Le Revers de L'Infini - Tome 1 : Découverte

Chapitre 0 : La rame fantôme

416 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/09/2025 23:28

Le couloir vibre d’un grondement sourd.

Un souffle ancien traverse les néons blafards du métro, comme si les murs eux-mêmes retenaient leur respiration.

 

Un homme se tient là.

Debout. Seul.

 

Grand. Fin. Droit.

Son corps semble flotter entre deux mondes : celui des vivants et celui qu’on croit avoir quitté.

Il porte un manteau noir, légèrement ouvert sur une tenue usée. Pas d’arme visible.

Rien que l’écho d’un silence trop lourd.

 

Quelques mèches blanches, égarées sous un bandeau sombre, s’agitent dans l’air stagnant.

La lumière hésite à l’effleurer.

 

À ses pieds, un sol poussiéreux.

Rien d’autre. Aucune trace.

 

Un crissement fend le silence :

Une rame arrive, vide.

Elle s’arrête dans un sifflement aigu. Les portes s’ouvrent.

 

Il monte.

 

Le wagon est désert.

Le panneau au plafond clignote faiblement :

« Dernier départ – ligne non desservie. »

 

Il s’assoit, lentement, comme s’il pesait une tonne. Ses yeux restent dans l’ombre. Mais son regard perce quelque chose derrière son bandeau… là-bas, au-delà de la vitre, au-delà de ce monde.

 

Le reflet dans la fenêtre tremble. Ce n’est pas son visage. C’est un champ de ruines. Un bras sanglant. Un masque fissuré. Et ce nom qu’il n’arrive plus à prononcer sans douleur…

 

Pas une larme. Seulement le silence...

Et cette étrange certitude d’avoir vécu quelque chose qu’il ne pourra jamais raconter.

 

Puis...

 

Des pas.

 

Derrière lui, un autre passager entre. Puis un autre. Et encore un.

 

Ils s’installent un à un, sans un regard, sans un mot. Leurs visages sont flous. Leurs silhouettes familières.

 

Un homme en costume, aux manches relevées.

Une jeune fille au bandeau.

Un garçon pâle au regard perdu.

Et d’autres encore.

 

Tous censés être morts. Tous... ici.

 

Leurs yeux restent rivés devant eux. Aucun ne parle.

Peut-être savent-ils. Peut-être pas.

Mais leurs regards fixent l’avant, comme s’il n’y avait plus rien à attendre derrière.

 

Un grésillement, presque un murmure, s’élève dans les hauts-parleurs.

 

« Ce que vous avez vu et vécu…

…n’a peut-être jamais eu lieu... »

 

Les portes se ferment.

La rame glisse dans le noir.

Et dans un souffle imperceptible, le cauchemar commence à se dissiper…

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