Le Revers de L'Infini - Tome 2 : L'Eveil

Chapitre 5 : Lames et vérités

3281 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/10/2025 20:15

Le dojo baigne dans une lumière froide du matin. L'air y est plus tendu que d’habitude. Les pas résonnent sur le parquet poli, rythmés par une autorité silencieuse.

Nanami se tient droit, les mains dans les poches, le visage impassible, tranchant dans le calme comme une lame dans l’eau.

 


— Bonjour.

Un simple mot, mais le ton fige déjà la petite assemblée d’élèves.

 

— Ce n’est pas un club d’arts martiaux. Vous êtes ici pour apprendre à survivre. Et, si possible… à protéger les autres sans mourir en premier.

Son regard balaye la pièce. Aya serre son livre contre elle, un peu fébrile. Rin affiche son éternel petit sourire en coin. Sho trépigne d’impatience, prêt à bondir.

 

Nanami fait un pas en avant.

— Je ne suis pas Gojo. Je ne suis pas là pour vous divertir.

Il sort calmement son arme, la tenant avec la précision d’un chirurgien.

— Mais si vous écoutez, si vous appliquez, vous sortirez d’ici plus utiles qu’à votre arrivée.

Son regard se pose sur Aya.

— Aya. Pose ton livre.

 

Aya sursaute. Son livre contre elle, elle hésite. Puis hoche la tête, à contrecœur, et va le déposer à l’écart.

Quand elle revient, Nanami lui tend une arme simple : un petit glaive d'entraînement, chargé d’une faible mais perceptible énergie occulte.

 

— Tu dois apprendre à te défendre par toi-même. Même sans Cindy.

 

Aya attrape l’arme à deux mains, comme un objet sacré. Elle la serre fort, comme elle tenait son livre.

 

— Ce n’est pas pour attaquer. C’est pour tenir debout.


Rin jette un œil vers Aya.

 

— On peut aller chercher les nôtres aussi, Nanami Sensei ?

 

— Ça devrait déjà être fait répond Nanami.

 

Rin acquiesce sans broncher et file chercher son katana.

 

Nanami fixe Sho.

 

— J’ai demandé ton arme normale.


 Sho soupire, roule des yeux et range son fouet. Il va chercher une arme standard en grommelant puis revient et se met en place.


— Bien, reprend Nanami. On va travailler les bases : lames, postures, réflexes. Votre énergie occulte, c’est joli, mais ça ne remplace pas un bon coup bien placé.

 

Un geste du menton vers la porte :

 

— Yu. Entre.

 

Yu Min-Jae apparaît, timide, son téléphone à moitié dans la main. Il le range d’un geste précipité en voyant le regard de Nanami.

 

— Je t’ai fait venir pour évaluer ton niveau. Tu vas participer aussi.

 

— …Oui, monsieur.

 

Nanami pointe Aya.

— Yu avec Aya. Sho avec Rin.

 

Yu rejoint Aya, lui adresse un petit signe hésitant. Elle le regarde, un peu paniquée.

— Ça se tient comment ?... le glaive ?

 

— Je sais pas… je suis plus "médiation spirituelle" que baston frontale…

Il tente un sourire d'encouragement.

 

— On va improviser ?

 

Aya observe les autres, cherche un modèle. Elle imite Sho pour se positionner maladroitement.

 

Nanami s’avance, regard neutre mais voix ferme.

— Ce n’est pas grave si vous ne savez pas. Ce cours est là pour apprendre.

 

Il s’approche, corrige calmement la prise de chacun. Ajuste leurs postures sans brusquerie, mais sans douceur non plus.

— Voilà. Maintenant, en position. Et concentrez-vous. Pas sur vos peurs. Sur vos gestes.

 

Aya tient son glaive comme un talisman.

Yu murmure à voix basse, avec un sourire gêné :

— J’ai l’impression d’être dans un RPG… et d’avoir choisi la mauvaise classe.

 

Aya ne répond pas, crispée.

 

— Au pire, on tombera ensemble, hein ? ajoute-t-il, toujours en chuchotant.

 

— Si c’est le pire… ça me va, souffle-t-elle.

 

Yu tente une première attaque. Un coup lent, dans le vide, totalement hors de la cible.

 

Nanami ne cille pas.

— …Si c’était un vrai combat, tu serais déjà mort. Recommence. Et vise ton adversaire, au moins.

 

Yu rit nerveusement.

— Hehe... oups ? Promis cette fois, j’vise pas mes pieds...

 

Nanami soupire longuement.

— Concentre-toi, Yu. Si tu rates encore ton appui, tu vas finir à l’infirmerie.

 

Yu tente de reprendre contenance.

— Je suis là pour t’aider à briller, Aya. Genre… un projecteur de soutien !

 

Nanami, sans même le regarder :

— Ce n’est pas un concours de métaphores. Position de garde. Maintenant.


Aya tente de garder son glaive levé.

— Comme ça ?…

 

— Mieux. Mais ne le tiens pas comme un bouquet de fleurs. C’est une arme.

 

Yu se redresse, l’épée en main, lance avec humour :

— Ok. Touriste armé, mais motivé !

 

Il s’élance dans un mouvement maladroit mais enthousiaste.

 

— J’ai vu ça dans un anime, ça compte ?

 

Nanami fixe le duo, impassible.

— Ce n’est pas du théâtre. Plus de concentration, moins de commentaires, Yu.

 

Yu inspire.

— Ok… Doucement. On gère ça comme un vrai duo, d’accord ?

 

— Je sais pas… répond simplement Aya.

 

Nanami tranche l’hésitation.

— Très bien. On oublie le duel.


Il donne un coup de pied dans un mannequin d'entraînement, qui roule devant eux.

— Tour par tour. Frappez. Que je voie ce que vous avez dans le ventre.

 

Aya s’avance timidement. Tient le glaive. Tente un coup. L’arme heurte le mannequin sans force et lui échappe des mains. Elle recule, confuse.

— Ho…

 

Nanami ramasse l’arme sans un mot, la lui tend à nouveau.

— Au moins tu vises juste. Reprends. Et tiens-le comme si ta vie en dépendait. Parce que parfois, ce sera le cas.

 

— D’accord…


Yu s’avance aussitôt, l’air trop fier :

— À moi !

 

Il frappe doucement le mannequin. Un petit pok. Il se fige, tout fier.

— Touché !

 

Nanami le regarde, blasé.

— Si le mannequin pouvait rire, il se moquerait…

 

— …Ouais, d’accord. Yu se frotte l'arrière de la tête gêné.

 

— Aya, second tour.

 

Elle se replace. Lève le glaive. Frappe un peu plus franchement. Le mannequin recule légèrement. Elle recommence. Encore. Encore. Jusqu’à le faire tomber.

 

Nanami s’approche.

— C’est pas élégant… mais c’est efficace.

Il redresse le mannequin.

— Continue. Tape. Encore. Jusqu’à ce que ton bras tremble pour autre chose que la peur.

 

Aya recule d’un pas, souffle court.

— D’accord.

 

Yu prend la relève. Son coup est rapide, trop précis. Le mannequin en garde une marque nette.

— Euh… oops ? Coup de chance ?

 

Nanami le fixe longuement.

— Si c’est ça ta “maladresse”, je suis impatient de voir ton “coup maîtrisé”.

 

Yu ne répond pas, mal à l’aise.

 

— Aya. À toi.

 

Elle observe Yu, intriguée. Se remet en place. Ferme les yeux.

 

{Comme si je lui voulais du mal…}

 

Elle frappe. Une fois. Deux. Trois. Elle s’acharne, le visage durci par la concentration.

 

Nanami la laisse faire, silencieux. Puis murmure, sans hausser le ton.

— Voilà. Maintenant, tu commences à frapper pour rester debout.

 

Yu se replace face au mannequin, tenant son épée avec détermination. Il s’élance… et glisse. De justesse, il parvient à ne pas tomber, se rétablit d’un petit saut maladroit.

— Oups… presque ! lance-t-il avec un sourire penaud, évitant soigneusement le regard de Nanami.

 

Le professeur pousse un long soupir, se pinçant l’arête du nez avec lassitude.

— On est là pour progresser, pas pour jouer à qui ratera le plus élégamment...

 

Il fixe Yu, son calme plus tranchant que la lame qu’il vient de brandir.

— Une dernière tentative. Sérieuse, cette fois.

 

Aya l’observe, silencieuse. Yu hoche la tête, plus concentré.

— D’accord… sérieux, promis.

 

Il reprend appui, avance plus lentement, puis frappe. Le coup touche l’épaule du mannequin, pas bien fort, mais au moins précis.

— Voilà ! C’est mieux, hein ? Un peu ? tente-t-il, cherchant une approbation dans les yeux de Nanami.

 

Aya lève un sourcil, doucement :

— Pourquoi tu refais pas comme tout à l’heure ? Tu sais faire, toi…

 

Nanami reste impassible, bras croisés.

— Disons que c’est… un début. Continue à « promettre », mais travaille surtout.

 

— D'accord, Sensei !!!

Yu se frotte la nuque, un sourire gêné aux lèvres.

— Je sais même pas comment j'ai réussi… tout à l’heure.

— Aya. À toi. Dernier coup.

 

Aya s’avance lentement, puis s’arrête.

— Bon…

Elle ferme les yeux. Très fort. {Montre-moi...}

Dans sa tête, Cindy se manifeste en silence. Juste une sensation. Un souvenir de mouvement. Un schéma. Elle n’imite pas, elle comprend.

— {D’accord...}

 

Aya rouvre les yeux, soudain plus présente. Son regard accroche celui de Nanami, qui perçoit aussitôt le changement.

 

Même Yu la fixe maintenant, intrigué.

 

Rin, assise au sol, observe en silence, essoufflée mais attentive.

 

Aya s’approche du mannequin. Elle tient son glaive un peu mieux qu’avant. Moins crispée. Plus consciente.

 

Un pas. Stable.

 

Elle frappe au niveau du cou. Puis pivote, fluide, et simule un coup de poignard dans le ventre du mannequin. Dos tourné, elle reste figée, lame encore tendue.

— C’est mieux ? demande-t-elle doucement, sans bouger.

 

Sho lève un sourcil, impressionné, toujours en train de reprendre son souffle.

 

Nanami croise les bras.

— Mieux. Plus stable. Plus réfléchi. Tu commences à anticiper.

 

Il la fixe quelques secondes de plus, puis ajoute, d’un ton posé :

— Continue comme ça. Tu n’es pas là pour être parfaite. Tu es là pour apprendre. C’est une école.

 

Aya sourit légèrement, puis va ranger son arme, un peu plus droite qu’à son arrivée. {Merci Cindy… ce que tu sais… je le sais.}

 

Nanami se tourne vers Rin et Sho.

— Et vous deux… je vous ai observés aussi.

 

Son regard les scrute brièvement, et un mince éclat de satisfaction traverse son masque neutre.

— Vous progressez. Ne relâchez rien. Vous avez le potentiel pour aller loin.

 

— Merci monsieur Nanami ! lance Rin avec fierté.

 

— D’accord ! Merci monsieur ! enchaîne Sho avec énergie.

 

— Bien joué Rinette ! ajoute-t-il, sourire aux lèvres.


Rin ricane.

— T’étais pas trop mal non plus, le chiot.

 

— Le chiot ?! T’es sérieuse ?


— Sho... Chiot... Chiot sous caféine ! Tu m'appelles bien Rinette... T'as bien mérité ton surnom, non ? Dit-elle avec un petit sourire en coin.

 

— Tsss... c'était gentil mais comme tu veux... Rin.

Il hausse les épaules, faussement vexé.

 

Nanami, lui, regarde Yu de nouveau, l’air pensif.

— Tu caches bien ton jeu. Un peu trop.

 

Il s’approche, bras toujours croisés.

— Continue à jouer au débutant si ça t’amuse. Mais tôt ou tard, il faudra montrer ce que tu vaux vraiment. Je le verrai.

 

Yu rougit, se frottant l’arrière du crâne.

— Hahaha… euh… ouais… j’suis juste un gars normal, moi ! Rien d’impressionnant, j’vous jure !

 

Aya l’observe calmement.

{Normal... c'est pas ce qu’a laissé entendre Gojo...}


Nanami regarde sa montre. Puis sans hausser la voix, il annonce :

— C’est suffisant pour aujourd’hui. Rangez les armes, reposez-vous… et mangez un vrai repas cette fois.

 

Il tourne les talons, toujours calme mais visiblement satisfait.

— Les progrès sont là. Continuez comme ça.


Aya va ranger son glaive, puis court récupérer son livre avec soulagement. Sho salue et s’éclipse rapidement. Rin soupire, épuisée.


— Et il se vexe en plus !

 

Elle sort du dojo en riant :

— J’ai besoin d’une douche. À tout à l’heure, les copains !

 

Yu, lui, range maladroitement son épée et se tourne vers Aya.

— Haha… on dirait que j’ai survécu à mon premier cours avec Nanami… c’est un exploit, non ?

Il rit doucement, un peu gamin.

— T’as assuré, toi. Le coup dans le ventre, c’était stylé.

 

Aya serre son livre contre elle, comme un bouclier familier.

— C’est toi qui as assuré. T’as fait un vrai coup de pro.

 

— Héhé… j’ai pas fait exprès, hein. Mon bras a glissé tout seul.

Il la regarde innocemment.

— T’as pas vu que je tremblais ? J’étais à deux doigts de planter le sol.

 

Aya sourit légèrement.

— T’as pas vu ce que j’ai vu, alors.

Elle marque un temps, puis demande :

— Mais… t’es en deuxième année. T’as forcément appris à te battre, non ?

 

Yu hausse les épaules, un peu triste.

— Un peu ouais… mais j’ai eu une grosse blessure il y a quelques mois. Alors… j’étais plus souvent à l’infirmerie qu’en mission.

 

Il regarde Aya, plus sincère maintenant.


— Faut que je me remette dans le bain. J’ai un peu perdu la main.

 

Aya acquiesce doucement. Un silence confortable s’installe. L’odeur du bois ciré, les armes rangées, et les derniers échos d’un entraînement encore frais.



Le dojo s’est vidé lentement, laissant derrière lui un calme suspendu. L’odeur du bois frotté, les traces d’entraînement sur le sol… tout respire la sueur et la discipline. Aya remet en place quelques mèches échappées de sa nuque, encore un peu chaude. Yu, lui, traîne un peu, hésitant, l’épée d’entraînement à la main.

 

— Je suis désolée pour ton accident, murmure Aya, les mains crispées sur son livre récupéré.

 

Elle se tourne vers lui.

— Et... pourquoi t’as déménagé ici ?

 

Yu frotte l’arrière de sa tête, l’air un peu gêné.

— Mon père a été muté à Tokyo. Et vu que j’étais plus vraiment en état pour reprendre les missions là-bas... ils ont préféré que je change d’école.

 

Il baisse un peu les yeux, joue avec sa manche.

— Je suis content d’être là, hein. C’est juste… intimidant. Nouvelle ville, nouvelle école… nouvelles têtes...

 

Aya le regarde avec douceur.

— Je me doute que ça doit pas être facile… Mais ça va bien se passer, tu verras.

 

Elle sourit doucement. Il relève les yeux vers elle, surpris par sa gentillesse, et lui rend un sourire un peu maladroit.

— Franchement… je crois que je suis bien tombé. T’es super gentille, Aya.

 

Un petit rire nerveux lui échappe alors qu’il jette un œil au dojo.

— Et puis, si c’est ici qu’on apprend à frapper des mannequins sans se ridiculiser… je signe tout de suite.

 

Aya rougit légèrement, un peu prise au dépourvu.

— C’est normal de t’aider… t’es nouveau, non ?

 

Elle regarde autour d’eux.

— Ici on progresse vite. C’est une chouette école.


— Ouais, confirme Yu en hochant la tête. C’est pas juste une école. Ici… on te laisse pas tomber.

 

Un petit silence, puis il ajoute :

— J’ai hâte d’avoir d’autres cours ! C’est comment, avec les autres profs ?

 

— C’est… imprévisible, glousse Aya. Et les missions me font peur, je l’avoue… Mais je me soigne.

 

— Faut pas trop te soigner, tu sais, répond Yu avec un sourire plus sincère. La peur, c’est pas un défaut. Elle te garde en vie.

 

Aya détourne les yeux.

— Ho je sais oui… Mais la mienne prend trop de place parfois… J’ai l’impression d’être la petite chose fragile.

 

Yu la regarde, un peu plus sérieux.

— Fragile peut-être… mais t’avances quand même. Et t’as pas le regard de quelqu’un qui fuit.

 

Elle cligne des yeux, surprise.

— Tu… tu me connais ?

 

Yu hausse légèrement les épaules, rougissant un peu.

— Pas vraiment… mais j’ai vu comment t’étais pendant l’exercice.

 

Il tente un petit sourire, maladroit.

— T’es peut-être pas sûre de toi… mais y’a une force, là. Quelque part.

 

Aya baisse un instant les yeux, gênée.

— Je suis comme un livre ouvert en fait, dit-elle dans un rire discret.

 

Elle serre son livre contre elle.

 

Yu rit à son tour, doucement.

— Je crois que c’est moi, le livre ouvert… ou plutôt le gars planqué derrière les rayons.

 

Il relève les yeux, plus sincère.

— À force d’être dans mon coin, j’ai appris à observer. C’est ma façon de comprendre le monde, vu que j’ose pas toujours y entrer.

 

Aya penche la tête.

— Pourquoi t’oses pas ?

 

Yu tripote nerveusement une mèche.

— C’est pas que je veux pas. C’est juste… j’suis plus à l’aise quand j’observe. Comme quand tu regardes un anime génial et que tu veux pas interrompre la scène. Juste profiter.

 

Il baisse un peu la voix.

— Et puis, j’me dis que si j’ouvre trop la bouche… je vais partir sur des trucs chelous. Genre « fléaux classés par affinité élémentaire dans les archives coréennes du XIXe siècle »… et ça fait fuir, ça.

 

Aya écarquille les yeux, puis éclate d’un rire léger.

— Ben quoi ? C’est bien de savoir ce qu’on va affronter ! Moi je lis tous les livres que je trouve.

 

Elle lève les yeux vers lui, curieuse.

— Les archives, c’est ton livre de chevet ?

 

Yu cligne des yeux, presque ému.

— Hein ? T’es sérieuse ? Genre… t’aimes vraiment ça ?

 

Il redresse ses lunettes, sourire plus franc.

— Bah ouais… c’est carrément ma passion secrète. Des fléaux uniques, liés à un lieu, à une époque… Y’en a qu’un seul exemplaire. Je trouve ça fascinant.


— Moi j’en ai pas rencontré beaucoup, confie Aya. Alors je lis pour me préparer.

 

— T’as de bons réflexes déjà, dit Yu en regardant le livre qu’elle serre. Et puis, les bouquins, ça reste un bon début.

Il gratte sa joue, un peu gêné.

— On apprend aussi beaucoup en observant…

 

— Je fais ça aussi, répond Aya avec un petit hochement de tête. J’aime pas être prise au dépourvu.

 

Elle le regarde, malicieuse.

— Et toi, t’as l’air d’en avoir fait une spécialité, l’observation.

 

Yu rit doucement.

— Peut-être… C’est plus facile de regarder que de se lancer. Et puis parfois, en silence… on voit plus de choses.


Il réfléchit à voix haute.

— Peut-être que Zenin comprend ça aussi, du coup… Mais j’ose pas lui parler. Il me donne l’impression qu’il pourrait me tuer juste avec les yeux.

 

Aya rit doucement à son tour.

— Il mord pas, tu sais. Et tu as raison… il observe, lui aussi.

 

Yu sourit franchement cette fois.

— Allez… on va manger ?

 

— Ah oui ! J’avais oublié, s’exclame-t-elle en riant doucement. Allons-y.

 

Elle ouvre la porte du dojo, son livre toujours dans les bras, et ils prennent la direction du réfectoire. Leurs pas résonnent doucement sur les dalles, à peine assurés, mais étrangement synchrones.


Deux silhouettes discrètes qui avancent. Pas tout à fait côte à côte. Mais jamais vraiment loin.



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