L'école des démons acte 1

Chapitre 34 : Arrête de fuir.

2386 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/04/2023 11:59

La rousse ouvre lentement les yeux, Shichiro qui la tient toujours dans ses bras, la regarde. Elle bouge un peu, la douleur et les courbature la rattrape et sa position lui devient inconfortable.

 

— Tu es réveillé depuis longtemps, demande-t-elle, à l’argenté.

— Je te regardais dormir, répond celui-ci, en souriant.

— Cela devait être passionnant, plaisante-t-elle.

— Je ne voulais pas te réveiller, ça va ? Tu as l’air d’avoir mal ?

— J’ai l’impression d’être rouillée, répond la jeune, en souriant.

— Aérin… Ma magie héréditaire, dit Shichiro, en lui caressant le visage.

— Désolée, je n’aime pas que l’on s’inquiète pour moi, dit-elle, en se lovant contre lui.

— C’est normal que nous le fassions voyons ! dit-il, d’une moue boudeuse.

 

Elle lui sourit, elle le sait, mais ce n’est pas pour elle qu’il faut s’inquiéter pour l’heure.

 

— Tu vas aller voir Callego ?

— Bien sûr, je m’assure que tu déjeunes et j’y vais !

— Oui papa, plaisante-t-elle.

 

Shichiro se lève et descend de son perchoir, tendant les bras vers Aérin et la rattrape alors qu’elle se laisse tomber. Il la pose délicatement au sol, fronçant les sourcils en la voyant serrer les dents. Elle lui sourit et s’avance avant qu’il ne le lui fasse une remarque. Ils rejoignent sa mère dans la cuisine, son père, lui, est déjà parti travailler. Shichiro explique à sa mère qu’il veut aller voir Callego et lui demande d’être gentille avec Aérin durant son absence. Après avoir déjeuné, il s’en va, laissant les démones ensemble.

La mère est occupée avec les plantes présentes dans la maison, Aérin se lève de sa chaise tant bien que mal et s’approche d’elle.

 

— Puis-je vous aider ?

— Hum, je coupe les feuilles mortes, regarde, montre Hanakao.

 

Elle lui donne une petite paire de ciseaux sécateur et Aérin imite la blanche.

 

— Je comprends d’où vient l’intérêt de Shichiro pour les plantes et les créatures, dit la jeune, en souriant.

— Il a toujours été curieux de nature, même si ce n’est pas toujours pour son bien, réplique la mère.

— Pourquoi ? demande la rousse surprise.

— Il peine à se faire des camarades à cause de ça, les autres enfants le trouvent bizarre, explique Hana.

— Il connaît beaucoup de choses et s’émerveille de tout. C'est ce qui fait son charme, je trouve, réplique Aérin, en riant sincèrement.

 

Hana baisse les yeux sur le démon et lui sourit de ce fait. Ensuite la rousse accompagne la mère dans la serre où elle l’aide à l’entretien de la multitude de plantes qu’elle y contient. Le téléphone d’Aérin vibre dans sa poche, elle le sort et remarque que c’est Azael qui l’appelle.

 

« Bonjour Azael, ça va tes jambes ? »

« Salut Aérin, pas top, mais c’est déjà mieux par rapport à hier et je te retourne la question. »

« Je vais bien, ne t’en fais pas pour moi. Deganest supportable ? Tu ne fais pas peur à Zya ? »

« Je ne fais peur à personne et ton frère est insupportable comme à son habitude. »

 

Aérin entend Deganse plaindre et Opéra lui crier un bonjour.

 

« Ils sont en forme de ce que j'entends. »

« Oui… Et, toi, tu te sens vraiment bien ?

« Oui, ne t’en fais pas. »

« Aérin, si ça ne va pas dit le ! Même si les parents de Shichiro semblent avoir trouvé une solution, ce n’est pas naturel pour un démon d’aider un membre hors de leur clan. »

« Aie confiance grand frère. »

 

Elle finit par raccrocher, revenant vers Hana qui l’observait dans son coin.

 

— Tu sais, tu ne devrais pas mentir sur ton état, dit la démone adulte.

— Ils s’en font tous assez bien comme ça, pour que j’en rajoute, dit alors Aérin.

— Ils veulent juste te soutenir, que tu te reposes un peu sur eux.

— Je le sais, mais ce n’est pas digne d’un démon, continue la rousse.

— Comme le fait d’aider un démon d’un autre clan, dit la mère, en souriant.

— Vous l’avez entendu ? dit Aérin, mal à l’aise.

— C’est normal qu’il s’inquiète pour toi et il n’a pas tort. J’ai avant tout fait plaisir à mon fils, mais je t’avoue que si j’avais eu un second enfant, j’aurais aimé avoir une fille comme toi, réplique Hanakao.

 

Sa mère est gentille et attentionnée, elle aussi, elle aimerait jute qu’elle soit plus présente, tout comme son père…

Callego s’est levé tôt pour ne pas dire qu'il n’a pas dormi. Il est de nouveau dans la salle d’entrainement ou il se donne à fond pour passer sa frustration. Retourner près d’eux et se sentir encore une fois de trop ? Continuer à les ignorer jusqu’à ce qu’ils acceptent la séparation ? Il le sent qu’ils vont venir jusqu’à lui et il n’a pas envie de les affronter.

Shichiro est décidé à aller lui parler et Gianni n’a pas envie de couvrir son neveu dans ses idées. L'adulte a laissé entrer le démon et le conduit directement à la tête de mule pour que celui-ci ne prenne pas la poudre d’escampette.

Shichiro suit Gianni jusqu’à la salle d’entrainement. C’est bien ce qu’il pensait, Callego se cache et le blanc est bien décidé à le secouer ! L’oncle entre dans la pièce suscitant l’attention de Callego qui blanchit en voyant Shichiro.

Le brun se braque et se rue vers la douche, fermant la porte derrière lui. L’oncle laisse là les garçons, si Shichiro arrive à faire parler la petite tête, tant mieux pour lui. De ce fait, Shichiro s'approche de la porte et s'y adosse.

 

— Callego, tu sais que je n’aurai aucune difficulté à entrer, alors fait au moins l’effort de me répondre, dit Shichiro, d’un ton calme.

— Je n’ai rien à te dire, je dois partir, mon père m’attend, ment le brun.

— Toi aussi, tu tentes de me mentir ? souffle Shichiro.

 

Callego qui l’entend, en fronce les sourcils, comment ça, lui aussi ? Il parle d’Aérin ? Il grince des dents… Mieux vaut ne pas lui poser la question, couper à court la discussion pour qu’il parte.

 

— Tu ne comprends pas quand une personne veut être tranquille, rétorque le brun, agressif.

— Parce que ton comportement n’a aucune logique, pourquoi tu es parti ? insiste Shichiro.

— Ma présence n’a rien d’utile, dit Callego, en perdant un peu de sa conviction dans sa voix.

— C’est ridicule, répond Shichiro, en frappant la main à plat contre la porte, ce qui fait sursauter le brun.

— Shichiro, je n’ai pas envie de discuter, restez entre vous, cela vaut mieux, répond Callego, qui se penche sur l’évier.

— Il n’y a aucune conviction dans ce que tu viens de dire…

— Shichiro, casse-toi !

— Je resterai tant que tu ne te seras pas décidé à me parler en face ! dit le jeune, d’une voix plus dure.

 

Callego regarde le lavabo, en serrant les dents et les points… Puis se redresse pour venir ouvrir au démon et le laisse entrer dans la pièce, alors que Callego recule pour reprendre de la distance avec lui. Shichiro le regarde durement, puis le remarque, la sueur qui dégouline de ses cheveux et l’état de sa tenue…

 

— Je vais peut-être te laisser te laver, dit Shichiro.

— Je vais prendre une douche, dit ce que tu as à dire et part, réplique Callego qui lui tourne de ce fait le dos.

— Avec l’eau qui coule, tu ne vas rien entendre, réplique Shichiro.

— Je ne suis pas sourd, grogne Callego.

 

Le démon va s’asseoir le temps que l’autre se déshabille et se glisse sous l’eau. Les garçons se changent et utilisent des douches avec séparations en salle de sport. Ils y vont en caleçon et Shichiro avait de ce fait déjà remarqué les séquelles causées par son familier sur le dos et les épaules de Callego. Le brun se tourne vers le démon alors qu’il se couvre d’une serviette pour enlever son caleçon et Shichiro détourne par respect les yeux, ses joues devenant rouges alors qu’il s’aperçoit qu’une certaine curiosité vient de le prendre…

 

— Aérin va mieux ? demande, enfin, Callego.

— Elle est fidèle à elle-même, elle souffre en silence, répond sèchement Shichiro.

— Je pense que c’est un point que l’on en a commun, avance Callego, qui se glisse dans la cabine de douche.

— Certes… Callego, Aérin espère que tu reviennes avec moi, réplique le démon qui remonte les yeux vers lui.

— Je ne le ferai pas, rétorque Callego, sa queue fouettant nerveusement l’air.

— Et pour quelle raison ?

— Je suis incapable d’être là pour elle, déclare le brun, sa voix presque étouffée par le clapotis de l’eau.

— Ah ? C’était ton double lors de ses crises ? ajoute Shichiro, moqueur.

— Je l’ai assistée, mais je n’ai rien fait de plus. Je n’arrive pas à la rassurer, ni à la soutenir, dit le brun, en s’énervant.

— Ta présence à ses côtés est déjà amplement suffisante, tu en es conscient ? Tu t’es imposée à elle, alors ne la laisse pas tomber maintenant sous prétexte que tu ne lui conviens pas, ou alors avoue que tu ne l’aimes pas, en te rappelant que je le saurais si tu mens ! réplique Shichiro, sèchement.

— Être là, ne fais pas le tout, Shichiro, répond Callego, à mi-voix.

— De quoi tu as peur ?

— Je n’ai pas peur ! Je suis… Je ne suis pas toi.

— Tes excuses ne me conviennent pas, Callego. Tu t’isoles pour je ne sais quelle raison et tu n’apprécies pas cela, alors arrête de faire ta tête brulée et revient avec moi ! Crie Shichiro.

— Je me sens coupable quand je suis près de vous, mais j'ignore exactement pourquoi, avoue Callego.

— Tu réfléchis de trop, ni Aérin, ni moi ne te reprochons quoi que ce soit. Tu es là comme il le faut, alors arrête de te retourner la tête pour rien, Callego, c’est parfait à trois, conclus Shichiro.

 

Callego baisse les yeux, c'est bien la première fois que Shichiro lui parle avec autant de hargne. Il balance la queue, agacée, parce qu'il ne sait pas quelle décision prendre.

Shichiro est hors de lui, ce qui n'est vraiment pas dans ses habitudes, mais il reste mesuré parce qu’il remarque la détresse de son camarade. Il se redresse en se fichant des tenues de bien séances et se moquant de franchir les limites de la pudeur pour se glisser dans le dos de Callego qu’il vient serrer dans ses bras.

Le brun se raidit et se fige hésitant toutefois à repousser ou non, Shichiro. Il serre les crocs et baisse la tête, aussi gênée par la proximité du blanc, que ce sentiment contradictoire qui le prend.

 

— Tu vas être trempé et le concept de pudeur, ça te parle ? dit Callego, râleur.

— Aérin a besoin de nous, autant que j’ai besoin de vous, murmure le démon. 

— Tu vas être trempé, abruti, grommelle Callego.

— Tu reviens avec moi ?

 

Une nouvelle fois, il se crispe, attrape le pommeau de douche qu'il dirige vers le visage de Shichiro, pour le faire reculer, celui-ci en secoue sa tête, complètement trempé et sort de la cabine.

 

— Depuis quand tu ne portes plus ton masque ? réplique Callego.

— Ah ! J’ai oublié de le mettre en venant !

 

Il coupe l'eau et attrape son essuie qu’il enroule autour de sa taille et en donne un pour Shichiro.

 

— Tu sais qu’Aérin pense que tu pourrais mal prendre le fait d’être câline avec toi ? dit Shichiro.

— Dis-lui que toi, tu le fais sans gêne et sans pudeur ! réplique le brun.

— Ah ça va, c’est la première fois que je le fais ! ronchonne Shichiro.

 

Callego le regarde alors en levant un sourcil, les battements de son cœur se calme et la tension dans son corps également, du moins :

 

— Pas comme je viens de le faire, rétorque Shichiro.

 

Le brun le regarde en fronçant les sourcils, son malaise revenant.

 

— Parce que celui-ci est différent de tes prises d’affections soudaines ? réplique Callego.

 

Shichiro sourit simplement à sa question, ses joues rougissantes, Callego retourne dans son ébouriffage de cheveux, préférant ignorer cet instant. Il ne peut plus nier que l'affection qu'éprouve Shichiro pour Aérin, puisse être pareil pour lui…

Il enfile ses vêtements, surprenant le regard de Shichiro, qui se défile une fois que celui-ci le remarque. Callego fixe le vide, préférant faire comme si de rien n’était… Cela le gêne d’une certaine manière, mais en même temps, il s’aperçoit que s’il repousse le démon, il en sera blessé et cela. Il ne le veut pas, non plus. C’est à plus rien n’y comprendre…


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