JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 108 : Chapitre 102 : Live or Let Die (Partie 6)

2165 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/11/2025 18:12





Après plusieurs mois d’efforts intenses, le jeune Guns arrivait enfin à s’habituer à la pratique du Boléro. Les difficultés et les bouderies des débuts avaient disparu pour laisser leur place à des partitions apprêtées. Ses mouvements n’étaient plus ceux maladroits d’un débutant mais d’un véritable artiste martial. L’intuition de la jeune maître ne l’avait pas trompée : il était un élève formidable. 

Ève : Dis-moi, p’tite tête, tu t’es déjà demandé pourquoi l’impact du Boléro avait une forme d’étoile ? 

Guns s’arrêta dans son entraînement, en nage, et s’adossa au grand pommier pour réfléchir à la question de sa professeure. 

Guns : Pas vraiment…j’ai toujours pensé que c’était pour aller avec le style de ton Stand. Une espèce de charte graphique autour des constellations, comme pour les marques ! 

La femme élégante le regarda en soupirant, visiblement consternée de la vision que cet adolescent avait de sa personnalité. Elle finit par sourire à l’honnêteté du garçon. Bien qu’il aurait aimé surenchérir, l’entraînement à la mondanité - bien plus éprouvant que celui de maîtrise du Boléro - du jeune majordome lui commandait de ne pas en rajouter. 

Ève : Cela n’a rien à voir avec moi, tous les joueurs de Boléro ont le même type d’impact pour leurs coups. En réalité, la forme d’étoile provient de ton poing : lorsque tu prépares ton attaque, l’énergie circule le long de tes doigts pour se concentrer au point de contact. Au moment de l’impact, cette énergie se divise à nouveau en cinq bras équidistants, autrement dit, en étoile. 

L’adolescent prit quelques secondes avant de réagir en se frottant le menton. Quand l’épiphanie frappa son esprit, il s’empressa de regarder la femme, l’air émerveillé.

Guns : Alors c’est pour ça que mes étoiles ont une drôle de forme, c’est parce que je ne place pas mon poing correctement ! J’ai remarqué qu’elles se déformaient de plus en plus quand je montais dans les niveaux de Boléro ! 

Ève acquiesça en fermant les yeux, visiblement très fière de la perspicacité et de la vivacité d’esprit de son élève.

Ève : Et le bras de l’étoile qui est de la mauvaise taille te permet de déterminer quel doigt est mal positionné. Pratique, non ? 

Guns : Mais Ève… 

Une question semblait tarauder l’esprit du jeune garçon. Il interrogea le regard de son aînée et, quand il obtint son approbation, se lança. 

Guns : Pourquoi ne me parler de ça que maintenant ? Il y a quelque chose qui cloche avec mon entraînement ? 

La femme hésita puis pointa du doigt un énorme fossé en forme de gentiane bleue dont les cinq pétales, légèrement irréguliers, faisant tâche au milieu du magnifique jardin à la Française de la résidence Joestar. L’air un peu honteux, l’apprenti majordome bredouilla une explication.

Guns : C-c’était un accident ! J’étais tellement excité d’avoir atteint le Boléro 10 qu-

Ève : Ce n’est pas un reproche, Guns…je sais que tu es un petit gars intelligent et c’est pour ça que je t’ai appris le Boléro. Cependant, il faut que tu réalises : un seul de tes doigts a bien plus de force que cent hommes…tu réalises les dégâts que tu peux faire ?  

Guns voyait bien qu’Ève était inquiète mais, pour unique réponse, il posa son pouce contre son cœur en lui adressant un large sourire.

Guns : Avec moi, tu peux être tranquille ! J’ai juré que je n’utiliserais le Boléro que pour protéger la famille Joestar, c’est mon unique objectif !

La réponse n’eut pas l’effet escompté. L’expression du visage de la femme ne bougea pas d’un centimètre. 

Ève : Justement, c’est bien ce qui m’inquiète. Est-ce-que tu as songé à ce que tu ferais si Monsieur Joestar nous quittait ? 

Guns : Je continuerai de veiller sur Mademoiselle Shizuka ! 

Ève : Et si un jour, elle n’a plus besoin de ta protection..?

Bien que les deux hypothèses ne le réjouissaient pas, l’adolescent ne perdit pas la face et répondit avec aplomb. 

Guns : Alors j’y réfléchirai le moment venu ! Mais honnêtement, je ne suis pas très inquiet parce que je suis sûr que…



***


Guns : Ça n’arrivera pas de sitôt. 

Le duel avait métamorphosé le majordome. Son élégance habituelle avait cédé sa place à la brutalité et la hargne. Sa chemise avait les premiers boutons ouverts et ressortait négligemment de son pantalon de costume. Ses cheveux habituellement si bien peignés ressemblaient maintenant à un champ de bataille aux épis indomptables. Son visage était couvert de la même poussière blanche que le vent balayait depuis le début de l'affrontement. Guns était méconnaissable. 

Adam : Ce cinglé va la tuer ! 

Il se précipita en dehors du cercle. Du moins, c’est ce qu’il pensait : quand il regarda ses pieds, il se rendit compte qu’il s’était rapproché du centre, comme par magie.

Batya : Tu as 99% de chance de te faire tuer avant même d’avoir pu tenter quoi que ce soit, petit frère. 

Adam serra les poings et cracha tout ce qu’il avait de colère et de remords à la face de sa prétendue grande sœur, totalement impassible face à ses caprices.

Adam : Arrête de m’appeler comme ça ! Tu veux que je la laisse crever devant moi sans rien faire ?! Ce n’est pas parce que tu nous as aidés dans la tour que tu peux te mettre en travers de mon chemin comme ça. Si tu crois que je suis le genre à rien faire quand les autres souffrent, tu te trompes lourdement. Tu as beau connaître mon père, tu ne me connais pas ! 

Adam tenta à nouveau de sortir du cercle mais Batya plaça son bras entre lui et les deux belligérants. 

Batya : Je n’ai jamais remis en doute ta force. Tu es fort, sûrement presqu’autant que ton père mais ça n’est pas important maintenant. Tu as raison, je ne te connais pas mais je n’ai pas besoin d’être ta vraie sœur pour sentir que tu t’en veux pour la façon dont tu as traitée cette fillette. 

Adam : Ce n’est pas ce que j-

Batya : Mais je pense que tu sous-estimes cette gamine comme le fait ce majordome mal fagoté. Elle n’a besoin ni de ta protection, ni de la sienne. En réalité, malgré tous les manieurs présents ici, c’est de loin celle qui a le plus grand potentiel.

Adam se préparait à lancer une réplique bien sentie et pleine de gouaille comme il avait l’habitude de le faire. Cependant, que cela vienne de tout ce qu’il avait traversé ou de la pertinence de ce que disait Batya, il resta muet, trop occupé à prier que la petite Joestar s’en sorte sans séquelle. 

Shizuka ne s’était toujours pas avoué vaincue. La ronce immobile sous le pied de Love at First Sting s’anima et son bout vint frapper le Stand à la tête comme une vipère se projetant sur sa proie. Dans le moment de répit que lui offrit la déstabilisation de son adversaire, Achtung Baby trancha du plat de la main les longs cheveux de la fillette, faisant filer ses barrettes étoilées dans la nuit naissante. Libérée de l’emprise de son bourreau, elle disparut l’instant suivant en courant le plus loin possible pour se mettre à l’abri. 

Guns serra les cheveux qui restait dans sa main. brins noirs serpentaient dans les lignes de sa main, se mélangeant avec les gouttes de sang noir restantes. Leur teinte sombre lui rappelait ceux de son ancienne professeure. Sa main se referma en tremblant quand une goutte frappa sa paume, suivie d’une seconde, quelques instants plus tard. Bientôt, une pluie battante frappait le No Man’s Land. 

Guns : Foutu mois de novembre…

Sans dire un mot, son silence couvert par le tapage des gouttes d’eau sur le bitume, Guns enchaîna les coups de poings sans cible pour que son Boléro gagne en puissance. Il se prépara et fixa le vide qui s’étendait devant lui.

Guns : Si tu ne te montres pas, je vais te forcer à sortir de ta cachette. Boléro XV - Impatience et tremblements. 

Son poing fut d’abord muet, étouffé comme une parole prononcée sous l’eau. Après une longue secondes de silence, l’air fut emporté dans des rapides de gouttes de pluie, déferlant dans un vacarme assourdissant, droit devant lui.    

Blottie contre un bâtiment, Shizuka tremblait et peinait à contrôler sa respiration. Elle n’avait jamais vu Guns frapper aussi fort. Il ne se contrôlait plus, il attaquait pour blesser. Chaque bruit de morceaux de béton s’arrachant des bâtiments la faisait sursauter. Elle lança un regard inquiet vers Guns dont le regard se dirigeait vers l’allée où elle s’était réfugiée.

Guns : Boléro XVI - Sueurs froides.  

Juste à temps, la fillette se réfugia à l’intérieur d’une des tours de béton pour se réfugier du terrible blizzard qui se levait à l’extérieur. La pluie glacée portée par la bourrasque fouettait ses joues et faisait voler ses cheveux invisibles. Ce souffle dans son cou était aussi oppressant que si Guns était derrière elle, en train de respirer derrière son corps sans défense. Heureusement, ici, elle était protégée. Elle poussa un soupir de soulagement tandis qu’elle profitait des quelques secondes de répit. Un frisson la traversa, bien plus fort que celui que le mistral lui avait provoqué. 

Guns s’avançait d’un pas lent, menaçant, vers le centre de la place. en direction de l’amoncellement de corps, autrefois une foule animée. Le majordome regardait avec détachement cette pile de pions pilonnée par la pluie.

Guns : Alors Mademoiselle, vous ne sortez pas de votre cachette ?! Ma dernière attaque n’a pas blessé tous ces gens mais qui sait ? La prochaine pourrait le faire ! 

Il criait de toutes ses forces pour que sa voix perce la pluie et arrive aux oreilles de Shizuka. Guns remonta les immeubles en plusieurs bonds, surplombant le terrain de chasse. Son amusement avait laissé sa place à une rage qui vibrait dans chacun des impacts de son Stand avec les murs des constructions. Comme un oiseau de proie, ses yeux scrutèrent les alentours à la recherche de la fillette. Il attendit quelques secondes devant la place, visiblement surpris.

Guns : Enfin…elle n’aurait pas pu laisser tous ces gens être blessés. C’est pour ça qu’elle n’est pas prête à être lâchée dans la natur- Oh ! Qu’est-ce-que c’est que ça…? 

Un peu plus loin, à proximité du cercle, un de ses prisonniers, l’ancien Chef d’Orchestre, courait le plus vite possible probablement pour fuir la justice que Guns incarnait. Il détourna son attention de la petite ville et frappa de toutes ses forces. Malgré la distance, le choc allait toucher la cible de plein fouet et frapper mortellement. Cela ne le réjouissait pas, ni le dissuadait d’agir. C’était une donnée, rien de plus.

Guns : Boléro XVII - Orage grondant.

Au milieu du ciel, un grondement sourd résonna dans le décor désert. Comme le tsunami qui se fait discret loin des côtes, l’onde de choc traversa les mètres qui la séparait de sa victime sans faire de bruit, sans perturber le trajet des gouttelettes. Une masse d’air comprima les gouttes de pluie en un instant, les écrasant violemment contre le bitume, brisant leur rythme d’un seul coup sur la peau d’une percussion invisible. 

Quelques secondes plus tard, Guns baissa les yeux pour admirer les conséquences de son prodige. Au sol, la seule trace de l’impact fantastique venant de se produire était le corps inanimé de l’homme frappé par la foudre et le cratère en forme d’étoile, aux branches légèrement irrégulières. 



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