Derrière le sourire du magicien

Chapitre 8 : Une situation imprévue

2242 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/05/2018 00:55

"Tu as tenté de le tuer, des années auparavant. "

"Aucun contrôle... aucun contrôle. "

"...tait mon ami. "

"Mort."

Trois semaines plus tard


Une vague de murmures parcourut la foule, au rez-de-chaussée de la Tour Céleste. De longues files remplissaient la salle, cortèges de nouveaux combattants cherchant gloire, argent, et avant tout un bon combat. Les guichets étaient bondés, les employés de la tour débordés, les têtes se tournaient, puis se retournaient, pointant du doigt l'origine de ce chaos. D'une personne à l'autre, on se passait le mot. L'origine de cette commotion marchait rapidement dans le hall, ses longs cheveux fixés en un chignon désordonné, sa cape nonchalamment balancée par-dessus son épaule. À son passage, il y eut un mouvement de foule violent, une masse compacte de spectateurs se ruant là où les billets se vendaient par milliers, où les paris dépassaient la barre des millions.

Revenue de son périple dans le désert, la Floor Master était de retour après plus d'un mois d'absence. Elle regardait la foule autour d'elle, légèrement exaspérée. Depuis qu'elle avait mit le pied dans cette ville, la jeune femme n'avait pas connu une seconde de répits. Pas une seule. Dans la rue, elle avait été suivie, applaudie, et avait même reçu des encouragements. Les journalistes semblaient avoir doublés depuis son départ. Il en sortait de partout. Des voitures, des magasins, de derrière les arbres, et même de derrière les pots de fleurs. Ils la poursuivaient, le micro à la main, un crayon coincé dans la bouche. Certains tentaient même maladroitement de prendre des photos d'elle, finissant généralement par prendre un cliché dans le vide. Et toujours, encore et toujours maintenant, tandis qu'elle marchait dans le hall de l'immeuble, elle pouvait entendre les mêmes murmures qui l'avaient poursuivit dans toute la ville.


Elle s'arrêta un instant, tournant son regard vers les nouveaux combattants. Ils la regardaient avec défiance, parfois admiration, mais il y avait quelque chose d'autre dans leur regard. De l'attente, et de l'excitation. Elle plissa les yeux, suspicieuse. Elle avait bien remarqué le mouvement de foule vers la billetterie quand elle était entrée dans le hall, et ça ne présageait rien de bon. Les journalistes, les encouragements, la réaction des gens autour d'elle. Rien de bon du tout.

— J'espère qu'ils n'ont pas encore accepté un combat sans mon autorisation, marmonna la jeune femme, légèrement fatiguée.


Une fois dans l'ascenseur, elle s'appuya contre la paroi et soupira lourdement. Elle n'était vraiment pas d'humeur pour ce genre de choses, et, son irritation ne faisait que grandir aux fils des heures. Elle n'était vraiment pas faite pour ça. Elle regarda le numéro des étages s'afficher sur l'écran, son regard caressant de temps à autre la paroi vitrée. La petite cabine défilait le long des immeubles, pointant vers le ciel et continuant son ascension, inexorablement. À l'horizon, le soleil se couchait, baignant de sa lumière la métropole. Les immeubles étaient rouges, un rouge s'épaississant au fur et à mesure que la nuit tombait. Rapidement, les voitures se transformaient en petits points lumineux, brillants dans l'ombre des buildings. Les passants quand à eux se transformaient en tâche floues et insignifiantes, engouffrés dans les entrailles de la ville. Et la cabine elle, bien que s'approchant des étoiles, s'arrêta avant de pouvoir atteindre les premiers nuages. Les portes s'ouvrirent, arrêtant la jeune femme à son palier. Un endroit vide, plongé dans le noir. Elle jeta un dernier regard à la ville, avant de laisser les portes se clore derrière elle.


Ses pas résonnaient dans les couloirs à moitiés vides. Une salle de sport inutilisée, d'autres endroits qu'elle n'avait jamais prit la peine de visiter, les installations mises en place pour les Floor Master constituaient la majorité de son étage. La seule partie qu'elle habitait, cependant, était son appartement. Elle avait demandé quelque chose de petit, de la même taille qu'un appartement normal. Marcher dans un endroit désert ne lui rappelait qu'une seule chose, et elle n'avait pas vraiment besoin d'un rappel. Elle ne possédait rien, et, elle n'avait pas réellement besoin de quoi que ce soit. C'est ce qu'elle se disait, quand venait la fin du jour. Cependant, lorsqu'elle entendit un bruit de grattement derrière sa porte, elle savait bien que ce n'était pas entièrement vrai. Deux pupilles jaunes l'attendaient, les moustaches tendues, le poil brillant. Dans l'entrée de son appartement, son chat se roulait sur le sol, ronronnant, comme pour lui souhaiter bienvenue. Comme à son habitude, la jeune femme s'abaissa, caressant l'animal, un sourire aux bords des lèvres.

— T'es encore là, toi ? murmura la jeune femme en le grattant derrière l'oreille.


Depuis quelques mois, l'animal cohabitait avec Silence. Elle l'avait aperçu se balader dans les couloirs de la tour, à plusieurs reprises, avant de le trouver un jour devant sa porte. Il arrivait toujours à se faufiler, peu importe le nombre de fois qu'elle le chassait. Elle avait demandé au personnel de prendre des précautions quand ils prenaient l'ascenseur, mais la bête n'en démordait pas. Elle avait fini par lâcher prise après un mois, vaincue par un chat. Il partait et venait à sa guise, ne demandant pas beaucoup d'attention. Quand elle n'était pas là, elle le laissait généralement en dehors de l'appartement, il vagabondait alors dans la tour et se trouvait un asile temporaire. Elle s'était habituée à sa présence, et appréciait son caractère indépendant. Même si, il n'était finalement qu'une chose de passage dans sa vie, qui partirait éventuellement. Car, un animal n'appartient à personne et, un chat n'a pour maître que lui-même. Cependant, il y avait quelque chose d'anormal. Alors qu'elle le caressait, la jeune femme fronça les sourcils. Il n'aurait pas du être dans son appartement. Sa porte n'aurait pas du être déverouil...

— Fyuuuuu, c'est vraiment adorable!~♥


Deux pupilles jaunes attendaient Silence dans son appartement, mais pas celles de son chat. Elle retint sa respiration, le temps de réaliser. Le temps d'intégrer ce qu'elle venait d'entendre. Et, en l'espace d'un instant, le pied de la jeune femme fendit l'air. Une fois son mouvement achevé, cependant, son genou n'entra en contact qu'avec le vide. Sur ses gardes, elle tenta de déceler le moindre signe, le moindre mouvement, ne serait-ce qu'une ombre. Mais, dans ce calme profond, seul ses rideaux flottaient dans le vent. Son salon était éclairé par une lumière bleue vacillante mais la lueur jaune, elle, avait disparue. Il n'y avait plus personne. Ce n'est que lorsqu'elle senti un courant d'air qu'elle tourna la tête vers son balcon. La fenêtre coulissante était ouverte, donnant vers un ciel pourpre mais pas encore étoilé. Il n'avait laissé aucune trace et elle n'avait senti aucune aura, rien, avant de l'entendre. Et elle connaissait cette voix.


Un bruit, derrière elle, attira soudainement son attention. Tous ses instincts la poussèrent à se jeter brusquement vers la source sonore, mais réalisant ce qu'elle allait faire, elle s'arrêta soudainement. Il se frottait contre un verre, sur la table basse. Il ronronnait, mais s'était arrêté face à sa réaction, aplatissant ses oreilles. S'il était un humain, il la regarderait d'un air offusqué. À la place, il quitta la table basse avec un léger soufflement, amenant l'attention de la jeune femme sur le verre d'alcool. Du verre d'alcool, son regard dévia vers la table. Une carte était posée sous le récipient. Dame de pique, elle brillait, éclairée par la même lumière bleue. Celle de la télévision. La jeune femme écarquillât les yeux en voyant son écran. Ou plutôt, ce qu'il affichait.

— Ils n'ont quand même pas osé, murmura la jeune femme, sidérée.


Soudainement, tout devenait plus clair. La réaction des passants, les questions de la presse, les encouragements et le regard des gens. Elle partait un mois, et voilà ce qu'il se passait durant son absence. La jeune femme hésitait entre souffler et serrer le poing, des sentiments conflictuels se mélangeant dans son esprit. Elle opta pour regarder le verre d'alcool avec un air suspicieux. La jeune femme ne connaissait pas vraiment le langage des cartes, ou la cartomancie. Elle avait quelques notions, mais pas assez pour connaître la signification de celle-ci. Et honnêtement, je m'en fou, pensa la jeune femme. Elle savait qu'elle ne devrait pas se sentir ainsi, être autant affectée et irritée. Mais l'homme venait de l'humilier en entrant ainsi dans son appartement. Et elle ne savait toujours pas comment il s'y était prit, exactement. En un mouvement rapide, elle attrapa le verre d'alcool, rangea la carte dans sa poche, et se rendit sur son balcon. Plissant les yeux, elle regarda les étages inférieurs. Positionnant le verre au dessus du vide, elle le laissa tomber, lourdement. La direction va entendre parler de moi. Elle fit alors demi-tour, et quitta la pièce en claquant la porte. La télévision continuait de tourner, même après son départ, deux pupilles dorées observant le mouvement de l'écran. On pouvait y voir deux photos, celle de Silence et celle d'un homme aux cheveux roses. Baillant, le chat s'étira longuement, avant de se rouler en boule sur le canapé. Ses ronronnements recouvraient le bruit presque imperceptible de la télévision.

— C'est une surprise de taille qui nous attend demain! s'enthousiasma une femme aux cheveux roux, conservant difficile son calme.

— Une surprise vous dites ? pondéra lentement un homme avec des cheveux argentés, il avait un air princier.

— Hisoka est une des figures mystérieuses de l'arène, c'est presque exceptionnel de le voir s'engager dans un combat ainsi... Et... Ahhh, et dire qu'on a failli rater ce combat exceptionnel !

— Hmmmm oui. J'ai cru comprendre que son adversaire, une Floor master, est arrivée au dernier moment, aujourd'hui, la veille de leur combat, n'est-il pas ?

— Ne-m'en-par-lez-pas, répondit énergiquement la jeune femme. Après le dernier combat de Silence, j'ai attendu cette opportun...

— Hmmm ? demanda l'homme aux cheveux d'argent, son regard déviant vers la commentatrice lorsqu'elle s'arrêta.

— Mais... en fait... vous... vous ne faites pas partie de l'équipe.. qui.. qui êtes-vous ?


Alors que sur l'écran de télévision l'homme aux cheveux d'argent disparut soudainement, entraînant l'étonnement de la commentatrice, Silence se rendait à la direction quelques étages plus bas. Sans toquer, elle ouvrit la porte brusquement. Dans la salle, les employés préparaient leurs sacs, rentrant sans doute chez eux. D'autres restaient à leur bureau, aux téléphones ou alors grattant furieusement des feuilles de papiers. Le plupart d'entre eux lui avaient accordé un regard, pas plus étonné que ça. Dans une arène telle que la Tour Céleste, ce genre de choses arrivaient souvent. Cependant, un petit homme s'approcha d'elle, un sourire mesquin affiché sur son visage. Il lui tendait une feuille de papier.

— Aaaah, mademoiselle, commença-t-il avec une voix doucereuse. Vous arrivez à point nommé ! Nous avions justement besoin de votre signature pour le combat, comme vous risquez peut-être de.. perde votre place de Floor master.


Silencieuse, elle le dévisagea. C'était donc lui qui avait accepté.

— C'est vous, demanda-t-elle froidement, qui avez organisé ce combat ?

— Voyons, voyons, expliqua le petit homme avec un sourire en coin. Ne soyez pas fâchée, ça fait partie de votre contrat, après to...

— C'est donc vous ?

— Dois-je vous rappeler que vo...

— Je vous ai posé une question, coupa-t-elle froidement.

— J'ai effectivement organisé le combat, ajouta l'homme après quelques instants, légèrement tendu.

— C'est la dernière fois, déclara-t-elle impérieusement. Ce sera mon dernier avertissement.


Ne lui laissant pas le temps de répondre, elle attrapa la feuille de papier et la déchira. L'homme fronça les sourcils, et s'apprêta à protester. Mais, quand il vit l'expression de la jeune femme, il perdit peu à peu ses couleurs. Plus précisément, quand il sentit son animosité, il geignit intérieurement, il l'avait vraiment mise en colère. Après quelques instants, elle tourna le dos et s'apprêta à sortir de la pièce. Au dernier moment, cependant, elle tourna légèrement la tête. Sur son visage était affiché un sourire sinistre.

— N'oubliez de venir me féliciter après mon match, je vous attendrai.


SECOND POEME

Cette âme arriva sur la terre,

Qu’assombrit le soir incertain ;

Elle entra dans l’obscur mystère

Que l’ombre appelle son destin ;

Au mensonge, aux forfaits sans nombre,

À tout l’horrible essaim de l’ombre,

Elle livrait de saints combats ;

Elle volait, et ses prunelles

Semblaient deux lueurs éternelles

Qui passaient dans la nuit d’en bas.


Elle allait parmi les ténèbres,

Poursuivant, chassant, dévorant

Les vices, ces taupes funèbres,

Le crime, ce phalène errant ;

Arrachant de leurs trous la haine,

L’orgueil, la fraude qui se traîne,

L’âpre envie, aspic du chemin,

Les vers de terre et les vipères,

Que la nuit cache dans les pierres

Et le mal dans le cœur humain.


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