il avait disparu, esquissa un sourire mélancolique.


Madeleine

« Peut-être… Mais je crois qu’il est plus que ça. »


Arsène tourna lentement la tête vers elles. Ses yeux glacials s’adoucirent à peine, mais son visage demeura impassible. Après un bref silence, il se détourna et s’engagea dans la ruelle sombre.


Arsène

(indifférent)

« Allez. Je vous raccompagne. »


Madeleine et Emilly échangèrent un regard surpris, puis, sans discuter, lui emboîtèrent le pas. Le silence était pesant, rythmé seulement par les bruits lointains du club qui s’éteignaient derrière eux. Les pas d’Arsène résonnaient sur les pavés, lourds, implacables.

Après quelques minutes, ce fut Emilly qui, mal à l’aise, osa rompre la chape de silence.


Emilly

(hésitante, curieuse)

« Comment… comment tu nous as retrouvées ? »


Arsène ne répondit pas immédiatement. Ses épaules voûtées semblaient porter une fatigue invisible. Sa voix finit par tomber, rauque.


Arsène

« Je suis sorti prendre l’air. J’ai senti votre odeur. »


Emilly fronça légèrement les sourcils, surprise, et jeta un coup d’œil à Madeleine. Cette dernière resta silencieuse, mais son esprit bouillonnait.


Emilly

(intriguée)

« Et pourquoi tu nous as aidées ? »


Arsène ne ralentit pas, ses mains profondément enfoncées dans ses poches. Sa réponse claqua sèchement, sans chaleur.


Arsène

(sec, indifférent)

« Claris m’aurait reproché de ne pas intervenir. »


Madeleine serra les lèvres. Cette justification sonnait faux, et son cœur le lui criait. Elle inspira doucement, osa murmurer :


Madeleine

(douce, hésitante)

« C’est vraiment… juste pour ça ? »


Un silence s’abattit à nouveau. Arsène ne répondit pas. Son visage fermé trahissait un refus net de s’exposer davantage. Ils poursuivirent leur marche, prisonniers de ce mutisme pesant, jusqu’à atteindre les portes du Dernier Cercle.

À l’intérieur, la salle baignait dans une lumière tamisée. Le calme contrastait brutalement avec la tension de la soirée. Emilly soupira, lasse.


Emilly

(fatiguée)

« Je monte. Cette soirée a été… assez longue. Bonne nuit. »


Elle lança un dernier regard méfiant à Arsène avant de disparaître à l’étage. Madeleine et lui restèrent seuls, enveloppés par le silence.

Arsène s’avança vers le bar, l’air épuisé. Madeleine, le cœur battant, rassembla son courage.


Madeleine

(doucement, sincère)

« Je voulais… vraiment te remercier. Sans toi, je ne sais pas comment...»


Il l’interrompit, cette fois sans colère, mais d’une voix froide qui tombait comme une lame.


Arsène

(sec, calme)

« Je vais me coucher. »


Madeleine cligna des yeux, déstabilisée. Elle le vit se détourner, prêt à monter les escaliers. Dans un élan qu’elle ne maîtrisa pas, elle attrapa doucement sa main.


Madeleine

(voix insistante, presque suppliante)

« Merci. Vraiment. »


Arsène la fixa un instant. Ses yeux se posèrent sur leurs mains jointes, puis sur elle. Son expression ne changea pas, mais une ombre de trouble passa dans son regard.


Arsène

(calme, distant)

« Me remercie pas ! »


Il retira doucement sa main, évitant tout contact prolongé. Puis, sans un mot de plus, il se détourna et monta lentement les escaliers. Ses pas lourds résonnèrent longtemps dans la salle vide, jusqu’à disparaître à l’étage.

Madeleine resta seule, figée au milieu de la pièce. Son regard s’attarda sur les marches qu’il venait de gravir, son esprit tourbillonnant. Arsène restait une énigme : froid, brutal, insaisissable… mais derrière son masque, il y avait autre chose. Elle le savait désormais.

Un long soupir lui échappa. Elle s’assit au bar, songeuse, et comprit qu’elle ne trouverait pas le sommeil de sitôt.

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