Moth Into The Flame

Chapitre 3 : La marque de l'Araignée

3598 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/03/2018 17:13

.III.

La marque de l'Araignée



« My own pride is nothing compared to my kinsmen's suffering. »

- Kurapika.



Un plateau-repas était posé par terre devant Kurapika. Cela requerrait un grand self-control de ne pas se jeter sauvagement sur de la nourriture après trois jours de jeûne, et l'odeur alléchante de la viande en sauce et du pain frais qui remontait jusqu'à ses narines étaient de véritables tortures en soi.


« Je t'en prie, » dit doucement Kuroro. « Mange. »


Kurapika ne se fit pas prier. Il rompt la miche de pain et en enfonce une moitié dans sa bouche, pendant qu'il trempe l'autre dans la sauce de son plat. Kuroro l'observe attentivement assis de l'autre côté du plateau, un bras enserrant l'une de ses jambes.


« Tout va bien ? » demande-t-il, et la question fait tressaillir le Kuruta.


Pourquoi diable se soucierait-il de son bien-être ? Ce n'était sans doute qu'un autre aspect de la personnalité manipulatrice et fausse de la tête de l'Araignée. La prévenance feinte. Décidément, tout chez cet homme lui donnait envie de vomir.


« Je vais bien, » répond Kurapika en mâchant, et il continue d'avaler de grosses quantités de nourriture à toute allure comme si le plateau risquait de lui être retiré avant qu'il ait fini.


« Parce que j'ai remarqué que tes yeux sont devenus rouges quand je suis entré dans la pièce, » commente Kuroro d'un ton anodin.


Kurapika déglutit difficilement. Il redresse son dos, essuie sèchement le coin de sa bouche avec la serviette et croise le regard de son ennemi juré.


« Ah, ça, c'est juste parce que j'ai envie de te tuer. »


Kuroro sourit. « Intéressant. »


Il pose son menton dans le creux de sa main et poursuit : « ça m'a étonné que tu décides finalement de sauver cette femme plutôt que de conserver tes techniques. Elles représentaient un avantage certain pour t'échapper d'ici ou au moins, négocier ta propre vie. »


Kurapika avale une gorgée du vin qui lui avait été servi. Il grimace, visiblement troublé par la chaleur inhabituelle sur sa langue. Il aiguille ses pupilles rouges sur le chef de la Brigade.


« Ce n'est pas surprenant que vous soyez incapable de le comprendre, mais les gens normaux n'abandonnent pas leurs amis. »

« Oh, oh. » Rit Kuroro, « c'est drôle que tu dises ça, compte tenu du fait qu'elle t'a vendu sans trop de scrupules. »


Il incline légèrement la tête pour décortiquer la réaction du Kuruta. Et il n'est pas déçu.


Kurapika repousse le plateau devant lui avec autant de calme que possible et plonge son regard profondément dans celui-ci de Kuroro « de quoi tu parles ? Je le saurais si tu mens. »


Il lève son bras dans sa direction, et effectivement une mince chaîne est apparue le long de son annulaire ; pendant vers le sol, immobile.


Un talent de radiesthésie, note Kuroro en baissant les yeux vers la bille à l'extrémité de la chaîne. Encore plus intéressant.


« Tu ne te souviens toujours pas » et son regard revient au Kuruta furibond, « mais c'est cette femme qui t'a livré à nous. Je dois dire que je connaissais le nom de votre employeur depuis quelques temps, il était donc facile de prendre contact avec elle et de lui faire une proposition. »


La bille de métal n'oscille pas d'un millimètre.


« Qu'est-ce que tu lui as offert ? » sa voix était devenue froide.

Kuroro hausse les épaules. « Quelle importance maintenant ? L'amitié n'a pas de prix après tout. »

« J'insiste pour que tu me le dises. »

« Mmh, il était question d'une partition musicale, il me semble. »


Kurapika penche la tête. La chaîne disparaît, puis il se met à rire, passant sa main sur son visage parcouru de spasmes incontrôlables. Il se savait naïf, mais la cruauté humaine ne semblait pas avoir de limites et cela le surprendrait toujours.


« Bravo, vraiment. Je vous hais, mais vous êtes forts je dois l'admettre. »


Kuroro reçut le compliment sans le moindre sourire.

Elle devait vraiment compter pour lui, se dit-il. Peu importe. Ce n'est pas mon affaire.


Kuroro s'éclaircit doucement la gorge, « cela nous ramène à notre deuxième affaire. »

« Je t'écoute, ordure. »

« Bien, » il croise à présent les mains devant lui, très sérieux.

« Ta vie devrait avoir un prix élevé pour que ce soit équitable pour nous. Comme tu le sais, ta petite vengeance nous a beaucoup coûté et les membres de la Brigade pourraient te traquer jusqu'à ta mort pour ça. »

« Veux-tu bien abréger ? J'en ai marre de t'écouter. »

Kuroro acquiesce : « Rejoins-nous. Deviens un membre de la Brigade Fantôme, et ta vie sera épargnée. »


Les ongles de Kurapika creusent ses paumes tandis que son champs de vision s'étrécit et devient tout à coup brumeux. Il semble chanceler alors que la voix de Kuroro lui paraît de plus en plus lointaine.

Ce n'est juste pas possible qu'on lui demande une telle chose.


« Je t'avertis, ceci est le seul prix que je sois disposé à recevoir comme compensation. »


Masaka. Quelque chose vrille dans le crâne de Kurapika.


« T'as conscience de qui je suis, hein ? et que je souhaite votre mort à tous ? »

« Oui, bien sûr. Mais ce ne serait plus un problème dans la mesure où tu accepterais de nous rejoindre. »


Kurapika ne voit pas du tout ce que ça change, mais Kuroro semble sûr de ce qu'il dit.


Masaka. Il prend son visage à deux mains et agrippe ses cheveux suffisamment fort pour être sur le point de les arracher. Le besoin de hurler le prend aux tripes ; sa gorge le brûle tout en demeurant silencieuse.


Le contrôle irréprochable que Kurapika opérait sur lui-même depuis toutes ces années semble à présent se fissurer comme un masque de plâtre sur son visage, une lueur de folie apparaissant dans ses yeux qu'il se force à garder fixés sur le sol.


Il ne devait surtout pas regarder Kuroro, il sentait que si jamais il croisait son regard empli de satisfaction et d'une curiosité malsaine, quelque chose s'effondrerait en lui, la soif de sang prendrait automatiquement le dessus sur son esprit et il signerait son arrêt de mort dès le premier geste qu'il ferait.


« Laisse-moi reformuler, » insiste Kuroro froidement, à peine ennuyé par la quantité d'aura meurtrière dégagée par le Kuruta à bout de nerfs. « Préfères-tu mourir tout de suite ou bien rejoindre le Gen'ei Ryodan ? C'est ta dernière chance. »


Pitié, tout mais pas ça. Qui implorerait-il ? Et qui répondrait à ses prières ?

Qui en ce monde aurait la force suffisante pour le tirer de cette foutue toile d'araignée dans laquelle il s'était englué jusqu'au cou ?

Personne, assurément. Il n'y avait que lui au fond de ce merdier, comme toujours.


La solution s'inscrivit alors doucement dans son esprit tourmenté. Comme une issue de secours potentielle apparaissait, ses pensées se joignirent pour forcer un passage à travers le bourbier de ses implications, jusqu'à trouver le seul chemin possible.


Une décision qui marquerait sa vie à jamais.


« Je vais le faire, » balbutie soudain Kurapika. « Je vais vous rejoindre, pas de problème. »


...Aucun problème, vraiment.


Kuroro entrouvre la bouche, les yeux écarquillés devant le tableau de maître que peut représenter un Kuruta rempli d'une haine dévastatrice dont le regard le dévore, un sourire euphorique plaqué sur son visage inondé de larmes.


Il frissonne.


Eh bien. Les humains sont décidément des créatures fascinantes.



~~~~~


« J'ai l'impression que tu as été surpris par ma réponse. » Kurapika avait décidé de jouer le jeu, c'est donc ce qu'il fait, et il le ferai jusqu'au bout. « J'imagine que tu aurais préféré me trancher la gorge sur place à ce moment-là, non ? » demande-t-il d'un ton léger.


Deux jours se sont écoulés depuis qu'il a donné sa réponse au chef de la Brigade Fantôme, et les choses n'avaient pas vraiment bougé. Il était resté enfermé dans le manoir sous la surveillance attentive de Nobunaga, qui ne se remettait toujours pas de la nouvelle.


Machi et Abengane étaient absents cependant, sans doute partis pour une brève mission de reconnaissance. Kuroro lui avait signifié qu'ils seraient bientôt de retour.


C'est donc avec un entrain authentique que Kurapika s'élançait sur une avenue bondée de Yorkshin City, ébloui par les lumières du soir et les façades clinquantes des boutiques de part et d'autre de la rue. Il n'aurait jamais cru que marcher au milieu d'une foule compacte puisse en fait se révéler aussi réconfortant.


« Tu es une personne surprenante, je l'admets. Quant à ce que je souhaitais, je n'en sais rien moi-même. »


La réponse succincte laisse les deux hommes pensifs.


Kuroro marche un pas en arrière, les mains enfoncées dans ses poches. Depuis cette conversation avec le Kuruta, ils n'avaient pas eu l'occasion de se reparler. Ou plus précisément, Kuroro avait pris soin de l'éviter sans trop même savoir pourquoi.


Il désigne une allée transversale et s'y engouffre simultanément avec Kurapika.


« Nous y sommes, » annonce-t-il au bout de quelques foulées dans la ruelle sombre.


Il lève la tête vers une enseigne faite de néons bleus et violets qui s'allument par intermittente au-dessus d'eux. Kurapika suit son regard et se fige en voyant qu'il s'agit d'un salon de tatouage.


Kuroro semble s'apercevoir de son hésitation prégnante et plonge son regard dans le sien comme pour le sonder. Du coin de l’œil, Kurapika voit la main s'approcher lentement de son dos – pour l'encourager, ou pour le contraindre ? - et s'avance de lui-même pour échapper au contact. Il entre donc le premier dans la boutique sous le regard glacé de Kuroro, sa main se refermant dans le vide.


...Aucun problème, vraiment.


L'endroit ressemble à un salon de thé des plus classiques, mis à part une pancarte affichant des tatouages pour un prix exorbitant.


Kurapika tapote nerveusement des doigts sur le comptoir quand ils sont accueillis par une petite vieille aux lunettes grossissantes assez effrayante.


Dès qu'elle voit Kuroro, elle étouffe une exclamation enjouée en le saluant.


« Deux fois dans la même semaine, je suis chanceuse. »

« Allons Aya, tu vas m'embarrasser, » répond Kuroro avec un sourire étonnamment naturel qui fait rougir la vieille femme.


Elle porte alors son regard sur Kurapika avec un intérêt soudain, « hmm, hmm. Très mignon celui-là, et un peu frêle pour le onze. Je vais prévenir Motoko, patientez ici. »


Kuroro hoche la tête quand la dénommée Aya s'éclipse à travers un rideau de perles. Il fait signe à Kurapika et se dirige vers une petite table ronde couverte une nappe brodée et décorée de fleurs de jasmin et d'une bougie en son centre. Kurapika le suit sans un mot, les mains dans son dos.


Il observe brièvement les murs peints de couleurs chaudes, puis les lourds rideaux drapés des fenêtres, et se sent lentement oppressé par l'ambiance tamisée du lieu. Il s'assoit finalement face à Kuroro en prenant soin de ne pas regarder dans sa direction.


« C'est ici que vous faites faire tous vos tatouages ? » demanda-t-il d'une voix désintéressée.

« En effet. Motoko possède un talent unique, mais tu vas vite t'en rendre compte. »


Ils échangent un regard lisse. C'est alors que Kuroro retire d'une de ses poches un morceau de papier plié et son stylo habituel – oui, celui qu'il aimait planter dans la tête des gens ordinaires. Il pousse la feuille vers le Kuruta en guettant sa réaction.


« Écris là-dessus ton nom, ta date de naissance et ton groupe sanguin, s'il-te-plaît. »


Kurapika fronce les sourcils en se raidissant. Il sait exactement de quoi il s'agit, ayant déjà vu cette chose à l’œuvre.


« Je vois. C'est à cause de toi si Neon-sama n'a plus son pouvoir, » accusa-t-il, sa main tremblant vaguement quand il saisit le stylo métallique entre son pouce et l'index.

« Il se pourrait que nos chemins se soient croisés lors des enchères, » formule méticuleusement Kuroro, « elle va bien, à part ça ? »

« Pas vraiment. Cela a causé beaucoup de complications et de problèmes financiers à la famille Nostrade. »


Kurapika griffonne ses informations personnelles sur le bout de papier, agacé par la désinvolture de l'homme qui lui fait face.


Kuroro hausse les épaules, « qui se soucie de la notoriété et l'argent ? Je m'inquiétais simplement pour cette fille. »


Comme si tu pouvais te soucier sincèrement de quelqu'un, bâtard.


Il tend le papier à Kuroro et leurs doigts s'effleurent quand il le prend. Kurapika ferme brièvement les yeux avant qu'ils ne virent à l'écarlate pour se composer une attitude plus calme.


« En fait, Neon-sama a été dévastée lorsque votre copie d'une paire d'yeux de mon clan a disparu de sa chambre le lendemain des enchères. »


La bouche du voleur s'arrondit en un « o » silencieux.


« Pauvre petite. Elle a des goûts tellement raffinés, » taquine-t-il en baissant les yeux sur l'écriture du Kuruta à la calligraphie singulière « alors comme ça tu as dix-sept ans, hein. »


Kurapika grince des dents et s'immobilise lorsque Kuroro plonge sa main droite sous son manteau, vraisemblablement pour invoquer le Bandit's Secret.


« Puis-je me permettre de demander si la Brigade Fantôme est toujours en possession de la paire originelle - ? »


« Sshhht, ça peut attendre ; je dois me concentrer, » interrompt Kuroro, une bête de nen fantomatique et glaçante prenant forme au-dessus de son épaule.


Le garçon se tient immobile en face de lui avec une gravité presque hypnotique pendant que la technique prend effet, regardant le stylo enveloppé de nen caresser le papier au bout des doigts de Kuroro. Un frisson lui parcourt l'échine alors qu'il anticipe ce que la prédiction pourrait contenir.


Cela prit environ deux minutes et le Lovely Ghost Writer de Neon s'évapora au milieu d'un petit nuage mauve. Kuroro ramassa la feuille entre ses longs doigts pâles et en commença la lecture sans attendre.


Le chant de la flûte est trompeur

Ne crois pas les sourires vides des femmes

Quand leur intérêt est opposé au tien

Ta générosité ne seras pas récompensée


Les lunes meurent et renaissent la nuit

Prend garde ou tu seras toi aussi prisonnier de la toile

Mais si tu fermes les yeux un instant

Tu pourras y trouver ce que tu cherches


Une caresse inattendue ou un baiser

Et la tête pourrait bien être arrachée

Si tu t'aventures à la rencontre du magicien

N'oublie pas que son poison est la folie


Il lève ses yeux gris sur Kurapika et le dévisage en silence.


« Puis-je le lire ? » demande l'autre, rendu mal à l'aise par l'intensité du moment.


« Non, ce n'est pas possible. » Kuroro tend sa main vers la chandelle et laisse le coin inférieur de la prédiction s'enflammer. « Ce n'est pas très intéressant de toutes façons. »


Le Kuruta fixe avec indignation la feuille tandis qu'elle se consume jusqu'à lécher les doigts de Kuroro. Celui-ci secoue alors légèrement sa main pour éviter la brûlure. Son regard tombe sur la surface de la table comme il ne semble pas remarquer la tension soudaine émanant de Kurapika.


Aya est revenue et transporte avec elle une petite tasse de thé fumante qu'elle dépose avec révérence devant le chef de la Phantom Troupe.


« Je suis désolée pour l'attente, mais tout est prêt. » Elle fait signe au jeune homme de se lever et celui-ci s’exécute. « Veuillez me suivre, c'est par ici. »


Kurapika lui emboîte le pas avant de se retourner avec hésitation. Kuroro s'est levé également, mais se dirige vers la sortie à grandes enjambées.


« Je dois passer un appel, je reviens plus tard, » déclare-t-il négligemment, le téléphone déjà vissé à son oreille tandis qu'il se détourne.


Ça ne sent pas bon, pense immédiatement Kurapika en se mordant la lèvre.



~~~~~


Aya a conduit Kurapika jusqu'à une petite pièce très bien éclairée, où l'attend une jeune femme portant un kimono d'un violet profond et des tabi blancs.


Celle-ci se lève en entendant les perles de l'entrée tinter, et s'incline devant son nouveau client. Le Kuruta la salue à son tour humblement avant de prendre une grande inspiration.


« Veuillez retirer vos vêtements, et installez-vous je vous prie, » Motoko désigne le fin futon à ses pieds, puis s'assoit, les mains croisées sur ses genoux.


Kurapika prend quelques instants pour observer la chambre traditionnelle japonaise, aux murs de papier et au sol recouvert de tatamis. La pièce est autrement vide, mis à part quelques luminaires. Aucune trace d'outils ou d'instruments de tatouage nulle part.


Cette constatation fait naître une pointe d'inquiétude dans son estomac, mais il n'en laisse rien paraître. Était-il vraiment là pour se faire tatouer ? L'absence de Kuroro lui parut d'un coup suspecte.


Le regard perdu, il retire d'abord son tabard bleu et doré, puis son haut blanc, mais lorsqu'il commence à baisser son pantalon Motoko l'arrête d'un geste, un sourire doux plaqué sur ses lèvres d'un rouge vif.


« Cela sera suffisant pour le numéro onze. »

« Excusez-moi, » bafouille-t-il en remontant hâtivement son pantalon, manquant de trébucher, le feu brûlant ses joues.

« Allongez-vous sur le ventre, s'il-vous-plaît. Essayez de vous détendre, c'est généralement moins douloureux ainsi. »


Kurapika acquiesce et s'installe à plat ventre, les bras relevés devant lui pour poser sa tête. Il observe du coin de l’œil la jeune femme qui ferme les yeux. La douleur n'est pas ce qui l'effraie, bien sûr. Il pourrait avoir chaque os de son corps broyé en mille morceaux que cela serait toujours moins insupportable que de porter la marque indélébile de l'Araignée.


Très doucement, une aura chaude et fluctuante se met à envelopper la silhouette parfaitement droite de Motoko. Une grande plume noire se matérialise entre les doigts de sa main droite, faisant frémir le Kuruta.


Un tatouage de nen !


« Ça fait sens, » marmonne Kurapika « Je comprends mieux pourquoi j'arrivais si facilement à différencier un faux tatouage d'un vrai. »

« Quel faux ? »


La voix d'homme résonne près de l'entrée et Kurapika tourne nerveusement la tête. Debout, Kuroro se signe d'un rapide salut en direction de la jeune femme, puis pose un regard brutal sur le Kuruta. Il y a quelque chose d'étrange dans son expression qui met tout de suite le garçon mal à l'aise.


La joue pressée sur le dos de sa main, Kurapika se redresse subrepticement.


« Des brutes qui se font tatouer une Araignée pour impressionner leurs adversaires, » explique-t-il, « mais jusqu'à présent j'ai toujours senti la différence. Maintenant je sais pourquoi. »

« Attention, je vais commencer. Vos muscles sont très tendus, essayez de penser à quelque chose de relaxant... »

« Ne vous inquiétez pas, vous pouvez y aller » coupe sèchement Kurapika en fixant Kuroro.


Celui-ci le regarde en clignant des yeux. « Ces brutes, comme tu dis... tu les as tuées ? »


Kurapika serre les dents et tressaille quand il sent la pointe de la plume s'enfonce dans le bas de son dos. C'est effectivement douloureux sur le plan physique, mais ce n'est rien en comparaison de la blessure psychique qu'il reçoit dans le même temps.


« Non. Je ne suis pas comme vous. Il me faut une bonne raison pour exécuter quelqu'un, et même malgré cela, je n'y prends jamais plaisir. »


Kuroro s'avance et arrivé à hauteur de son visage, il s'accroupit. Son regard semble s'attarder un moment sur le dos pâle et frissonnant du Kuruta, puis remonte lentement vers son visage. Sa mâchoire crispée, mais les pupilles écarlates le fixent intensément.


« Vous n'avez pas peur qu'ils vous... » Kurapika laisse échapper un minuscule halètement de douleur, « …vous causent du tort avec leurs contre-façons ? »


Kuroro lui sourit avec indulgence.


« Nous causer du tort, hmm ? Tu sous-entends que ces personnes seraient capables de dégrader encore plus notre sulfureuse réputation ? »

« Eh bien à la réflexion sans doute pas. Mais ce ne sont pas des combattants sensationnels, alors ils ridiculisent en quelque sorte l'Araignée. »

« Content que tu t'en soucies, » répond Kuroro d'une voix artificielle. « Je devrais probablement les traquer pour les éliminer dans ce cas. Merci pour la suggestion. »

« Ce n'est pas ce que... »

« Lucifer-sama, » interrompit Motoko d'une voix très froide « vous troublez mon client. Veuillez sortir immédiatement. »


Le chef de la Brigade avança sa main pour écarter une mèche blonde des yeux de Kurapika. Le geste, bien que déplacé, était incroyablement doux et Kurapika se sentit rougir malgré lui.


« Bien, je vous laisse. Prenez soin de lui, Motoko. »


La jeune femme opina du chef avant de se pencher un peu plus avant pour se concentrer sur son travail. Elle attaquait maintenant une partie délicate du tatouage sur la colonne vertébrale et ne pouvait pas se permettre de se laisser distraire.


« Il n'est pas si méchant que vous le pensez... » souffla-t-elle cependant après qu'il fut parti.


Kurapika se contenta de serrer les dents une fois de plus en se demandant quand ce cauchemar prendrait fin.


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