Le Revers de L'Infini - Tome 1 : Découverte

Chapitre 1 : Première rencontre

906 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/09/2025 23:34

Le silence dans la salle n’est pas naturel.

Ce n’est pas un silence d’étude… c’est celui d’un piège qui se referme.

 

Au fond de la classe, une fille lit.

Discrète. Effacée. Invisible aux yeux des bavards.

Blottie contre le mur, elle garde un pied sous la chaise, une main sur la lanière de son sac, comme si elle était prête à fuir à tout moment.

 

Aya ne fait pas de vagues.

Cheveux argentés, lissés et tirés en arrière, tombant jusqu’au bas du dos. Peau claire. Uniforme de lycéenne parfaitement ajusté. Elle donne l’impression d’avoir été dessinée au crayon fin, puis laissée inachevée, comme si le monde ne savait pas trop quoi faire d’elle.

Son regard, mauve et voilé, flotte entre lucidité et mélancolie. Pas triste. Juste... ailleurs.

Une présence calme, presque irréelle.

 

Elle tourne une page.

Et l’air se fige.

 

Un courant glacial traverse les néons.

Une silhouette trouble se forme au fond de la pièce.

 

Un fléau.

Difforme, sifflant, la peau parcourue de veines noires. Il se glisse lentement entre les rangées, traînant ses griffes sur le sol comme un ongle sur un tableau.

 

« Peur… délicieuse… »

 

Aya lève les yeux. Son cœur rate un battement.

La chaise bascule. Elle tombe, recule à quatre pattes jusqu’au mur.

 

« Non… non… »

 

Le fléau tend une main vers elle, comme pour mieux savourer sa panique.

 

Puis…

 

Elle ferme les yeux.

Et bascule ailleurs.

 

Une brume blanche. Une chaleur douce.

Le monstre paraît soudain minuscule. Lointain. Presque ridicule.

Aya tend la main, paume ouverte.

 

Le fléau s’immobilise. Son corps se contorsionne.

Des fissures apparaissent. Il hurle. Et dans un souffle distordu… il disparaît.

Comme un cauchemar qu’on oublie au réveil.

 

Le silence retombe.

 

Aya rouvre les yeux. Haletante.

 

« Il… est où ? »

 

Elle se redresse lentement, remet sa chaise debout, regarde autour.

 

Puis : BOUM ! fracas.

Une fenêtre explose.

 

Un homme atterrit au milieu de la salle. Comme une plume tombée d’un toit.

Manteau noir, mains dans les poches, bandeau sombre glissé sur le front. Des mèches blanches dépassent, indomptables.

 

Il jette un œil à la pièce, puis à Aya.

Un sourire naît sur ses lèvres.

 

« Okay… y’avait visiblement une fête ici. Et j’étais même pas invité. »

 

Aya sursaute, attrape son sac comme une arme.

 

« Qui… qui êtes-vous ?! »

 

« Moi ? »

Il sourit plus grand.

« Satoru Gojo. Exorciste. Professeur. Briseur de vitres à temps partiel !»

 

Il penche la tête.

 

« C’est toi qui as fait disparaître ce gros machin tout moche, là ? »

 

Aya hoche la tête… puis secoue la tête.

 

« J’ai rien fait. C’était dans ma tête… »

 

Gojo plisse les yeux.

 

« Dans ta tête, hein ? »

Il renifle.

« Bah dis donc, t’as l’imagination qui sent le cramé. »

 

Elle ne répond pas. Elle le fixe, muette, perdue.

 

Il lève les mains.

 

« Wow, détends-toi. Pas besoin de me frapper avec ton sac. Quoique… il a l’air costaud. C’est un Eastpak ? »

Aya baisse légèrement son “bouclier”, mais reste sur ses gardes.

Gojo s’approche, plus calme. Son ton se fait plus doux.

 

« Ce que t’as vu, ce que t’as fait… c’était réel.

Tu as un pouvoir. Une énergie. Et tu viens de faire disparaître un fléau de grade 2 sans quitter ta place. »

 

Il croise les bras.

 

« Y’a des exorcistes qui passent des années à pas réussir ça. Toi, t’étais tranquillement assise à lire ton bouquin. Impressionnant. »

 

Il sort une carte. La lui tend.

 

« Tokyo Jujutsu High. Une école. Pour les gens comme toi.

Tu veux comprendre ce que t’es ? Viens.

Tu veux continuer à croire que c’était dans ta tête ?

Pas sûr que ta tête survive au prochain fléau. »

 

Aya regarde la carte, puis lui.

 

« Comment vous saviez qu’il y avait un truc ici ? »

 

Gojo sourit.

 

« Quand une énergie maudite explose dans un coin aussi tranquille, je l’entends comme un vuvuzela dans une bibliothèque. »

 

Il recule vers la fenêtre brisée.

 

« Tu viens, ou tu restes ? Moi, j’suis pas du genre insistant.

Mais la prochaine fois… je serai peut-être pas dans le coin pour jouer les cascades. »

 

Aya regarde la carte.

 

« Et si je viens ? »

 

« Tu dis ‘Gojo m’envoie’.

S’ils lèvent les yeux au ciel, c’est que t’es au bon endroit. »

 

Clin d’œil.

Il disparaît par la fenêtre comme un rêve mal rangé.

 

Aya reste figée.

Elle inspire. Une fois. Deux fois.

Regarde la salle. Puis la carte.

 

Elle sort. Le couloir est vide.

 

Deux chemins.

Vers chez elle… ou vers l’inconnu.

 

Elle ferme les yeux. Revoit le fléau.

Les rouvre.

Et marche. Un pas après l’autre.

Vers ce monde qu’elle n’a pas choisi…

Mais auquel, elle le sent… elle appartient peut-être déjà…

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