JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby
Chapitre 109 : Live or Let Die (Partie 7)
2900 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 02/12/2025 18:58
En apesanteur, Guns alunit au milieu du cratère d’une vingtaine de mètres. Sous un tas de gravas, il aperçut la silhouette inanimée du criminel. Il se trouvait dans un bras plus court de l’étoile, représentant l’index de la main du joueur de Boléro. En se propulsant au dernier moment vers ce côté où l’impact était moins fort, il avait pu réduire l’énergie reçue. Il fallait des réflexes surhumains et une perception impressionnante de son environnement pour accomplir une telle prouesse. Ce “Job” était un gâchis formidable de talent. Mourir comme ça était pitoyable.
Shizuka : Jooooooooooooooooooooooooooooob !
Se découvrant de son invisibilité et de son silence, Shizuka se montra en hurlant à la mort devant la silhouette inanimée du géant invincible. Sous le lourd poids du regard de Guns, ignorant sa peur, elle colla son oreille au torse de Job. Ses ongles griffaient la chemise désespérément dans l’attente d'une réponse de l’organe. Après une attente insoutenable, un battement hésitant perça le silence et souleva timidement le buste de la bête terrassée.
Guns : Il respire encore ?! C-comment c’est possible, il n’a pas pu encaisser une telle attaque…
Le mort se leva en poussant la fillette qui était agenouillée contre lui et attrapa violemment la chemise du majordome pour le soulever au-dessus du sol. Incapable de l’imaginer encore capable de tenir debout, Guns se contenta de lancer des regards de tous les côtés. Le Dieu vivant perdait ses moyens devant la résurrection surnaturelle.
Job : Signorina, profitez-en, touchez-lui le dos !
La voix ne portait presque aucun signe d’épuisement. Cependant, Job hurlait à la fillette d’agir. Comme Guns, Shizuka fut d’abord sonnée. La bouche du revenant s’entrouvrit à nouveau pour répéter la même phrase, avec la même intonation monocorde, robotique. Son teint était blafard et ses yeux blancs à demi-clos. En voyant la touche enfoncée sur son piano, son amie comprit l’ultime message qui lui était adressé. Séchant ses larmes, elle saisit l’occasion pour toucher le dos de son opposant.
Shizuka : Merci Job.
Avant de disparaître, Shizuka crut apercevoir les lèvres de Job péniblement bouger, d’un mouvement purement humain, pour prononcer un “de rien” avant de s’écrouler lourdement au sol, libérant son prisonnier de son emprise.
Guns donna un coup de pied dans le corps qui venait de le lâcher pour exprimer sa rage et sa frustration. Pour s’en débarrasser définitivement, il arracha un dard qui tomba au sol en glissant dans le filet d’eau qui s’écoulait entre ses doigts. Sa paume tremblait. Son autre main attrapa son poignet mais rien ne semblait stopper ses tremblements. Son esprit fut pris d’un vertige : le monde se mit à tourner, n’épargnant dans sa frénésie que la flaque de sang noir au sol.
Guns : C-ça recommence…
La culpabilité lui comprimait la gorge, l’empêchant de respirer. Les poids des regards de son employeur et de son ancienne professeure se faisaient de plus en plus pesant, voûtant son dos. De ses mains tremblantes, le majordome appuyait sur ses tempes, d’espoir que la douleur passagère puisse chasser les fantômes qui le poursuivaient depuis des années.
Guns : Je vous promets, je n’échouerai pas…pas cette fois. Je vous la rapporterai saine et sauve. Je ne détournerai pas mon œil d’elle. Je la protégerai…Je sauverai, Mademoiselle !
Le jeune homme disparut en un instant aux yeux du peu de personnes qui restaient sur la place, y compris Adam qui n’avait pu que regarder le “rital” se sacrifier pour faire diversion et sauver la fillette. La pluie battante lui rappelait le jour de leur rencontre où Shizuka avait réussi à avoir raison de ce premier Mystère. Il n’avait jamais compris quel prodige lui avait permis d’accomplir cet exploit mais c’était peut-être cela dont Batya parlait, le “potentiel” de Jojo.
Shizuka : Aaaaaaaaah !
La fillette réapparut à genoux en se tenant la tête. Des ailes de son Stand qui se tenait à ses côtés, des dizaines de ronces émergèrent et vinrent s’accrocher aux parois des bâtiments comme une gigantesque toile d'araignée. Les yeux de la jeune fille se révulsèrent, totalement envoûtés par la rage de voir son ami blessé. Malgré ce déchaînement de puissance, la silhouette invisible du Boléro n’avait aucun mal à franchir ses barrières d’épines. Il esquivait agilement les obstacles végétaux en avançant inexorablement vers sa cible.
Bells 2 : Par ici !
Au milieu des épines menaçantes, une cloche végétale se mit à sonner en agressant les oreilles du jeune homme avec sa voix chantante et nasillarde. Guns n’eut que le temps de se retourner avant que la fillette vienne le frapper. Elle frappait encore plus vite et ses yeux n’affichaient plus aucune émotion, elle était comme possédée, la même rage qui animait l’âme de son adversaire. Deux forces se confrontaient à chacun de leurs coups, deux mondes s’affrontaient à chaque contact.
Bells 3 : Il est là ~
A nouveau, la fillette fondit sur sa proie en un instant. Guns l’arrêta, leurs doigts s’entrecroisèrent et leurs regards se défièrent à nouveau. Les deux combattants ne laissaient aucune chance à leur adversaire. Une bien trop grosse mise était en jeu.
***
En voyant les ronces prendre le contrôle du champ de bataille, Adam ressentit un mélange de soulagement et d’inquiétude. Shizuka n’était clairement pas dans son état normal mais elle semblait prendre l’avantage sur ce monstre. C’était dûr de le reconnaître mais Batya avait raison, il n’avait aucune chance face à ce combat de titans.
Adam : Son nouveau pouvoir semble capable de le repérer malgré son Bolé-machin-truc…
Batya : C’est toi le mieux placé pour connaître son Stand. Tout ce que je peux dire, c’est que ces nepenthes ont l’air capables de percevoir l’énergie vitale…Cela lui donne l’avantage de pouvoir le repérer mais rien n’est gagné, si cette gamine détourne son attention un seul instant, elle va se faire pulvériser.
Adam : Alors elle le repère grâce à son énergie vitale…si elle combat la vengeance par la vengeance et la tricherie par la tricherie…ça ne peut que mal finir. La musique insupportable qui sort de la bouche de ces foutues fleurs me rappelle l’autre rital…
Au milieu du chaos sonore, Adam repéra un bruit de rotation suspect venant du ciel. L’ombre d’un appareil non-identifié recouvrait lentement le béton devant lui. Comme tous les hommes entendant un bruit de réacteur d’avion, il leva la tête par réflexe.
Adam : Qu’est-ce-que c’est que ce truc encore ?!
Dans les airs, un petit hélicoptère, slalomant entre les bâtiments, tentait de manoeuvrer malgré le tempête de poussière recouvrant le chantier. Il ne cherchait visiblement pas à fuir le chaos mais a trouvé un endroit où atterrir.
Batya : Le pilote ne peut pas voir les ronces. Il risque de se faire exploser en l’air au moment où il commencera la descente !
Adam : Et s’il s’écrase, il risque de mettre en danger les passants évanouis, on est obligés de faire quelque chose ! Si on ne peut pas aider Jojo contre ce taré, on doit au moins pouvoir protéger ces gens !
Le regard de Batya alternait entre la tempête d’épines et de poussière en train de se lever, le vol hésitant de l’hélicoptère au milieu des tours de béton et d’acier et la ligne du cercle grossièrement dessiné le long de ses pieds. La protection du rejeton Polnareff était l’absolue priorité mais elle ne pouvait pas laisser autant d’innocents être tués.
Batya : On y va, il me faut un meilleur angle pour déplacer tous les passants. Couvre-moi.
Les deux passèrent avec hésitation les bordures du cercle, en vérifiant à plusieurs reprises, que le combat continuait bien entre les deux forces invisibles. Sous la protection de l’ombre des bâtiments, ils se faufilèrent entre les frêles parois de béton en regardant anxieusement le ciel.
***
Comme les tentacules d’un monstre lovecraftien, les ronces poursuivaient leur proie en serpentant entre les bâtiments, guidées par les voix des Bells. Guns se propulsait d’un immeuble à l’autre pour esquiver de justesse les bras végétaux qui se plantaient dans les murs de béton. Les Bells pouvaient apparaître à n’importe quel endroit, se mettant à chanter dans un sombre spectacle de comédie musicale. Comprenant qu’il ne pourrait pas échapper aux morsures épineuses, Guns se laissa tomber le long d’une paroi et repoussa les assauts avec des Boléros successifs, abattant une tête de l’hydre avant que deux autres ne viennent en renfort.
Guns : Boléro XVIII - Tendres retrouvailles.
L’impact leva d’abord un vent tumultueux à gauche et à droite qui propulsa des gravats à pleine vitesse contre la fillette invisible. Shizuka rebondit de justesse sur les débris pour s’extirper de la zone de turbulence. Au centre, le déficit de pression créa un violent appel d’air happant la petite fleur vers le dard mortel de l’abeille tueuse sous forme humaine. Elle était emportée au milieu des décombres en lévitation. Quand elle voulut se dégager, deux blocs arrachés des immeubles écrasèrent son bras, lui provoquant, malgré son état second, un cri de douleur. La silhouette immobile du majordome se rapprochait : plus que vingt mètres, dix mètres, cinq mètres.
Guns : Boléro XIX - Sourires hésitants.
Le visage fermé, Guns frappa en direction de la fillette. Juste à temps, Shizuka réussit à lancer une de ses ronces contre elle pour la projeter à l’intérieur de la cavité vide de la fenêtre d’un bâtiment. La petite Joestar atterrit sur sa cheville qui se retourna dans un craquement douloureux. Elle roula dans la poussière avant de se précipiter en trébuchant à l’étage suivant.
Guns s’apprêtait à frapper en direction du bâtiment quand une voix derrière lui l’interrompit. Il se retourna par réflexe mais, il était seul. Il voulut frapper à nouveau mais son corps ne le suivait plus. Le Boléro XIX était l’ultime mesure qu'il n'avait jamais pu atteindre et, par instinct, son poing refusait de faire le moindre centimètre supplémentaire. Tout son corps tremblait et suait à grosses gouttes. Guns était paralysé par la peur.
Guns : J-je n’abandonnerai p-pas tant que… Mademoiselle Shizuka ne s-sera pas…hors de danger !
Incapable de le retirer lui-même, son Stand lui enfonça un dard dans la carotide : un inhibiteur de peur. Les tremblements cessèrent instantanément. Un filet de sang s’écoulait lentement de sa gorge et mouillait progressivement sa chemise de rouge. Le jeune homme craqua sa nuque, craqua ses doigts et prit une grande inspiration.
Guns : Boléro XX - Instants suspendus.
Sa main créait des séismes. L’onde de choc traversa la croûte terrestre et éleva l’immeuble où se trouvait Shizuka de plus d’un mètre. Sous l’effet de la pression colossale, le bitume entra en éruption, décrochant de gigantesques blocs de béton propulsés en l’air comme de vulgaires gravillons. A l’étage supérieur, la jeune Joestar entendit un terrible rugissement provenant de la Terre, suivi d’une dizaine de rochers transperçant le sol. Au fur et à mesure que les projectiles avançaient, la jeune fille reculait en rampant, sa cheville la faisant souffrir. Sa rage s’était progressivement estompée pour retrouver sa personnalité habituelle. Elle poussa un hurlement.
Guns : XXI - Embrassade réconfortante.
Love at First Sting et Guns se mirent chacun d’un côté du bâtiment et frappèrent les murs opposés du rez-de-chaussée à l’unisson. L’étage du bâtiment fut vaporisé, l’immeuble se mit à s’effondrer. Shizuka tentait de s’accrocher à la paroi lisse du sol tandis qu’elle se sentait brusquement glisser de l’autre côté.
La voix se faisait de plus en plus forte dans l’esprit de Guns mais il ne comprenait aucun des mots qu’elle prononçait. Il repéra une ronce sortant de la fenêtre du bâtiment en train de s’effondrer et comprit que son adversaire était en train de s’enfuir. Le majordome grimpa à nouveau entre les bâtiments et visa celui dans laquelle la ronce venait de pénétrer. Son champ de vision se réduisait pour ne se concentrer que sur la petite fenêtre où elle devait s’être réfugiée.
Guns : XXII - Mots maladroits.
Le 22ème Boléro frappa le plafond du bâtiment et brisa les piliers soutenant chacun des étages un par un en une fraction de secondes. L’immeuble entier s’effondra sous son propre poids. Une démolition sans bavure, charge explosive ou boulet de démolition. Guns crut en avoir enfin fini quand une nouvelle ronce s’élança vers un nouveau bâtiment. C’était encore une ruse. Peut-être misait-elle sur sa peur d’échouer pour remporter la victoire ? C’était peine perdue.
Guns : XXIII - Violente dispute.
Après avoir repéré le bâtiment où la ronce allait se réfugier, Guns frappa à nouveau son plafond mais cette fois-ci transperça le bâtiment de part en part en se laissant tomber en chute libre. Chaque étage partait en fumée à son passage tandis que la structure colossale s’agenouillait devant la toute-puissance du Boléro. Du ciel de poussière, tombèrent des météores de béton qui fissuraient le sol à l’impact.
Shizuka avançait péniblement à cloche-pied entre les projectiles fumants, lacérant ses bras nus contre les barres d’acier aux pointes saillantes qui dépassaient de chaque débris. Au bout de son champ de vision, la maigre silhouette d’une trappe menant à un sous-sol protégé se dessinait. Elle avançait difficilement. chaque pas était plus dûr que le précédent. Ses oreilles bourdonnaient. La poussière remplissait ses poumons, bloquant son souffle au fond de ses alvéoles. Elle trébucha. Son abdomen percuta le bitume froid. La fillette se traîna lourdement en soulevant difficilement ses coudes du sol, grappillant centimètre par centimètre.
Le pied lourd du Stand d’épines écrasa le bras de la pauvre enfant sans défense. Elle poussa un cri étouffé avant de se précipiter contre le mur le plus proche, puisant dans ses dernières forces restantes. Haletante, elle fixait la créature méconnaissable, avançant lentement, son regard froid glaçait le corps de Shizuka jusqu’au plus profond de ses entrailles. Chacun des pas du majordome écrasait l’espace entre eux, assénait un nouveau coup au cœur de la fillette.
Shizuka : Guns, tu me fais peur…je t’en supplie, arrête… éloigne-toi…
Guns continuait d’avancer, impassible. Aucun mot ne pouvait lui faire changer d’avis. La voix de Shizuka n’arrivait pas à se frayer un chemin dans le chaos de ses pensées. Son ombre grandissait à chaque pas, ligotant la frêle silhouette de la fillette. La forme du poing de Guns s’imprégnait sur la rétine de Shizuka, impossible de la déloger. De panique, une ronce s’échappa du bras de la fillette pour s’enrouler autour d’une barre de métal en hauteur. L’extrémité s’accrocha à l’avant-bras de Guns en guise de poulie de fortune. Shizuka tira de toutes ses forces mais rien n’y faisait : l'ultime mélodie du Boléro était déjà en marche.
Guns : Boléro XXIV - Adieux déchirants.
Nom du Stand : 『Heavens Bells』(ヘブンズ・ベルズ)
Nom du manieur : Shizuka Joestar
“Heavens Bells” sont trois nepenthes (plantes carnivores en forme de cloche) émergeant des ronces de “Kiss From A Rose”. Elles préviennent le manieur de la présence d’une menace invisible ou dissimulée en percevant l’énergie vitale environnante. Cette capacité permet de passer outre les illusions affectant les cinq sens. Plus le danger est fort, plus elles le perçoivent de loin. Elles possèdent leurs propres consciences et n’interviennent que si elles le jugent nécessaires.
Tout être vivant est entouré d’une aura d’énergie vitale qui déclenche le “tintement” des Bells lorsqu’elle rentre en contact avec elles. Autrement dit, même si l’enveloppe physique de l’ennemi n’est pas visible et/ou ne touche pas les Bells, son aura le trahira.