Sexy Dance (Tome 1)

Chapitre 6 : Un appel au secours suffit

3788 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/08/2025 12:51



Scène 54 - "Tu peux me laisser seule avec lui ?"


Le matin se leva sur une maison encore endormie.

Alastor ouvrit la porte de chez lui avec prudence. Il avait pris la moto en roulant lentement, avec Lucifer accroché dans son dos, silencieux.


Louise les attendait déjà dans la cuisine.

Habillée simplement, les cheveux relevés, elle tenait une tasse de café à la main. Son regard se leva dès qu'elle vit le visage de Lucifer, ses yeux fatigués, ses gestes lents, la manche tirée trop bas sur son poignet.


Elle ne posa pas de question.

Pas tout de suite.


- « Bonjour, vous deux. » dit-elle d'une voix douce.


Lucifer ne parla pas. Il serra un peu plus la sangle de son sac sur son épaule.


Alastor, nerveux, s'approcha de sa mère.


- « M'man... il a besoin de soin. Pas à l'hôpital. Mais maintenant. »


Louise s'approcha lentement de Lucifer.

Elle le regarda dans les yeux. Pas un mot sur son état. Juste un regard humain, sans jugement.


Puis, calmement :


- « Tu peux me montrer ? »


Lucifer hésita. Longtemps.

Mais il hocha la tête.


- « Monte avec moi. Je vais chercher la trousse. »


Elle se tourna ensuite vers son fils.


- « Alastor. Va jouer avec ta sœur dans le jardin. Et reste là-bas pendant un moment. »


Il fronça les sourcils.


- « Mais... »


- « Ce n'est pas négociable. Il a besoin d'espace pour respirer. Et moi de calme pour m'occuper de lui. »


Alastor soupira, mais obéit. Il lança un dernier regard vers Lucifer, qui évitait toujours les yeux.


- « Je reviens. »


Il sortit, les épaules tendues, la gorge serrée.


Louise guida doucement Lucifer dans la salle de bain.

Elle posa la trousse sur le bord du lavabo. Puis elle lui montra une serviette propre.


- « Tu peux enlever ce que tu veux. Il n'y a pas de malaise ici. Je suis là pour que tu ailles mieux, pas pour juger. »


Lucifer resta figé un moment.

Puis lentement... il releva sa manche.

Puis la deuxième.


Et il montra.


Les marques. Les cicatrices. Les plaies plus récentes.


Louise ne broncha pas. Elle se contenta de souffler :


- « Merci de me faire confiance. »


Elle ouvrit la trousse, et commença à nettoyer ses bras avec une douceur presque irréelle.


Lucifer ne pleura pas.

Mais il respira enfin.


Un peu.


Scène 55 - "Tu joues pas aujourd'hui ?"


Le soleil était doux sur les pavés du jardin.

Les rosiers tremblaient doucement dans le vent.


Isabelle tapait dans son ballon avec énergie, ses boucles brunes flottant autour de son visage.

Elle courait partout. À gauche. À droite.

Et dès qu'elle vit son frère sortir sur le pas de la porte, les mains dans les poches, elle s'écria :


- « ALASTOOOOR ! Viens jouer ! »


Il ne répondit pas. Il marcha lentement vers elle, le visage fermé, les sourcils froncés.

Les yeux ailleurs.


Elle leva les yeux vers lui en coin.


- « Tu joues pas aujourd'hui ? »


Il secoua la tête, s'accroupit contre le mur du jardin et regarda ses pieds.


Isabelle arrêta le ballon d'un coup de pied et vint s'asseoir en face de lui, très sérieuse.


- « Pourquoi t'es bizarre ? »


- « Je suis pas bizarre. »


- « Si. T'es jamais comme ça. Et cette nuit... »

Elle le fixa.

- « T'as pris la moto en plein milieu de la nuit. Tu sais que tu m'as réveillée ? »


Alastor grimaça.


- « C'était urgent. »


- « C'était pour Lucifer, hein ? »


Il tourna la tête vers elle.


Elle croisa les bras.


- « Tu l'aimes bien. »


Alastor leva les yeux au ciel.


- « Tu vas recommencer, toi... »


Mais Isabelle ne lâcha pas.


- « Il est triste, ton copain. Moi je l'aime bien. Il a l'air gentil. Mais il a un regard de petit chaton abandonné. »


Alastor serra les poings.

Il n'avait rien dit, mais ces mots lui firent mal.


- « Il est pas juste triste, Isa. Il est... il est en miettes. »


Sa voix trembla, juste une seconde.


Isabelle pencha la tête.


- « Tu veux le réparer, c'est ça ? »


Alastor sourit tristement.


- « On répare pas quelqu'un. On est juste là. C'est tout. »


Elle hocha la tête, posant doucement sa main sur la sienne.


- « Alors reste là. Et moi je reste avec toi. »


Alastor inspira lentement.


Et dans son cœur serré, un peu d'air revint.


Le ballon roulait lentement vers les buissons.

Mais Isabelle l'avait oublié.


Elle était là, assise sur l'herbe, les yeux rivés sur son frère.


Alastor s'était tu. Il fixait un point invisible devant lui, comme s'il avait peur de dire ce qu'il avait sur le cœur.


Et puis, d'un geste hésitant, il ouvrit un bras.


- « Viens là... »


Isabelle ne se fit pas prier.

Elle s'approcha doucement et vint se blottir dans ses bras, son front contre sa clavicule.


Alastor l'enlaça avec tendresse. Il inspira son odeur, sa chaleur.

Cette petite sœur, c'était tout ce qu'il avait de plus pur au monde.


Sa voix était un murmure :


- « Tu sais, mon ange... Lucifer a des problèmes. Avec... avec son père. »


Elle ne bougea pas.


Il continua, le regard un peu vide, mais la voix ferme :


- « Il se sent seul. Et perdu. Et je peux pas... je peux pas le laisser comme ça. Je veux le protéger, tu comprends ? J'ai besoin de faire ça. »


Il marqua une pause. Ses bras se resserrèrent autour d'elle.


- « Je veux pas qu'il lui arrive la même chose qui m'est arrivé avec papa. »


Isabelle releva doucement la tête. Son regard était grave.


- « T'avais mal, toi aussi ? »


Alastor hocha la tête, sans un mot.


- « Très mal. Mais toi, tu m'as aidé à guérir. T'étais là. T'as toujours été là. »


Il posa un baiser dans ses cheveux.


Puis, doucement :


- « J'essaie de faire en sorte qu'il aille mieux, avec maman. D'accord ? »


Elle hocha la tête contre lui.


- « Tu peux essayer de faire pareil pour moi ? Tu peux essayer de l'aider à aller mieux ? »


Isabelle releva la tête.

Elle avait un petit sourire tout doux, mais les yeux humides.


- « Promis. Je vais être gentille avec lui. Je vais lui raconter des blagues et lui faire des gâteaux. »


Alastor rit doucement, le cœur enfin un peu plus léger.


- « Il aimera ça. »


Et ensemble, ils restèrent là, quelques minutes encore.

Frère et sœur.

Dans le calme.

Dans la tendresse.

Dans ce que ni Lucifer ni Alastor n'avaient vraiment eu chez eux : une famille qui serre fort, qui rassure, et qui ne juge pas.


Scène 56 - "T'as vu cette vidéo ?"


Le salon était silencieux.

La lumière de l'après-midi passait à travers les rideaux beiges. Tout était paisible dans la maison, pour une fois.


Lucifer était lové contre Alastor sur le canapé, une couverture légère sur leurs jambes. Sa tête reposait contre son épaule, ses cheveux blonds légèrement en désordre.

Alastor tenait son téléphone d'une main, faisant défiler les vidéos TikTok.


Une voix mécanique jaillit du haut-parleur :


- « Quand tu marches dans la salle de bain et que t'as pas vu le carrelage mouillé... »


BAM.

Un mec se prend une porte en pleine tête.


Lucifer éclata de rire, un petit gloussement étouffé contre Alastor.


- « Pourquoi c'est aussi con... » murmura-t-il en riant.


- « Parce que t'as l'humour le plus bas du monde. » répondit Alastor avec un sourire moqueur.


- « J'avoue... »

Lucifer le regarda, les yeux brillants d'une fatigue douce.

- « T'as vu comme t'as rigolé, toi aussi. »


- « J'ai pas ri. J'ai juste... soufflé. »


- « Menteur. »


Ils se regardèrent un instant.

Lucifer tendit la main, et glissa ses doigts dans les cheveux bouclés d'Alastor, comme pour les remettre en place. Mais sa main s'attarda, et leurs regards ne se quittèrent plus.


Lentement, sans bruit, leurs visages se rapprochèrent.

Et leurs lèvres se frôlèrent. Puis se joignirent.


Un baiser doux. Lent.

Pas affamé, pas désespéré. Juste... calme.

Lucifer soupira doucement contre sa bouche, comme si le poids de la journée s'envolait.


Quand ils se séparèrent, Lucifer ferma les yeux. Sa respiration ralentit.

Ses doigts glissèrent le long du bras d'Alastor...

Et il s'endormit.


Alastor resta là, sans bouger. Il garda le téléphone allumé, le son au minimum, et regarda les vidéos suivantes sans vraiment les voir.

Mais il souriait. Vraiment.


Quelques mètres plus loin, accoudée à l'embrasure de la porte du salon, Louise les observait discrètement.

Bras croisés, sourcil levé. Un sourire amusé aux lèvres.


- « Hm. Je suppose que les "devoirs" avancent bien. » murmura-t-elle pour elle-même, avant de repartir en cuisine.


Scène 57 - "Tu mérites rien, Alastor."


Silence...

Puis le bruit d'une bouteille qui roule au sol.


Alastor a 14 ans.

Il est debout dans la cuisine, le visage dur, tendu. Trop calme pour un enfant.

Les poings serrés au bord du plan de travail.


Son père titube à quelques mètres de là. Il pue la bière, la sueur et la haine.


- « Tu veux jouer au plus malin, hein ? Tu crois que t'es un homme ? »


Pas de réponse.


- « Tu touches à MES affaires ?! T'as fouillé mes papiers ?! »


Toujours pas un mot.


- « Réponds BORDEL ! »


Et d'un coup, le poing claque.

Un direct dans la mâchoire.


Alastor recule sous l'impact, trébuche. Il ne tombe pas encore.


Il lève à peine les yeux. Son regard ne tremble pas.

Mais son visage rougit. Sa lèvre saigne.


- « C'est ça, ferme ta gueule. Comme ta mère. »


Il n'a pas le temps de répondre.

BAM.

Un coup dans l'abdomen. Un vrai. Viscéral.


Il s'effondre à genoux, les bras en croix contre le carrelage.


Sa mère surgit de l'ombre du couloir.


- « Non ! Arrête ! Je t'en supplie ! »

Elle court vers eux.


Mais son père l'attrape au passage.

Il l'écrase contre le mur, la main contre sa gorge.


- « Ferme-la. Bouge encore une fois et j'te brise la colonne. »


Elle glisse au sol, tremblante.

Elle sait. Elle ne peut rien faire.


Alastor tousse, du sang dans la bouche.

Il essaie de se redresser.

Son corps vacille.


- « Tu crois que t'es fort ? Tu vaux RIEN. »

Le père lève sa ceinture.


CRAAACK.

Le cuir siffle dans l'air.

La boucle de métal frappe la tempe.


Un bruit sourd.

Alastor s'écrase au sol.

Son crâne cogne contre la plinthe.


Il ne bouge plus.

Ses bras sont repliés sous lui, tordus.

Du sang coule lentement de son arcade, de sa bouche.


Silence.


- « ...Al ? »


La mère s'avance en rampant. Sa voix tremble.


- « ALASTOR ?! »


Mais il ne répond pas.


Ses paupières sont closes. Son souffle est irrégulier.

Puis... rien.

Plus un son.

Il a perdu connaissance.

Complètement.


- « Oh mon Dieu... »


Elle pleure, le prend dans ses bras, le serre fort contre elle.

Mais elle n'appelle pas les secours. Elle n'ose pas.


Elle reste juste là.

Au sol.

Avec son fils inerte.

Et l'homme qu'elle a épousé, qui finit par s'écrouler sur le canapé, comme si rien ne s'était passé.


Retour au présent...


Alastor se redresse en sursaut, comme aspiré hors du gouffre.


Son cœur cogne dans sa poitrine. Il halète. Son t-shirt est trempé.

Il met plusieurs secondes à comprendre où il est.


Le salon.

La couverture.

Lucifer, toujours endormi contre lui.


La lumière est douce. La maison est calme.

Mais son monde intérieur hurle encore.


Il passe ses mains sur son visage, essuie la sueur, les larmes qu'il ne pensait plus verser.


Il serre Lucifer contre lui. Il le protège.

Il se protège aussi.


Puis, dans un murmure presque éteint, il laisse tomber :


- « T'aurais jamais dû voir un père comme le mien... »


Un silence.


Et soudain, une voix un peu ensommeillée, rauque, cassée par la sieste :


- « Hein ? Tu viens de dire quoi ?... »


Alastor se fige.

Il tourne à peine la tête.

Lucifer, toujours blotti contre lui, entrouvre les yeux.

Son regard rouge est encore brumeux, mais il a entendu. Il en est sûr.


Alastor cligne des yeux.

Il cherche une sortie.

Une diversion.

Il n'est pas prêt.


Alors il répond sans le regarder :


- « Rien du tout. T'as rêvé. »


Lucifer se redresse un peu sur le canapé, les cheveux en bataille.

Il le fixe avec un air mi-endormi, mi-soupçonneux.


- « Alastor... »


Mais déjà, Alastor se lève d'un bond, attrapant son casque et ses clés.


- « Allez, debout, mon p'tit danseur. Si on veut que tes chers parents croient que t'es juste rentré du lycée, va falloir te magner un peu. »


Lucifer ne bouge pas tout de suite.

Il le regarde faire, plisser les yeux, lui tourner le dos.

Puis, doucement, il se lève, soupire et enfile son sweat.


- « Tu changes toujours de sujet quand on parle de toi. »


- « Je sais. »


Pause.

Silence entre eux.


- « ...T'as rêvé, j'te dis. »


Mais sa voix est trop rapide. Trop nette. Elle tremble à peine.

Lucifer n'y croit pas. Pas une seconde.


Il le suit vers la porte, et sans insister, attrape son casque.


Juste avant de sortir, Lucifer murmure - comme une promesse :


- « Je te poserai pas de questions. Mais un jour, tu me diras. »


Alastor ne répond pas.

Il ouvre la porte. Le soleil du soir éclaire le pas de la maison.


Il tend la main pour l'aider à grimper sur la moto.

Lucifer grimpe derrière lui, et quand ses bras s'enroulent autour de sa taille, il sent la tension d'Alastor.


Mais cette fois, Alastor ne dit rien.

Il démarre.


Et le moteur rugit dans le crépuscule.


Scène 58 - « Y'a un truc qui va pas chez toi »


La moto s'arrête à l'angle de l'avenue, un peu plus loin que d'habitude.

Là où les lampadaires grésillent et où les ombres des arbres déforment les trottoirs.


Lucifer descend en silence, lentement, le casque toujours sur la tête.

Il le retire doucement, dévoilant ses cheveux décoiffés par le vent.

Ses yeux rouges se posent sur Alastor, qui reste sur la moto, les deux mains crispées sur le guidon.


- « Tu veux pas monter avec moi ? Juste deux minutes ? »


Alastor secoue la tête.


- « Non. C'est mieux si j'reste pas ce soir. »


Lucifer le regarde longuement.

Il voit tout. Le vide dans ses yeux, les mâchoires serrées, les épaules rigides.


- « Alastor... Y'a un truc qui va pas chez toi. »


Silence. Alastor descend à son tour de la moto, juste pour se rapprocher.

Il attrape doucement la nuque de Lucifer, l'approche.


- « Ferme-la un peu. »

Il dit ça doucement. Moins comme une moquerie que comme une demande de pause.


Et il l'embrasse.

Un baiser lent, tendre. Mais étrangement distant.

Comme s'il voulait juste éteindre ses pensées.

Lucifer répond au baiser, mais le cœur y est moins. Il s'inquiète.


Quand leurs lèvres se détachent, Lucifer murmure :


- « Si tu veux parler... »


- « Pas maintenant. »


Un dernier regard.

Lucifer serre un peu la manche d'Alastor entre ses doigts, comme s'il voulait le retenir.


Mais Alastor recule.


- « Va, c'est mieux comme ça. On s'voit lundi. »


Et il remonte sur sa moto.

Lucifer le regarde s'éloigner, le cœur lourd, le casque toujours dans les bras.


Scène 59 - Terrain de basket, vendredi soir


Le terrain est vide à moitié.

Un vieux projecteur éclaire mal le bitume.

Des tags recouvrent les murs alentour, et des rires rauques résonnent dans le soir.


Angel est assis sur le banc, une bouteille à la main.

Il fume, lunettes de soleil même la nuit, jambes croisées comme un prince de banlieue.


Husk, lui, est debout, en train de dribbler, torse nu sous son hoodie à moitié retombé sur les épaules.

Il shoote. Le ballon tape contre le cercle, puis retombe à côté.


- « Putain, Alastor, t'es vivant ! » crie Husk en le voyant arriver.

- « Il existe encore ! »


Alastor gare sa moto sans un mot.

Il laisse tomber son sac sur le sol.

Son visage est fermé.


Angel rigole, long et cassant.


- « Il doit être en manque de son petit riche. »


- « Joue pas au con », lâche Alastor, pas très fort, mais assez sec.


Husk le regarde, surpris.

Il balance le ballon vers lui.


- « Vas-y, montre-nous que t'as pas rouillé. »


Alastor attrape le ballon au vol.

Il commence à dribbler. Mais quelque chose a changé.


Il est plus rapide, plus sec, plus brutal.

Le ballon frappe le sol comme un exutoire. Il transpire la rage contenue.


Angel siffle entre ses dents.


- « Mec, détends-toi. On est pas à l'armée. »


Alastor shoote. Panier.


Il récupère le ballon aussitôt.

Enchaîne un mouvement. Un deuxième.

Un troisième.


- « Bon sang, c'est quoi ton problème ? » lâche Husk.


Alastor s'arrête.

Il fixe le bitume, les mains sur les hanches.


Il répond pas.

Il souffle juste, profondément.

Puis :


- « J'arrive plus à me vider la tête. »


Angel lève un sourcil, goguenard.


- « Ah ouais ? T'étais mieux quand tu dansais, alors. »


- « Ferme-la. »


- « Pourquoi ? C'est ça qu'elle t'a appris ta p'tite fiotte de danse classique ? À pleurnicher comme un gosse ? »


Clac.


Le ballon roule au sol.

Alastor est déjà sur Angel.


Il le pousse violemment contre le grillage, les yeux en feu.


- « Redis encore un mot sur lui. Un seul. »


Angel rit jaune, mais il lève les mains.


- « Calme-toi, Romeo. J'rigolais. C'est bon. »


Alastor le relâche.

Mais il reste là un instant, figé, tendu.

Puis il se détourne.


Husk le regarde, plus sérieux que d'habitude.


- « T'as changé, frère. »


Alastor récupère le ballon, l'essuie sur son t-shirt.

Il murmure, sans les regarder :


- « Peut-être. »


Il shoote à nouveau.

Panier.


Scène 60 - "Écris. Supprime. Soupire. Répète."


Lucifer est allongé sur son lit, les rideaux tirés, la pièce éclairée seulement par la lumière bleutée de son téléphone.


Ses doigts tapent nerveusement.


"Salut."

Il efface. Trop froid.


"T'es bien rentré ?"

Non. Trop banal.


"Je pense à toi."

Effacé. Il grimace.


Il inspire longuement et pose le téléphone sur sa poitrine.

Son cœur bat vite. Il ferme les yeux, soupire.


Il le reprend.


"Merci pour aujourd'hui. Vraiment."

Il fixe le message... puis le supprime.


Il recommence :


"Je voulais te dire que..."

Il s'arrête.

Son pouce plane au-dessus du clavier.


"Que j'ai aimé quand tu m'as embrassé."

Il rougit. Il relit.

Supprimé.


"J'ai encore le goût de toi."

Il le lit à voix haute.


- « Non non non, t'es malade ou quoi Lucifer... »


Supprimé.


Il recommence.


"C'est bizarre. J'ai envie de te reparler mais je sais pas quoi dire."


Il hésite. Puis ajoute :


"Tu me manques un peu, je crois."

Il se redresse aussitôt.


- « Non. Non. Pas ça. »


Supprimé.


Il fixe l'écran. Éteint le téléphone. Le rallume.

Ses mains tremblent un peu. Il recommence à écrire.


"Tu crois qu'on est... un truc, nous deux ? Tu penses qu'on peut ?"


Il fixe, les lèvres entrouvertes.

Ses yeux brillent dans l'obscurité.


Supprimé.


Enfin, il écrit simplement :


"Dis... tu vas bien ? T'es bizarre ce soir. Je me fais peut-être des films. Mais j'ai peur que ça aille mal pour toi. Réponds moi stp, je m'inquiète. "


Il souffle. Envoie.


Il serre l'oreiller contre lui, les yeux grands ouverts.


Un instant plus tard, il voit :

Al est en ligne.

Puis :

Al est en train d'écrire...


Lucifer se redresse lentement.


- « Oh non. »


21h19


Al :

"Je suis dsl, babe... Tu m'en veux pas trop ??? XO "


Moi :

"Tu fais exprès ou t'es juste con ?"

"T'as pas idée de ce que tu me fais. C'est un rollercoaster notre relation ou quoi ?"


Al :

"Wow. Ok. "

"Jc que je mérite ça..."

"Mais genre... dans le mauvais sens ou le bon ?"


Moi :

"Tu flirtes ou tu t'excuses, Alastor ?"

"Parce que j'arrive plus à savoir."


Al :

"Jpp faire les deux ?"


Moi :

"Tu me rends dingue."

"Sérieusement."

"J'essaie de dormir et je pense qu'à toi. Je me dis que je suis qu'un gamin à tes yeux, que tu vas t'ennuyer. Puis tu m'écris "babe" et j'ai envie de pleurer. Pourquoi moi ? Je suis en seconde, et toi en terminale. Alors pourquoi tu m'aides tout le temps ?"


Al :

"Hey hey hey, deux secs chéri ! "

"Attends."

"Tu crois que je joue avec toi ? Vraiment ? Moi ? Ça se voit que tu me connais pas assez."


Moi :

"J'en sais rien."

"Mais je veux pas être un truc passager dans ta tête."

"Je veux pas que tu regrettes."


Al :

"Je regrette pas."

"Rien."

"Jamais je le serais"

"Même pas quand t'as dormi sur moi, même pas quand j'ai cru que t'allais me dire que t'étais amoureux."

"Même pas quand j'ai failli t'embrasser devant ma sœur."


Moi :

"C'est moi ou tu dis jamais clairement ce que tu ressens ?"


Al :

"J'suis meilleur pour faire le malin que pour parler sérieux.

"Mais j'vais essayer."

"Tu m'obsèdes, Lucifer. Réellement et purement. Je peux plus rien faire pour prouver le contraire..."

"Tu me fais tourner la tête."

"Et parfois jsp comment t'aborder sans tout foutre en l'air. Alors je suis vrm désolé d'avoir été distant et chiant avec toi tout à l'heure."


Lucifer bb :3 est en train d'écrire...


21h32


Moi :

"T'as mis le feu à mon cœur. Voilà."


Al :

"Tu viens de me tuer là."

"Genre vraiment."


Moi :

"Et pourtant c'est toi qui m'as donné envie de vivre un peu plus."


Al :

"Arrête ça. "


Moi :

"T'as pas vu ce que je vois en toi, c'est pour ça."


Al :

"Dis-le-moi."

"Dis-moi ce que tu vois."


Moi :

"Quelqu'un qui veut sauver les autres sans se sauver lui-même."

"Quelqu'un qui tremble intérieurement mais qui fait rire les autres."

"Quelqu'un qui m'a regardé et qui a vu plus que mes notes, mes fringues, mon argent ou mes cicatrices."


Al :

"J'ai peur."


Moi :

"De moi ?"


Al :

"De t'aimer."


Moi :

"Trop tard..."


00h31


Al :

"Babe, t'es réveillé ? "


Moi :

"Oui, qu'y a-t-il ? T'as des ennuis ?"


Al :

"Si penser qu'à toi depuis des heures est considéré comme un ennui... Alors yep." "J'ai un gros ennui."

"Lucifer."


Moi :

"T'es complètement débile."

"Quoi ?"


Al :

"J'ai envie de toi"

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