Juste la montagne, toi, et moi.

Chapitre 5 : Espoir ou désespoir.

3083 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/11/2019 16:27

"-Bonjour Anna, tes préparatifs avancent bien ?

- Salut Joël, oui oui, je vais pouvoir rentrer demain à Zurich. Et toi alors ? Tu prévois quoi ? Et dis, tu t'intéresses toujours à Heidi ?


Peter arrive à ce moment là pour dire au revoir à Anna avant son départ, lorsqu'il entend le nom de son amie. Il marque alors un temps d'arrêt pour écouter ce qu'il se raconte sur elle.



- Oui , et si ça continue comme je le prévois , je finirai par la marier.


-Quoi ? Toi avec Heidi ? J'aurais jamais pu imaginer ça. Comment tu vas faire pour t'adapter à la vie en montagne ?


-Je n'ai absolument pas l'intention de rester ici.


-Et elle est d'accord ?!?


-Elle ne le sais pas encore. Répond il froidement.


-Quoi ?? Mais tu es  horrible !! Tu ne peux pas t'imaginer ce que représente la montagne pour elle, c'est sa vie !! Elle est resté un moment à Francfort, et elle a été rapatrié d'urgence ici ; elle était gravement malade.


-Eh bien c'est fantastique, elle connaît déjà Francfort, c'est là que je souhaite aller.


- Mais elle est tombée malade!! Tu es sourd ou quoi !?


- C'est ridicule ! Personne n'est jamais tombé malade de vivre en ville, c'est surement juste un concours de circonstances. "



Peter en à déjà bien trop entendu, il tourne les talons au comble de la fureur. L'idée que Heidi se marie avec un autre lui briserait le coeur, mais il serait prêt à s'en réjouir si c'était pour son bonheur. Il se résoudrait même à la voir partir de sa vie, bien qu'il serait au comble du désespoir de la perdre. Il aurait préféré plus que son amitié, mais il s'est résigné à cette situation depuis longtemps ; et même si leur relation n'est pas celle qu'il souhaiterait le plus , elle reste néanmoins très forte, et il y est profondément attaché. Alors voir partir sa meilleure amie, sa petite soeur et bien plus encore, serait terrible pour lui. Il pourrait s'y résoudre, mais pas là. Pour Peter, Joël est un beau parleur sournois et vicieux. Il est prêt à tout pour arriver à ses fins, y compris à rendre Heidi malheureuse. Il ne l'aime absolument pas pour ce qu'elle est. Il ne l'aime pas du tout d'ailleurs, il a simplement trouvé qu'elle était belle au mariage de Anna. Pour preuve pense-t-il, il cherche à lui imposer ce qui y a de plus mauvais pour elle, et le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne se rend compte de rien. Jamais il ne laissera tout ça se produire, jamais il ne la laissera aller vivre ailleurs qu'en montagne. Elle aime tellement ces paysages grandioses, ces nuances de couleurs vives, le panorama grandioses qu'offrent les crêtes déchiquetées, éternellement enneigées, la musique des cloches que portent les chèvres, qui forment un concert avec le cris des marmottes et le chants des oiseaux. Chaque saison est un spectacle émerveillant en montagne, alors qu'en ville, tout est toujours gris et morne. Jamais elle ne s'y fera, c'est comme si la montagne coulait dans son sang.



***



Le temps semblait ne plus s'écouler pour Peter, il eu l'impression qu'une éternité s'était écoulée avant qu'arrive le moment où, comme chaque jour, Heidi arrive à l'estive. La brume qui épouse les courbe de la montagne, et le panachage des couleurs d'automne sont à couper le souffle, mais le jeune homme ne le voit même pas. 

Enfin il aperçoit Heidi, et se précipite vers elle en courant.


"- Heidi il faut que je te parle.

- Moi aussi j'ai quelque chose à te dire.

- Laisse moi parler d'abord, c'est très important.

- Tu me fais peur. Quesqu'il y a ?

-Ton Joël, tu sais ce qu'il te prépare ? Il veut t'emmener vivre à Francfort !!

- Mais enfin c'est impossible, il m'a dit complètement l'inverse. Tu as dû mal comprendre. Quesque qui te fait penser ça ?"


Heidi n'accuse pas Peter de mentir, l'idée ne lui est même pas venue à l'esprit. Mais elle ne peut pas non plus croire que ce qu'il dit est vrai. 

 

- "Je l'ai entendu parler à sa cousine, il ne pensait pas que je l'entendait.

- La voilà l'explication, tu as  mal entendu puisque tu n'étais pas à côté de lui. Il prévoit sûrement de passer quelques jours là-bas pour régler des affaires.


- Puisque je te dis que je suis sûr de ce que j'ai entendu, le son de sa voix était très distincte!  s'exaspère-il 

Et quesque tu voulais me dire ?

- Justement qu'il veut qu'on apprenne à mieux se connaître.

- Et ça veut dire quoi ça ?

- Qu'il veut qu'on sache si on s'entend vraiment bien.

- Tu te rend compte qu'au final s’il  veut savoir si vous entendez bien, c'est qu'il veut se marier avec toi ?

- Oui, il me l'a dit, enfin je crois. 

Je suis complètement perdue. Je ne sais plus quoi faire. S'il te plait aide-moi.

- Qu'est-ce que tu lui a répondu ?

- Que j'allais réfléchir.

- Arrêtes ça tout de suite, ça vas mal finir tout ça. Il n'est pas celui que tu penses."


Heidi se met à pleurer.


“- Mais il est différent avec moi, tu le connais mal !!! Il a tellement fait pour moi, il est si attentionné. Hier il a tenu à me coiffer et il m'a payé un verre de lait avant de m'annoncer tout ça !! s'écrie-t-elle entre deux sanglots. J'ai peur de faire un mauvais choix !

- Mais enfin Heidi, tu ne vois  pas que c'est pour mieux t'amadouer? Réfléchis  un peu, s’il t'a coiffé, c'est qu'il n'assume pas du tout de se montrer avec toi comme tu es  vraiment, il veut faire de toi une bourgeoise !! Mince à la fin, ouvre les yeux !! proteste Peter .

- S'il te plait arrêtes, tu le détestes tellement que tu ne vois  pas comme il est avec moi. "


Peter arrête de répondre : Heidi n'est pas dans son état normal. Joël l'a déjà complètement embobiné, et il ne reste plus au jeune berger qu'à faire en sorte que le bourgeois montre son vrai visage pour ouvrir les yeux de Heidi.


***


Le soir même, Joël rend visite à Heidi au chalet.


"- Heidi c'est moi annonce-t-il en frappant frénétiquement. 

- Oui oui j'arrive, répond elle. 

- Il va briser  la porte s’il continue à la frapper comme ça, lâche le grand-père avec son éternel ton bougon. Quesqu'il te veut encore celui-la ?

- Bonjour Joël, quesqu'il se passe, tu veux me voir ?

- Oui , j'ai une grande nouvelle à t'annoncer. On peut aller dehors en parler ? 

- Euuh oui si tu veux.  

Voilà , qu'est ce qu'il y a ?

- Il y a un éditeur qui est intéressé par un de tes romans, peut-être même plusieurs !!

- Mais c'est merveilleux !! Merci infiniment !!

- Il veut simplement te rencontrer avant, pour que tu lui remettes tes écris en main propre.

- Il va venir ici ?

- Et bien pas tout à fait, il voudrait que tu ailles à sa rencontre. 


- Mais où est-ce qu'il habite ? demande la jeune femme, bien moin enthousiaste tout à coup. 


- À Francfort, j'ai tout organisé, j'ai un appartement sur place, et je doit justement m'y rendre pour régler des affaires personnelles. Je pars  deux semaines, tu n'as qu'à venir avec moi, et je m'occupe de tout. 


- FRANCFORT ? Mais ce lieu est horrible, et deux semaines entières c'est terriblement long, et c'est ridicule de faire ce trajet juste pour lui donner mes textes en mains propres, il les a déjà !! En plus où est-ce que tu vas loger  si je suis chez toi ? énumère-t-elle complètement interloquée. 


- Et bien chez moi. C'est une occasion en or, ne la laisse surtout pas passer, et n'en parle pas à Peter et ton grand-père ! répond-il avant de repartir en courant sans lui laisser le temps de répliquer quoi que ce soit. Je dois  partir vite je suis en retard, ne réfléchis pas trop, crie-t-il avant de disparaître entre les sapins. "


Heidi ne veux surtout pas inquiéter son grand-père, mais elle a besoin de parler de tout ça et d'avoir les conseils d'un proche. Même si elle sait que Peter n'est pas très objectif, elle à besoin de son avis. Elle n'a pas de secret pour Peter, et malgré la demande de Joël, elle ne peux pas lui cacher. Ne pouvant garder tout ça pour elle plus longtemps, elle décide d'aller parler immédiatement à son ami. Après avoir prévenu son grand père qu'elle s'absente, elle se met aussitôt en route pour le chalet de Peter. Le chemin entre les deux chalet est vite parcouru.



- "Peter ouvre-moi, c'est Heidi."


Un bon moment s'écoule avant qu'une fenêtre s'ouvre enfin.


- "Heidi ? C'est toi? Mais quesque tu fais là à cette heure-là ? Parle doucement, maman dort.


- C'est Joël ... il fallait que je t'en parle ... mes romans ... il veut me voir ... il est venu tout à l'heure ... je pourrais pas dormir sinon ... c'est pour deux semaines ... Je sais pas quoi faire...


- STOP ! Calme-toi, je ne comprends pas un mot de tout ce que tu dis. Respire et parle calmement.


- Oui pardon, Joël est passé me voir tout à l'heure. Un éditeur s'intéresse à mes romans, mais il veut me voir, et il habite à Francfort. Joël à tout organisé pour moi, il me propose de voyager avec lui, et de loger dans son appartement. C'est super pour mes romans, mais en même temps, c'est Francfort, et deux semaines c'est très long.


- Et où il vas loger lui si tu dors  chez lui ? interroge le jeune homme.

- Euu, répond-elle en hésitant à répondre, chez lui aussi.

- Comment ?!? Seule ? Avec lui ? Deux semaines ? Mais c'est de la folie pure !! Et il va trouver un moyen pour que tu ne reviennes plus jamais ici !!

- Non il m'a dit deux semaines, je le crois, il veut s'installer ici. Mais je ne veux  pas partir, même pour deux semaines. S'il te plait, convainc-le toi, moi je n'y arrive pas. Je suis désolée de te demander ça, mais tu est le seul à qui je peux le demander. "


Les deux amis parlent encore un moment de toutes ces inquiétudes et ces désaccords avant de prendre congé l'un de l'autre. Ce soir là ni l'un ni l'autre ne parvient à trouver le sommeil. 



***


Le lendemain matin, pendant qu'il est au village pour récupérer les quelques chèvres qu'on lui confie, Peter cherche comment fair pour que cet insupportable blanc-bec montre ce qu'il est vraiment. À ce moment là il l'aperçoit justement, et à l'instant même, il sent le sang bouillir dans son crâne. Bien que sachant que ce n'est pas la meilleure des solutions, il ne peut s'empêcher de se précipiter sur lui dans une grande fureur.


 - "Joël ! hurle-t-il.

- Quesqu'il t'arrive Pet…"


Sans lui laisser le temps de finir sa phrase, le jeune homme furieux lui attrape le bras fermement.


- "Je t'interdis de l'emmener à Francfort ! Tu m'entends, je te l'interdit ! Et je t'interdis même de l'approcher, si je te revoies près d'elle ça se finira très mal pour toi !!!

- Mais...

- Et je t'ordonne de quitter les lieux au plus vite, je ne veux plus te voir traîner là !"


Pour ne pas lui laisser le temps de répondre, Peter tourna les talons , et déguerpi au plus vite.


A peine il a fait quelques pas, il regrette déjà son acte, ce n'est pas ce que Heidi aurait voulu qu'il fasse, et si Joël part sans la prévenir elle aura le coeur brisé. Même si elle ne l'avoue pas, Peter  est sûr qu'elle commence à avoir des sentiments ; et le moyen pour la sortir de là qui la ferait le moins souffrir, consiste à faire en sorte qu'elle découvre qui il est vraiment. Car Peter en est certain, rester avec un individu comme Joël, est le pire qu'il pourrait arriver à son amie, si chère à son coeur.


...


Pendant ce temps Joël réagit vite aux recommandations de Peter, il ne veut pas avoir à faire à lui, mais il est hors de question d'abandonner ses plans. Il devra seulement accélérer ses projets. Il attend que le jeune berger ai suffisamment d'avance, et entame à son tour l'ascension de la montagne. À cause de son manque flagrant d'exercice et d'assurance sur les terrains instables des chemins alpestres, il lui faut un long moment avant d'arriver au pied du Chalet de Heidi.


"- Heidi ouvre-moi vite !!

- Qu'est ce qu'il y a ? répond elle en ouvrant la porte, à peine réveillée.

- Ton grand-père est là ?

- Non il est ...

- Très bien, il faut qu'on parte ce matin même, j'ai eu des imprévus .

- Mais je ne peux pas partir sans dire au revoir à Peter et Grand-Père.

- Laisse un mot à ton grand père il préviendra ton frère ; on ne peut pas attendre. Je descends vite préparer mes dernière affaires.

- Mon frère ? Quel frère ?

- Et bien oui, Peter.

- Mais ce n'est pas mon frère, c'est mon meilleur ami, pourquoi tu dis ça?

- Comment ? S'exclame Joël. Mais pourquoi vous vous dites frères et soeurs alors ?

- On a grandi ensemble, on est frères et soeurs ici, dit-elle en montrant son coeur.

- Mais pourquoi tu ne me l'as jamais dit !!? Puisque c'est ça je ne veux plus que tu le vois, jamais ! C'est une brute, il a manqué de me briser les os à deux reprises. Tu n'a rien à faire avec un individu comme ça. Et tu ne peux pas être aussi proche de lui si il n'est pas de ta famille !

- Personne ne me séparera jamais de Peter! hurle Heidi.

- C'est lui ou moi !

- Pitié, ne de demande pas ça Joël, supplie  la jeune femme, les yeux embués de larmes. Je t'aime, ne me laisse pas.

- C'est à toi de choisir. répond

 il avec un manque de sentiments qui fait peur à voir."


Cette fois, elle éclate complètement en sanglots.


- "Mais pourquoi tu me fais ça ? Je te faisais confiance.

- Je t'ai juste demandé de me choisir plutôt qu'un pauvre gars, qui n'est même pas de ta famille. Si vraiment tu m'aimes ça te posera aucun problème, exprime-t-il toujours aussi froidement."


Cette fois Heidi arrête de pleurer. Ces quelques mots la mettent hors d'elle-même. 


- "Et toi si tu m'aimais vraiment tu ne me demanderais jamais ça, enrage elle, tu comprendrais que ce " pauvre gars " est tout pour moi ! C'est la personnes la plus précieuses à mes yeux après Grand-Père ! Jamais je le retirerai de ma vie, et j'aurais du l'écouter depuis le début et te fuir! "


En finissant de prononcer ces quelques mots, Heidi part en courant vers les Alpages, tout en sanglotant, Peter se trouve sûrement déjà là-haut.


Joël la regarde partir, complètement dépité, cette fois il ne pourra sûrement rien faire pour rattraper son erreur. Mais pourquoi était-il allé  demander ça, songe-t-il, si Heidi était partie avec lui, elle n'aurait plus jamais croisé cette brute de toute façon. Il aurait pu continuer à lui fair croir un intérêt pour ses  ouvrages, suffisamment longtemps pour qu'il soit trop tard pour elle pour rentrer. Il était sûr qu'il aurait pu faire d'elle une femme parfaitement mondaine et élégante, dont il aurait pu être fièr en société. La jeune montagnarde l’avait  vraiment ébloui au mariage de sa cousine. Dommage regrette-t-il en redescendant, que d'efforts et de temps perdu, elle aurait pu être très bien pourtant. Tant pis.


***


Heidi eu vite fait d'arriver à l'estive.


En apercevant Peter, elle se remet à pleurer en repensant à sa discussion du matin. Elle pensait pouvoir lui faire confiance, mais c'est Grand-Père et Peter qui avais raison depuis le début. Le jeune chevrier l'aperçoit avant qu'elle ait le temps de l'appeler. 



"- Heidi! Je ne pensais pas te voir là si tôt ?" s'étonne-t-il.


Il s'approche et se rend alors compte qu'elle a les yeux rouges de larmes.


- Mais qu'est-ce qu'il t'arrive ?!?

- Tu avais raison depuis le début, parvient-elle à articuler entre deux sanglots. J'aurai du vous écouter toi et Grand-Père.

- Mais enfin ? Pourquoi ? Quesqu'il s'est passé ?

- C'est Joël ! Il est venu ce matin ...

- C'est lui qui te met dans cet état ?!! Je descends lui apprendre la vie à cet imbécile hypocrite !! lâche-t-il, furieux une fois de plus.

- Mais attend, je ne t'ai encore rien dit !

Il m'a demandé de partir ce matin avec lui, sans même vous dire au revoir, et...

- Je le savais, je vais l'étrangler !!

- Laisse-moi parler, insiste-t-elle toujours en pleurant. Ce n'est pas ça le plus grave ! Il croyait que tu était vraiment mon frère, il vient de comprendre que c'est faux . Il m'a demandé de choisir !!!

- De choisir quoi ?!?

- Entre lui et toi ! Il aurait voulu que je ne te vois plus !!


Heidi se jette alors dans les bras de Peter.


- Jamais je ne te laisserai ! Jamais !! Elle s'effondre complètement, submergée par ses émotions.

- Calme toi petite soeur, tout est fini maintenant, lui chuchote-t-il en la serrant dans ses bras. Je t'aime tellement, je ne laisserai jamais plus personne te faire de mal, continue-t-il en lui caressant les cheveux. Pleures tant que tu le voudras. "


...


Ils resteront un long moment ainsi, dans les bras l'un de l'autre, jusqu'à perdre complètement la notion du temps qui passe. Pendant ce temps, les chèvres continueront de brouter sans prêter la moindre attention aux jeunes gens. 

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