Le Revers de L'Infini - Tome 2 : L'Eveil
Chapitre 6 : Entre regards et soupçons
3373 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 10/10/2025 21:05
Aya entre dans le réfectoire et va se prendre un plateau. L’ambiance est calme, un peu morne, typique de ces fins de journée à l’école d’exorcisme. Elle avance tranquillement, les yeux légèrement cernés mais le pas décidé.
Yu la suit de peu, entrant à son tour dans la pièce. Il attrape un plateau sans un mot, l’air un peu ailleurs, puis va s’installer sans cérémonie.
Aya le rejoint aussitôt, s’installe avec lui. Ils ne parlent pas tout de suite. C’est un de ces silences familiers, pas pesants, juste... présents.
Un peu plus loin, à une table en retrait, Souta est déjà là. Fidèle à lui-même, il garde la distance. Il relève les yeux à leur entrée, et les observe sans se presser. Son regard glisse sur Aya, puis s’arrête sur Yu. Il le détaille de haut en bas, sans un mot. Les sourcils très légèrement froncés, il jauge comme s’il percevait un danger invisible. Sa posture ne change pas, mais sa vigilance est palpable.
Aya finit par rompre le silence.
— Tu vas avoir des cours intéressants avec les deuxièmes années.
Yu sourit faiblement.
— J’ai hâte...
Mais ses yeux croisent ceux de Souta. Il soutient à peine ce regard perçant avant de détourner les siens, mal à l’aise.
{Il me déteste ou il analyse juste combien je pèse ?}
Aya suit son regard et aperçoit Souta. Elle lui adresse un petit sourire.
Puis, à Yu :
— En tout cas, j’espère te voir en mission. Ton pouvoir doit être impressionnant en action.
Souta répond par un simple signe de tête à Aya. Il ne détourne pas le regard. Sa voix est basse, mais portée juste assez pour être entendue :
— Tu viens d’où, exactement ?
Yu sursaute. Il n’était pas sûr que le commentaire lui était adressé.
{C’est à moi qu’il parle ?}
Aya tourne les yeux vers Souta, un brin étonnée par la question. Puis elle invite d’un ton léger :
— Viens t’installer avec nous... Ça sera moins bizarre.
Souta plisse les yeux vers elle, visiblement peu emballé par l’idée, mais surpris par l’invitation.
— …Je mange tranquille ici, d’habitude.
Il regarde Yu, puis Aya, puis Yu encore. Il finit par se lever, son plateau en main, et s’installe sans un mot de plus en face d’eux. Son regard s’attarde une fois de plus sur Yu, le scannant de la tête aux pieds.
Yu rit doucement, un peu tendu.
— J’dois cocher une case spéciale pour ce regard-là ou… ?
Il ajoute plus bas :
— {On dirait que j’ai volé son dessert.}
Souta, sans le regarder :
— Si t’as rien à cacher, t’as rien à craindre. C’est tout.
Aya hausse les sourcils, surprise par la méfiance de Souta.
— Tu t’es méfié autant avec moi ?
Souta hésite à répondre. Il garde les yeux sur son assiette.
— …Non.
Puis il lève les yeux vers elle.
— Mais t’étais pas entourée d’une aura étrange et d’yeux qui brillent comme un chat dans le noir...
Yu cligne des yeux, pris au dépourvu.
— Eh oh, c’est mes lentilles, ça !
Il lance à Aya, faussement indigné :
— Tu m'avais pas dit que ton pote faisait des audits d’énergie spirituelle au diner...
Aya lève un sourcil.
— Une aura étrange ?... Gojo l'aurait vue, non ?
Puis, à Yu, un peu gênée :
— Mon pote ? ... Je t’ai dit qu’il était observateur comme toi...
Souta, sans relever la tête :
— Gojo voit peut-être trop bien. Parfois, il laisse traîner… pour voir ce qui en sort.
Il pique son riz avec ses baguettes.
— Et j’me méfie de tout le monde. Même de ceux qui sourient trop vite.
Yu laisse échapper un petit rire, se gratte la nuque.
— Wah… t’es du genre à dormir avec un œil ouvert toi...
Un regard vers Aya.
— J’vais dire "camarade" alors ? Ça fait plus... réglementaire ?
Aya rougit un peu.
— Tu peux dire comme tu veux, t’en fais pas...
Puis elle reprend, s’adressant à Souta :
— On a fait un cours pour apprendre à se servir d’une arme avec Nanami.
Souta lève brièvement les yeux vers elle, puis vers Yu, attentif.
— Je sais. J’étais au courant.
Il fronce légèrement les sourcils, plus sérieux.
— Et ? Il t’a fait prendre quoi comme lame ?
Yu fait un petit signe vague avec la main.
— Un truc qui ressemblait à un tuteur de jardin, pour moi. Aya avait un vrai glaive. Elle l’a presque tué… le mannequin, hein.
Il lance à Souta, avec un sourire innocent :
— Impressionné ?
Souta hoche lentement la tête.
— Un glaive, donc. Pas mal pour un début.
Il ignore Yu volontairement.
Aya observe la joute silencieuse, amusée.
— Un glaive, oui... et... Cindy m’a aidée.
Souta relève les yeux vers elle, attentif.
— …Elle t’a guidée ?
Il réfléchit un instant.
— C’est un bon signe. Si elle agit en dehors de la panique, c’est que le lien devient plus stable.
Il reprend une bouchée.
— Continue à l’écouter. Mais garde le contrôle. Toujours.
Aya le regarde, un peu amusée.
— Tu fais toujours ça... Commenter et donner des conseils, supposer ce qu’il s’est passé... sans demander de détails...
Puis elle le corrige gentiment :
— Alors... non elle m’a pas guidée spontanément... je lui ai demandé...
Et elle ajoute avec un sourire :
— Et c’est elle qui m’a écoutée... pas l’inverse.
— Mais oui, depuis que Gojo m’a dit un truc hier, j’ai eu comme un déclic.
Souta lève légèrement un sourcil, puis repose calmement ses baguettes sur son plateau.
— Parce que j’observe. Et en général, j’ai pas besoin de plus.
Il la fixe un instant, le ton égal, presque neutre :
— Mais si t’as envie d’en parler… j’écoute.
Aya sourit, un peu amusée.
— Alors tu vois que les détails valaient le coup d’être demandés pour une fois.
Elle continue, avec un brin de fierté dans la voix :
— Il m’a dit que ce qu’elle sait… je le sais.
Elle jette un coup d’œil à Yu, silencieux, qui semble absorbé dans ses pensées.
Yu sort son téléphone discrètement et note quelque chose.
{Note : Zenin... Condescendant comme tout son clan ?}
Souta hoche lentement la tête.
— Donc t’es deux, mais une...
Yu écoute attentivement, sans oser interrompre.
Aya reprend :
— Je crois oui... Et j’arrive à lui parler... enfin... pas vraiment... mais elle peut me montrer le déroulé d’une situation... Comme tout à l’heure... elle m’a montré un petit enchaînement à faire sur le mannequin et je l’ai reproduit aussi bien que possible.
Gojo débarque à cet instant, un sandwich à moitié entamé à la main, lunettes sur le front, l’air détendu comme toujours. Il se laisse tomber à la table, pile en face de Yu.
— Yo, mister « je sais pas tenir une épée » ! Nanami m’a raconté.
Il croque dans son sandwich, parle la bouche à moitié pleine.
— Paraît que t’as fait semblant d’être nul… Tu sais que chez nous, c’est encore plus louche que d’être trop fort, hein ?
Il pointe Yu du doigt avec un sourire presque enfantin.
— T’es marrant, toi. Va falloir qu’on garde un œil sur toi. Un petit duel un de ces jours, ça te tente ? Pas pour te juger hein… Juste pour rigoler.
Il fait un clin d’œil, puis se tourne vers les autres.
— Vous lui avez pas encore fait sauter le self-control j’espère ?
Aya sursaute légèrement puis regarde de nouveau Souta.
— Est-ce que ça fait de moi une tricheuse ?...
Souta regarde Gojo, puis Yu, puis revient à Aya.
— Non… Je pense pas...
Aya regarde Gojo.
— ... Bonsoir.
Elle a entendu Gojo, et regarde Yu.
— Donc tu caches ton jeu ?...
Puis elle se tourne vers Gojo, mi-inquiète, mi-curieuse.
— Il se passe quoi si on l’énerve ?..
Souta observe, silencieux.
Gojo rit doucement, pose son sandwich.
— Ce qui se passe si vous l’énervez ? Hmm...
Il se penche vers Aya, l’air faussement conspirateur.
— …Ben je sais pas encore, c’est justement ça qui m’amuse !
Puis il se redresse, adresse un clin d’œil à Yu.
— Mais t’inquiète, s’il perd le contrôle, je suis là pour l’arrêter. Enfin, en théorie. Peut-être. Un jour.
Il croque de nouveau dans son sandwich.
— Et puis ça mettrait un peu d’animation dans le self, non ?
Yu fige légèrement. Il regarde Gojo, visiblement gêné.
— Je... cache rien du tout, hein...
Il rit un peu, nerveusement, lève les mains.
— C’est pas ma faute si le mannequin attire mon instinct héroïque, voilà tout...
Il baisse les yeux vers son assiette.
— Et puis j’ai pas envie de finir étiqueté « dangereux potentiel incontrôlable », merci...
Il marmonne, mi-voix :
— {…C’est censé rester discret ce genre de truc…}
Souta, sans détourner les yeux de son assiette :
— Tant que tu caches pas autre chose que ton niveau, ça me va...
Il jette un regard à Gojo.
— Mais on a déjà eu des surprises, non ?
Aya regarde successivement Gojo et Yu.
— Ça me rassure pas vraiment...
Gojo lève les mains, sourire en coin.
— C’est pas censé te rassurer. C’est censé te garder alerte Aya.
Il regarde chacun d’eux.
— Vous êtes tous un peu flippants à votre manière, vous savez ? Et c’est pas une insulte...
Il penche la tête vers Souta, faussement innocent.
— Tu sais ce que c’est : un peu de talent, beaucoup de mystère... et paf, les regards méfiants pleuvent...
Il croque dans un onigiri.
— Mais t’inquiète, il est dans l’équipe maintenant. Donc s’il fait une bêtise, c’est moi qui le tape en premier...
Yu déglutit.
— J’ai pas trop envie de vous affronter, monsieur Gojo...
Aya plisse les yeux vers Gojo.
— La vie est un jeu pour toi, n’est-ce pas ? Rien ne te résiste, donc rien ne vous inquiète...
Elle rit doucement.
— J’aimerais savoir ce que ça fait, au moins un jour...
Gojo sourit plus doucement, la regarde.
— Tu crois ?... C’est peut-être pour ça que je garde toujours un sourire. Pour oublier que certaines choses m’inquiètent… trop.
Il sirote son thé froid.
— Mais t’en fais pas, Aya. T’as pas besoin d’être comme moi. T’as déjà ton propre truc. Et crois-moi… c’est pas rien...
Souta, sans lever les yeux :
— Pas besoin d’être Gojo. T’as juste à être toi… sans peur...
Aya le regarde, surprise.
— Mais mon truc à moi, c’est pas un dixième de votre talent.
Elle regarde Gojo.
— Certaines choses t'inquiètent ? Vraiment ?
Elle regarde Souta.
— J’ai pas vraiment le choix d’être moi de toute façon...
Gojo lève les yeux au plafond, soupire, sourire doux.
— Bien sûr que oui...
Il baisse le regard, plus sérieux.
— Perdre mes élèves, par exemple.
Silence
— Et ne pas être là à temps. C’est ça qui m’inquiète...
Souta le regarde calmement.
— Pourtant… vous les envoyez sur le terrain, parfois sans vous.
Il croise les bras.
— C’est un drôle de paradoxe, non ? Avoir peur de les perdre, mais les laisser seuls face au danger...
Gojo lève un doigt vers ses yeux.
— Quand t’as ça… tu vois venir les emmerdes bien avant qu’elles arrivent...
Il hausse les épaules.
— Et parfois, faut juste laisser le jeu se faire pour que vous puissiez apprendre...
Aya demande, hésitante.
— Alors... si elle revient, tu le sauras avant que ça arrive ?..
Gojo rit doucement, tapote sa tempe.
— Ce truc-là voit à travers le monde, pas à travers le temps, Aya.
Il la regarde en souriant.
— Je peux lire l’énergie, les intentions... les failles...
Puis plus sérieux.
— Mais... si elle revient, ce sera toi la première au courant. Pas moi. Pas Nanami. Toi.
— Mais tu ne seras pas seule pour autant...
Aya blêmit légèrement.
— Je serai la première... et elle me veut. Donc... si vous n’êtes pas là...
Gojo, calme, rassurant.
— Si je suis pas là… t’as pas à paniquer. T’as ta tête, t’as Cindy… et t’as pas mal de gens autour de toi maintenant...
Il lance un regard vers Souta, puis Yu.
— Elle te veut, ouais. Mais elle sait aussi que tu deviens un problème pour elle. C’est pour ça qu’elle viendra. Pas pour te cueillir… pour t’éteindre avant que tu brilles trop.
Il la fixe droit dans les yeux.
— Alors, continue d’apprendre. Douter, c’est normal. Mais t’as pas le droit de t’arrêter.
Aya baisse la tête.
— Elle a vu un truc chez moi... Je suis son nouvel objectif... et, ça m’effraie.
Elle relève la tête vers Gojo
— Tu es frustré de l’avoir vue filer ?
— Moi, je suis frustrée d’avoir sûrement plus, mais de ne pas encore savoir l’exploiter...
Elle incline la tête.
— Va falloir qu’on progresse... tous les deux.
Elle soutient son regard.
— ... le style est clairement secondaire dans ces situations-là... Tu as fait le show, résultat elle t'a échappé...
Demi sourire géné
— Mais... Je ne remets pas en cause tes compétences... je serais folle de le faire.
Gojo, sérieux, hoche la tête.
— Touché.
Un petit silence.
— Si tu continues comme ça, tu vas bientôt me faire devenir un adulte responsable ! Faudra que je me méfie de toi, Aya !
Il croise les bras.
— D’accord. Marché conclu. On progresse tous les deux. Mais à une condition…
Il lève un doigt.
— Tu m’achètes un bubble tea la prochaine fois que je sauve ta vie. Deal ?
Aya sourit.
— Si tu sauves ma vie ? Un bubble tea... d’accord...
— Mais si tu mets ma vie en danger par excès de confiance... c’est toi qui m’apportes le petit-déjeuner pendant une semaine.
Elle tend la main.
— Deal ?
Gojo tape dans sa main, hilare.
— Deal ! Mais j’te préviens, j’ai aucune idée de comment faire des tartines...
Aya rit doucement.
— Des croissants feront l’affaire.
— Et en attendant... on progresse tous les deux.
Souta les observe en coin avec un début de sourire discret.
Gojo le remarque et se penche vers Aya
— {t'as vu la tête de Souta ? Il fait peur non ?}
Elle regarde brièvement Souta puis chuchote :
— {Je l’ai déjà vu sourire un peu hier... tu le crois ça ?}
Il se penche, complice.
— {Un sourire ?! Prends une photo la prochaine fois, on en fera un événement annuel. Genre... la Fête de la Grimace Zenin.}
— {On distribuera des badges.}
Elle ajoute, espiègle.
— {Faut pas organiser de concours... Il est sûr de gagner.}
Souta lève un sourcil.
— Je suis pas sourd.
Il pique dans son assiette, bourru :
— Et faut pas trop s’y habituer non plus...
Aya le regarde, douce.
— Ça te va pourtant très bien... de sourire... Tu devrais le faire plus souvent.
Gojo chuchote à Aya.
— {on pourrait presque croire qu’il aime bien qu’on parle de lui…Il grogne… mais il reste. C’est mignon, non ?}
Aya hoche la tête, amusée.
Souta, sans lever les yeux :
— Sourire une fois, c’est un bug. Deux fois, c’est un virus. Faut pas pousser.
Mais le coin de ses lèvres remue, imperceptiblement.
Gojo s’éclaire et lève un doigt vers Souta.
— Aaaah j’en vois encore un qui pointe !
Souta soupire, se lève.
— Vous êtes fatigants...
Il débarrasse son plateau.
— Bonne nuit... Amusez-vous bien...
Il sort.
Aya l’observe. Puis elle se lève à son tour.
— Ça s’arrange pas... Je vais aller dormir moi aussi...
Yu lève les yeux de son téléphone.
— Ah... bonne nuit alors, Aya...
Gojo commente.
— Il est pas remis de son réveil à la paille, je crois...
Il éclate de rire.
— Tant piiiiis.
— Bonne nuit Ayaaaa !
Aya sourit à Gojo.
— Merci pour la conversation. C’est agréable de parler avec toi.
Elle regarde Yu.
— À demain.
Gojo rit.
— Je comprends, j’aime bien aussi parler avec moi !
Aya rit doucement.
— Évidemment.
Elle s’éloigne.
— À demain.
Gojo, sans regarder Yu :
— On révise les dossiers classés secret défense ou t’es en train de battre un record sur un gacha game ?
Yu sursaute, baisse son téléphone.
— Ah, euh... pardon, Monsieur Gojo. Juste… une synthèse. Sur les fléaux. Pour moi. C’est... personnel.
Gojo le regarde, l’air faussement impressionné.
— Carrément. Tu fais ça après les cours, au calme…
Il croise les bras.
— Tu sais que c’est louche, ça, non ?
Yu tente un rire.
— Je suis juste... studieux. On n’est jamais trop préparé.
Gojo, posant une main sur la table, plus doux :
— Préparé pour quoi, Yu ? C’est que le deuxième jour.
Yu hésite.
— Pour ce qui arrive sans prévenir…
Il baisse les yeux.
— Les fléaux attendent pas qu’on soit prêt...
Gojo tapote la table.
— T’as pas tort. Mais y’a se préparer... et se cacher.
Yu relève un peu les yeux.
— Je me cache pas.
Gojo répond calmement.
— T’as bien planqué ton niveau ce matin, pourtant. Nanami est pas du genre à rater un détail…
— Et moi encore moins.
Yu baisse les yeux, souffle un rire.
— Désolé. Je voulais pas… tricher. Je voulais juste... y aller doucement…
Gojo secoue la tête.
— Y’a “y aller doucement”, et y’a “jouer la larve inoffensive”. Là t’étais à deux doigts de trébucher exprès…
Yu murmure.
— Les gens m’observent déjà. Et j’ai... pas envie qu’ils aient une raison de plus…
Gojo se lève, récupère un morceau de brioche. Il s’arrête derrière Yu.
— Tu sais, moi j’ai vu des monstres essayer de passer pour des agneaux. Mais j’ai aussi vu des agneaux devenir des monstres… juste parce qu’ils avaient peur…
Il ajoute, plus doux.
— Fais gaffe à ce que tu deviens, Yu. Même sans le vouloir…
Il quitte le réfectoire, mains dans les poches.
Yu reste figé, seul. Son téléphone s’éteint. Il regarde devant lui, l’air absent. Ses doigts tapotent la table, comme une pulsation.
Un sourire traverse ses lèvres… mais n’atteint pas ses yeux.
— Curieux, Satoru... Trop curieux.
Il soupire, referme son téléphone comme on ferme un carnet secret. Se lève. S’arrête. Regarde les lumières du plafond.
Un murmure, presque enfantin :
— J’ai encore un peu de temps…
Il met les mains dans les poches, l’allure tranquille, presque insouciante…
Et sort.
Prochains chapitres dimanche entre 20h et 22h...