Le Revers de L'Infini - Tome 1 : Découverte

Chapitre 9 : Ce que cache l’imagination

2662 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/09/2025 21:41

Le lendemain.

Gojo se tient devant la porte d’Aya, les mains dans les poches, les yeux fixés sur le bois comme s’il pouvait voir à travers.

— {Hmh… Je me suis dit qu’après hier, tu aurais peut-être besoin d’un coup de main…}

Il jette un regard furtif dans le couloir désert, puis soupire doucement.

Il fait tourner une sucette entre ses doigts, la coince entre ses dents. Son regard pétille d’un mélange d’amusement et de sincérité.

— Allez, Aya. Ce n’est pas un test. Juste toi, moi… et une bonne dose de potentiel inexpliqué.

Il tapote doucement sa tempe comme si la porte était elle..

— Je n’ai pas souvent le temps de faire ça, alors tu devrais ouvrir. Une occasion comme ça, ça ne tombe pas tous les matins…

Il sort une autre sucette de sa poche, la fait tournoyer comme une pièce rare.

— Promis, aujourd’hui, je ne fais pas trop le clown. Enfin… j’essaie.

Il frappe doucement à la porte, le ton plus théâtral :

— Ayaaaaa ! C’est ton prof préféré ! Je t’attends pour un petit entraînement individuel !

La porte s’ouvre. Aya apparaît, une brosse à cheveux à la main. Elle se redresse, surprise.

— Oh… bonjour.

Elle esquisse un léger sourire tout en continuant à brosser mollement ses cheveux. Gojo lève les deux mains, faussement désolé d’interrompre.

— Oups, timing parfait comme d’habitude ! Je dérange la star en plein brushing ?

Il se penche légèrement, curieux, jetant un œil dans la chambre sans insister.

— Je te laisse finir ton rituel capillaire, ou tu es prête à venir t’en prendre plein les bras et la tête ? Rien de méchant, hein, juste un peu de sueur et beaucoup de mystère autour de ton pouvoir…

Elle s’arrête un instant, l’écoute, pose sa brosse. Une étincelle passe dans ses yeux.

— Un entraînement ?

Elle se penche dans le couloir, jette un œil à droite, à gauche.

— Que nous deux ?

Puis elle semble réaliser quelque chose, rentre dans sa chambre, attrape son sac, prend un livre au passage, et revient se planter devant Gojo.

— Prête.

Gojo se penche vers elle, son doigt pointé vers le livre qu’elle serre contre elle.

— Si tu essaies de m’exorciser avec ton bouquin, sache que ça a déjà échoué trois fois...

Il repousse une mèche de cheveux blancs avec un large sourire.

— Entraînement privé, toi et moi. J’ai réservé le dojo. Ambiance feutrée, lumière naturelle, menace d’écharde si tu tombes mal sur le plancher…

Il marche déjà à reculons.

— Et t’inquiète, c’est pas un piège pour t’arroser à mon tour… enfin, pas aujourd’hui.

Il ajoute par-dessus son épaule :

— Allez, Aya-mentaliste. Montre-moi comment tu transformes une pensée flippée en douche punitive. J’ai pris ma tenue anti-verre-d’eau…

Aya le suit, mi-amusée, mi-méfiance dans le regard.

— Une tenue anti-verre ? Tu vas vouloir que je t’arrose ?

Gojo tourne légèrement la tête vers elle, sourire en coin, faussement mystérieux.

— Je ne dis pas que je veux, je ne dis pas que je ne veux pas… Je me tiens prêt, c’est tout.

Il mord sa sucette, l’œil rieur.

— En vrai, je me demande… Si tu paniques en pensant à une baignoire… on a droit à une inondation ? Ou c’est proportionnel à la peur ?

Il hausse les épaules.

— Garde bien ton livre. Si tu me transformes en flaque, il faudra bien quelqu’un pour raconter l’histoire…

Aya baisse les yeux vers son livre, songeuse.

— En vrai… je ne sais pas trop ce que je peux faire ou pas faire…

Gojo marche toujours, décontracté.

— Tu sais, Aya… je me suis dit : soit elle est extrêmement chanceuse, soit elle est dangereusement douée…

Il se retourne brièvement, la désigne du doigt comme un inspecteur sûr de son flair.

— Et mon Sixième Œil a tranché. Félicitations. Tu n’es pas juste une fille avec un bon lancer de verre mental. Tu as fait exploser un fléau. Genre… pouf. Comme un popcorn maudit.

Il reprend sa marche, sourire large.

— Du coup, je me suis dit : et si je l’emmenais faire un petit tour ? Une balade pédagogique, rien de violent. Juste elle, moi, et des murs renforcés.

— …Et aussi pour vérifier un truc. Est-ce que c’était un coup de bol total ? Ou bien est-ce que tu peux faire exploser des trucs à volonté juste en les imaginant ?

Il la regarde par-dessus son épaule, sourcil levé.

— Tu n’as pas un fantasme d’annihiler une photocopieuse ? Une salle de devoirs ? Jin-Ho ?

Clin d’œil.

Aya reste muette, noyé sous ce flot de paroles continue… presque amusée par l'enthousiasme de Gojo malgré tout.

— Allez, viens. On va faire de la visualisation… version destruction !

Ils arrivent devant la porte du dojo. Gojo lui ouvre la voie :

— À toi l’honneur.

Aya entre, serre son livre contre elle. Son regard balaie les murs abîmés, les mannequins d'entraînement éventrés. Un frisson la traverse.

Gojo la suit, fait un tour sur lui-même comme s’il présentait un palace.

— Bienvenue dans l’arène des possibles !

Il la regarde, amusé, alors qu’elle tient son livre comme un doudou protecteur.

— T’inquiète pas, y’a rien ici que tu puisses casser… que je ne puisse pas réparer.

Il s’avance jusqu’au centre, s’immobilise d’un seul coup, plus sérieux.

— Bon, Aya. Je vais poser une question très importante !

Il marque une pause dramatique, puis affiche un sourire immense.

— Tu préfères visualiser des trucs qui explosent, ou des trucs qui volent en l’air avec panache avant de s’écraser lamentablement ?

Il désigne deux mannequins, l’un très droit, l’autre en posture grotesque.

— Lui, c’est Bob Explosion. Et là, Kevin Catapulte. Choisis ton cobaye ! Le destin de ces deux mannequins repose entre tes mains… et ton imagination.

Aya observe les deux mannequins. Elle avance de quelques pas, toujours son livre serré contre elle.

— Je comprends pas… dans ma tête, je vois ce que mes yeux voient, je crois…

Elle regarde tour à tour Bob, Kevin, puis revient vers Gojo.

— Je dois faire quoi ?… À chaque fois que c’est arrivé, j’avais très peur…

Gojo hausse un sourcil, l’air faussement choqué.

— Tu vois… ton cerveau, c’est une console de jeu. Ton énergie, le câble HDMI. Il faut trouver le bon canal, que tu puisses projeter ce que tu penses.

Il s’arrête et pointe Bob.

— Imagine que ce pauvre Bob glisse sur une peau de banane et explose en confettis. Ou pense juste très fort à le faire exploser. Mais les confettis, c’est plus fun.

Aya ferme les yeux, tendus, et murmure comme une incantation silencieuse :

— Allez… viens m’aider…

Gojo la regarde, intrigué. Il s’approche sans bruit, se penche et chuchote :

— Je sais pas si tu pries, conjures un esprit ou tentes de parler à un fléau d’une autre dimension… mais t’es officiellement la première élève que je vois lancer un pouvoir avec un livre en guise de totem magique…

Il sourit, se recule doucement.

— Essaie juste de le visualiser. Pas avec peur. Pas avec rage. Juste avec l’idée que tu veux protéger. C’est ça qui t’a fait agir la première fois, non ?

Il ajoute, presque complice :

— Et si ça foire, je déclenche un système de confettis pour faire croire que c’était prévu !

Aya ouvre les yeux. Elle murmure :

— Je crois que… que c’est moi que je protège toujours… Mais là je ne suis pas en danger…

— Toi que tu protèges ? Honnêtement… c’est une bonne base. Mais on va muscler ça.

Soudain, il lui saisit doucement le bras.

— Hop !

Le décor se distord dans un claquement sec. Ils se retrouvent dans un terrain vague, balafré par d’anciens affrontements. Trois fléaux mineurs se tournent vers eux.

Aya pousse un cri de panique et ferme les yeux.

Gojo lève une main calmement.

— Voilà. Là, tu es en danger. Réaliste, non ?

Il baisse sa main.

— Protège-toi. Et regarde ce que ton cerveau te montre…

Les fléaux avancent. L’air vibre. Un silence lourd les précède.

Aya tend la main en tremblant. Elle imagine ce qu'elle voudrait leur faire…

C'est alors que les fléaux gémissent, chancellent… attirés l’un vers l’autre. Leur corps se comprime… et dans un choc visuel, ils explosent, se désintègrent en fumée noire.

Aya tremble, les yeux fermés, son livre toujours contre elle. Gojo reste immobile, impressionné.

— Rappel : c’est pas une bonne idée de fermer les yeux en combat…

Il sourit franchement.

— Mais bordel, c'était efficace !

Il se penche, tend la main.

— Tu viens de faire fusionner trois fléaux en un nugget avant de l’exploser mentalement. Pas mal pour un entraînement improvisé.

Aya ouvre doucement les yeux. Elle regarde autour d’elle, encore sous le choc.

— Ils… ils sont partis ?...

Elle serre son livre.

— Il s’est passé quoi ?... Ils ont vraiment été réunis et… pouf ?

— Réunis. Compactés. Compressés façon boulette vapeur. Et pouf, évaporés. Très technique. Très toi, apparemment.

Il croise les bras, plus sérieux.

— Ce que tu visualises, tu le projettes. Tu forces la réalité à se plier à ce que tu ressens. Et visiblement, quand t’as peur, c’est littéralement un cauchemar pour ce qui t’entoure.

Il marque une pause.

— Ce n’est pas du hasard. C’est un vrai début de technique maudite… mais émotionnelle. Ça peut devenir une arme… ou un désastre.

Un sourire.

— Et c’est là que j’interviens. Ma mission : que tu deviennes une arme… sans devenir un désastre.

Il cligne de l’œil.

— Et qu’on trouve un nom plus classe que “compression paniquée par visualisation spontanée”…

Aya semble perdue.

— Un désastre ?… Je pourrais faire des bêtises, c’est ça ? Un nom ?… Alors… c’est ça que je fais ?...

Elle regarde sa main.

— La version de moi que je vois dans ma tête… Elle agit vraiment ?...

Gojo hoche doucement la tête.

— Exactement.

Il pose une main sur sa nuque.

— Cette version courageuse, c’est toi. Juste une partie que tu n’as pas encore laissée sortir en pleine lumière. Mais dans un moment de panique, elle agit.

Il mime une explosion du bout des doigts.

— Et chez toi, c’est très réel. Très impressionnant.

Il croise de nouveau les bras.

— Oui, tu pourrais faire des bêtises. C’est pour ça qu’il faut apprendre à la connaître, à l’invoquer consciemment.

Il sourit.

— Et aussi parce que j’ai envie de voir la super badass que tu caches sans devoir t’envoyer trois fléaux à la figure.

Clin d’œil.

— Pour le nom… Tu veux qu’on y réfléchisse ensemble ? Ou tu veux me laisser le choix ? Sachant que j’ai déjà nommé des mannequins Bob et Kevin…

Aya rougit, encore sous le choc.

— Une partie de moi…

Elle lâche une main de son livre. Hésite. Puis la regarde fixement.

— J’aimerais y arriver sans trembler… Mais sans peur panique, je ne vois rien…

Elle lève les yeux.

— On va pas l’appeler Barbara ou Cindy, hein ? On est obligés de lui donner un nom ?...

Gojo se tait fronce légèrement les sourcils, à l'affût.

— …T’as senti ça ?

Une énergie maudite envahit l’air. Un fléau de classe 1 surgit brusquement du mur.

Sans hésiter, Gojo attrape Aya et la place derrière lui. Il tend sa main.

Une onde rouge explose. Le fléau est instantanément désintégré.

Il se tourne vers elle.

— Voilà ce qui arrive quand t’as trop d’imagination…

Clin d’œil. Il se redresse calmement.

— On reprend ?

Aya fixe les cendres fumantes. Impressionnée.

— Tu veux que je recommence ?...

Gojo ajuste sa manche, comme si de rien n’était.

— Évidemment. Il va falloir t’y habituer.

Il montre l’espace vide.

— Allez. Replonge-toi dedans. Imagine. Ressens. Montre à Cindy ce qu’elle vaut !

Aya fronce les sourcils.

— Cindy ?...

Gojo rit doucement.

— Faut bien donner un nom à ta version badass…

Il s’adoucit.

— Tu ne dois rien faire. Tu dois ressentir.

Il pointe sa tête, puis son cœur.

— Visualise. Ressens. Et laisse l’autre toi faire le boulot.

Il lève les bras comme pour annoncer un spectacle.

— Bob revient dans 3… 2… 1…

Un mannequin apparaît brusquement. Aya sursaute.

— Mais !...

Elle recule puis regarde Gojo avec des yeux écarquillés.

— Tu crois que je peux la faire venir même sans avoir peur ?...

Gojo sourit en coin.

— La peur, c’est un déclencheur. Pas le seul. Essaie la colère. La frustration. L’envie de protéger. Ou même… l’agacement. Genre quand je te balance un mannequin sans prévenir !

Il recule, bras levés.

— Allez, montre à Bob qu’il n’a rien à faire dans tes rêves !

Aya ferme les yeux. Elle se concentre sur sa colère. Elle murmure.

— Monsieur Gojo… tu devrais reculer…

Gojo recule de deux pas, les mains en l’air.

— Là, on y est…

Son Sixième Œil s’active. Il observe les flux. Et il murmure :

— Cindy est réveillée…

Aya visualise Bob. Une autre elle s’approche, tend la main… claque des doigts. Bob s’embrase soudainement. Une flamme pure, nette, irréelle.

Gojo claque des doigts.

— Ok. On va devoir agrandir la salle d’entraînement !

Aya rouvre les yeux. Elle tremble.

— Ça… ça a marché pour de vrai ?...

Elle serre son livre.

— Alors… la colère fonctionne aussi… Elle est forte, Cindy…

Gojo rit, les bras croisés.

— Forte ? Aya, Cindy est une candidate au grade de fléau spécial. Elle a littéralement transformé Bob en barbecue.

Il regarde les cendres qui volent paresseusement, puis la fixe, mi-sérieux, mi-taquin.

— La prochaine fois, rappelle-moi de ne pas t’énerver, hein.

Il s’approche, pose une main sur son épaule.

— On vient de toucher quelque chose d’énorme. Maintenant, il faut apprendre à appeler Cindy… sans besoin de traumatisme.

Il sourit.

— T’as assuré. Vraiment.

— On rentre ?

Aya lève les yeux vers lui. Elle rougit légèrement. Hoche la tête.

— On rentre… Et… merci de m’aider…

Un claquement de doigts. Ils réapparaissent dans la cour de l’école.

Gojo remet ses lunettes, s’étire avec satisfaction.

— Transport express Gojo Airlines. Aucun bagage perdu, juste un Bob réduit en barbecue… RIP.

Il se penche vers elle, moqueur.

— On devrait appeler ça Cindy Express. Une pensée… clic, disparition instantanée !

Puis, plus doucement :

— T’as un sacré potentiel, Aya. Mais maintenant faut aller te faire gronder avec élégance. Nanami commence dans cinq minutes. Et tu sais ce qu’on dit de lui : il a tellement avalé d’horloges qu’il te recale à la minute près. Salle B !

Il s’éloigne, mains dans les poches.

— Moi, je vais méditer. Ou embêter Yaga. Ou faire semblant de bosser… Hésitation mortelle. À plus, Cindy !

Il disparaît au coin derrière une porte. Aya regarde l’heure.

— Oh non !

Elle part en courant et s’engouffre dans le couloir, sac sur l’épaule, le cœur un peu plus léger, le livre toujours contre elle… 




N'hésitez pas à lâcher un petit commentaire, ça fait toujours plaisir :) Même juste un simple emoji


Rendez-vous jeudi entre 21h et 22h30 pour la suite....

Laisser un commentaire ?