Moth Into The Flame

Chapitre 2 : Prendre une décision

2331 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/03/2018 18:32

.II.

Prendre une décision



« I do not fear death. What I fear is that my rage will one day fade away. »

- Kurapika.




« Putain, c'est vraiment lui » grogne rudement un homme.

« Je sais pas, il a l'air un peu différent » hésite une voix féminine un peu plus loin.

« Non, je te dis que c'est cette ordure à la chaîne, Machi ! »


Kurapika ouvre douloureusement les yeux. Il ne se souvient plus à quel moment il a fini par s'endormir, mais il n'a pas bougé de l'endroit où Kuroro l'avait laissé.


Un homme d'une trentaine d'années est accroupi devant lui et se gratte la joue, affichant un air soucieux. Plus loin, une jeune femme vêtue de shorts noirs et d'un uwagi blanc est appuyée contre le mur près de la porte d'entrée. Elle l'observe sans ciller, les bras croisés.


« Ah, » soupire l'homme à la queue de cheval « Feitan n'est jamais là quand on aurait besoin de lui. »

« Si tu comptes lui faire quoi que ce soit, attends au moins l'aval du chef. Puisqu'il l'a emmené ici il doit avoir ses propres raisons. »


La lueur dans ses yeux vacille quand Kurapika redresse la tête vers la fille qui marche maintenant dans leur direction. Il est presque sûr de ne les avoir jamais vus, mais eux semblent le connaître.


« Encore une intuition, hein ? »

« Quelque chose comme ça, » répond laconiquement Machi en mettant ses mains sur ses hanches. Nobunaga se redresse pour lui faire face de toute sa hauteur, un sourcil haussé.

Ces deux-là n'ont pas l'air de très bien s'entendre.


« Si tu reparles de recrutement, tu vas franchement m'énerver. »

« Je n'ai rien dit de tel. Mais ne touche pas ce garçon, Nobu. Pas avant qu'on sache ce qu'il veut faire avec lui. »


L'homme affiche un sourire féroce en sortant une pièce d'une de ses manches.


« Alors on va jouer ça de la manière habituelle. Si c'est face, je le découpe. Si c'est pile, j'attends que le chef rentre, puis je le découpe. »

Machi secoue la tête en soupirant. « T'es affligeant. »

« Je pensais que tu serais un peu plus motivée que ça à l'idée de venger Paku. »


C'est tellement petit de sa part que Machi ne réagit même pas. Elle fixe Nobunaga calmement pendant qu'il lance la pièce et l'air et la rattrape. Lorsqu'il retire sa main, Machi reconnaît distinctement l'empreinte de la toile d'araignée. Son soupir résonne fort dans les oreilles de Kurapika alors qu'elle s'éloigne à nouveau d'un pas tranquille.


« Soif. »


Nobunaga tique, avant d'empoigner le prisonnier par les cheveux et le redresser lourdement, les dents grinçantes.


« Qu'est-ce que t'as dit, enfoiré ? »


Kurapika se détourne de son haleine. Ses muscles endoloris et tendus se relâchent enfin sous sa poigne, et il faillit s'affaisser entre ses bras.


« J'ai soif. »


Machi fait un petit signe de la main : « je vais chercher de l'eau, ne bougez pas. »


Nobunaga relâche Kurapika avec dégoût, le laissant s'effondrer sur ses genoux à nouveau.


« Comment un type comme toi a pu vaincre Uvôgin, ça n'a pas le moindre sens. »


Le Kuruta paraît à peine conscient, et en secouant légèrement son épaule Nobunaga se rend compte que le garçon est vraiment affaibli et presque sur le point de s'évanouir. Le Memory Bullet de Pakunoda lui transmet par flashs entrecoupés les souvenirs concernant Kurapika enregistrés avant son sacrifice. Un sentiment inconfortable l'envahit quand il réalise qu'il n'y a pas de colère ou de rancune associés à ces souvenirs, rien qu'une parfaite neutralité.


L'idée que Pakunoda n'aie à aucun moment souhaité la mort de leur ennemi est extrêmement désagréable pour Nobunaga. D'autant plus qu'elle avait eu connaissance de ses origines, et donc de la menace qu'il représentait pour eux sur le long terme.


« Tss, ce n'est qu'un gamin, » grogna Nobunaga pour-lui même, alors que Machi revenait avec une bouteille en plastique serrée dans une de ses mains.


« Tu fais des progrès Nobu. »

« Mmh ? »

« Le gosse est toujours vivant. »


Nobunaga s'écarte en pivotant, visiblement contrarié ; Machi le dévisage un moment, puis pointe un doigt accusateur vers la main posée sur la garde de son katana. L'homme ouvre de grands yeux surpris avant de lâcher son arme. Son geste inconscient en disait long sur ce qu'il se tramait dans son esprit, mais Machi décide de l'ignorer et se penche pour aider Kurapika à boire.


Quand les premières gouttes touchent ses lèvres asséchées, le Kuruta ne réagit pas immédiatement et un filet d'eau s'écoule le long de son menton.


« Hey, ouvre la bouche imbécile. »


Kurapika s'agite un peu au bout de ses chaînes et ouvre à nouveau les yeux, le liquide franchissant ses lèvres semblant lui redonner vie. Il avale plusieurs petites gorgées puis se met à tousser sur Machi.


« Hoy, hoy. T'es vraiment mal en point dis donc. » Elle se tourne vers Nobunaga en refermant la bouteille. « On devrait peut-être le libérer, au moins pour qu'il puisse s'allonger ou aller aux toilettes. »


Nobunaga allait sortir une réplique acide quand une autre voix d'homme s'éleva derrière eux.


« C'est une bonne idée Machi. Fais-le. »


Trois têtes pivotèrent en même temps vers Kuroro Lucifer.



~~~~~


Il y a maintenant cinq personnes dans la salle immense et vide du manoir abandonné.


Kurapika masse doucement ses poignets, assis sur ses talons. Non loin de lui, Machi a repris sa place contre le mur, les bras toujours croisés sous sa poitrine. Un homme à la peau mate et aux cheveux bouclés s'est laissé tomber en tailleur près du foyer éteint de la cheminée, engagé dans une discussion secrète avec Nobunaga.


« Alors, c'est quoi l'idée ? Abengane est des nôtres maintenant ? » demanda Machi en direction de Kuroro.

« Oui. Il prendra la place de Paku. »

« Alors il nous manque toujours un numéro onze, » suggère Machi d'un air absent.


Kuroro ne répond pas et un malaise semble planer autour de Kurapika sans que celui-ci ne puisse saisir le rapport direct avec sa présence en ces lieux.


« Tu vas faire quoi de ce garçon ? » continue la jeune femme, impitoyable.


Kurapika ne les regarde pas directement mais toute son attention est dirigée vers leur conversation. Ses forces lui sont partiellement revenues après qu'il a réussi à boire un peu d'eau et récupéré de son manque de sommeil. De plus, son corps ne porte que quelques contusions dues à sa détention. Autant dire que son état physique est plutôt bon, bien que son nen soit toujours confiné par le répresseur.

Il sent soudain le regard d'acier du chef de la Brigade Fantôme le transpercer.


« Je ne vais pas le laisser mourir tout de suite. Le reste dépendra de lui. »


Kuroro enfonce ses mains dans les poches de son manteau et se dirige vers le seul fauteuil de la pièce. Il s'y assoit en soulevant un nuage de poussière mais son regard ne quitte pas Kurapika.


« Si tu comptes vraiment faire ce que je pense, j'espère que t'as de quoi défendre ton point de vue. Les autres ne laisseront jamais passer ça. »


En un éclair, Machi est derrière Kuroro avec une expression malicieuse, ses coudes enfoncés sur le dossier du fauteuil. Elle se penche à son oreille.


« Mais ce n'est pas tout à fait ce que tu veux, n'est-ce-pas ? »


Kuroro laisse échapper un soupir. Quel instinct effrayant a cette femme, pense-t-il en fermant les yeux. Car en effet, Kuroro avait en tête une image nette et précise de ce qu'il attendait du garçon, et ce n'était pas vraiment avouable à haute voix.

Dans son dos, Machi sourit puis s'écarte en silence.


« Kurapika, c'est bien ton nom ? »


Le garçon lève alors sur eux un regard brûlant.


« C'est bien mon nom. »

« As-tu changé d'avis depuis hier soir ou bien souhaites-tu toujours mourir ? »


Kurapika oscille, réprimant un tremblement de ses mains. Il serre ses poings sur ses cuisses et baisse la tête. Le sang dans ses veines semble bouillir. Bien que cela soit extrêmement difficile pour lui, il secoue doucement la tête.


« Je veux voir Senritsu d'abord. »


« Tu pourras la voir. Ensuite, je vais retirer le répresseur de ton cou et tu vas gentiment me donner deux de tes techniques, la Chain Jail et la Judgement Chain. Quand ce sera fait, ton amie sera libre de s'en aller. Cela te convient-il ? »


En apparence, le jeune homme semble hésiter. Pourtant tout est clair dans sa tête depuis un moment et il est particulièrement décidé.

Il doit rester en vie quoi qu'il en coûte. À ce titre, il peut accepter toutes les conditions imaginables de la Brigade pour cela, bien qu'il négocierait férocement dans son propre intérêt.


« Je dois vous expliquer quelque chose en premier lieu, » lâche Kurapika en desserrant un peu sa mâchoire. Il réalise dans le même temps que Nobunaga et le dénommé Abengane se sont approchés et l'écoutent eux aussi attentivement.


« Ces techniques sont soumises à la même loi que l'effet de la Judgement Chain. La condition est que je ne peux me servir de ces techniques que sur les membres de la Brigade Fantôme, sinon je meurs instantanément. »


Les yeux de Kuroro s'écarquillent légèrement tandis que Machi se mord la lèvre en fronçant les sourcils.


« Vous l'aurez compris, ces techniques ne vous seront d'aucune utilité sans le serment et la condition. »

« Petit morveux ! » s'énerve Nobunaga, prêt à dégainer son katana. « On n'a aucune raison de te laisser t'en tirer après ça ! »


Kuroro lève une main pour le stopper.


Impassible, Kurapika poursuit : « Mais si vous y consentez toujours, j'accepte de vous révéler le secret de ces techniques contre la vie et la liberté de Senritsu. Je ne représenterai de toutes façons plus une menace pour vous. »

« Mmh, » Kuroro se laisse aller contre le dossier du fauteuil, écartant un peu plus ses talons. Il est secoué d'un petit rire comme il enfonce son visage dans la paume de sa main.


Il est clair qu'il n'avait pas envisagé cette possibilité, et même s'il prend un instant pour y réfléchir, au fond cela ne change pas grand chose à son projet.


« C'est d'accord. Alors on va faire ça, Kurapika. »

« Mais - » commence à objecter Nobunaga.

« Silence ! On va faire ça, Nobu » insiste Kuroro alors qu'un afflux dangereux de nen se met à envelopper son corps pendant qu'il le fixe avec un regard acéré.

« Tss. » Nobunaga s'élance vers la sortie en râlant, suivi d'un timide Abengane puis d'une Machi hésitante. Elle leur jette un dernier coup d’œil curieux avant de fermer la porte derrière eux, pas tout à fait convaincue par la décision du chef.


Kuroro tend son bras devant lui, prêt à invoquer Skill Hunter. Kurapika redresse alors la tête avec un air agacé.


« J'ai dit que je voulais voir Senritsu avant, fils de pute. »

Kuroro hausse un sourcil. « Et j'ai dit que c'était d'accord. »


D'un geste de son autre main, Senritsu apparut soudainement entre eux deux et tomba sur ses genoux, à bout de souffle et choquée par la téléportation brutale. Son regard effrayé croisa celui d'un Kurapika tout aussi surpris qu'elle.


« Kurapika ! Je suis vraiment désolée ! Je - »


Une main s'abattit sur sa nuque et elle s'effondra sous les yeux horrifiés de son ami.


« Bon, on va pouvoir retirer ce collier maintenant, » dit Kuroro en laissant délicatement glisser Senritsu sur le sol. Il regarde Kurapika se lever en serrant les poings le long de son corps et se sent un peu mal pour lui.


Ses pupilles brûlent d'un feu absolument sublime cependant.


« Ah oui, le mot de passe pour désactiver le répresseur est Danchou. Il faut que tu le prononces toi-même. »


Kurapika sent la chaleur de sa haine envahir ses entrailles pour remonter jusqu'à ses joues. L'humiliation est totale. « Danchou » murmure-t-il sans la moindre hésitation, fixant Kuroro de ses prunelles écarlates, et le collier de nen se désintègre dans l'instant.


Le visage de Kuroro se fend d'un petit sourire.


~~~~~


Kurapika retire sa main de la couverture du Bandit's Secret Book. Il n'est plus aussi sûr de ce qu'il fait qu'auparavant, mais son regard glisse alors vers Senritsu endormie et cela le rassure de la voir. Ce qu'il fait doit être juste, après tout.


Son nen est revenu autour de lui et la tentation d'invoquer ses chaînes pour voir s'il sentirait une différence sur son cœur l'assaille mais il s'abstient, levant les yeux vers Kuroro toujours en train de feuilleter son livre d'un air pensif.


« Alors, satisfait ? » crache Kurapika un peu trop abruptement.

« Oui, c'est bon. » Kuroro ferme le livre et celui-ci s'efface entre ses mains. Sans attendre que Kurapika ne le lui demande, il s'avance vers Senritsu et passe une main sous ses épaules et une autre sous ses genoux. Il la soulève avec douceur.

« Je m'occupe de la ramener à votre hôtel. Reste ici et repose-toi s'il te plaît. J'aurais un autre marché à te proposer demain. »


Kurapika est tellement pris au dépourvu qu'il reste silencieux jusqu'au moment où la silhouette de Kuroro transportant son amie disparaît de la pièce.


Encore une téléportation, déduit-il.


Il scrute les environs de la pièce poussiéreuse – les trois portes, ainsi que les deux fenêtres aux carreaux sales – et se demande si c'est là la chance qu'il attendait pour s'échapper.



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NdA : correction et mise à jour 10/03/18


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