JoJo's Bizarre Adventure : Lost Baby

Chapitre 107 : Live or Let Die (Partie 5)

2144 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 29/10/2025 20:11




Au-dessus de la capitale, trois heures plus tôt

Les pales de l’hélicoptère battaient l’air dans un boucan infernal qui couvraient la respiration chaotique de l’hôte de la cabine. Derrière les yeux de verre bleutée des Rayban hors de prix du pilote, la ville encore animée était plongée dans une fausse nuit américaine. Professionnel, il se retourna et lança un regard vers l’arrière de l’appareil pour s’assurer que son passager était en sécurité.

Pilote : Tout va bien, Monsieur ? Je suis désolé, ça tangue un peu… La météo est capricieuse ! Mais on devrait arriver à bon port d’ici quelques heures. Je peux vous demander ce qui vous a poussé à partir aussi rapidement ? 

L’homme prit un instant avant de répondre, cherchant ses mots. Ses yeux se perdirent dans le paysage miniature qui s’étendait à perte de vue. Bien que le spectacle aurait été magnifique dans tout autre contexte, l’inquiétude et la culpabilité se lisaient sur son visage.   

??? : Un mauvais pressentiment.


***



Cachant le soleil, le prédateur et sa force planétaire éclipsaient tout espoir dans le frêle corps de Maneater. Un frémissement traversa son corps quand il vit les poings de l’astre vengeur s’éloigner pour mieux s’écraser, prêts à emprisonner le destin de toutes les âmes présentes sur cette place dans un étau. Avant même que l’action se produise, comme un astronome prédisant le trajet des comètes dans le ciel, ses pensées s’emplirent de calculs, anticipant l’onde qui allait les frapper. 

Maneater : Petite humaine, dépêche-toi de venir ici !

Son Stand avait manipulé les ondes sonores pour pousser ce cri désespéré. Son instinct l’avait poussé à sortir de son inconscience simulée pour venir en aide à Shizuka, ignorant la peur de la mort. En guise de réponse, la fillette réapparut pendant quelques secondes durant sa course pour se mettre à l’abri. 

Guns : Boléro XIII - Sonic Boom. 

Les deux poings entrèrent en collision à une vitesse incroyable provoquant une onde de choc dévastatrice faisant exploser les vitres de tous les bâtiments sur son passage. La foule n’eut même pas le temps de réagir. Les dizaines de passants s’écroulèrent à l’unisson dans une scène de cauchemar. La place, autrefois si chaotique, fut plongée dans un silence macabre, recouverte d’un amoncellement de corps désarticulés. 

Seul subsistait le bruit de la vibration de l’air qui gagnait du terrain à chaque seconde, comme une nuée de sauterelles invisibles, prêtes à dévorer le petit groupe. La petite fille se réfugia dans le cercle où les bras de ses compagnons attendaient de la recevoir. 

Maneater ouvrit grand la bouche pour pousser un cri inaudible que son Stand transforma en rugissement. Le son forma un dôme de protection dont la surface ondulait et circulait comme l’eau le long d’un parapluie. Sous cet abri de bruit, tout était silencieux comme si la menace bourdonnante n’existait plus. L’onde de The Second Law peinait à résister mais tenait bon comme la voix d’un chanteur d’opéra s’élevant au-dessus du brouhaha de la foule. 

Maneater : J-je vais tenir… 

Shizuka : Manny, merci mais tous ces gens…ils sont !

Maneater : Ils sont simplement évanouis…La déflagration était si forte que leur cerveau leur a fait perdre connaissance pour les protéger de dégâts sur leur système nerveux. Si tu avais été prise…

La petite fille regardait, inquiète, la petite roussette depuis les bras protecteurs de Job. Un filet de sang s’échappa de sa mâchoire au milieu de sa phrase.

Maneater : Je ne sais pas ce qui serait arrivé…

Job : Signorina, vous devez vite utiliser votre Stand et vous enfuir ! Il va certainement revenir, vous ne pouvez pas vous permettre de perdre cet affrontement ! 

Dans une scène proche de celle d’un film de guerre, entourés par les immeubles vides et les corps jonchant le sol, le colosse agenouillé serra la main de la fillette pour lui faire ses adieux. Adam n’osait pas regarder Shizuka et gardait le visage honteusement baissé.

Depuis le ciel, maintenu par ses sauts successifs entre les bâtiments, Guns repéra la fillette avant qu’elle ne disparaisse, blottie dans les bras du cruel Chef d’Orchestre, brebis buvant les mots sortant de la gueule du loup. 

Guns : Qu’est-ce-que ce salaud a bien pu lui fourrer dans le crâne ?! 

Ève : T’aurais dû m'écouter…Tu vois bien ce qu’il se passe quand tu n’en fais qu’à ta tête. 

Guns : Comment j’étais censé savoir que cette poiscaille faisait semblant d’être inconsciente ?! 

Ève : Tu es trop pressé, c’est simplement ce que je dis… 

Avec sa main, Guns forma un cercle qu’il tenait à un bras de distance de son œil comme le viseur d’une arme à feu. Dans l'œil de son fusil de chair battait le cœur de l’animal qui venait de le faire échouer. En guise de munition, il arracha une épine du dos de son Stand qu’il garda dans l’interstice entre les doigts de son poing. 

Guns : Boléro XIV - Peine de cœur. 

Le poing entra en collision avec le viseur pour éjecter le projectile d’air comprimé à une vitesse phénoménale fendant le ciel sur plusieurs dizaines de mètres, dans une fine traînée invisible. Au moment de l’impact, Maneater fut projeté en arrière en un instant et percuta le mur d’un bâtiment derrière lui, sous les yeux terrifiés de tout le reste du groupe. Stupéfait, il tenta de se dégager quand une impulsion électrique traversa son corps et le paralysa en un instant. 

La silhouette du majordome s’éteignit des airs avant de sembler se téléporter en quelques secondes pour cueillir le fruit de son attaque, gisant contre la paroi d’un bâtiment un peu plus loin.

Guns : Je te déconseille fortement de bouger. C’est un dard de stress : il réagit à l'adrénaline de ton corps pour t’envoyer des chocs électriques. 

Maneater : Petite h-humaine, f-fuis…

Guns attrapa le poisson à la gorge. Quand il pressa la trachée de l’animal, une gerbe de sang noir jaillit à nouveau de la gueule de Maneater pour atterrir sur ses phalanges. A l’instant précis où le jeune homme identifia la couleur du liquide, les muscles de sa main se crispèrent. Cette simple teinte suffisait à le torturer son esprit, le molestant de souvenirs de cette nuit funeste. 

Guns : Ce sang noir…Ce foutu sang ! 

Son poing vint s’abattre contre la gueule du squale qui se déforma au moment de l’impact. Job entendit vibrer en lui le fracas des os et le bruit spongieux de l’écrasement de la chair. Par réflexe, il voulut quitter le cercle pour aller sauver son compagnon mais leur ennemi lui lança un regard de mort, le traitant à peine en être humain. 

Guns : Tu as besoin de quelque chose ? 

Le cœur de Job manqua un battement. La dernière fois que ce frisson avait traversé sa chair, c’était lors de son affrontement contre Shizuka. Il perdait le contrôle du rythme de son propre corps. L’espace d’un instant, cet homme lui avait fait perdre la Mélodie du Monde. D’eux-mêmes, ses pieds le firent reculer pour retrouver la sécurité du cercle. 

Guns : J’avais cru rêver dans ce sous-sol…mais c’est bien vrai…Vous avez ce foutu sang noir ! 

Il frappa à nouveau, alimentant sa noirceur de nouvelles provisions, dégoulinant le long de ses joues égratignées. Il recommença inlassablement, le Boléro devenant de plus en plus assourdissant à mesure que son aveuglement grandissait. À chaque coup, un nouveau flash du corps ensanglanté d’Ève revenait en lui, son rire recouvrant le son de son acharnement. 

Achtung Baby : NUNBANUNBANUNBANUNBA ! 

À quelques centimètres de la mesure fatale, l’ange interrompit les attaques de Guns par un barrage de coups de poing, faisant sortir la fillette de la protection de sa discrétion. Reprenant ses esprits et craignant de se faire toucher le dos, Guns esquiva de justesse et se retourna pour parer les coups à l’aide de son Stand. 

Maneater : M-merci, petite humaine…j-je suis désolé…je…je reviens après…une petite sieste. 

Le poisson chuta lourdement au sol en même temps que la silhouette dorée de son Stand. Au moment où elle toucha le sol, l’eau formant son corps reprit sa forme liquide et laissa la roussette inanimée barboter dans une vulgaire flaque teintée de sang noir.

Le Stand angélique apparaissait et disparaissait à intervalles réguliers pour parer les coups du Boléro. Peu importe la vitesse d’exécution de l’attaque, la fillette savait toujours comment exécuter une parade parfaite. Shizuka utilisait son invisibilité à son avantage pour rendre ses assauts impossibles à anticiper. Sa garde était aussi impénétrable que le jeu d’un expert du poker dont elle partageait les lunettes de soleil. 

Guns : Boléro IV - Veillée noct- 

Avant qu’il n’ait pu achever son coup, la silhouette d’Achtung Baby révéla la position du poing invisible qui lui frappa le torse l’instant suivant. Il tomba en arrière et son épaule s’écrasa violemment contre le sol, lui provoquant une terrible douleur dans le reste du corps. Sa peine ne s’arrêta pas là car le contrecoup de son attaque ratée brisa son bras. Le majordome s’arracha les lèvres pour ne pas crier de douleur. 

Shizuka : Guns, ça va ?! 

La fillette réapparut et sortit ses ronces pour les entourer autour du bras du jeune homme. La griffure des épines calmait la douleur et leur constriction remit l’os en place comme une attelle surnaturelle. 

Shizuka : Je t’en supplie, il faut qu’on arrête ! On va finir par se tuer ! Le Boléro est beaucoup trop dangereux, aussi bien pour toi que pour moi ! Tu n’as plus besoin de me protéger ! 

La douleur lancinante de l’épaule de Guns le faisait à nouveau halluciner : la voix de la jeune Joestar se fondait dans celle de son paternel. Son âme voyageait de scène en scène, de dialogue en dialogue, les rejouant inlassablement. 

Guns : Monsieur Joestar, je ne comprends pas ! Si vous ne me laissez pas venir avec vous pour ce voyage, comment suis-je censé assurer la sécurité de Mademoiselle Shi…de Mademoiselle. 

Joseph : Je pense que tu n’as pas bien compris, Guns. Tu n’as plus besoin de la protéger, ni moi, ni elle, tu es notre majordome et tu ne nous accompagneras que dans les voyages sans aucun danger. Celle qui était chargée de notre protection…est décédée. Je te retire la responsabilité de ma fille. J-je suis désolé... 

Guns balaya d’un seul mouvement de main ses souvenirs et la fillette. Shizuka atterrit sur le sol en même temps que ses ronces qui avaient à peine eu le temps de soigner le bras fracturé.  Avant qu’elle n’ait plus dire le moindre mot, le majordome - habituellement si doux - l’attrapa par les cheveux et la suspendit au-dessus du sol. 

Shizuka : G-Guns, lâche-moi ! T-tu me fais mal ! 

Achtung Baby tenta d’aider la fillette mais le Stand d’épines lui attrapa le bras avec une poigne d’acier. En plus de celle provenant de son crâne, une vive douleur traversa le poignet de la petite fille. Ses ronces se débattaient désespérément au sol quand le pied de Love at First Sting les piétina avec mépris. 

Guns : Ta compassion mal placée t’a toujours empêchée de devenir forte. Voilà la preuve que tu ne peux pas te passer de ma protection. 

La tête maintenue droite par la main de fer gantée, elle ne pouvait regarder son aîné que du coin des yeux. Tandis qu’il levait son poing armé du terrible dard qui mettrait probablement fin à son voyage, la fillette chercha de la compassion dans son regard mais n’y aperçut rien d’autre que de la rage. 



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