Is it or is it not ?

Chapitre 6 : Aucun contrôle

3198 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/12/2018 21:11

Je pénètre dans l’entrée du Manoir où je suis accueillie par Lorie, et sa mine renfrognée. Elle m’attend les bras croisés sur sa peluche qu’elle étrangle sans le vouloir. Nicolae nous rejoint dans le hall, j’attendais que la petite me confie les raisons de sa joie manifeste mais l’arrivée de son grand frère l’en aura empêché :


« Le doyen Prescott m’a dit que tu allais sûrement participer à une expédition ? Comment se fait-il que je n’ai pas obtenue l’information directement auprès de toi ? Nous nous voyons tous les matins et tous les soirs depuis un mois ! » S’exclame le fils aîné des Bartholy.


Je me fais donc sermonner directement en rentrant : encore une journée pleine d’émotions. Je ne comprends pas tout de suite où est le mal. Après tout, je suis étudiante, la suite c’est que je travail dans le domaine que j’étudie… Il faut bien que je m’émancipe un jour, non ? Partir en expédition était prévu dans mon contrat d’embauche après tout. Et je ne fais que porter compagnie à une enfant vampire. Je ne nie pas mes responsabilités, mais Nicolae a l’air de s’énerver beaucoup pour pas grand-chose, et surtout si tôt ! Rien ne dit que nous allons vraiment partir (même si j’aimerai beaucoup). J’essaie de garder mon calme avant de répondre :


« Nicolae,… Pourquoi tu t’emportes d’un coup ? Si je ne t’ai rien dit, c’est parce que le voyage n’est pas encore officiellement prévu, et puis si jamais ça doit se concrétiser… je te rappel que c’est écrit dans mon contrat de travail que je peux partir pour des projets professionnels » Répliquais-je, confiante.


Il me toise d’une expression impassible, mais je dénote quelques rictus synonyme de son ressentiment. Je sais que j’ai l’air probablement égoïste, mais ça ne serait sûrement pas long comme voyage. Et ma venue chez les Bartholy n’était de toute façon pas supposée demeurer pour l’éternité. Nicolae m’inflige alors d’une mine déconfite :


« Je ne juge pas ta décision. J’aurais juste apprécié que tu me confie tes projets, plutôt que je l’apprenne de la bouche d’un autre… » M’avoue-t-il finalement.


Je l’ai peut-être prit trop à cœur… Je ne sais pas vraiment comment réagir, et je me sens à bout de nerf en ce moment. Je me ressaisis face au sourire réconfortant de Nicolae :


« Écoutes Helena, je sais qu’un jour, tu partiras. Et quand ce jour arrivera, sache que tu fais partie de la famille. Tu as réussi à gérer Lorie et ses caprices, à te faire amie de Drogo et Peter. Et, plus que tout, tu ne nous as jamais jugé, ou dévoilé notre secret. Je te suis reconnaissant pour ça »


« Moui… » Ajoute la gamine, quittant sa mine contrariée, « J’espère que tu reviendras jouer avec moi très vite ! »


Ils me quittent alors, Lorie retournant à ses occupations de petite fille vampire, et Nicolae à son bureau pour gérer ces histoires de famille. Je n’ai même pas relevé le fait qu’il a parlé au Doyen, mais je mets cela sur le compte de leur influence à Mystery Spell : en effet, au même titre que les Osborne, la famille Bartholy a en partie construit la ville : pas étonnant qu’ils aient des liens puissants ou des relations hauts-placés. Je rejoins ma chambre, déposant mes affaires près de la cheminée. Je me change en mon pyjama fétiche, et me décide à lire quelques bouquins empruntés à la bibliothèque de la ville, toujours à la recherche de nouvelles informations sur mes pouvoirs. Malheureusement, je n’arrive pas à me concentrer. Je repense à mon altercation avec Loan. J’ai remarqué que Sébastian ne m’as pas répondu à mon message depuis que je suis rentrée. Lui qui d’habitude est le premier à s’inquiéter… Les heures défilent sur le cadrant de l’horloge au dessus de la cheminée. J’entends plusieurs claquements à la fenêtre qui me font sortir de ma lamentation. Je regarde avec stupéfaction, la chouette qui se trouve sur mon balcon. Reposant les livres sur mon bureau, je décide d’ouvrir la porte, mais l’oiseau s’envole vers la forêt dans un hululement de peur. J’ai peut-être été trop rapide en m’approchant. Alors que je vois son plumage ivoire disparaître dans les bois, je me décide à retourner m’assoir. Mais mon regard s’attarde quelques secondes sur la lune, qui n’est pas pleine ce soir. Puis j’aperçois deux petites lueurs, qui sont en fait les yeux de la chouette posée sur la branche. Dans un élan de curiosité, je décide de me rendre là bas.


Il est tard, je sors donc discrètement du Manoir, j’entends le piano de Peter raisonner dans les couloirs, le fracas des doigts de Nicolae sur sa machine à écrire ou encore le bruit atroce de la fausse guillotine de Lorie dans sa chambre avant de disposer. Je n’ai pas vu Drogo de la journée, hormis au cours de Mr Jones. Il a du s’enfermer dans sa chambre. Je rejoins très vite l’arbre où s’est posé l’oiseau nocturne. Elle me regarde, clignant de temps à autre ses grands yeux ronds, comme pour me saluer. Elle m’invite à la suivre à l’intérieur de la vaste étendue d’arbres, ce que je fais : après tout, je n’ai sûrement rien de mieux à faire que de suivre un rapace étrange dans une forêt obscure.

Après quelques minutes à traverser les buissons et les grands sapins, elle m’amène dans un petit terrain dissimulé derrière deux longues liasses de feuilles. Elle se pose alors sur une branche de Pin et m’observe.

 Alors me vient une idée farfelue… Et si je m’exerçais ici ? Ça fait longtemps que je n’ai pas exercé mon pouvoir. Ce serait un bon moyen de me défouler aussi je décide de faire un essai sur une roche.

Je me focalise sur la pierre, m’essayant à la soulever, mais rien n’y fait. Je finis juste par m’épuiser, dégoulinante de sueur. Je m’écroule sur le sol, complètement démunie de toute énergie. Je devrais revoir mes espérances à la baisse : le rocher était vraisemblablement trop lourd pour moi… Je lève les yeux au ciel, mais tout ce que je vois, c’est la chouette me dévisager de ses grands iris ambrés.

La fatigue fait voyager ma mémoire à travers les souvenirs de mon enfance, et d’autres plus  récent : comme l’épisode avec Loan. Alors que je suis sur le point de m’évanouir, tout un tas d’émotions me submerge : allant de la peine, à la colère. Une profonde rage s’empare de moi, provoquant un grand vide dans mon esprit. Juste du néant. Je demeure ainsi pendant plusieurs instants qui me paraissent une éternité, à ruminer ces souvenirs horribles. Je commence à voir une lumière dans tout ce néant. Entendant des voix qui m’appellent, des voix que je ne reconnais pas… Je tends la main vers elles, prête à les rejoindre. Mon trajet vers la lumière est interrompu par la réalité à laquelle je reviens grâce au hululement de la chouette. Son bec me piquant frénétiquement le front arrive finalement à me sortir de cet état d’hallucination. Je reprends mes esprits avec difficultés, et retrouve une vue moins floue. J’observe les alentours, le paysage semble avoir changé. L’écorce des arbres est déchiquetée, les feuilles sont réduites à l’état de poussières et l’herbe auparavant verte et fournie est rasée autour de moi, dans des formes circulaires. J’analyse avec effroi la scène qui s’est produite pendant ma crise.

Je me relève difficilement, m’appuyant sur mes bras et mes jambes pour m’aider. C’est moi qui ai fait ça… ? C’est la première fois que je me rends compte de la puissance incontrôlable que je possède. J’essuie mes mains pleines de terre sur mes vêtements bizarrement intactes. Soudain j’entends une branche craquer dans mon dos, et la respiration saccadée d’un animal… La chouette s’enfuie dans une flopée de battements d’ailes paniqués. Rien de très rassurant. Je m’engage dans une course vers le manoir, seulement je ne fais pas attention au chemin que j’emprunte et me perd encore plus profondément dans les bois. Je glisse sur l’herbe mouillée et tombe à terre. Je me retourne sur le dos, et me redresse pour faire face à la bête qui me poursuit. Une silhouette se dessine dans le brouillard de poussière que ma chute a crée. Deux petites lueurs illuminent dans la brume, et finalement un loup gigantesque apparaît. Le même loup que l’autre fois : ses poils longs et noirs, ses yeux ambrés, ses pattes puissantes et son air fier : c’est le roi de ces bois.


« Tu m’as fait peur… Je suis complètement perdue. » Lui dis-je, comme si je parlais à une personne lambda.


Comme réponse j’obtiens une légère inclinaison de sa tête. Il continue de s’approcher vers moi, puis se pose finalement à mes côtés, me scrutant. Si ce loup a des goûts vestimentaires, il doit me prendre pour une folle : je suis toute sale, et mon pyjama ne ressemble plus à rien… Il avance son museau de ma tête, et me lèche la joue.


« C’est la deuxième fois qu’on se croise, désolée de ne pas être plus énergique. Si seulement tu pouvais comprendre, je te demanderai quelle direction je dois prendre pour rentrer. »


Il enfouie sa tête contre mon buste, et le pousse de plusieurs à-coups. Il se repositionne sur ses quatre pattes et se poste devant moi. Me regardant de haut, maintenant qu’il est plus grand que moi. Je me relève aussi. Il me pousse pour avancer, à peine me suis-je relevé. Je le regarde, penaude. Je crois qu’il me montre la voie… mais comment est-ce possible, aurait-il vraiment compris ce que je lui ai dit ? Il me pousse, cette fois-ci dans un grognement impatient.


« D’accord, d’accord ! J’avance ! » Râlais-je avant de m’exécuter.


Sans attendre, le loup et moi avançons à travers un chemin sinueux, entre les ronces et les orties. Je me demande si je fais bien de l’écouter, il veut peut être m’attirer dans un trou pour me manger ?! Alors que cette idée me traverse l’esprit, nous sortons très rapidement du chemin pour retrouver enfin le vrai chemin que je reconnais mener au manoir. Le loup s’en va pour partir mais je le retiens en lui barrant la route.


« Où tu vas comme ça ? » Lui demandais-je.


Il ne pourrait pas me répondre même si il le voulait. Pour unique réponse j’obtiens un grognement simple et ne ressens pas une once de colère émanant de lui pourtant. Il désire seulement passer pour s’esquiver. Je tiens cependant à lui montrer ma gratitude, même si ce n’est qu’un loup…. Certes majestueux et qui comprend le langage des hommes, mais un loup :


 « Laisses moi te remercier… tu veux peut-être dormir au chaud cette nuit ? Ou bien à manger ? »


Ne parvenant pas à me répondre, je me décide de trouver un autre moyen. Je le prends naturellement dans mes bras pour le remercier. Le loup respire dans ma nuque, se laissant faire. Nous restons ainsi, il ne se défait pas de mon étreinte. Tout à coup, une voix vient interrompre notre accolade.


« Je vois qu’on aime les câlins, gros pervers ! » dit une voix que je reconnais comme étant celle de Drogo.


« Drogo ? Mais qu’est-ce que tu fais ici ? » M’étonnais-je.


« Désolé de gâcher ce moment magique en plein de zoophilie, mais tu nous inquiétais à disparaître, petite chose ! »


Tandis que le loup tente à nouveau de s’esquiver, Drogo nous rejoint de plus près, pour mieux se moquer. Soudain l’expression du vampire change. Il perd son humour pour un air plus retenu. Il examine le loup et moi, et finit par afficher une mine incompréhensible : un mélange entre la stupeur, la fierté et la joie. Il ajoute :


« Tiens, tiens, mais ce ne serait pas vous professeur ? C’est pas bien de fricoter avec les jeunes étudiantes ! » Lâche-t-il, d’un ton sarcastique.


« Hein quoi ? Un professeur où ça ?! »


Je me tourne et me retournes sur moi-même pour voir si il y aurait quelqu’un dans les alentours, mais non. Il n’y a que Drogo, le loup géant et moi. Je regarde Drogo, abasourdie.


« ... T’as bu quoi ce soir, parce que ça ne devait pas être du sang ! » M’inquiétais-je.


« Je t’en pris Helena, ne me dis pas que tu ne reconnais pas notre cher Professeur ! Je ne pensais pas que tu aurais une relation aussi proche avec lui, ceci-dit ! » Réplique Drogo, hilare.


Je ne comprends pas du tout de quoi il parle, ce loup serait un professeur de notre université… ? Il a vraiment un problème celui-là…. Au début, cela ne faisait pas sens, et puis plus j’y réfléchis et je me dis que Mystery Spell abrite bien des étrangetés en son sein, alors pourquoi pas un métamorphe loup ?! Mais non il est fou, parce que cela voudrait dire que j’ai laissé un homme me voir comme ça… Oh mon dieu…


« Je veux dire, m’enfin ça se voit que ce n’est pas un loup ordinaire. » ajoute Drogo, pour enfoncer le couteau plus profondément dans la plaie. « Mais c’est peut être mieux d’attendre demain pour le voir dans sa forme humaine, petite chose ! » explose-t-il d’un rire, encore plus insupportable.


Je repose mon regard inquiet sur le loup qui a l’air tout aussi paniqué à l’idée que je puisse le percer à jour. Il est vrai maintenant que je remarque une ressemblance,… mais celle-ci provoque mon effroi. Sa taille, et la couleur de son pelage… Sans oublier la réflexion sur le fait que j’aurais cours avec lui demain… Voyons, demain j’ai deux cours magistraux, et un TD, et le seul enseignant que j’imagine ressemblant à un énorme loup… Ce serait Monsieur Baumann, le professeur de littérature : le professeur de littérature étant un homme de grande taille, à tel point qu’il se cogne souvent la tête au cadrant de porte. Un grand homme à la pilosité abondante et d’une extrême noirceur, comme les poils de l’animal, son caractère taciturne ressemble aussi à ce loup… ! Voilà qui expliquerait comment il m’a reconnue ! Étant une étudiante plutôt assidue dans ce cours, il a du remarquer ma présence… mais mon dieu, j’ai fait un câlin à Mr Baumann !

Alors que je me plonge dans le regret, les yeux écarquillés sur le sol, je ne remarque pas le loup qui vient de s’évader en douce. Je me retrouve à devoir m’expliquer face à Drogo, qui est plié en deux, dans un éclat de rire. Il s’essuie une larme, au moins il ne cache pas son humour… ! Je ne peux pas croire que j’ai enlacé mon prof de litté, et qu’en plus de cela… il m’a vu en nuisette, et. Mais j’y pense, il m’a peut être vu utiliser mon pouvoir ! Je suis dans de beaux draps !


« Bon, si tu as finis de déprimer je te ramène avant que le soleil ne se lève ! » Me somme Drogo, essuyant ses dernières larmes de rire.


Je suis vidée, mon regard se perd dans le néant. Drogo s’approche de moi avant de claquer plusieurs fois avec ses doigts devant mes yeux.


« Je crains une mort cérébrale… Je ne pensais pas que ça te perturberai à ce point ! » Dit-il, avant d’ajouter « Bon, on va pas y passer toute la nuit ! »


Il me soulève pour me placer sur son dos, et me ramener au moyen du Drogobus. Aussitôt dit, aussitôt fait. Il me dépose dans le couloir où je suis sermonnée de nouveau par Nicolae et Peter qui s’inquiétaient de ma disparition. Je m’excuse vivement, et rejoins ma chambre. Je m’assois sur le fauteuil près de la cheminée, et me réchauffe près du feu. Je regarde mon téléphone, je n’ai toujours aucun message de Sébastian… pourquoi il ne répond pas ? Lui qui est d’habitude enclin à la conversation tardive.

Je suis de toute évidence épuisée de toutes ces émotions, et décide d’aller me coucher. Essayant d’oublier ma rencontre avec Loan, puis ce loup, et Drogo. Et cette révélation choc du vampire sur mon professeur de littérature… Je m’endors, la tête remplie de pensées déplaisantes.





[Bonjour/Bonsoir à toutes et à tous : Voici le nouveau chapitre de IS IT OR IS IT NOT. J'ai déjà pré-écrit la suite, pour pouvoir respirer un peu avant mes examens en Janvier.

J'espère que le chapitre vous a plu, la suite arrive vite.

J'ai reçu mon premier commentaire, et ça m'a fait très plaisir : j'aimerai beaucoup que mes lecteurs se manifestent un peu plus. Je sais que ce n'est que le début.

Mais si en me lisant vous remarquez des fautes d'orthographes etc, n'hésitez pas à me le faire savoir ! :)

Des fois que ça vous intéresserait que j'écrive une fanfic sur une autre histoire, (pas forcément du "is it love", mais des films comme "Underworld", ou autre), les propositions

seront bien accueillies :)

Sur ce, je vous donne rendez-vous au prochain Chapitre ! Ciao ! ]


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