Hellish Story (Tome 1)
H-1h avant l'extermination.
La chambre est plongée dans une lumière laiteuse, comme si même le ciel hésitait à se lever. Le monde semble suspendu dans un calme artificiel, trop silencieux pour être rassurant.
Lucifer ouvrit les yeux en premier. Il était encore allongé contre Alastor, lové dans ses bras, leurs corps nus mêlés sous les draps défaits. Il resta ainsi un moment, à écouter le souffle paisible d'Alastor, la joue contre sa clavicule, les paupières closes. Il savait ce que cette journée signifiait. Tout le monde le savait. Le ciel avait été trop tranquille ces derniers jours. Trop clair. Trop haut.
Il inspira profondément, puis murmura :
-Ça va être l'heure...
Alastor ouvrit les yeux à son tour, lentement. Son regard mit quelques secondes à se fixer, puis il se posa sur lui. Il ne dit rien tout de suite. Il passa simplement sa main dans les cheveux de Lucifer, les replaçant avec une douceur absurde, presque irréelle face à ce qui les attendait.
-Tu crois qu'on a une chance ? demanda Lucifer, presque en chuchotant.
-Je ne crois plus au hasard, répondit Alastor. Mais je crois en toi. Comme tout le monde ici.
Lucifer le regarda longuement, puis posa sa main sur son torse. Le cœur d'Alastor battait fort. Comme le sien. Comme tous les cœurs en Enfer.
Ils se levèrent lentement. S'habillèrent en silence. Lucifer noua sa cravate d'un geste tremblant. Alastor boutonna sa chemise sans y prêter attention. Ce matin-là, même les gestes les plus simples semblaient porter un poids immense.
Quand ils sortirent dans le couloir, l'hôtel était anormalement calme. Personne ne riait. Personne ne se plaignait. Charlie les attendait au rez-de-chaussée, les mains crispées autour d'un talkie-walkie. Elle leva les yeux vers eux, et sa gorge se serra.
-Ils sont en route, dit-elle simplement.
Alastor hocha la tête. Lucifer sentit un frisson glacé lui traverser l'échine.
H-45m avant l'extermination.
Le portail de flammes s'ouvrit sur le hall glacé du palais.
Le silence régnait, pesant, presque sacré. Pas un murmure. Pas un écho. Seule la lumière vacillante des torches accrochées au mur éclairait les vastes couloirs d'or terni.
Lucifer marchait droit devant, sans dire un mot. Alastor le suivait de près, silencieux lui aussi, comme s'il sentait que ce moment n'appartenait à aucun d'eux deux. Ils descendirent un escalier en colimaçon, passèrent une arche gravée d'anciens symboles angéliques, et s'arrêtèrent devant une lourde porte noire marquée d'un sceau d'énergie lumineuse.
Lucifer leva la main. Le sceau se dissipa aussitôt dans une vibration douce et puissante, comme un murmure de prière oublié.
Ils entrèrent.
La pièce était vide, à l'exception d'un piédestal de marbre blanc, au centre, baigné dans une lumière pure qui ne semblait venir d'aucune source visible. Sur le piédestal reposait une épée splendide, enfermée dans une bulle de lumière magique. Son manche était en or finement ciselé, orné de gemmes célestes. Sa lame, en argent presque liquide, semblait émettre une respiration douce et lente.
Alastor s'avança d'un pas, les yeux écarquillés.
-C'est...
-Ne la touche surtout pas. La voix de Lucifer claqua, calme mais catégorique.
Alastor s'immobilisa net. Lucifer s'approcha à son tour, le regard fixé sur l'arme.
-Cette épée... contient trop de puissance pour un seul démon. Même toi.
Il tendit la main. La magie qui entourait l'arme frissonna. L'aura protectrice hésita... puis céda dans un souffle de lumière blanche.
Lucifer saisit lentement le manche de l'épée.
La lame s'enflamma aussitôt, de haut en bas, dans une danse de feu sacré. Une lumière dorée, presque solaire, entoura l'arme tout entière.
Lucifer ouvrit la bouche, stupéfait.
-Elle fonctionne encore sur moi... Même après toutes ces années.
-C'est bien alors, non ? murmura Alastor, impressionné.
Lucifer resta un moment sans répondre, la main crispée sur le manche, les yeux perdus dans les flammes.
-Cette épée est censée réagir uniquement en cas de danger... ou quand son porteur éprouve des émotions trop intenses. Et je...
Il s'interrompit, puis soupira, un sourire presque triste aux lèvres.
-Elle me reconnaît encore.
Il tourna légèrement la lame, observant les reflets mouvants de la lumière dans le métal en feu.
-C'est l'Épée de la Lumière. Forgée par Dieu lui-même. Elle appartenait autrefois à Michaël. Mon jumeau.
Alastor écarquilla les yeux.
-C'est cette épée-là ? Celle dans les livres d'histoire du Paradis ?
-Oui.
Il la fit tournoyer lentement. La flamme suivait ses mouvements comme un voile de soleil.
-Il me l'a donnée juste avant la rébellion. Quand je suis descendu avec Lilith. Je ne l'avais pas touchée depuis. Et elle peut... transpercer n'importe quelle âme. Même divine. C'est pas la seule épée dans ce cas, il y a aussi l'Épée de la mort. Mais elle appartient à Azraël, mon aîné.
Un silence respectueux s'installa. Alastor déglutit, puis déclara dans un souffle :
-Alors on a une chance avec ça. Elle jouera en notre faveur.
Lucifer ne répondit pas. Il déposa l'arme sur son dos, dans un étui scellé qui s'y attacha comme par magie.
Puis il se tourna vers Alastor.
-Et toi, tu ne pars pas les mains vides.
Il sortit de sa veste un revolver blanc aux reflets dorés et rouges, d'apparence sobre, mais chargé d'une aura presque tangible. Un pistolet angélique, finement gravé, qui semblait prêt à déchaîner un cataclysme à chaque tir.
-C'est le mien. Personnel. Angélique pur. Il n'a pas besoin d'être rechargé. Il tire ce que je ressens.
Il le tendit à Alastor.
Ce dernier hésita. Puis saisit l'arme, la tenant entre ses doigts avec un respect inhabituel.
-Merci, dit-il simplement.
Lucifer le regarda, puis esquissa un sourire en coin.
-Je te préviens... il est capricieux. Il tire mieux quand t'as le cœur qui bat pour quelque chose.
Alastor leva les yeux vers lui, amusé malgré lui.
-Ça tombe bien. Mon cœur est un foutoir en ce moment.
Lucifer rit doucement, nerveusement. Un instant suspendu avant la tempête.
Un bourdonnement léger, presque inaudible, vibra dans les murs du palais.
Puis un hurlement strident fendit l'air.
L'alerte.
Le cri d'un cor angélique, magique, ancien. Un son d'extermination que plus aucun démon n'avait entendu depuis des millénaires. Il résonna dans toutes les rues, tous les hôtels, toutes les consciences.
Lucifer ferma les yeux.
Le signal venait de la barrière entre les mondes. Le portail céleste s'ouvrait. Ils avaient dix minutes.
Il rangea l'épée de la Lumière dans son dos, ajusta ses manches, puis se retourna vers Alastor, son regard redevenu tranchant, presque froid.
-On y va. C'est l'heure.
Alastor hocha simplement la tête, revolver bien en main. Il le sentit vibrer un instant dans sa paume. Comme s'il comprenait ce qui allait venir.
Ils sortirent de la salle sans un mot.
Le long couloir du palais semblait plus sombre, plus étroit. Chaque pas résonnait comme un compte à rebours. Quand ils émergèrent à l'air libre, le ciel était rouge. Littéralement. Une alerte magique avait teinté l'atmosphère d'une teinte sanglante.
Au loin, sur les hauteurs, le mur entre l'Enfer et le Ciel frémissait. Une ligne verticale d'or pur s'était dessinée dans le ciel, immense, majestueuse, insoutenable. Elle pulsait, comme un battement de cœur. Le portail.
Des éclairs jaillissaient tout autour, des lignes d'énergie divine. Le sol tremblait par moments. Les cieux s'ouvraient. Les anges descendaient.
Lucifer ouvrit un autre portail, juste devant eux. Celui-ci les mènerait directement sur le champ de bataille, à la frontière du district de l'hôtel Hazbin. Là où les premiers contacts se feraient. Où Charlie, Vaggie, Husk, Niffty, et tous les autres attendaient. Armés. Terrifiés. Mais déterminés à mettre fin à cette guerre contre le Paradis.
Il se tourna une dernière fois vers Alastor.
-Tu te souviens de ce qu'on a dit ? Pas de pitié. Pas d'hésitation. On reste tous les deux, on se protège mutuellement. Et on ne prend surtout pas de risques inutiles.
Alastor sourit, le revolver en main.
-Je suis plus prêt que jamais.
Lucifer hocha la tête. Il leva les yeux vers le ciel, un rictus aux lèvres, mais un éclat étrange dans le regard. Quelque chose entre la peur et le soulagement.
-Alors allons les accueillir.
Et il franchit le portail.
Alastor le suivit sans un mot.
Quand ils arrivèrent sur le champ de bataille, tout était déjà prêt. Les bâtiments autour avaient été évacués, les dômes de protection levés, et les troupes démoniaques rassemblées. Charlie, Vaggie, Husk, Niffty, Angel... tous étaient là, armés, concentrés, silencieux. Une atmosphère électrique flottait dans l'air. On pouvait presque sentir le souffle de la guerre.
Au-dessus d'eux, la déchirure céleste s'agrandissait. Le portail vibrait, puis vomit les premières légions.
Des exorcistes. Des centaines. Plus grands, plus blindés, plus rapides qu'avant.
Mais les démons avaient appris. Depuis toutes ces années, ils s'étaient entraînés, renforcés, unifiés. L'Hôtel avait changé les choses. L'espoir avait laissé sa marque.
Lucifer s'avança de quelques pas, épée dans le dos, et lança à voix haute :
-On n'a plus rien à prouver. Ils pensent encore qu'on est faibles. Qu'on mérite de disparaître. Montrez-leur qu'on est vivants, et qu'on n'a pas peur de brûler.
Les démons hurlèrent en réponse. Puis le choc.
La bataille éclata.
Les exorcistes fondirent comme des météores. Des rayons lumineux traversaient les rues. Le sol se fissurait. Lucifer fendait les rangs avec son épée, chaque coup dégageant une onde de choc. Alastor tirait à bout portant, précis, rapide, presque cruel. Charlie menait un petit groupe avec Vaggie à ses côtés, leurs styles parfaitement complémentaires.
Une heure.
Deux heures.
Trois heures.
Toujours des vagues. Toujours des exorcistes. Ils tombaient, mais revenaient sans cesse. Trop nombreux. Comme si quelque chose clochait.
Lucifer échangea un regard rapide avec Alastor, essoufflé, une trace de sang angélique sur la joue.
-C'est pas normal... souffla-t-il. Ils sont trop nombreux.
-Tu crois que c'est une diversion ? murmura Alastor.
Lucifer acquiesça. Un mauvais frisson lui parcourut l'échine.
Et puis... Une lumière. Violente. Absolue. Aveuglante.
Quelque chose transperça le ciel.
Et il descendit.
Azraël.
L'ange de la mort. Le véritable bras armé de Dieu. Celui qu'on envoyait quand l'annihilation devait être totale. Il ne venait pas aux exterminations. Jamais. Il n'avait aucune raison d'être là.
À sa vue, le silence tomba.
Même les exorcistes reculèrent.
Lucifer resta figé, une main tremblante sur le manche de son épée. Il ne le regardait pas comme un ennemi. Mais comme un frère d'un autre temps.
-Azraël...
L'ange toucha le sol, ailes repliées, silhouette parfaite. Il portait une armure blanche sertie d'or, et dans son dos, une faux démesurée. Elle semblait vibrer d'une magie divine insoutenable. Son regard se posa directement sur Lucifer.
-Toi, dit-il simplement. C'est toi que je veux. J'ai assez joué aux gentils.
Lucifer s'interposa, plantant son épée au sol.
-Tu n'as rien à faire ici. C'est une extermination. Pas un assassinat ciblé.
Azraël inclina la tête, presque amusé.
-Tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas une extermination. Pas cette fois. C'est la dernière guerre que tu mèneras.
Et il fondit sur lui.
Lucifer para le coup de justesse. Le choc entre l'épée de la Lumière et celle de la Mort d'Azraël provoqua une onde de choc gigantesque qui pulvérisa une partie du sol.
Le combat fut d'une violence inouïe.
Lucifer enchaînait les coups avec une rage froide. Azraël répondait avec une maîtrise implacable. Chacun semblait prévoir l'autre. Ils se connaissaient trop bien.
Alastor tenta d'intervenir. Il tira sur Azraël, mais la balle fut tranchée en plein vol.
-C'est entre lui et moi, démon. Ne te mets pas en travers de mon chemin, ou c'est qui en souffrira.
Lucifer hurla :
-NE T'APPROCHE PAS !!!
Azraël, rapide comme l'éclair, blessa Lucifer à l'épaule. Son épée perdit un instant sa lumière. Mais Alastor surgit dans son dos, planta son revolver magique contre l'aile droite de l'ange, et tira.
Un cri strident. Azraël vacilla, recula de quelques pas. Du sang d'or coula de son aile blessée.
Lucifer se releva, haletant. Son regard croisa celui d'Alastor.
-Merci...
Alastor sourit, malgré le sang au coin de ses lèvres.
-T'avais promis qu'on affronterait la fin ensemble.
Lucifer reprit son épée. Elle se ralluma. Plus vive. Plus chaude. Comme si la présence d'Alastor ravivait sa foi.
Il se remit en garde.
-Finissons-en, Azraël.
Et l'affrontement final reprit.
Lucifer, soutenu par Alastor, affrontait Azraël avec une fureur presque divine. Chaque coup d'épée faisait trembler l'air, chaque impact creusait le sol. Azraël, pourtant blessé à l'aile, tenait bon. Trop bon. Son regard ne quittait pas Lucifer, brûlant d'un feu ancien, injuste, personnel.
Et soudain, une autre lumière traversa le champ de bataille.
Un éclair d'or et de feu.
Michaël.
L'Archange descendit du ciel comme une comète, ailes largement déployées, son armure fumant encore de sa rupture avec les Cieux.
Lucifer cligna des yeux, incrédule.
-Michaël ?
L'Archange se plaça à ses côtés, brandissant sa propre lame divine.
-J'ai promis de ne plus te laisser seul, murmura-t-il. Pas cette fois.
Lucifer serra les dents. Il n'avait pas le temps d'être ému.
Azraël les regarda, impassible.
-Deux jumeaux pour le prix d'un. Père aurait dû s'en réjouir. Il a très bien fait de me nommer chef à la place d'Adam de cette guerre.
Puis il attaqua.
Ce fut un déferlement.
Azraël tournoyait comme un cyclone, son épée fendant l'air, ciblant Michaël d'abord — peut-être parce qu'il était plus stable. Il parvint à le blesser à l'abdomen, profondément. Michaël recula, haletant, sa lumière vacillante.
Lucifer vacilla aussi.
Une onde de douleur traversa son être. Leur lien. Leur âme commune. Il ressentait chaque affliction, chaque peur, chaque émotion de Michaël. Et ça le désarma.
Azraël le sentit. Il fondit sur Lucifer, profitant de cette faille.
Un coup d'une violence implacable s'abattit.
Lucifer para, mais pas entièrement. L'épée de la mort lui tailla le flanc, transperçant ses côtes, le projetant au sol. Son épée lui échappa. Mais heureusement, son âme n'avait pas été touchée.
Il haleta. Du sang à la bouche. Sa vision se brouillait.
-Lucifer ! cria Alastor.
Trop tard.
Azraël se dressait au-dessus de lui, silhouette blanche et terrible, son épée levée.
-Tu n'étais qu'un caprice de notre père. Moi, j'étais le fils loyal. Celui qu'il aurait dû aimer. Pourquoi ça a dû être toi le préféré... Un tel gâchis.
Lucifer ne répondit pas. Il n'en avait plus la force. Il n'avait même plus peur. Il attendit juste... la fin. Le coup final. Il ne voulait pas mourir, mais c'était la seule solution pour arrêter cette guerre sans merci.
Mais cette fin ne vint pas.
Un bruit. Un choc. Un cri.
Quelque chose — non, quelqu'un — venait de se jeter entre eux.
Un éclair rouge. Une silhouette familière. Un manteau déchiré. Une main tremblante tenant une épée divine volée dans la poussière.
-ALASTOR !
L'arme d'Azraël venait de transpercer le flanc du démon. En plein abdomen. Mais malgré cela, malgré l'impact fatal, Alastor avait réuni assez de force, de volonté, de rage — d'amour — pour enfoncer l'épée de Lucifer droit dans la poitrine d'Azraël.
Un râle.
Une lumière éclata.
L'épée toucha son âme.
Et dans le même instant, Gabriel, son frère jumeau céleste, hurla depuis le ciel, puis se désintégra en poussière d'or.
Azraël, enfin, s'effondra.
Mort.
Mais Alastor aussi.
Ses jambes cédèrent sous lui. Son corps retomba lourdement au sol, son regard déjà vide, déjà loin. Le sang coulait, lent, profond, irréversible.
-NON !
Lucifer se traîna jusqu'à lui, rampant malgré la douleur. Il tomba à genoux, les mains tremblantes.
-Non... non, non, non... Alastor ! Mais... mais bon sang... laisse-moi t'aider ! Laisse-moi te soigner ! cria-t-il, ses larmes brûlantes coulant en cascade sur ses joues de porcelaine.
Michaël s'approcha à son tour, vacillant, la main pressée contre sa propre blessure. Son visage était grave. Silencieux.
-Lucifer... C'était la lame divine de la Mort... Elle a transpercé son âme. C'est trop tard... Il souffrira davantage si tu insistes. On ne peut pas réparer les choses...
Lucifer ne répondit pas. Il avait entendu.
Mais il refusait de comprendre.
Il appuya ses mains sur la plaie d'Alastor, comme si la magie, l'amour ou la rage pouvaient suffire à recoller l'irréparable. Mais rien ne marcha. Le sang coulait, rouge, inarrêtable, peignant le sol en silence. Une flaque d'adieu.
Alastor ouvrit les yeux.
Faiblement. Très faiblement.
Alors Lucifer murmura entre des sanglots :
-Al... C'est de ma faute... Je t'en prie, ne meurt pas... J'y arriverai pas sans toi.
Alastor ne pouvait plus parler. Mais ses doigts bougèrent. Il effleura la joue de Lucifer, y essuya une larme du bout de son gant, tremblant.
-Non... N'abandonne pas... Je t'en supplie, pria l'ange déchu.
Lucifer agrippa cette main. La serra. L'écrasa presque contre lui.
-Ne me laisse pas. Pas toi. Pas maintenant... J'ai besoin de toi.
Et Alastor souffla dans un grognement de douleur :
-Ça va aller... Ne pleure pas... Tout ira bien...
Lucifer a du sang partout. Sur ses mains, sur son corps, sur son visage. Du sang à lui, et celui d'Alastor.
Il ne veut pas lui dire adieu. Il a toujours l'espoir qu'un miracle arrive dans la seconde.
Mais Alastor s'éteignit.
Un dernier soupir.
Une lumière dans les yeux qui vacille.
Et plus rien.
Le hurlement de Lucifer déchira les cieux.
Un cri animal. Un cri d'amour. Un cri de rage. De perte. De fin du monde.
Michaël détourna le regard. Même lui, l'Archange loyal, l'avait senti. La morsure. L'injustice.
Le roi était tombé.
Et l'amour avec lui.